L’Apocalypse, dans Wikipédia
Retour au plan : PLAN
L'Apocalypse est le dernier livre de la Bible chrétienne. C'est une
révélation sur la fin du monde et sur l'instauration du Royaume de Dieu.
Sommaire |
Apocalypse est la transcription d'un terme grec (Aποκάλυψις, Apocalupsis) qui signifie révélation, comme l'on révèle un monument pour une inauguration. Le livre commence en effet par les mots « Révélation de Jésus-Christ » (Ap 1,1). C'est en ce sens que le texte présentera la personne de Jésus-Christ à son retour sur terre et les événements l'entourant.
Si l'Apocalypse de saint Jean est la seule apocalypse reconnue dans le Nouveau Testament, l'apocalyptique fut un genre littéraire particulièrement développé dans l'Ancien Testament, les pseudépigraphes, ou encore les apocryphes du Nouveau Testament : Apocalypse de Pierre, Apocalypse de Baruch, Apocalypse d'Abraham, Apocalypse de Daniel, Apocalypse d'Élie, Apocalypse de Moïse, Apocalypse de Sophonie, Apocalypse de Jacques, Apocalypse de Paul, Apocalypse d'Étienne et même Apocalypse apocryphe de Jean.
Dans les évangiles mêmes, on peut distinguer certains passages qui relèvent du genre apocalyptique. (Par exemple le discours eschatologique, placé dans la bouche de Jésus: cf. Mt 24,4-31; 25,31-46; Mc 13,5-27; Lc 21,8-28).
Dès le second siècle, ou le début du troisième, une large tradition représentée par saint Justin, saint Irénée, le Canon de Muratori, Clément d'Alexandrie, Tertullien, l'attribuait à Jean l'apôtre, l'auteur du IVe évangile.
Cependant, l'admission du texte de Jean dans le canon biblique ne fut pas facile.
Certains, comme le prêtre romain Caïus, au début du IIIe siècle, rejetaient l'Apocalypse, car ils la soupçonnaient de favoriser le millénarisme. D'autres, comme saint Denis d'Alexandrie (milieu du IIIe siècle), contestaient son authenticité johannique pour des raisons stylistiques.
L'Église de Syrie l'ignorait; ce qui n'empêchait pas saint Athanase, évêque d'Alexandrie, de la reconnaître pleinement dans sa 39e lettre pascale (367).
En Occident, elle fut définitivement acceptée par le décret du pape Damase, en 382, confirmé par les conciles d'Hippone (393) et de Carthage (397), avec tous les autres écrits du Nouveau Testament.
Mais dans l'Église d'Orient son admission dans le canon sera discutée jusqu'au Xe siècle.
Il existe plusieurs hypothèses à ce sujet :
Écrite durant le règne de Néron. Certains commentateurs comme Wetscoot, Lightfoot ou Salmon, ont pensé que Néron était responsable de l'emprisonnement de Jean dans l'île de Patmos. Dans cette hypothèse, l'Apocalypse aurait été rédigée avant la chute de Jérusalem en l'an 70. Période que proposaient également Clément d'Alexandrie, Origène et Jérôme.
Selon la plupart des commentateurs le chiffre de la Bête (666) d'Ap 13,18 correspondrait à "César Néron" (gématrie). D'autre part saint Jean nous dit que lorsqu'il écrivait le sixième "Roi" était encore vivant (cf. Ap 17,10). Ce sixième empereur, ou César, était justement Néron. L'Apocalypse serait ainsi datée.
D'autres, tel Denis d'Alexandrie (IIIe siècle), ne pensaient pas que Jean (l'apôtre) fût l'auteur de l'Apocalypse. À sa suite, Eusèbe (v.270-v.340) et d'autres Pères attribuaient ce livre à Jean l'Ancien, qui aurait été évêque d'Éphèse à la fin du Ier siècle.
