X . La cathèdre, le trône épiscopal

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Entouré de ses prêtres, son presbyterium, l’évêque se définit avant tout comme le président de la synaxe eucharistique. Si les prêtres célèbrent, ou président, ils ne le font que par délégation, ou en remplacement de l’évêque empêché.

Le siège de l’évêque dans l’église principale du diocèse : sa cathèdre, son trône, symbolise avant tout, et représente en permanence, ce rôle liturgique de l’évêque.

Depuis les apôtres, et par conséquent d’institution divine, de droit divin, les évêques sont attachés à des Eglises locales, à des villes ou à des territoires géographiques précis. D’institution divine la hiérarchie catholique : évêques, prêtres, diacres et autres ministres divers, et les Eglises locales mêmes, sont des réalités stables, non itinérantes : des réalités fixes, bien qu’il puisse se trouver aujourd’hui des évêques rattachés, ou préposés, à des secteurs supradiocèsains : par exemple, dans certains pays, l’évêque aux armées, ou encore le prélat de l’Opus Dei, qui a depuis peu rang d’évêque, et dont la juridiction s’étend en quelque sorte à la terre entière, mais limitée toutefois aux membres de son ordre. Les évêques résidentiels, à commencer par l’évêque de Rome, mais à continuer par tous les évêques des Eglises d’origine apostolique, ou fondées dans la suite des temps par ces mêmes Eglises, sont liés par institution, comme leur titulature l’indique, à telle ville, à tel territoire donné : évêque de Rome, évêque d’Ephèse, évêque de Moscou, évêque d’Oslo, etc.... Il est donc normal qu’ils aient dans cette ville ou sur ce territoire, une église principale que l’on dénommera cathédrale, et dans cette cathédrale un siège, ou cathèdre, bien mis en évidence, d’où ils enseigneront et célébreront habituellement.

On remarquera que le lieu précis de la cathédrale, et par conséquent du siège épiscopal, dans une ville donnée, n’est jamais d’institution divine même dans le cas des Eglises fondées par les apôtres. Même à Rome où la cathédrale du pape est signalée traditionnellement comme étant la basilique Saint-Jean de Latran, cette institution ne remonte qu’à l’empereur Constantin et au début du IVe siècle. On ignore où se trouvait l’église de l’évêque, et par conséquent le Siège apostolique, à l’époque des persécutions. On ignore même si l’évêque de la Ville, en ces temps troublés, jouissait d’une résidence stable et permanente. Peut-être celle-ci s’est-elle déplacée plus d’une fois, en raison des besoins, ou sous le coup des nécessités. En tous les cas le lieu précis de la cathédrale du pape n’est que d’institution ecclésiastique. Il pourrait être déplacé à l’intérieur du territoire de la ville de Rome. On sait que les papes, depuis leur retour d’Avignon, résident le plus souvent au Vatican, qui, à l’époque romaine, était situé à la périphérie de la Ville, en dehors des remparts.

Dans la disposition ancienne des églises, qui adoptaient la forme « basilicale », la cathèdre était sise au fond de l’abside, et surélevée. Elle était entourée du banc semi-circulaire où siégeait le presbyterium. Ainsi en est-il encore aujourd’hui au Latran. Ainsi en était-il par exemple dans l’ancienne cathédrale gallo-romaine de Vaison-la-Romaine. De nos jours le trône de l’évêque est souvent disposé d’une manière plus visible et plus proche de l’assemblée, donc sur le côté de l’autel, généralement sur le côté gauche.

C’est en prenant place sur son trône que l’évêque, par lui-même ou par son procurateur, avait pris solennellement possession de ses fonctions le jour de son intronisation.

C’est de son trône que l’évêque enseigne. On dit par exemple du pape qu’il parle « ex cathedra » pour signifier son enseignement solennel, ou officiel, « à partir de sa cathèdre ». C’est de son trône que l’évêque préside l’eucharistie, et célèbre les offices. C’est de son trône, enfin, qu’il préside et gouverne toute l’assemblée des fidèles, aidé par ses prêtres et ses diacres. Le trône épiscopal résume donc à lui seul toute la fonction de l’évêque, il la récapitule, et en quelque façon il l’ « incarne », et cela même quand le titulaire est absent, même quand il est décédé.  Personne d’autre que l’évêque du lieu n’a en principe le droit de célébrer de cette place, car ce serait usurper la fonction de l’évêque. C’est pourquoi le trône de l’évêque est entouré d’honneur.

Mais l’honneur principal dans ce monument qu’on appelle une église (qu’elle soit de pierre, de béton ou de bambou…) revient toujours à l’autel qui occupe la place centrale et qui remémore le sacrifice du Christ. 

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