Retour au plan : PLAN
Débat sur le Forum catholique, en mai et juin 2010, portant sur la chronologie de la vie de Jésus.
1. Biographie raisonnée de Jésus-Christ par Jean Ferrand (2010. 5. 29).
2. Félicitations par Aigle (2010-05-29)
3. Merci de votre commentaire par Jean Ferrand (2010-05-29)
4. Sur le 3 avril 33, voir l'autre fil... par Michel (2010-05-29)
5. Ne cherchez pas par Jean Ferrand (2010-05-29)
6. Connaissez vous "Bible, Archéologie, Histoire" ? par Ultramontain (2010-05-29)
7. Ne me compromettez pas par Jean Ferrand (2010-05-29)
8. Lisez : "Jésus-Christ dans l'histoire" d'Arthur Loth par Jean-Paul PARFU (2010-05-29)
9. Pour moi aussi par Anton (2010-05-29)
10. Certes je n'ai pas lu par Jean Ferrand (2010-05-29)
11. Surprenant... par azur (2010-05-29)
12. Bon alors si c'est pour votre service ! par Ultramontain (2010-05-29)
13. Frère Bruno Bonnet-Eymard et la naissance de Jésus-Christ par Jean Ferrand (2010-06-02)
14. Mais Saint Luc... par Pantelemion (2010-06-02)
15. Avec toute ma gratitude ... par Ultramontain (2010-06-02)
16. Merci par Jean Ferrand (2010-06-03)
17. Très courte réponse à Jean Ferrand sur l'âge du Seigneur par Jean-Paul PARFU (2010-06-02)
18. Réponse à votre réponse par sylvquin (2010-06-02)
19. J'essaie par Jean Ferrand (2010-06-02)
20. Il ne faut pas prendre les 30 ans à la lettre ! par Jean-Paul PARFU (2010-06-02)
21. Arthur Loth par Patrick GAMACHE (2010-06-02)
22. Réponse partielle par Jean Ferrand (2010-06-02)
23. Arthur Loth s'exprime longuement dans son livre par Jean-Paul PARFU (2010-06-02)
24. Complément à mon post par Jean Ferrand (2010-06-03)
Sur mon site ICI, pour fixer la chronologie probable du Nouveau Testament, je m’étais conformé aux dates habituellement retenues par les historiens et les exégètes, tant catholiques que protestants, ou libéraux.
Je faisais naître le Christ vers - 6, et je le faisais mourir en + 30, alors qu’Hérode le Grand serait mort en – 4 selon la date admise aujourd’hui.
Mais ce n’était pas sans une profonde répugnance que j’abandonnais ainsi le sentiment traditionnel de l’Eglise et l’opinion des Pères. Quelque chose me disait que le sentiment traditionnel de l’Eglise était vrai, et que les Pères, plus proches des événements fondateurs, n’avaient pas pu se tromper ainsi.
Mais je ne pouvais pas le démontrer. J’avais essayé d’approfondir la question. Je m’étais ainsi plongé dans les chroniques d’Eusèbe de Césarée et de saint Jérôme, qu’on peut consulter dans la patrologie de Migne. Mais c’est un fouillis inextricable pour quelqu’un qui n’est pas spécialiste de la question. Et j’avais désespéré d’en venir à bout.
Je m’étais procuré aussi un ouvrage posthume de Hugues de Nanteuil, intitulé « Sur les dates de naissance et de mort de Jésus », Téqui, 1988. L’auteur prétendait démontrer que l’historien Josèphe s’était grossièrement trompé en faisant mourir Hérode en – 4, et que ce dernier avait dû mourir plutôt en + 6, soit neuf ans plus tard. Et que tous les historiens modernes se seraient conséquemment trompés avec lui. Mais cette position n’est guère tenable, historiquement et numismatiquement, car elle raccourcit de neuf à dix ans, rien de moins, les règnes des fils d’Hérode pourtant bien attestés, par l’histoire et par les monnaies. Elle ne laisse en particulier plus de place pour le règne d’Archélaüs, successeur d’Hérode en Judée, et qui a régné précisément 9 ans (selon l’histoire et la numismatique), avant d’être destitué par Auguste en + 6 (il n’existe pas d’année 0) et remplacé par un procurateur, Coponius. Le point de vue de Hugues de Nanteuil n’était pas défendable, et faisait plus de tort au sentiment des Pères qu’il ne le confortait.
Je m’en tenais donc aux dates communément reçues aujourd’hui, malgré la profonde méfiance qu’elles m’inspiraient.
Jusqu’à ce que je tombe par hasard sur un site Internet extraordinaire, tenu par un Témoin de Jéhovah qui se revendique comme tel sans complexe, un certain Gérard Gertoux. Le nom du site est « Approche scientifique d’une chronologie absolue » ICI. Ce type, de formation scientifique, s’est spécialisé dans l’histoire et l’astronomie, surtout dans le domaine embrouillé de la chronologie. Il fait montre d’une érudition très poussée, ayant étudié les langues anciennes et parcouru à fond la littérature publiée. Il m’est impossible, et de loin, de le suivre sur tous les terrains qu’il explore, de vérifier ses sources ; il faudrait une étude systématique, engageant plusieurs spécialistes.
Néanmoins tout ce que je peux vérifier est exact. Ses calculs sont justes. Les synchronismes qu’il met en lumière sont époustouflants d’exactitude et de précision. Il ne saurait être réfuté à la légère, ou d’un revers de main, sans une étude très approfondie. Je fais remarquer que ce type paraît absolument solitaire. Il est renié même par ses confrères, les Témoins de Jéhovah, qui refusent de publier ses écrits. Il aurait même été menacé d’excommunication par la Watchtower, qui l’aurait sommé de fermer son site.
Ayant préparé un doctorat pour faire valider ses connaissances en chronologie historique raisonnée, tous les jurys pressentis se sont désistés, dès lors qu’il leur fut dénoncé par un mail comme Témoin de Jéhovah.
Quelle chronologie soutient-il au sujet de Jésus-Christ ? Voici un résumé de ses conclusions :
« Curriculum vitae de Jésus.
« Né à Bethléem le 29 septembre - 2, séjour de quelques mois en Égypte avant de revenir à Nazareth après la mort d'Hérode le 26 janvier - 1, vers mars -1, endroit où il a vécu.
« En 11, à l'âge de 12 ans (et 6 mois), il rencontre le grand-prêtre Anne au Temple.
« Baptisé dans le Jourdain le 1er août 29, est reconnu comme Messie dans la 15e année de Tibère César à l'âge de 29 ans et 10 mois.
« Début de son ministère le 27 septembre 29 à l'âge de 30 ans (après les 40 jours passés au désert).
« Les marchands du Temple sont chassés lors de la 1ère Pâque de son ministère, en avril 30, et il annonce que celui-ci, bien que bâti depuis 46 ans, allait être détruit (cf. Jn 2,19-20).
« Les marchands du Temple sont chassés une nouvelle fois lors de la 4ème Pâque de son ministère, le lundi 30 mars 33.
« La Cène est instituée au début du vendredi 14 Nisan (le jeudi 2 avril 33 vers 18 heures).
« Mort à Jérusalem le vendredi 3 avril 33 vers 15 heures à l'âge de 33 ans et 6 mois, soit quelques heures avant une éclipse de lune. »
Précisions époustouflantes, je le répète, et qu’il justifie une par une, dans une très longue étude. Il faut souligner que ces précisions contredisent de front les conclusions actuellement entérinées par l’exégèse dominante. J’allais dire par « la pensée unique », tant catholique que protestante ou libérale.
Je signale tout de suite que je ne suis pas entièrement d’accord sur sa restitution de la chronologie de la Semaine Sainte. Je place en effet la Sainte Cène le Mardi Saint au soir, seul moyen selon moi de sauver le « timing » vraisemblable du procès de Jésus, et d’éviter les contradictions entre les évangiles. Mais il faudra que je m’explique plus longuement là-dessus.
Pour le reste je tombe d’accord, et j’adopte ses thèses, même avec enthousiasme.
