Note 66
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Arthur
Loth et la vie de Jésus.
1. La date de la naissance de
Jésus-Christ.
2. La date de la mort de
Jésus-Christ, et de sa résurrection.
A la suite de mon article sur le Forum catholique, le 29 mai 2010, article intitulé Biographie raisonnée de Jésus-Christ ICI, Mr Jean-Claude Parfu me sommait (amicalement) de lire le livre posthume d’Albert Loth, récemment publié, intitulé : Jésus-Christ dans l’histoire (F.-X. de Guibert).
« (551457) Lisez : "Jésus-Christ dans l'histoire" d'Arthur Loth par Jean-Paul PARFU (2010-05-29 15:48:55) [en réponse à 551448]
« Ce livre a été publié pour la première fois en janvier 2003 aux éditions François-Xavier de Guibert.
« Il s'agit d'un chef-d'oeuvre d'érudition rédigé avant la mort de l'auteur, Arthur Loth, en 1927, mais donc publié pour la première fois 76 ans plus tard.
« Pour Arthur Loth, Jésus-Christ est né dans la nuit du 5 au 6 janvier - 4, et est mort crucifié le vendredi 3 avril 33, à l'âge de 36 ans et 3 mois (et est, bien entendu, ressuscité le dimanche suivant).
« Je précise que pour A. Loth : - 4 et 33 font bien 36 ...
A l’époque, je lui avais répondu par le message suivant :
« (551525) Certes je n'ai pas lu par Jean
Ferrand (2010-05-29 20:53:39) [en réponse à 551457]
« Certes je n'ai pas lu, on ne peut tout lire, le livre que vous me recommandez. Mais a priori il est incompatible avec les thèses de Gertoux (et les miennes avec).
« Certes, 33 - (- 4) = 36 (car il n'y a pas d'année 0).
« Au passage, je fais remarquer qu'il y a là une complication invraisemblable, car on est obligé d'inventer une nouvelle arithmétique : sans le zéro ! Une calculatrice, ou un ordinateur, s'y perdraient. Mais mon référent, Gérard Gertoux, qui est incollable, m'a appris qu'en astronomie on a rétabli une ère julienne avec une année zéro, pour les dates antérieures à l'ère chrétienne. Résultat : les dates astronomiques Av. J.C. et les dates historiques Av. J.C. ont un décalage d'une année !
« Je reviens à votre livre. Jésus serait mort à 36 ans. C'est peu traditionnel. De plus comme il a commencé sa vie publique à l'âge de 30 ans environ, selon Luc, son ministère public aurait duré au moins 6 ans. C'est fort peu vraisemblable.
« Selon les synoptiques son ministère semble durer à peine deux années. Et selon Jean, qui signale 3 Pâques, 3 ans et demi à quatre ans tout au plus.
« De plus il est certain que Jésus n'est pas né au coeur de l'hiver, puisque, selon Luc, les troupeaux étaient aux champs.
« De plus, si Hérode est mort vers le 15 mars - 4, comme communément admis, cela laisse fort peu de place pour les 40 jours de la présentation au Temple, la visite des Mages, le meurtre des enfants de Bethléem, la fuite en Egypte. Le 'timing' est vraiment resserré.
« De plus Hérode est mort, selon Gertoux (et la tradition juive), un 2 Shebat, donc, en - 4, un 29 janvier ; ce qui laisse encore moins de place.
« De plus Gertoux démontre qu'Hérode n'est pas mort en - 4 mais bien le 26 janvier - 1.
« Etc.… Etc.…
« Certes, il reste que je n'ai pas lu le livre. J'avoue que je ne puis dépouiller toute la littérature (au demeurant immense) sur ce thème. Je m'en excuse. Je n'ai guère voulu que signaler un problème mal résolu, brûlant, et toujours pendant. »
Je me suis enfin décidé à obéir à l’injonction de Mr Parfu, et d’autres, et j’ai commandé sur Internet le livre d’Arthur Loth (édition de 2010). Je l’ai payé d’ailleurs assez cher : 45 euros.
On ne peut qu’admirer ce monument d’érudition, qui a bien dû coûter à l’auteur 25 années de travail. On ne peut que féliciter son petit-fils, Henry Brière-Loth, d’avoir déchiffré patiemment le manuscrit et de l’avoir enfin publié, avec 76 ans de retard.
A mon avis, ce livre a manqué au débat chrétien, ou religieux, pendant les trois derniers quarts du XXe siècle. On eût été obligé d’en tenir compte. On ne se serait sans doute pas laissé aller aussi facilement à cette exégèse de type « progressiste », si pauvre, si tendancieuse, qui nous afflige actuellement.
J’ai puisé moi-même dans cet ouvrage toute une mine de renseignements. Et la deuxième partie, relative à la date de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ, me comble d’aise, et j’y adhère complètement.