Mais il faut remarquer que, dans ses épîtres, Jean l'apôtre se nomme seulement Jean l'Ancien, ou Jean le presbytre (cf. 2 Jn 1 et 3 Jn 1). Il eût pu y avoir confusion. En réalité, il n'y eut qu'un seul Jean, et à Selçuk, près d'Éphèse, il n'existe qu'une seule basilique Saint-Jean (en ruine) abritant son tombeau.
La plupart des auteurs ecclésiastiques du monde antique (Tertullien, Hippolyte et Victorius) et les exégètes de notre époque attribuent ce livre à l'apôtre Jean. Ainsi, Irénée et Justin Martyr affirment qu'il est revenu à Éphèse après sa détention à Patmos et qu'il y a vécu jusqu'au début du règne de Trajan, soit l'an 98. Certains pensent que le texte fut écrit en l'an 95, époque où l'empereur Domitien lança de nombreuses persécutions contre les chrétiens. Jean aurait été exilé à Patmos par mesure d'intimidation et aurait écrit ce livre sans aide. En comparaison des autres écrits de Jean (l'évangile selon Jean et les épîtres de Jean) où il aurait été aidé, la pauvreté du style de l'Apocalypse confirmerait cette version. En 397, le concile de Laodicée admit cette hypothèse comme étant la plus vraisemblable.
Pour information, le dix-neuvième centenaire de la rédaction de l'Apocalypse a été solennellement fêté en 1995, par les moines orthodoxes de Patmos.
Le style d'écriture reste tout de même proche entre le livre de l'Apocalypse et l'évangile de Jean. C'est en particulier le cas pour le mot sêméion (signe) (Ap 12,1) que l'on retrouve douze fois dans son évangile (Jn 2,11.23; 3,2; 4,48.54; 6,14.30; 7,31; 9,16; 11,47; 12,37 et 20,30).
L'Apocalypse est certainement le livre le plus controversé des Écritures; ceci est dû à la diversité des interprétations, et aux oppositions qu'elles soulèvent.
Le langage hautement symbolique de ce livre a ouvert la voie à de très nombreuses interprétations, qui diffèrent selon les sensibilités et les époques. Cependant on retrouve en général quatre grands courants.
La thèse idéaliste voit l'Apocalypse comme un combat entre les forces du bien et celles du mal. Tout est affaire de symbole. Parmi les adeptes de cette interprétation, on peut noter Clément d'Alexandrie et Origène (IIIe siècle).
La thèse prétériste (praeter : avant) considère l'Apocalypse comme un livre d'histoire y retrouvant des événements comparables à ceux survenus durant le règne de Constantin Ier (IVe siècle).
La thèse présentiste ou historique fait le rapprochement de l'actualité et des événements décrits dans le texte. On note de nombreux personnages illustres ayant soutenu cette vision, comme Wycliffe, Luther, Joseph Mede ou encore Isaac Newton.
La thèse futuriste voit dans ce livre une peinture des événements à venir, une prophétie. Cette dernière conception confère un aspect déroutant aux événements du présent.
Divers commentateurs chrétiens modernes considèrent que les thèses historique et futuriste sont toutes les deux valables. La supposition de départ est que, étant donné que l'Apocalypse traite du jugement du monde, elle ne peut pas être limitée à un regard actuel sur les événements entourant Jean vers le milieu du 1er siècle (temps de Néron). En même temps, il serait exagéré de penser que Jean aurait écrit ce texte uniquement à destination de lecteurs du futur, fût-ce plusieurs siècles dans l'avenir, sans qu'il n'eût d'intérêt pour ses contemporains. Cette approche suppose donc que l'Apocalypse comportait un message à destination de ses contemporains, mais en même temps qu'elle revêtait un caractère prophétique, concernant les «temps de la fin».
Le millenium est le terme employé pour désigner le règne de mille ans de Jésus-Christ sur Terre. Ce millenium est décrit dans le chapitre 20 de l'Apocalypse. Il existe plusieurs conceptions du millenium, que l'on peut classer globalement en trois catégories.