Qu’en est-il d’abord de la mort d’Hérode le Grand ? Car c’est le point crucial. Si les historiens contemporains, y compris Daniel-Rops, placent la naissance de Jésus en – 7 ou – 8, et sa mort en 29, ou 30, c’est uniquement pour concilier saint Matthieu qui fait naître Jésus avant la mort d’Hérode (puisque ce dernier reçoit les Mages et ordonne le massacre des saints Innocents, cf. Mt 2) et saint Luc qui soutient que Jésus au moment de son baptême dans le Jourdain « avait environ trente ans » (Lc 3,23).
Si Hérode est mort en début – 4, comme communément admis, Jésus n’a pu naître qu’avant cette date et probablement plusieurs années avant. Son baptême n’a pu avoir lieu au plus tard qu’en 27 et sa mort en 30.
Mais c’est là le hic. Gérard Gertoux démontre brillamment qu’Hérode n’est pas mort en – 4, mais bien le 26 janvier – 1. Si la numismatique fait commencer le règne des fils d’Hérode en – 4, c’est uniquement parce qu’ils dataient leur règne du testament de leur père établi en – 4, à l’initiative de Varus le gouverneur de Syrie qui terminait son mandat, testament validé par Auguste.
On ne trouve aucune pièce de monnaie émise par les fils d’Hérode, datées de – 3 ou – 2 (années 1 et 2 de leurs règnes). Mais seulement à partir de – 1 (année 3 de leurs règnes). C’est bien la preuve qu’ils ont antidaté leur accession au pouvoir effectif, comme d’ailleurs l’avait fait Hérode le Grand lui-même au début de son règne.
Hérode avait 25 ans en – 47 quand il fut nommé par César gouverneur de Galilée. (Josèphe dit 15 ans en A.J. XIV, 158. Mais c’est manifestement une erreur reconnue par les éditeurs ; il faut lire : 25). Or il est mort à l’âge de 70 ans, d’après le témoignage de Josèphe (A.J. XVII, 148). Donc en – 2 ou – 1.
Hérode est mort 34 ans après la mort d’Antigone (A.J. XVII, 148), mort lui-même en mars – 36 (A.J. XIV, 487-491), donc en – 2 ou - 1.
Hérode a daté l’an 1 de son règne, et ses monnaies, de l’an – 38 (en réalité d’avril - 38 à mars - 37).
L’an – 39 était légalement la première année de son règne, après sa désignation comme roi par le Sénat romain en décembre – 40 (A.J. XIV, 389).
Mais il a choisi fictivement l’an – 38 et précisément, selon le calendrier juif, la période d’avril – 38 à mars – 37 comme étant l’an I de son règne, ainsi qu’en témoignent maints synchronismes qu’on peut relever dans l’historien Josèphe, et les monnaies d’Hérode.
En l’an - 36, début réel de son règne à Jérusalem après la mort d’Antigone, il émet sa première pièce de monnaie, datée de l’an 3 (A.J. XX, 250).
La début de la guerre d’Actium (mars - 31) a lieu à la fin de l’an 7 de son règne, d’après A.J. XV, 121. Donc la victoire d’Actium en sept – 31 coïncide avec son an 8.
Il y a deux ans de famine en Judée en – 26 et – 25, les années 13 et 14 de son règne, selon A.J. XV, 297-307.
A la fin de l’an 18 de son règne, en – 21, Auguste visite la Syrie. Hérode débute la restauration du Temple. D’après A.J. XV, 354-380.
La fin de la 192e olympiade, en juin - 11, correspond à l’an 28 du règne d’Hérode, d’après A.J. XVI, 136.
Mort d’Hérode dans l’année 37 de son règne, donc d’avril – 2 à mars - 1, selon A.J. XVII, 191.
D’après la tradition juive (Rouleau des jeûnes, Megillat Taanit 23a), Hérode serait mort un 2 Shebat, ce qui correspond dans le calendrier julien au 26 janvier de l’an -1, et qui aurait correspondu au 29 janvier de l’an – 4.
Or Josèphe nous dit (cf. A.J. XVII, 148) qu’Hérode mourut peu après un jeûne commémoratif et peu après une éclipse de lune, mais avant la Pâque. En l’an – 4, il y eut bien une éclipse de lune, d’ailleurs partielle et peu visible, le 13 mars – 4, mais après le décès présumé d’Hérode ; et cette année-là, il n’y eut pas de jeûne juste avant l’éclipse. Le jeûne d’Esther, le 13 Adar (12 mars), que les historiens croyaient pouvoir reconnaître juste avant l’éclipse du 13 mars – 4, dans la mention faite par Josèphe, n’existait tout simplement pas au Ier siècle de notre ère ! Il n’a été instauré qu’au XIIe siècle.
En l’an – 1, par contre, il y eut bien un jeûne juste avant l’éclipse, celui du 10 Tébeth, qui correspond au 5 janvier - 1. Une éclipse de lune totale, et donc bien visible, se produisit le 14 Tébeth, c’est-à-dire le 9 janvier - 1, quatre jours après. Le décès d’Hérode intervint peu de temps après l’éclipse, le 26 janvier, et avant la Pâque du 7 avril – 1, conformément aux indications de Josèphe. L’astronomie, et le calendrier, excluent donc totalement l’année – 4 pour être celle de la mort d’Hérode. Par contre ils confirment remarquablement l’année – 1, qui doit seule être retenue.
Les Pères de l’Eglise et les anciens historiographes, plus proches que nous des événements, étaient presque unanimes à dater la naissance du Christ de – 1 ou – 2 avant notre ère, et sa mort de l’an 33. Je me contente ici de recopier le résumé impressionnant fait par notre ami Gertoux :
« Les témoignages des historiens des six premiers siècles sont unanimes pour dater la naissance de Jésus autour de - 2 :
« Vers 148-152, Justin écrit que cette naissance eut lieu 150 ans auparavant sous le procurateur Quirinius (Apologie I, 46, 1).
« Vers 170-180, Irénée de Lyon la situe dans la 41e année du règne d'Octave (Contre les hérésies III, 21, 3), qui débute vers octobre - 43 (il est devenu Auguste en janvier - 27). Mais les auteurs anciens comptent le règne d'Auguste non à partir de janvier - 27, mais à partir d'octobre - 43 lorsque Octave, le futur Auguste, forma le second triumvirat. La 42e année d'Auguste débute à la fin de sa 41e année, donc en octobre - 2.
« Vers 194, Clément d'Alexandrie la situe 194 ans avant la mort de Commode [en 192] (Stromates I, 21, 145).
« Vers 204, Hippolyte de Rome date la naissance de Jésus au 25 décembre dans la 42e année du règne d'Auguste, et sa mort lorsqu'il était dans sa 33e année, soit au 25 mars de la 18e année de Tibère César, (Commentaire sur Daniel IV, 23).
« Vers 207, Tertullien la situe dans la 41e année du règne d'Auguste et 28 ans après la mort de Cléopâtre [en - 30] (Contre les Juifs VIII, 11, 75).
« Vers 231, Origène la situe dans la 41e année du règne d'Auguste et 15 ans avant sa mort (Homélies sur Luc 3,1).
« Vers 325, Eusèbe la situe dans la 42e année du règne d'Auguste et 28 ans après la mort de Cléopâtre [en - 30] (Histoire ecclésiastique I, 5, 2).
« Vers 357, Épiphane la situe l'année où Auguste XIII et Silvanus furent consuls (Panarion LI, 22, 3), soit – 2 avant notre ère.
« Vers 418, Paul Orose la situe en l'an 752 de la fondation de Rome (Histoires contre les païens VI, 22,1), soit également – 2 avant notre ère.
« Si les rédacteurs chrétiens, qui étaient au centre de violentes polémiques, avaient été d'aussi piètres historiens, comme certains le prétendent, comment expliquer que leurs adversaires ne les aient pas épinglés pour une "erreur" aussi facile à détecter à cette époque ? En effet les chrétiens affirmaient que Jésus était né lors d'un recensement général ; or, au début de notre ère, ceux-ci étaient effectués tous les 5 ans dans le monde romain. »
Le moine scythe, Denys le petit, qui au VIe siècle a voulu fixer l’ère chrétienne, ne s’est pas trompé grossièrement de 7 ou 8 ans comme on le lit partout. Il a simplement consulté les anciennes chroniques, celle d’Eusèbe, celle de Jérôme. Mais, de fait, elles comportaient une indétermination d’une année. Jésus était-il né en l’an 752 ou en l’an 753 de Rome ?
