Retour à la note 35 : L'Apocalypse
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Bref commentaire de l’Apocalypse
La critique interne de l'Apocalypse conduirait très certainement à une datation de l'Apocalypse du temps de Néron, et plus précisément du temps de la persécution de Néron (vers 66-67). La Bête de 666 (cf. Ap 13,18) ne serait autre que Néron lui-même, selon l'interprétation la plus fréquemment donnée de cette gématrie.
D'autre part l'écrivain nous déclare (cf. Ap 17,10) que, lorsqu'il écrivait, le sixième "Roi" était encore vivant. Or le sixième empereur romain (basileus, en grec) fut précisément Néron, selon la manière habituelle de compter des Anciens (cf. Suétone: Vie des douze Césars). Soit:
1. César
2. Auguste
3. Tibère
4. Caligula
5. Claude
6. Néron
Cette manière de voir éclaire l'Apocalypse. Les deux témoins de Ap 11,1-13 ne seraient autres que les apôtres Pierre et Paul, victimes récentes de la persécution de Néron. Babylone, la ville assise sur 7 collines (cf. Ap 17,9) serait, bien sûr, Rome.
La Femme, mère de l'enfant mâle (cf. Ap 12), ne peut être que Marie, mère du Christ, dont, on le sait, Jean avait pris la charge (cf. Jn 19,27).
Le petit livre de Ap 10, révélé à Jean mais non encore rédigé, n'est autre que le futur quatrième évangile que Jean méditait déjà dans sa retraite de Patmos, avec sa division nettement septénaire (les sept tonnerres, ou révélations, de Ap 10,3-4).
La première tête de la Bête (cf. Ap 13,3) blessée à mort, mais qui reprit vie, fut César, fondateur de la dynastie, assassiné aux ides de mars (en - 44) mais ressuscité en la personne de ses successeurs qui reprenaient son nom de César.
On peut interpréter le millénium d'Ap 20,1-6, et la première résurrection, comme un temps de réussite provisoire de l'Eglise du Christ, temps qui devait suivre la chute de l'empire romain. En somme une époque de chrétienté.
Il faut bien comprendre que l'Apocalypse ne prétend pas décrire seulement la fin du monde, et les catastrophes qui l'annonceront, mais bien toute l'histoire humaine, avec ses péripéties: le présent (des Eglises) cf. Ap 1,9 --- 3,22; le passé, éloigné ou immédiat, cf. Ap 4,1 --- 13,18 et l'avenir, proche ou lointain, cf. Ap 14,1 --- 22,5.
La parousie, et la Jérusalem d'en haut, sont seulement présentées en finale: cf. Ap 20,11 --- 22,5.
L'Apocalypse fut un écrit de circonstance destiné à réconforter les chrétiens par temps de persécution et à prédire la ruine de l' "Antéchrist", Néron actuellement régnant et dans son acmé. Il se promenait en Grèce, près de Patmos, lorsque Jean mettait par écrit sa prophétie.
On s'explique que ce livre, appelé à circuler sous le manteau, fût rédigé dans un langage symbolique et même chiffré.
En aucun cas l'Apocalypse ne fut composée pendant la persécution de Domitien, dont on n'est même pas sûr qu'elle ait existé. Irénée nous dit (Adv. Hae. V, 30, 3 d’après le latin) que l'auteur de l'Apocalypse, et non pas l'Apocalypse elle-même, fut vu à la fin de l’imperium de Domitien, c'est-à-dire qu'il vécut très vieux; on a une confirmation de ce fait dans la finale du IV e évangile (cf. Jn 21,23).
La théorie documentaire qui fait de l'Apocalypse un patchwork composé de morceaux rapportés, de différentes époques ou de différents auteurs, est vigoureusement réfutée, d'une part par l'unité de style de ce petit ouvrage, et d'autre part par la rigueur du plan septénaire qu'on peut y découvrir et qui l'organise comme un tout [Voir : Note 35, chap. I]. Elle n'aurait pas de sens si elle n'eût été expédiée (dans son intégralité) avant la chute et le suicide de Néron (auxquels elle ne fait aucune allusion).
L'Apocalypse et le quatrième évangile, bien que du même auteur, furent rédigés dans des circonstances et à des époques très différentes. L'Apocalypse est plus ancienne que l'évangile de Jean, et son style nettement plus fruste, et d'autre part truffé de réminiscences vétérotestamentaires.
Dans ses épîtres, plus tardives également, Jean ne déclarera plus que Néron fût l'Antéchrist: c'était désormais obsolète; mais bien tout homme qui nie Jésus-Christ (cf. 1 Jn 2,22 ; 4,3).