Les postmillénaristes pensent que le retour de Jésus-Christ se fera après les mille ans de règne. Cette période sera prospère et bénie, puisque Satan aura été enchaîné et que le mal aura été enrayé.
Les mille ans, et la première résurrection, d'Ap 20,1-6 correspondraient à une victoire provisoire de l'Église du Christ après la chute annoncée de l'empire romain (cf. Ap 18,21). En somme un temps de chrétienté, avant un retour offensif de l'esprit du mal (cf. Ap 20,7).
La thèse de Gaston Georgel (Les quatre âges de l'Humanité) s'inscrirait dans cette perspective qui situe le millenium comme étant compris entre l'édit de Milan, phonétiquement 1000 ans, (313) et la destruction de l'ordre des Templiers (1313). Cette thèse basée sur les travaux d'un ecclésiastique, Mgr Decouvoux, fait du millenium l'âge d'or du christianisme, comme en prélude au déchaînement de Satan vers la fin du cycle.
Les amillénaristes refusent la pensée d'un règne de Jésus-Christ sur Terre. Ils assimilent le millenium au règne éternel (Ch. 21 et 22) et appliquent les prophéties concernant le rétablissement d'Israël à l'Église.
Les prémillénaristes conçoivent le retour de Jésus-Christ avant le millenium. De ceux-là, une partie le pense en deux étapes séparées par la venue de l'Antéchrist : dans un premier temps, l'Église serait enlevée, puis suivrait un nouveau retour pour accomplir le millenium.
Malgré les divergences d'interprétations et la complexité du sujet, ce dernier livre de la bible chrétienne se recommande vivement à la lecture :
« Heureux celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de la prophétie et qui gardent les choses qui y sont écrites ! Car le temps est proche. » (Ap 1,3).
La critique interne de l'Apocalypse conduirait très certainement à une datation de l'Apocalypse du temps de Néron, et plus précisément du temps de la persécution de Néron (vers 66-67).
La Bête de 666 (cf. Ap 13,18) ne serait autre que Néron lui-même selon l'interprétation la plus fréquemment donnée de cette gématrie. D'autre part l'écrivain nous déclare (cf. Ap 17,10) que lorsqu'il écrivait le sixième "Roi" était encore vivant.
Or le sixième empereur romain (Basileus, en grec) fut précisément Néron selon la manière habituelle de compter des Anciens (cf. Suétone : Vie des douze Césars). Soit:
1. César
2. Auguste
3. Tibère
4. Caligula
5. Claude
6. Néron
Cette manière de voir éclaire l'Apocalypse. Les deux témoins de Ap 11,1-13 ne seraient autres que les apôtres Pierre et Paul, victimes récentes de la persécution de Néron. Babylone, la ville assise sur 7 collines (cf. Ap 17,9) serait, bien sûr, Rome.
La Femme, mère de l'enfant mâle (cf. Ap 12), ne peut être que Marie, la mère du Christ, dont, on le sait, Jean avait pris la charge (cf. Jn 19,27).
Le petit livre de Ap 10, révélé à Jean mais non encore rédigé, n'est autre que le futur quatrième évangile que Jean méditait déjà dans sa retraite de Patmos, avec sa division nettement septénaire : les sept tonnerres, ou révélations, de Ap 10,3-4 (Voir Plan septénaire de l'évangile de Jean).
La première tête de la Bête (cf. Ap 13,3) blessée à mort, mais qui reprit vie, fut César, fondateur de la dynastie, assassiné aux ides de mars (en - 44) mais ressuscité en les personnes de ses successeurs qui reprenaient son nom de César.
On peut interpréter le millenium d'Ap 20,1-6, et la première résurrection, comme un temps de réussite provisoire de l'Église du Christ, temps qui devait suivre la chute de l'empire romain. En somme une époque de chrétienté.