Les latins, qui fixaient sa naissance un 25 décembre, avaient tendance à dire 752, et les grecs qui croyaient à sa naissance un 6 janvier, jour de l’Epiphanie, préconisaient plutôt l’an 753 de Rome. Denys le petit, en suivant le sentiment de ces derniers, se serait effectivement trompé d’une année. Il a fixé l’an 1 de l’ère chrétienne en 754 de Rome, alors qu’il aurait dû poser 753.
Mais Jésus ne serait né ni un 25 décembre, ni un 6 janvier. C’était là des dates fictives, ou supposées, établies par convention. Jésus n’a pu naître fin décembre car, nous dit saint Luc : « Il y avait dans la même région des bergers qui vivaient aux champs et gardaient leurs troupeaux durant les veilles de la nuit. » (Lc 2,8). Kislev, 9e mois du calendrier juif, (novembre /décembre), était froid et pluvieux. La saison des pluies commençant en automne, le soir les troupeaux étaient mis à l’abri. Tébeth (décembre/janvier) enregistrait les températures les plus basses ; les hauteurs pouvaient même se couvrir de neige. La présence de bergers dans les champs s’accorde par contre avec une naissance datée en Tishri, à la fin de l’été, en septembre.
Notre ami Gérard Gertoux démontre avec brio, d’après le texte de Luc, et en s’appuyant sur le calendrier du Temple fixant l’ordre de service des 24 classes de prêtres, que Jésus serait né effectivement autour du 29 septembre – 2, 1er Tishri.
Il aboutit à l’échéancier suivant :
1. Conception de Jean-Baptiste, après la fin du service de la huitième classe, celle d’Abiyya, à laquelle appartenait Zacharie, vers le 6 juillet – 3. (Cf. Lc 1,5. 23-24).
2. Annonciation par l’ange Gabriel, conception virginale de Jésus, autrement dit incarnation du Verbe, six mois après, soit autour du 30 décembre de l’année – 3. (Cf. Lc 1,26.36).
3. Naissance de Jean-Baptiste, 273 jours après sa conception, vers le 4 avril – 2. (Cf. Lc 1,57).
4. Naissance de Jésus à Bethléem, six mois après, et 273 jours après sa conception virginale, aux alentours du 29 septembre – 2 (1er Tishri).
5. Présentation de Jésus au Temple, 40 jours après sa naissance, vers le 7 novembre – 2.
6. La visite des Mages, estimée à deux mois après la naissance de Jésus, peut être placée autour du 29 novembre – 2. (Cf. Mt 2,1-2). La fuite en Egypte de la Sainte Famille, consécutive à cette visite, a dû intervenir tout de suite après (Cf. Mt 2,13-15). Hérode fait exécuter les enfants de Bethléem et des environs, âgés de moins de deux ans (cf. Mt 2,16-18).
7. Arrive le jeûne du 10 Tébeth, le 5 janvier – 1, au cours duquel Hérode dépose le grand prêtre Matthias.
8. Suit l’éclipse totale de lune du 9 janvier – 1.
9. Hérode meurt le 2 Shebat, soit le 26 janvier – 1.
10. Les parents de Jésus, revenus aussitôt d’Egypte et installés à Nazareth, en Galilée, (cf. Mt 2,19-23), ont pu assister, à Jérusalem, à la Pâque du 7 avril – 1.
Saint Luc lui-même atteste que Jésus est né en – 2 de l’ère julienne. D’après son témoignage, Jean-Baptiste commença son ministère « l’an quinze du principat de Tibère César » (Lc 3,1). La quinzième année de Tibère court du 19 août 28 au 18 août 29. Mais son an XV peut s’entendre plutôt de 29 de notre ère. On peut supposer avec vraisemblance que Jésus, baptisé dans le Jourdain en l’an 29, commença son ministère peu après, pendant l’hiver 29/30. Or Luc nous dit que « Jésus, lors de ses débuts, avait environ trente ans. » (Lc 3,23). 29 – 30 = - 2 (il n’y a pas d’année 0). Ce qui précède exclut une naissance de Jésus en – 4, ou autre année antérieure. Par contre cela conforte la thèse de Gertoux qui le fait naître autour du 29 septembre – 2.
L’opinion de Gertoux fait donc coïncider de manière remarquable le texte de Luc, le sentiment presque unanime des Pères et les historiens neutres de l’époque, en particulier Josèphe, qui est le grand chroniqueur de l’histoire juive. Loin de s’opposer à Josèphe, ou de le critiquer sommairement comme le faisait Hugues de Nanteuil, il s’appuie sur lui et sur les historiens romains (César, Tacite, Quinte-Curce, Dion Cassius, etc.), et c’est là sa force, pour établir une chronologie très cohérente de l’époque qui correspond au début de notre ère.
Gertoux sauve entièrement le texte de Luc. En particulier il établit avec vigueur qu’il y eut bien un recensement général de la terre, ordonné par Auguste, en – 2, l’année de la naissance de Jésus. «Or, il advint, en ces jours-là, que parut un édit de César Auguste, ordonnant le recensement de tout le monde habité. » (Lc 2,1). « Jésus est né, nous dit Gertoux, lors d'un enregistrement général de l'empire romain. Or, selon Dion Cassius, ceux-ci étaient quinquennaux et, comme les dates de ces recensements du début de notre ère sont bien connus puisqu'ils sont datés respectivement de 4, 9 et 14, il est facile de déduire que le précédent dut avoir lieu en -2. Cette coïncidence n'est pas fortuite car peu de temps avant, le 5 février - 2, l'empereur Auguste devint le "Père de la patrie" et décréta à cette occasion de faire "l'inventaire du monde". »
Le texte de l’historien Dion Cassius, qui nous décrit ces recensements, est malheureusement lacuneux pour la période qui va de – 6 à + 4. Mais le rythme quinquennal implique un cens en – 3/- 2, d’autant plus que les précédents prirent place respectivement en – 8 (Res Gestae d’Auguste, § 8), - 13 (Dion Cassius LIV, 25-30), - 18 (reporté, Dion Cassius LIV, 10), - 23 (reporté à – 22, Dion Cassius LIV, 2), - 28 (Res Gestae d’Auguste § 8). Ce qui confirme le rythme quinquénaire, autrement dit les lustres (périodes de 5 ans). Celui prévu en + 9 fut en réalité suspendu en raison du désastre subi par Varus en Germanie (Lex Papia Poppaea, Dion Cassius LVI, 18). Celui de + 4 fut limité à l’Italie (Dion Cassius LV, 13).
Que le recensement de – 2, au moment de la naissance du Christ eut bien lieu en Syrie sous le gouvernement de Quirinius comme le veut Luc (2,2), Gertoux nous le démontre au moyen de deux inscriptions remarquables et très connues, celle d’Apamée (ou Titulus Venetus) et celle de Tibur.
L’inscription d’Apamée décrit un recensement en Syrie sous les ordres de « Quirinius, légat de César en Syrie » des « 117 mille citoyens d’Apamée » par un certain chevalier Q. Aemilius Secundus, avant la prise de l’Iturée, par ce même chevalier. Ce recensement des personnes ne peut pas correspondre à l’inventaire des biens signalé par Josèphe (cf. A.J. XVIII, 1-4) en 6/7 de notre ère en Palestine après la déposition d’Archélaüs, également effectué sous les ordres de Quirinius, gouverneur de Syrie. Car l’Iturée fut livrée à Hérode de son vivant puisqu’il l’a léguée par testament. Quirinius fut donc gouverneur de la Syrie à deux reprises, probablement de – 3 à – 2 et de 6 à 11. Il présida deux recensements bien distincts par leur objectif, celui des populations, en – 2, correspondant à l’inventaire du monde voulu par Auguste, et celui des biens d’Archélaüs en Palestine seulement, vers 6/7, pour régler sa succession.
L’inscription d’Apamée est corroborée de manière remarquable par l’inscription de Tibur, bien que fragmentaire. Le nom d’un inconnu y est cité comme ayant été à deux reprises gouverneur de Syrie, nommé par Auguste, après avoir obtenu par deux fois les honneurs du triomphe, et ramené un royaume sous l’autorité impériale, ayant été aussi proconsul d’Asie, entre ses deux mandats distincts, en Syrie. Le grand savant Mommsen (1817-1903) a établi de manière définitive qu’il ne pouvait s’agir que de Quirinius, par deux fois légat de Syrie, donc. Ce personnage est le seul à correspondre à toutes les indications données dans l’inscription. Quirinius a vaincu les Homonades, qui avaient tué leur propre roi, Amyntas. Il a reçu un double triomphe pour célébrer deux victoires successives, celle contre les Homonades dans le Taurus, puis celle contre les Ituréens, au Liban. Il fut aussi proconsul d’Asie comme le veut l’inscription, en – 1/ + 1, avant d’être nommé recteur de Caius César, en Arménie, de 2 à 4 de notre ère.
Date de la mort de Jésus.
Elle s’établit très solidement, comme le veut la tradition, en 33 de notre ère, et plus précisément le vendredi 14 nisan, 3 avril 33, vers 15 heures, après avoir été crucifié à 9 heures du matin. (Cf. Mc 15,25 : « C’était la troisième heure quand ils le crucifièrent. »)
Le début du ministère de Jésus se situe en l’an 30. Le texte de Jean, 2,13-20, confirme cette date puisque, lors de la première Pâque de son ministère, les juifs disent à Jésus : « Il y a 46 ans que ce sanctuaire (naos) a été bâti, et toi en trois jours tu le relèverais ?» Le sanctuaire (naos) du Temple, commencé en – 20/- 19, fut achevé par les prêtres en un an et demi, vers fin - 18, début - 17. (Cf. A.J. XV, 354, 380, 421). Fin 29, début 30, donc, il y avait exactement 46 ans.
Jésus est nécessairement mort après le décès de Jean-Baptiste (et non pas avant), puisque cet épisode est narré avec moult détails dans les évangiles au cours de la vie publique. Or, comme dit Gertoux : « La mort de Jean le Baptiste tombant au début de l'an 32 est confirmée par Flavius Josèphe. Selon lui (A.J. XVIII : 106-119) le meurtre de Jean le Baptiste par Hérode Antipas avait entraîné une "vengeance divine": soit la destruction de son armée par Arétas, roi de Pétra, et la mort de son frère, Hérode Philippe, qu'il date dans la 20e année de Tibère (33/34) après 37 ans de règne. »
La source la plus ancienne qui date la mort de Jésus provient de l'historien grec Phlégon de Tralles qui a achevé en 140 sa chronologie des événements les plus importants datés par les olympiades. Il confirme les indications données par les évangiles synoptiques sur les phénomènes telluriques, ou astronomiques, qui ont accompagné la mort de Jésus. Matthieu (27,45-54) évoque, par exemple, un tremblement de terre et des ténèbres surprenantes (et non une éclipse de soleil) durant la mort de Jésus de midi à 15 heures. (Ces 3 heures dépassent la durée d'une éclipse de soleil). Plusieurs auteurs rapportent cet événement exceptionnel. Thallus, historien samaritain du 1er siècle, déclare dans le 3e livre de ses Histoires (rapporté par Jules l'Africain vers 220 de notre ère) : « Dans le monde entier, une obscurité effrayante, par l'obscurcissement d'une éclipse de soleil, se répandit et, par l'effet d'un tremblement de terre, des rochers se fendirent et de nombreux bouleversements se produisirent en Judée et dans le reste de la terre. » Phlégon de Tralles donne une date précise, rapportée par Eusèbe : « En la quatrième année de la CCIIe olympiade, il y eut une éclipse de soleil, la plus grande que l'on eut jamais vue, et la nuit se fit à la sixième heure du jour [midi], au point que les étoiles furent visibles dans le ciel. Et un grand tremblement de terre, ressenti en Bithynie, causa de nombreux bouleversements à Nicée. » La 4e année de la 202e olympiade va de juillet 32 à juin 33.
Deux éléments indirects fournis par les évangiles permettent de confirmer cette datation par l'astronomie et de déterminer de façon plus précise le jour même de la mort de Jésus.
Le jour de la Pâque pouvait coïncider avec n'importe quel jour de la semaine, mais le lendemain, correspondant au 1er jour de la fête des Azymes, devait être un sabbat (cf. Lv 23,5-7). Si ce sabbat du 15 Nisan coïncidait avec le sabbat habituel du samedi, on parlait alors d'un "grand sabbat". « Ce sabbat était un grand jour » dit Jean (19,31). Comme Jésus est ressuscité le premier jour de la semaine du système juif (cf. Jn 20,1), notre dimanche, il est donc mort le vendredi 14 Nisan.
Par ailleurs, il est possible de calculer quel était le jour de la semaine de notre calendrier correspondant au 14 Nisan. Or, la seule année pour laquelle le 14 Nisan tombe un vendredi sur la période allant de l'an 29 à l'an 35 de notre ère, est l'an 33 :
An : 14 Nisan dans le calendrier julien
29 Samedi 16 avril
30 Mercredi 5 avril
31 Lundi 26 mars
32 Lundi 14 avril
33 Vendredi 3 avril
34 Lundi 22 mars
35 Lundi 11 avril
Cela conforte encore l’année 33, année admise par la tradition, comme étant bien l’année effective de la Rédemption.
Félicitations pour ce travail remarquable ! Votre érudition et celle de votre "Témoin de Jéhovah" (s'il existe bien et n'est pas "inventé" par sa secte - mais c'est une autre histoire) sont admirables.
Une question : est il raisonnable de penser que Quirinius ait pu gouverner la Syrie à deux reprises (surtout en gérant le très prestigieux proconsulat d'Asie entre les deux !)? ne faudrait il pas plutôt envisager l'existence de deux personnages distincts portant le même nom de famille (deux frères, deux cousins ou deux homonymes ?). Connaissons nous le prénom et les "tria nomina" de Quirinius ?
Merci de votre commentaire rapide. J'essaie d'y répondre avec précision.
Quirinius s'appelait : P. Sulpicius Quirinius.
Je vous cite ci-dessous sa biographie telle que reconstituée par Gertoux:
Curriculum vitae de P. Sulpicius Quirinius
• Né à Lanuvium, près de Rome, en -51.
• Nommé questeur en -26, à l'âge de 25 ans.
• Nommé préteur en -21, à l'âge de 30 ans.
• Proconsul de Cyrène et de Crête en -21/-20. Victoire contre les Marmarides en liaison avec le proconsul d'Afrique Lucius Cornelius Balbus qui reçut, lui, (le 27 mars -19) un triomphe pour avoir vaincu les Garamantes.
• Nommé consul en -12, quand Auguste reçut la prêtrise.
• Gouverneur de Galatie de -5 à -4. Victoire contre les Homonades.
• Gouverneur de Syrie de -3 à -2. Recensement de la Syrie pour effectuer "l'inventaire du monde" demandé par César Auguste, le Père de la Patrie. Victoire contre les Ituréens.
• Proconsul d'Asie en -1/1.
• Recteur de Caius César en Arménie de 2 à 4.
• Juge et censeur en Syrie de 6 à 11?. Recensement de la Judée, en 7, avec le préfet Coponius comme adjoint, pour évaluer les biens d'Hérode Archélaüs.
• Mort à Rome vers fin 21, à l'âge de 71 ans.
C'était en personnage très important, ami d'Auguste et de Varus (le futur vaincu de la forét de Teutobourg, en 9).
A ma connaissance, on ne lui sait pas d'homonyme.
L'inscription de Tibur dit textuellement que le même inconnu fut deux fois (iterum) gouverneur de Syrie et, entre-temps, proconsul d'Asie.
C'est Mommsen, le grand érudit allemand (1817-1903), qui a identifié cet inconnu (l'inscription est fragmentaire) avec notre P. Sulpicius Quirinius. Je ne peux pas vous refaire la démonstration.
Cela ne peut pas être un homonyme, ou un parent, à cause de l'iterum.