Il faut bien comprendre que l'Apocalypse ne prétend pas décrire seulement la fin du monde, et les catastrophes qui la précèderont, mais bien toute l'histoire humaine avec ses péripéties: le présent (des Églises), cf. Ap 1,9 --- 3,22; le passé, éloigné ou immédiat, cf. Ap 4,1 --- 13,18; et l'avenir, proche ou lointain, cf. Ap 14,1 --- 22,5.
La parousie, et la Jérusalem d'en haut, seront seulement présentées en finale: cf. Ap 20,11 --- 22,5.
L'Apocalypse fut un écrit de circonstance, destiné à réconforter les chrétiens par temps de persécution et à prédire la ruine de l' "Antéchrist", Néron actuellement régnant et dans son acmé. Il se promenait en Grèce, tout près de Patmos, lorsque Jean mettait par écrit sa prophétie, dans les années 66-67 de notre ère.
On s'explique que ce livre, appelé à circuler sous le manteau, fût rédigé dans un langage symbolique et même chiffré.
En aucun cas l'Apocalypse ne fut composée pendant la persécution de Domitien, dont on n'est même pas sûr qu'elle ait existé. Irénée nous dit que l'auteur de l'Apocalypse, et non pas l'Apocalypse elle-même, fut vu sous Trajan, c'est-à-dire qu'il vécut très vieux (cf. Adv. Hae. V, 30, 3 dans le texte latin); on a une confirmation de ce fait dans la finale du IVe évangile (cf. Jn 21,23).
La théorie documentaire qui fait de l'Apocalypse un patchwork composé de morceaux rapportés, de différentes époques ou de différents auteurs, est vigoureusement réfutée, d'une part par l'unité de style de ce petit ouvrage, et d'autre part par la rigueur du plan septénaire qu'on peut y découvrir et qui l'organise comme un tout. (Voir ci-dessous: Plan septénaire de l'Apocalypse). Elle n'aurait pas de sens si elle n'eût été expédiée, dans son intégralité, avant la chute et le suicide de Néron (chute et suicide auxquels elle ne fait aucune allusion).
L'Apocalypse et le quatrième évangile, bien que du même auteur, furent rédigés dans des circonstances et à des époques très différentes. L'Apocalypse est plus ancienne que l'évangile de Jean, et son style nettement plus fruste, et d'autre part truffé de réminiscences vétérotestamentaires.
Dans ses épîtres, plus tardives également, Jean ne déclarera plus que Néron fût l'Antéchrist : c'était désormais obsolète; mais bien tout homme qui nie Jésus-Christ (cf. 1 Jn 2,22; 4,3).
On peut distinguer trois plans superposés de l'Apocalypse, qui se combinent sans se contredire. La présence indéniable de ces trois plans, discernés par l'analyse selon les niveaux de lecture, montre bien la prodigieuse unité interne de ce fascicule énigmatique, qui termine nos bibles.
(Selon l'Apocalypse elle-même : cf. Ap 1,19) :
1. "Le présent", ou les lettres aux sept Églises : Ap 1,1 --- 3,22.
2. "Ce qui doit arriver plus tard", ou les visions prophétiques : Ap 4,1 --- 22,21
(Selon Jean Ferrand, et d'après le contenu réel de la prophétie) :
1. Le présent (des Églises) : Ap 1,4 --- 3,22
2. Le passé (de l'humanité), éloigné ou immédiat : Ap 4,1 --- 13,18
3. Le futur, proche ou lointain : Ap 14,1 --- 22,5
(Selon Alfred Läpple : L'Apocalypse de Jean, 1970, Éditions du Cerf).
D’après les nombreux mots-charnières qui jalonnent le texte.
Prologue : 1,1-3
(Apocalypse)
I. Les sept lettres aux sept Églises : 1,4 --- 3,22
Adresse : 1,4-8 (Jean aux sept Églises)
Vision liminaire : 1,9-20. (Moi, Jean)
1- Lettre à l'Église d'Éphèse : 2,1-7. (à l'ange)
2- Lettre à l'Église de Smyrne : 2,8-11. (à l'ange)
3- Lettre à l'Église de Pergame : 2,12-17. (à l'ange)
4- Lettre à l'Église de Thyatire : 2,18-29. (à l'ange)
5- Lettre à l'Église de Sardes : 3,1-6. (à l'ange)
6- Lettre à l'Église de Philadelphie : 3,7-13. (à l'ange)
7- Lettre à l'Église de Laodicée : 3,14-22. (à l'ange)
II. Les sept sceaux : 4,1 --- 8,1
Vision liminaire : 4,1 --- 5,14. (Après cela, je vis)
1- Le premier sceau : 6,1-2. (premier)
2- Le deuxième sceau : 6,3-4. (deuxième)
3- Le troisième sceau : 6,5-6. (troisième)
4- Le quatrième sceau : 6,7-8. (quatrième)
5- Le cinquième sceau : 6,9-11. (cinquième)
6- Le sixième sceau : 6,12-17. (sixième)
Vision intermédiaire : 7,1-17. (après cela je vis)
7- Le septième sceau : 8,1. (septième)
III. Les sept trompettes : 8,2 --- 11,19
Vision liminaire : 8,2-5. (Et je vis)
1- La première trompette : 8,6-7. (première)
2- La deuxième trompette : 8,8-9. (deuxième)
3- La troisième trompette : 8,10-11. (troisième)
4- La quatrième trompette : 8,12-13. (quatrième)
5- La cinquième trompette et le 1er malheur : 9,1-12. (cinquième)
6- La sixième trompette et le 2e malheur : 9,13-21. (sixième)
Excursus I: Les sept tonnerres : 10,1-7. (et je vis)
Excursus II: Le petit livre : 10,8-11. (et la voix)
Excursus III: Les deux témoins : 11,1-14. (et il me fut donné)
7- La septième trompette et le 3e malheur : 11,15-19. (septième)
IV. Sept visions de la Femme et de son combat avec le Dragon : 12,1 --- 14,20
1- Vision de la Femme : 12,1-2. (Et un grand signe apparut)
2- Vision du Dragon : 12,3-17. (et apparut)
3- Vision de la Bête : 12,18 --- 13,10. (et je vis)
4- Vision de l'autre Bête : 13,11-18. (et je vis)
5- Vision de l'Agneau : 14,1-5. (et je vis)
6- Vision des trois anges : 14,6-13. (et je vis)
7- Vision du Fils de l'homme et la moisson par trois autres anges : 14,14-20. (et je vis)
V. Les sept fléaux des sept coupes : 15,1 --- 16,21
Vision liminaire : 15,1-8. (Et je vis)
1- La première coupe : 16,1-2. (première)
2- La deuxième coupe : 16,3. (deuxième)
3- La troisième coupe : 16,4-7. (troisième)
4- La quatrième coupe : 16,8-9. (quatrième)
5- La cinquième coupe : 16,10-11. (cinquième)
6- La sixième coupe : 16,12-16. (sixième)
7- La septième coupe : 16,17-21. (septième)
VI. Sept tableaux sur le châtiment de Rome : 17,1 --- 19,10
1- Vision de Rome : 17,1-18. (Et je vis)
2- Vision de l'ange annonçant la chute de Rome : 18,1-3. (après cela, je vis)
3- Recommandations au peuple de Dieu dans Rome : 18,4-8. (et j'entendis une autre voix)
4- Lamentations sur Rome : 18,9-19. (et ils pleureront)
5- Allégresse dans le ciel : 18,20. (réjouis-toi)
6- Chute de Rome : 18,21-24. (et il prit)
7- Triomphe au ciel : 19,1-10. (après cela, j'entendis)
VII. Sept visions finales de l'avenir : 19,11 --- 22,5
1- Vision du ciel ouvert et du Verbe de Dieu : 19,11-16. (Et je vis)
2- Vision de l'ange exterminateur : 19,17-18. (et je vis)
3- Vision de la Bête et de sa défaite : 19,19-21. (et je vis)
4- Vision du règne de mille ans : 20,1-3. (et je vis)
5- Vision de la 1ère résurrection. Le second et dernier combat eschatologique : 20,4-10. (et je vis)
6- Vision du jugement des nations : 20,11-15. (et je vis)
7- Vision de la Jérusalem céleste : 21,1 --- 22,5. (et je vis) (dans les siècles des siècles)
Épilogue : 22,6-21
Recommandations finales : 22,6-21. (Et il me dit)
N.B. Les mots-charnières ont été indiqués entre (parenthèses), et en italiques.