D'ailleurs je vous fais remarquer, je ne l'ai pas souligné dans l'article, que saint Luc lui-même dit "Ce recensement, le premier" (Lc 2,2), ce qui laisse supposer un double recensement : celui de - 2 (recensement du monde voulu par Auguste) et celui de + 7, inventaire des biens d'Archélaüs, après sa destitution. Tous les deux auraient été effectués sous la supervision de Quirinius.
Mon Témoin de Jéhovah existe bel et bien, puisque je donne dans l'article l'adresse de son site. Je la répète ICI. Il y avait même sa photo, qui a disparu récemment.
Loin d'être une invention des Témoins de Jéhovah, il est plutôt renié par eux comme je l'explique dans l'article. Les T. de J. refusent de publier ses thèses.
L'érudition n'est pas de mon fait, mais de Gérard Gertoux. Mon article sur le Forum catholique n'a pas de valeur scientifique par lui-même, car il est de seconde main. J'ai simplement prétendu résumer les thèses de Gertoux de manière claire. Je n'ai pas vérifié, et je ne peux pas vérifier ses sources (sauf les références bibliques).
J'ai simplement voulu attirer l'attention sur un problème brûlant, et à mon avis très mal éclairci par l'érudition contemporaine.
Ici: http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=125595 et mes autres posts de ce fil là.
Pour Noël, il y a des arguments en faveur du 25 décembre (je vais rechercher mon post à ce sujet).
Merci.
Ne cherchez pas. Lisez Gertoux sur son site. Son érudition astronomique est inépuisable.
Il y eut de fait une éclipse de lune, partielle, en soirée, en plus de l'éclipse anormale de soleil, de 12 h à 15 heures, le vendredi 14 Nisan, 3 avril 33. Ce n'est guère étonnant : c'est le jour de pleine lune.
"Or il y eut, dit Gertoux, effectivement une éclipse partielle de lune le vendredi 3 avril 33. Cette éclipse commença vers 15h40 et fut visible à Jérusalem de 17h50 à 18h30. Elle est, de plus, selon les calculs astronomiques (selon cette page de la NASA), le maximum de l'éclipse est à 14h47 UT et son début est fixé 86 minutes avant, soit à Jérusalem à 15h41 (= 14h47 – 86 + 2h20), la seule qui tombe un vendredi (J.P. Parisot, F. Suagher - Calendriers et chronologie Paris 1996 Éd. Masson pp. 164-166) entre l'an 26 et l'an 36 (période de la légation de Pilate en Judée)."
De fait, une éclipse partielle de lune donnait à l'astre un effet rougeâtre.
Or saint Luc dit dans les Actes, citant Joël : "Le soleil se changera en ténèbres et la lune en sang, avant que vienne le Jour du Seigneur, ce grand Jour." (Ac 2,20. Cf. Jl 3,4).
Mais je signale que nous faisons là une lecture assez "fondamentaliste" de la Bible, dans laquelle se délectent les Témoins de Jéhovah. Je ne les suis qu'avec réticence sur ce terrain.
BIBLE, ARCHÉOLOGIE, HISTOIRE : brochure 1, 2 et 3 Du frère Bruno, qui va dans le même sens que vous sur de nombreux points ?
Ainsi que les datations proposées par Annie Jaubert et l'archéologue Emmanuel Anati ? (Elles sont résumées dans ces brochures :
Si oui, quel est votre avis sur ces publications ?
Sinon, vous pouvez consulter le sommaire sur ce site
Ne me compromettez pas avec la Contre-Réforme catholique. Vous allez me couler à pic !
Leur devise c'est : ni schisme ni hérésie.
La mienne aussi MAIS AVEC BENOIT XVI.
Ce livre a été publié pour la première fois en janvier 2003 aux éditions François-Xavier de Guibert.
Il s'agit d'un chef-d'oeuvre d'érudition rédigé avant la mort de l'auteur, Arthur Loth, en 1927, mais donc publié pour la première fois 76 ans plus tard.
Pour Arthur Loth, Jésus-Christ est né dans la nuit du 5 au 6 janvier -4, et est mort crucifié le vendredi 3 avril 33, à l'âge de 36 ans et 3 mois (et est, bien entendu, ressuscité le dimanche suivant).
Je précise que pour A. Loth : -4 et 33 font bien 36 ...
Si vous considérez ces chiffres comme valides.
Je précise que pour A. Loth : -4 et 33 font bien 36 ...
Une personne naît début Janvier -4 Meurt bien à l'age de 36 ans et trois ou quatre mois en mourant en Avril 33;
Explication:
Il n'y a pas d'année zéro en chronologie.
Ainsi en janvier -3 la personne à un an en janvier +1 la personne à 4 ans.
Cordialement.
Certes je n'ai pas lu, on ne peut tout lire, le livre que vous me recommandez. Mais a priori il est incompatible avec les thèses de Gertoux (et les miennes avec).
Certes, 33 - (-4) = 36 (car il n'y a pas d'année 0).
Au passage, je fais remarquer qu'il y a là une complication invraisemblable, car on est obligé d'inventer une nouvelle arithmétique : sans le zéro ! Une calculatrice, ou un ordinateur, s'y perdraient. Mais mon référent, Gérard Gertoux, qui est incollable, m'a appris qu'en astronomie on a rétabli une ère julienne avec une année zéro, pour les dates antérieures à l'ère chrétienne. Résultat : les dates astronomiques Av. J.C. et les dates historiques Av. J.C. ont un décalage d'une année !
Je reviens à votre livre. Jésus serait mort à 36 ans. C'est peu traditionnel. De plus comme il a commencé sa vie publique à l'âge de 30 ans environ, selon Luc, son ministère public aurait duré au moins 6 ans. C'est fort peu vraisemblable.
Selon les synoptiques son ministère semble durer à peine deux années. Et selon Jean, qui signale 3 Pâques, 3 ans et demi à quatre ans tout au plus.
De plus il est certain que Jésus n'est pas né au coeur de l'hiver, puisque, selon Luc, les troupeaux étaient aux champs.
De plus, si Hérode est mort vers le 15 mars - 4, comme communément admis, cela laisse fort peu de place pour les 40 jours de la présentation au Temple, la visite des Mages, le meurtre des enfants de Bethléem, la fuite en Egypte. Le 'timing' est vraiment resserré.
De plus Hérode est mort, selon Gertoux (et la tradition juive),
un 2
Shebat, donc, en - 4, un 29 janvier ; ce qui laisse encore moins de place.
De plus Gertoux démontre qu'Hérode n'est pas mort en - 4 mais bien le 26 janvier - 1.
Etc.… Etc.…
Certes, il reste que je n'ai pas lu le livre. J'avoue que je ne puis dépouiller toute la littérature (au demeurant immense) sur ce thème. Je m'en excuse. Je n'ai guère voulu que signaler un problème mal résolu, brûlant, et toujours pendant.
Votre démonstration est fort intéressante et pourrait conduire à la foi un certain nombre d'esprits rationnels qui sont nombreux à notre époque. Ultramontain a tenté d'apporter de l'eau à votre moulin, en appuyant vos travaux d’étude indéniablement sérieuse mais votre réaction laisse perplexe!
Lorsqu'on a l'ambition (louable) de faire une étude au service de la vérité historique, on ne peut décemment dénigrer telle ou telle publication sans même en prendre connaissance au seul motif de la ligne éditoriale...
De surcroît, rejeter en bloc l'intégralité des travaux menés par la communauté de l'abbé de Nantes sous un prétexte fallacieux ("La mienne aussi MAIS AVEC BENOIT XVI") n'est pas la plus grande preuve d'objectivité scientifique!
D'accord, n'en parlons plus !
Vous avez au moins le mérite de dire les choses avec sincérité.
Mais tout le monde aura compris que vous êtes déjà compromis, grillé jusqu'à la souche, en précisant votre divergence.
Preuve que vous vous tenez au courant.
Donc vous avez déjà lu, avis aux amateurs !
N'ayez crainte, le drapeau dont vous vous défiez n'est contaminé par aucune maladie honteuse. On ne vous demande pas de le porter, seulement de ne pas cracher dessus !