L'Apocalypse fut écrite à l'apogée du principat de Néron (cf. Ap 13,18: 666 = César Néron et Ap 17,10: Néron le sixième César ou empereur), vers 66-67, selon un plan très structuré.
Le chapitre 10 est une anticipation du IVe évangile. Les sept tonnerres (ou révélations) font entendre les sept futurs chapitres de ce petit livre, médité mais non encore confié à l'écriture. (Voir: Plan septénaire de l'évangile de Jean).
Le chapitre 11 (v. 1 à 13) est une évocation du martyre récent des apôtres Pierre et Paul.
L'Apocalypse n'évoque pas la fin du monde seulement, mais dans un langage symbolique toute l'histoire humaine: le présent: 1,9 à 3,22; le passé (éloigné ou immédiat): 4,1 à 13,18; le futur (proche ou lointain): 14,1 à 22,5. C'est une prophétie contre Rome et l'empire romain persécuteur, en faveur de l'Église de l'Agneau et des douze apôtres, destinée à le supplanter.
En Ap 11,8 il faut probablement lire:
hopôs (de la même manière que)
au lieu de:
hopou (là où).
Le kérygme caché de l'Apocalypse se laissait finalement facilement déchiffrer, selon d'ailleurs que Jean nous y invitait lui-même à plusieurs reprises.
Nous ne ferons que suivre les commentaires, et les plans, proposés ci-dessus.
Prologue. (1,1-3)
Jean annonçait à son lecteur une révélation de Jésus-Christ sur l'avenir du monde: "ce qui doit arriver bientôt".
I. Les sept lettres aux sept Églises. (1,4 --- 3,22)
Dans un premier chapitre, ou cycle, le prophète Jean dédiait ses visions aux sept Églises qu’il avait sous sa juridiction directe, Éphèse et les six autres communautés qui dépendaient d’Éphèse. Il leur racontait qu'il avait eu une manifestation du Fils de l'homme, lui ordonnant d'écrire dans un livre tout ce qu'il avait entrevu sur l'avenir du monde et sur l'état présent des Églises. Il leur recommandait donc de veiller, et de revenir à leur ferveur première.
Mais, de fait, le jugement du monde était déjà commencé, depuis même la création : il s’accomplissait sous nos yeux car il n’était autre que l’histoire du monde.
II. La vision des sept sceaux. (4,1 --- 8,1)
Comme le prophète Daniel, Jean avait la vision grandiose du ciel. Il apercevait le trône de Dieu, et Dieu lui-même, entouré de tous ses anges. Dieu tenait en sa main un livre scellé, le livre des destinées du monde, prêt à être révélé. Mais personne, pas même les anges, n'était capable de l'ouvrir. Seul l'Agneau immolé, qui est Jésus-Christ, se trouvait digne d'en briser les sept sceaux.
Le Grand Livre de la prédestination se trouvait fermé depuis toute éternité. Et cependant, d’une manière mystérieuse, l’Agneau de Dieu en avait déjà entamé le « descellement », depuis, donc, qu’avait commencé l’histoire.
Et ce furent la Victoire, la Guerre, la Famine, la Mort, l’Épée, la Faim, la Peste, les Fauves, les Tremblements de terre, les Éclipses, les Étoiles filantes, la Tempête, bref toutes les calamités, naturelles ou provoquées par l’homme, qui depuis la plus haute antiquité avaient jalonné le destin de l'humanité.
Mais par delà toutes ces catastrophes, on apercevait déjà, comme par anticipation, la fin, telle que prédite, du monde et le triomphe, tel que promis, des élus.
III. La vision et l'audition des sept trompettes. (8,2 --- 11,19)
Déjà retentissaient les trompettes annonciatrices du jugement final. Soudain les événements de s’accélérer. Le jugement devenait imminent. Plus seulement le quart, mais le tiers, des humains étaient frappés. Surgissaient non plus seulement des accidents, d’origine naturelle ou provoqués par l’homme, mais encore de véritables cataclysmes qui s’abattaient ; et c’était : Grêle, Feu, Sang, Masse embrasée, Globe de feu, Vents de sable, Astre, Sauterelles, Scorpions, Chevaux de guerre. Deux cents millions (chiffre fantastique !) de cavaliers menaçaient sur l’Euphrate. (C’était bien sous Néron, et non sous Domitien, que l’empire fut attaqué sur sa frontière de l’Euphrate). Feu, Fumée et Soufre vomis par la bouche de ces chevaux. Clameurs, Tonnerres et de nouveau Tremblement de terre. C’étaient là des événements quasi contemporains, encore enflés par la rumeur publique.
Cependant la voix des trompettes s’interrompait :
1°) par cette annonce que l’auteur, Jean, devait encore, avant que ne survînt la fin, proclamer l’évangile par le monde entier, et même rédiger un petit livre, en sept chapitres, contenant l’évangile.
2°) par la contemplation en esprit des deux hérauts de la foi, Pierre et Paul, qui venaient de rendre à Rome, au sein de la persécution, leur si glorieux témoignage.
En dépit de toutes ces calamités, les hommes, certes non, ne s’étaient pas repentis de leur idolâtrie coupable.
IV. Les sept visions de la Femme et de son combat avec le dragon. (12,1 --- 14,20)
Insensiblement, nous voici advenus à la vision centrale du livre. Elle évoquait, pour Jean, le moment présent, celui même où il notait sa prophétie.
Et c’était la lutte héroïque de la Femme, la propre mère du Christ, aux prises avec Satan, incarné pour l’heure dans l’empire romain, lequel empire romain s'incarnait lui-même dans la personne de Néron, l’empereur actuellement régnant.
Mais la victoire finale ne saurait échapper au Christ et à ses saints. En esprit, on apercevait déjà la Moisson finale des élus, d’une part, et d’autre part la Vendange des réprouvés. Tous événements qui ne furent jamais aussi proches de nous.
V. Vision des sept fléaux des sept coupes. (15,1 --- 16,21)
Nous entrions dans la partie proprement prophétique du livre. Désormais Jean allait évoquer « ce qui doit arriver plus tard » (Ap 1,19).
Car les dix Plaies d’Égypte, ici réduites à sept, n’allaient pas manquer de s’abattre sur l’empire romain, en punition de ses nombreux crimes, laissant présager son écroulement final.
VI. Sept tableaux sur le châtiment de Rome. (17,1 --- 19,10)
Ici, il nous était donné de contempler, mais dans un avenir plus lointain, en sept visions, le châtiment, cette fois définitif, de Rome, et sa chute.
Allégresse des élus dans le ciel à cette perspective.
VII. Sept visions finales de l'avenir. (19,11 --- 22,5)
Par delà cette chute annoncée de Rome (et de l’empire romain), dans un avenir encore plus éloigné, en sept nouvelles visions, il nous était donné d’assister au sort ultime de l’humanité.
1°) 19,11-16 : C’était d’abord le temps d’une Église militante, d’une chrétienté, d’un Christ déjà Roi sur cette terre.
2°) 19,17-18 : Victoire heureuse des chrétiens, mais victoire encore précaire.
3°) 19,19-21 : Soubresauts terribles du paganisme moribond. Résurgence peut-être de César et de Néron en propres personnes, ou plutôt dans les personnes de leurs successeurs. Mais finalement ils devraient s’avouer vaincus.