J’ai lu sur le site de la Contre-Réforme catholique, sous la signature de Frère Bonnet-Eymard, ou avec son aval, les lignes suivantes :
I. LE 25 DÉCEMBRE DE L'AN 1, JÉSUS NAQUIT À BETHLÉEM
« En 1995, le savant israélien Shemaryahu Talmon a publié une étude sur le calendrier liturgique découvert dans la grotte 4 de Qumrân (4Q321). Il y trouva incontestablement les dates du service au Temple que les prêtres assuraient, à tour de rôle, encore au temps de la naissance de saint Jean-Baptiste et de Jésus. Selon ce document, copié sur parchemin entre les années 50 et 25 av. J.-C., donc contemporain d'Élisabeth et de Zacharie, la famille des Abiyya à laquelle ils appartenaient (Lc 1, 5 ; cf. 1 Ch 24,10) voyait son tour revenir deux fois l'an, du 8 au 14 du troisième mois du calendrier essénien, et du 24 au 30 du huitième mois. Cette seconde période tombe vers la fin de notre mois de septembre, confirmant le bien-fondé de la tradition byzantine immémoriale qui fête la "Conception de Jean" le 23 septembre.
« Or ce fut, comme l'écrit saint Luc, le « sixième mois » de la conception de Jean que l'ange Gabriel apparut à la Vierge Marie. À compter du 23 septembre, le " sixième mois " tombe très exactement le 25 mars, en la fête de l'Annonciation. Dès lors, Jésus est bien né le 25 décembre, neuf mois plus tard. Noël n'est donc pas « la consécration religieuse et cultuelle d'un événement cosmique, le solstice d'hiver qui marque la régression de la nuit ». Non ! le 25 décembre est l'anniversaire de la naissance du Christ, tout simplement… Une fois de plus la tradition séculaire de l'Église se trouve en parfait accord avec les plus incontournables découvertes scientifiques. »
Voici les commentaires que cela m’inspire :
Le raisonnement est fondé sur le calendrier essénien. Il ne peut être que faux, car le Temple de Jérusalem où officiait Zacharie, le père de Jean-Baptiste, ne suivait pas le calendrier essénien, mais bien le calendrier hébraïque, encore en vigueur aujourd’hui, même s’il a été normalisé au cours des âges. Il était hérité des assyro-babyloniens, et fut adopté au cours de l’exil.
Le calendrier essénien était un calendrier solaire avec des années de 364 jours, c’est-à-dire exactement 52 semaines pleines de 7 Jours : 52 X 7 = 364. L’année était donc défective de 1,25 jour. Et ce calendrier devait dériver assez rapidement par rapport à l’année solaire réelle. On ne sait comment les esséniens compensaient l’avance prise, si même ils la compensaient, car la documentation manque. On sait seulement que le livre d’Hénoch (I Hénoch), partisan et même théoricien de ce calendrier, se plaignait que les temps fussent changés. Il attribuait ce changement à la malignité des hommes : Dieu les aurait punis de leurs péchés. Il ne se posait même pas la question de savoir si le calendrier qu’il préconisait était faux.
« Mais au temps des pécheurs, se lamentait par avance le patriarche Hénoch, les saisons pluvieuses, seront abrégées, leurs semailles viendront en retard, sur la terre et dans les champs. Tout le travail qui se fait sur la terre sera bouleversé et n’apparaîtra plus en son temps.» (I Hénoch, LXXX, 2).
Forcément car l’année calendaire étant trop courte, les saisons prenaient insensiblement du retard. Au bout d’un siècle, les saisons avaient dérivé de 125 jours. Et au bout de 292 ans, elles étaient complètement inversées : l’été en hiver et l’hiver en été.
Le calendrier essénien était inapplicable, et l’on ne voit pas qu’il ait été durablement appliqué.
De plus, frère Bruno, en citant le calendrier essénien, ne nous livre pas ses calculs. On ne peut que lui faire confiance.
Gertoux au contraire base ses propres calculs sur le calendrier hébraïque, encore en usage aujourd’hui. De plus, il nous décrit abondamment ses déductions. Le calendrier hébraïque était essentiellement lunaire, avec douze mois lunaires de 29,5 jours de moyenne. Tous les deux ou trois ans, les années dites embolismiques, on rajoutait un mois supplémentaire pour compenser l’avance prise sur l’année solaire. Le premier jour du septième mois, le 1er Tishri, était déterminé empiriquement (à l’époque) par l’observation du premier croissant lune qui suivait immédiatement l’équinoxe d’automne.
Gertoux dresse une reconstitution chronologique très précise, journalière, qui va du 1er Nisan – 3 (16 avril) au 7 Shebat – 1 (31 janvier). Ce document tel qu’édité sur mon imprimante ne prend pas moins de 26 pages. On peut le consulter à loisir sur le site de Gérard Gertoux, à l’adresse électronique suivante ICI. (Pages en couleur, vers le début du développement).
Pendant les deux semaines sur lesquelles s’étendait la fête de Pâque, les 24 classes de prêtres officiaient ensemble. Soit, en – 3, du samedi 12 Nisan, au vendredi 25 Nisan. A partir du samedi 26 Nisan, les 24 classes, telles qu’énumérées dans la Bible par le Chroniste (cf. 1 Ch 24, 7-18), officiaient à tour de rôle une semaine durant, du samedi au vendredi.
Voici quel était l’ordre des classes :
1 Yehoyarib
2 Yedaya
3 Harim
4 Séorim
5 Malkiyya
6 Miyyamîn
7 Haqqoç
8 Abiyya
9 Yéshua
10 Shekanyahu
11 Elyashib
12 Yaqîm
13 Huppa
14 Yeshebeab
15 Bilga
16 Immér
17 Hézir
18 Happiçeç
19 Pethahya
20 Yehèzqel
21 Yakîn
22 Gamul
23 Delayahu
24 Maazyahu
Le tour de la huitième classe, celle d’Abiyya, à laquelle appartenait Zacharie, survint effectivement, selon ce comput, au cours du troisième mois, celui de Siwan (comme le note frère Bruno), mais du samedi 16 au vendredi 22 Siwan, soit du 29 juin – 3 au 5 juillet – 3 (et non du 8 au 14, comme l’écrit frère Bruno dans le passage cité). On peut supposer avec vraisemblance que ce fut bien ce jour-là, le 5 juillet de l’année – 3 donc, que Zacharie, pendant son service, eut la vision de l’ange « debout à droite de l’autel de l’encens » (Lc 1,11) et que sa prière, ainsi que celle de sa femme, d’avoir un enfant furent exaucées. Jean-Baptiste a dû être conçu dès le retour de Zacharie dans son foyer, le 6 juillet – 3, et naître 273 jours après sa conception, le vendredi 4 avril – 2.
Le Christ serait né juste six mois après Jean-Baptiste, le 1er Tishri, soit le 29 septembre – 2, à quelques jours près, naturellement.
On ne peut reculer plus tard l’échéance, par exemple 202 jours plus tard, autre occurrence du service de la classe d’Abiyya, le neuvième mois, en Kislev, du 14 au 20, (et non le huitième mois, du 24 au 30, comme l’écrit frère Bruno), car Hérode est mort dès le 26 janvier – 1 comme le démontre par ailleurs Gertoux.
La reconstitution de frère Bruno est donc arbitraire. Elle ne vise qu’à justifier par des arguments douteux, et rapides, et par des affirmations péremptoires les dates traditionnellement admises. Par là, elle les compromet plus qu’elle ne les sert.
Jésus n’a pu naître en + 1. Hérode à cette date était déjà mort, quelle que soit la date retenue pour son décès : soit en – 4 selon le consensus actuel, soit en début – 1 comme le démontre Gertoux.
En – 1 déjà, Archélaüs, successeur d’Hérode comme ethnarque de Judée et de Samarie, émettait des pièces de monnaie qu’on a conservées, datées de l’an 3 de son règne, car il s’estimait régner légalement depuis le testament de son père Hérode, validé en – 4 par Auguste. Donc, à cette époque, Hérode était mort, et Jésus était né.
La date de + 1 est incompatible avec la mention de Luc qui nous précise que Jésus « lors de ses débuts, avait environ trente ans. » (Lc 3,23).