4°) 20,1-3 : Satan se verrait enchaîné pour une durée de 1.000 ans : c’était là, grosso modo, le temps d’une chrétienté plus ou moins assurée d’elle-même et plus ou moins bien assise.
5°) 20,4-10 : Déjà les élus s’avançaient pour prendre place sur leurs trônes de gloire ... mais c’était encore un peu prématuré ! Car voici que Satan était soudain relâché. Mais après un dernier combat (dont la durée n’était aucunement précisée et qui pourrait par conséquent s’étendre sur de nombreux siècles), il se verrait anéanti et précipité définitivement dans les enfers.
6°) 20,11-15 : Alors interviendrait le jugement vraiment dernier de l’humanité.
Le Grand Livre de la Vie, qu’on avait aperçu scellé au début des visions (cf. Ap 5,1), et dont l’Agneau avait commencé d’enlever les sceaux, se trouverait ici complètement ouvert.
7°) 21,1 --- 22,5 : La Cité céleste, la Jérusalem d’en haut, l’Église, nous était montrée descendant du ciel et prenant pour toujours la place de Rome ainsi que de tous les royaumes terrestres.
Ladite Cité resplendissait avant tout des mérites du Christ et des saints. Elle était ouverte à tous ; même les païens pouvaient la visiter.
Ses fondations reposaient sur les douze apôtres de l’Agneau. Composée elle-même de douze tribus, elle incarnait désormais le nouvel et définitif Israël de Dieu.
Et Dieu même résidait dans ses murs.
Épilogue. (22,6-21)
Dans l’épilogue, Jean recommandait à son lecteur de conserver fidèlement, et même scrupuleusement, les paroles de la prophétie, dans leur lettre comme dans leur esprit. (Il faut voir là une sévère mise en garde à l’adresse des copistes d’autrefois qui n’hésitaient pas à corriger les livres qui leur étaient confiés).
La Tapisserie de l'Apocalypse d'Angers, datant du Moyen Âge
Fresques de l'église de la Présentation à Manosque par le peintre Jean Carzou (1907-2000)
Apocalypse est disponible sur Wikisource.
John H.Alexander, L'Apocalypse verset par verset, La Maison de la Bible, Genève-Paris, 9ème édition 2001.
William Hendricksen, Plus que vainqueurs : commentaire sur l'Apocalypse, Ed. Grâce et vérité, Mulhouse, 1987.
En France, le Père Marie-Dominique Philippe op. donne une présentation et une interprétation remarquables de l'Apocalypse de Saint-Jean. À consulter dans des ouvrages ou revues spécialisées.
Hans Urs von Balthazar, L’Apocalypse, Editions du Serviteur, 2000 (Court et dense commentaire du grand théologien Suisse).
E. Delebecque, L’Apocalypse de saint Jean, éd. Mame, 1992. (Commentaire grammatical et philologique).
E. Cothenet, Le Message de l’Apocalypse, éd. Mame/Plon, 1995
Y. Saout, Je n’ai pas écrit l’Apocalypse pour vous faire peur, éd. Bayard, 2000.
E. Bernard Allo, Saint Jean, L'Apocalypse, éd. Large, 1933.
A. Läpple, L'Apocalypse de Jean, éd. Cerf, 1970.
Gaston Georgel, Les quatre âges de l'Humanité.
Rudolf Steiner, L'Apocalypse de Jean, éd. Triades, 2005.
Pierre Prigent, L'Apocalypse de saint Jean, éd. Labor et Fides, 2000.
Plan septénaire de l'Apocalypse, d'après Alfred Läpple.
Les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse
L'Apocalypse a inspiré de nombreuses œuvres de fiction, voir les articles Fantastique et Science-fiction post-apocalyptique
L'Apocalypse de Jean, ou les sept mini-apocalypses.
Lecture commentée de l'Apocalypse.
Bref commentaire de l'Apocalypse. Résultats de la critique interne.