Le ministère de Jean-Baptiste a commencé l’an XV de Tibère César (cf. Lc 3,1). La quinzième année de Tibère court du 19 août 28 au 18 août 29.
Si Jésus avait été baptisé en 28, il serait né en – 3 : 28 – 30 = - 3 (pas d’année 0).
Si Jésus a été baptisé en 29, ce qui est de loin le plus plausible, il est né en – 2 : 29 – 30 = - 2 (pas d’année 0).
Si même Jésus avait été baptisé seulement en 30 (avec beaucoup de retard par rapport à la sortie du Baptiste) il serait né en – 1 : 30 – 30 = - 1 (pas d’année 0).
Et si Jésus n’avait été baptisé qu’en 31 (31 – 30 = 1), et même fin 31 (autour du 25 décembre), il aurait attendu près de deux ans, et peut-être même trois ans, avant de se présenter au Jourdain pour entendre la prédication du Baptiste : ce qui est hautement improbable.
De plus il faut bien comprendre que le moine scythe Denys le petit, et avec lui l’Eglise romaine, quand ils ont fixé l’an I de l’ère chrétienne en 754 de Rome, ne voulaient pas signifier par là que Jésus fût né en 754, mais bien plutôt que né fin 753 (peut-être le 25 décembre) l’année 754 de Rome représentait la première année de sa vie et par conséquent l’an I de l’ère chrétienne. Cela tombe sous le sens. Denys le petit et l’Eglise romaine du VIe siècle savaient tenir compte du texte de Luc.
Suit peut-être le calendrier essénien, lui! Pas obligé de suivre le calendrier hébraïque que de toute façon, il ne connaissait pas forcément bien (étant donné qu'il n'était pas juif).
Comme une partie non négligeable des disciples de Jésus (au sens large) avaient un contact avec les esséniens, c'est le calendrier qu'il a connu...
Pour ce grand article et les liens qui l'accompagnent.
N'étant pas spécialiste, je m'abstiendrai de faire un commentaire de votre travail et ne retiendrai que le point dominant : la datation et la chronologie proposées par frère Bruno ne vous semblent pas crédibles, et vous avancez des arguments à propos desquels je n'ai aucune compétence.
Pour que votre labeur ne soit pas inutile, permettez moi de le transmettre à l'intéressé, le garder pour moi seul serait un enterrement de troisième classe.
Il va de soit que je transmets également votre souhait de n'encourir aucune compromission avec qui vous savez !
Vous assurant de mes prières en ce mois du Sacré-Cœur.
Je vous remercie.
Le Christ n'a pas commencé sa vie publique à l'âge de 30 ans pour les raisons suivantes.
1) En Israël, un homme ne pouvait pas prêcher avant l'âge de 30 ans ;
2) NSJC a attendu, avant de prêcher Lui-même, que son cousin, Jean le Baptiste, de 6 mois seulement son aîné :
a) ait donc lui-même atteint l'âge lui permettant de prêcher, soit 30 ans ;
b) et prêche lui-même, baptise et se fasse connaître 2 ou 3 années au moins, afin de préparer les voies du Seigneur.
3) NSJC n'a donc pas commencé à prêcher avant l'âge probable de 33 ans environ et comme il est avéré qu'il y a eu 3 Pâques pendant sa vie publique, il est donc bien mort (et ressuscité) à l'âge de 36 ans environ.
Le Linceul de Turin prouve d'ailleurs que l'homme supplicié à moins de 50 ans (St Jean) et vraisemblablement 35-40 ans ...
Vous avez écrit :
Le Christ n'a pas commencé sa vie publique à l'âge de 30 ans pour les raisons suivantes.
1) En Israël, un homme ne pouvait pas prêcher avant l'âge de 30 ans;
2) NSJC a attendu, avant de prêcher Lui-même, que son cousin, Jean le Baptiste, de 6 mois seulement son aîné :
a) ait donc lui-même atteint l'âge lui permettant de prêcher, soit 30 ans ;
b) et prêche lui-même, baptise et se fasse connaître 2 ou 3 années au moins, afin de préparer les voies du Seigneur.
3) NSJC n'a donc pas commencé à prêcher avant l'âge probable de 33 ans environ et comme il est avéré qu'il y a eu 3 Pâques pendant sa vie publique, il est donc bien mort (et ressuscité) à l'âge de 36 ans environ.
Permettez-moi de répondre que les 2 ou 3 années du point (2b) sont une simple hypothèse et que, dans un pays de cette taille, quelques mois, voire 1 an, aurait très bien pu suffire... On pourrait même argumenter, a contrario, qu'il est peu vraisemblable qu'on l'ait laissé prêcher et dénoncer l'adultère d'Hérode pendant une durée supérieure à 1 an.
Pour le reste, j'incline à penser que les alentours de 35 ans sont un âge très vraisemblable pour la Passion du Christ.
J'en profite pour manifester mon agacement devant la tendance
lourde (chez quasiment tous les auteurs) à prendre la phrase de l'Evangile
"30 ans environ" comme signifiant 30 ans exactement (avec une
latitude de quelques mois). On se demande alors bien pourquoi le mot
"environ" a été utilisé !!!
Sans aller jusqu'à la fourchette 25-35, il me semble que la fourchette 28-32
justifie ce terme.
J'essaie de répondre aux deux posts précédents, bien que vous ayez changé de fil. (J'aurais préféré garder le même fil).
Un homme en Israël n'avait pas le droit, dit-on, de prêcher avant l'âge de 30 ans révolus.
Admettons que cela soit vrai, et que Jean-Baptiste et Jésus-Christ aient respecté cette coutume.
Mais justement, pour moi (et mon référent Gertoux), Jean est né le vendredi 4 avril - 2, donc il a eu 30 ans le 4 avril 29. Il a pu commencer son ministère effectivement l'an XV de Tibère, comme le veut Luc (3,1) à l'âge de 30 ans révolus. La quinzième année de Tibère courait du 19 août 28 au 18 août 29, mais l'an XV représente plutôt l'année 29.
De même Jésus-Christ, né le lundi 29 septembre - 2, aurait eu exactement 30 ans le 29 septembre de l'année 29.
Il a pu être baptisé fin 29 et commencé son ministère, à l'âge de 30 ans passés, pendant l'hiver 29/30. Il aurait bien, selon ce comput, respecter un délai de 6 mois par rapport au Baptiste.
Jean signale trois Pâques dans la vie publique. Mais moi, et mon référent Gertoux, nous en comptons largement 4. Soit :
Pâque 30, celle de Nicodème.
Pâque 31, non mentionnée dans les évangiles.
Pâque 32, celle de la multiplication des pains.
Pâque 33, celle de la Passion.
Le ministère de Jésus aurait duré 3 ans et demi selon ce décompte.
Jésus serait mort le vendredi 3 avril 33 à l'âge de 33 ans et 6 mois, ce qui est traditionnel et fort vraisemblable.
Certes j'avoue que j'ai tendance à entendre les "30 environ" de Luc comme signifiant 30 ans à quelques jours près. Mais comme l'on ne sait pas si l'approximation de Luc est par excès ou par défaut, l'on est bien obligé de prendre le chiffre 30 dans les calculs. En admettant d'avance que, partant de prémisses approximatives, le résultat ne peut être qu'approximatif.
Considérations.
De l’expression : "30 ans environ", on peut déduire plusieurs affirmations :
1) Luc lui-même, qui a bien connu les premiers Apôtres (en particulier Paul), n'était pas Apôtre lui-même et donne approximativement l'âge du Seigneur, parce qu'il ne le connaît pas de première main et que d'autres le lui ont dit ;
2) Sous l'Antiquité, les personnes ne possédaient pas un état civil au sens moderne ;
3) Elle signifie simplement que Jésus avait l'âge requis pour prêcher, même s'il l'avait en réalité dépassé, et pas forcément depuis très longtemps.
Encore une fois, je ne saurais trop vous conseiller la lecture du chef-d'oeuvre qu'est le livre d'Arthur Loth intitulé : "Jésus-Christ dans l'histoire", aux éditions François-Xavier de Guibert, Janvier 2003 (plus de 700 pages).
Je vous invite à lire le passionnant livre d'Arthur Loth (Jésus-Christ dans l'histoire) qui démontre de manière convaincante que le Christ serait mort à 36 ans 1/2.
De plus, il y a un passage dans l'évangile à propos d'Abraham où les Juifs dirent à Jésus: « Tu n'as pas encore cinquante ans et tu as vu Abraham ? »
Ils n'auraient pas dit 50 ans s'il en avait une trentaine. Cela semble indiquer que le Christ n'avait pas l'âge d'un jeune homme...
Quant aux Pâques, il en compte 4, me semble t-il ?
Réponse partielle à Patrick Gamache.
Je n'ai pas encore lu le livre d'Arthur Loth que vous me recommandez vivement.
Cependant, voici la réflexion que je relève ce jour sur le site de Frédéric Lemoine, consacré à la Bible :
« Il faut toutefois savoir que d’autres hypothèses restent possibles comme celle d’A. LOTH qui propose une vie publique d’environ quatre ans, de l’automne 29 jusqu’à la Passion le 3 avril 33, jalonnée par quatre Pâques successives, en 30, 31,32 et 33. »
Vous devez constater que la position d'Arthur Loth pour la vie publique du Christ correspond exactement à la mienne telle que je l'exposais dans le post qui précède (les génies se rencontrent; attention, je commence à avoir mal aux chevilles !)
La vie publique du Christ aurait duré 4 ans (moi je dis 3 ans et demi), à partir d'automne 29 (moi je dis hiver 29/30) et compté quatre Pâques successives : 30 (Nicodème), 31 (anonyme), 32 (multiplication des pains, 33 (Passion). Et il fait mourir le Christ, comme moi (oui, je le fais mourir par mes péchés), le 14 Nisan, vendredi 3 avril 33.
Si donc Arthur Loth fait vivre le Christ 36 ans et demi, c'est qu'il maintient ou ne remet pas en cause la mort d'Hérode en - 4, comme communément admis par la communauté scientifique.
33 - (-4) = 36 (pas d'année 0).
Plus largement, il pense - 5 pour la date de naissance du Christ, puisqu'il pose 36 ans et demi.
Sans avoir lu encore les arguments de Loth, je vous fais constater ceci :
1°) Il remet gravement en cause le sentiment des Pères qui presque tous unanimement font naître le Christ en - 1 ou - 2 avant notre ère. Faut-il ici citer de nouveau le brillant résumé de Gérard Gertoux que j'ai reproduit dans mon premier post sur le sujet ? Oui, je le fais.
« Les témoignages des historiens des six premiers siècles sont unanimes pour dater la naissance de Jésus autour de - 2 :
« Vers 148-152, Justin écrit que cette naissance eut lieu 150 ans auparavant sous le procurateur Quirinius (Apologie I, 46, 1).
« Vers 170-180, Irénée de Lyon la situe dans la 41e année du règne d'Octave (Contre les hérésies III, 21, 3), qui débute vers octobre - 43 (il est devenu Auguste en janvier - 27). Mais les auteurs anciens comptent le règne d'Auguste non à partir de janvier - 27, mais à partir d'octobre - 43 lorsque Octave, le futur Auguste, forma le second triumvirat. La 42e année d'Auguste débute à la fin de sa 41e année, donc en octobre - 2.
« Vers 194, Clément d'Alexandrie la situe 194 ans avant la mort de Commode [en 192] (Stromates I, 21, 145).
« Vers 204, Hippolyte de Rome date la naissance de Jésus au 25 décembre dans la 42e année du règne d'Auguste, et sa mort lorsqu'il était dans sa 33e année, soit au 25 mars de la 18e année de Tibère César, (Commentaire sur Daniel IV, 23).
« Vers 207, Tertullien la situe dans la 41e année du règne d'Auguste et 28 ans après la mort de Cléopâtre [en - 30] (Contre les Juifs VIII, 11, 75).
« Vers 231, Origène la situe dans la 41e année du règne d'Auguste et 15 ans avant sa mort (Homélies sur Luc 3,1).
« Vers 325, Eusèbe la situe dans la 42e année du règne d'Auguste et 28 ans après la mort de Cléopâtre [en - 30] (Histoire ecclésiastique I, 5, 2).
« Vers 357, Épiphane la situe l'année où Auguste XIII et Silvanus furent consuls (Panarion LI, 22, 3), soit – 2 avant notre ère.
« Vers 418, Paul Orose la situe en l'an 752 de la fondation de Rome (Histoires contre les païens VI, 22,1), soit également – 2 avant notre ère.
N'est-ce pas impressionnant ? Oui, c'est impressionnant. Et les Pères étaient infiniment plus proches que nous des événements.
2°) Il ne tient absolument pas compte du recensement général de la terre, ordonné par Auguste, et qui ne put avoir lieu qu'en - 3/- 2 comme le démontre Gertoux; je ne puis refaire ici la démonstration ; reportez-vous à mon premier post intitulé : Biographie raisonnée de Jésus-Christ. Non seulement il n'en tient pas compte, mais il le nie, comme je l'ai lu sur une autre page Web (je ne sais plus laquelle). Il maintient contre l'évidence que l'expression "pasan tên oikoumenên" dans saint Luc (2,1) ne désigne pas toute la terre habitée, mais seulement une province. "Universus orbis" traduit justement la Vulgate, avec toutes les traductions usuelles.
3°) Et ceci est une grave objection : En - 5 ou - 6 le gouverneur de Syrie n'était pas Quirinius, puisque les gouverneurs de Syrie sont connus pour les périodes :
- 8/- 6 : Caius Sentius Saturninus
- 6/ - 4 : Publius Quinctilius Varus
Donc Quirinius n'a pu organiser un recensement (même local) à ces dates-là.
En - 3/ - 2 le successeur de Varus est inconnu de l'histoire mais l'on démontre avec beaucoup de vraisemblance (en-dehors de Luc) que ce fut justement Quirinius. Voir également mon premier post. Il est certain d'après les inscriptions que Quirinius a été par deux fois gouverneur de Syrie et qu'il a lors de ses deux mandats organisé deux recensements distincts. D'ailleurs Luc lui-même parle du "recensement, le premier" (Lc 2,2). Ce qui laisse supposer un second.
Pour cette raison (majeure) la naissance de Jésus ne peut se situer qu'en - 3/ - 2. Même pas en - 1/+ 1, car à ces dates-là Quirinius était proconsul d'Asie.
Reste le problème de la mort d'Hérode. Mais là encore je ne puis que renvoyer à mon premier post intitulé : Biographie raisonnée de Jésus-Christ. J'y ai tout dit de ce m'a appris notre ami Gertoux.
Evidemment la réponse que je vous fais est peut-être un peu rapide, au pied levé ; en travaillant si vite on risque l'erreur. Néanmoins je la pense réfléchie.
sur toutes les dates que vous évoquez, sur les Pères de l'Eglise et notamment sur le recensement de Quirinius et explique que ce dernier a bien organisé celui qui amena la Ste Famille à Bethléem fin -5 début -4.
St Luc est toujours très précis et ne se trompe jamais.
4°) En plaçant les débuts du ministère public de Jésus en automne 29 (comme rapporté ci-dessus par le site de Frédéric Lemoine), Arthur Loth se met en opposition avec le texte de saint Luc qui déclare que "Jésus, lors de ses débuts, avaient environ trente ans." (Lc 3,23).
En effet : 29 - 30 = - 2 (il n'y a pas d'année 0), et non pas - 5, ou - 6.
Les quatre objections ci-dessus, cumulées et cohérentes entre elles, sont rédhibitoires pour la thèse d'Arthur Loth. Avant d'avoir lu son livre je sais qu'il est au moins partiellement faux.
Quirinius n'a pu organiser de recensement en Palestine en - 5 ou - 6, ou même - 4, et par là je réponds au post suivant, puisque ces années-là c'était
- 6/ - 4 : Publius Quinctilius Varus
qui était gouverneur de Syrie comme rapporté dans mon post précédent.
Varus, le futur vaincu de la forêt de Teutobourg (en 9), a cessé son mandat en Syrie en - 4 et c'est lui qui a fait valider le testament d'Hérode, rédigé en - 4 donc, par l'empereur Auguste.