En revanche sur la première partie, consacrée à la fixation de la date de naissance du Christ, et donc du début réel de notre ère, dite chrétienne, je suis moins convaincu. Elle n’a pas remis en cause, fondamentalement, mes convictions en la matière, ni celles de mon référent habituel, Mr Gérard Gertoux, dont je rappelle ici l’adresse du site : Approche scientifique d’une chronologie absolue.
J’ai pourtant suivi scrupuleusement les déductions fouillées, et érudites, de l’auteur. Je les ai comparées mots pour mots, dates pour dates, arguments pour arguments, avec les thèses de Gérard Gertoux, en m’efforçant à l’impartialité dans le jugement.
Sans parvenir à une certitude totale, peut-être impossible à atteindre sur un tel sujet, la balance penche nettement en faveur de Gérard Gertoux, qui d’ailleurs a l’avantage de connaître les thèses d’Arthur Loth, et aussi les découvertes plus récentes des sciences historiques, ou épigraphiques.
Gérard Gertoux donne une telle somme de synchronismes (sa spécialité), et des synchronismes si puissants, presque toujours péremptoires, qu’il est difficile d’y résister.
Par contre j’ai relevé quelques erreurs, ou imprécisions, dans le texte d’Arthur Loth, quelques déductions tendancieuses, ou forcées, qui, malgré sa grande autorité, laissent place au doute.
Je voudrais essayer de résumer à l’intention du lecteur les résultats de cette confrontation, minutieuse, mais passionnante, d’étaler le plus clairement possibles mes arguments, ainsi que mes conclusions.
Je ne suis pas certain d’y parvenir facilement. Et je m’en excuse par avance. D’autre part je ne suis pas moi-même, à proprement parler, un érudit. Je ne fais qu’essayer de confronter entre eux des érudits, de peser la valeur de leurs arguments.
Mais ce faisant, ne me mets-je pas à la place de tout lecteur moyen, qui se contente de s’informer auprès de divers spécialistes, et de comparer leurs points de vue ?
Mon travail reste donc, en quelque sorte, de seconde main. Il a ses limites que je reconnais. Puisse-t-il nourrir le débat sur un thème toujours d’actualité.
D’après les évangiles de Matthieu et de Luc, Jésus-Christ n’a pu naître que du vivant d’Hérode, dit le Grand, fondateur de la dynastie hérodienne.
Arthur Loth s’attache donc, dans un premier temps, à fixer la date exacte de la mort d’Hérode qui fait, aujourd’hui encore, l’objet de débats.
Conformément à la grande tradition universitaire, toujours dominante, il la place avec détermination en l’an 4 avant notre ère, plus précisément vers le 15 mars – 4, peu avant la Pâque juive qui tombait cette année-là le 10 avril.
Mais cette conclusion peut être discutée.
Premier argument dont Arthur Loth ne parle pas, mais qui est un indice sûr : l’âge d’Hérode.
Nous savons par l’historien Josèphe (Antiquités juives, XVII, 148) qu’il mourut à l’âge de 70 ans. Or, d’après le même Josèphe (A.J., XIV 158), il fut institué « gouverneur » de Galilée, par Jules César en personne, présent en Syrie, à l’âge de 25 ans (les manuscrits portent 15 ans, mais c’est manifestement une erreur qu’on est obligé de rectifier), en juillet – 47. Ce qui permet de dater son décès en – 2 ou – 1. (- 47 + 45 = - 2).
Et non pas – 4, et encore moins + 9 ( !).
La situation se complique ici, car Hérode eut en réalité deux intronisations distinctes, et par conséquent on peut comptabiliser deux règnes d’Hérode, un règne long et un règne court, avec un écart de trois ans. Ce qui est une nouvelle source de confusion chronologique.
Hérode fut intronisé une première fois par le Sénat romain, à la demande des triumvirs, ses amis Octave et Antoine, en l’année – 40 (Cn. Domitius Calvinus II et C. Asinius Pollio, étant consuls). Mais ce fut seulement en fin d’année, et selon une tradition vraisemblable le 19 décembre, car, selon Josèphe (cf. Arthur Loth, page 65), l’anniversaire de son intronisation coïncidait avec la fête de la Dédicace, le 25 Kisleu.
Il est donc vraisemblable qu’Hérode n’a fait commencer son règne qu’au 1er janvier – 39, à la mode romaine, ou plutôt le 1er jour de Nisan, vers le 15 mars, à la mode juive.
On en possède une indication certaine puisque Josèphe nous dit qu’au printemps de l’an – 37 (année de la prise de Jérusalem par Hérode), il en était seulement à la troisième année de son règne (légal) : « C’était la troisième année depuis qu’il avait été proclamé roi à Rome. « (A. J., XIV, 15) (Cf. Loth, page 67).
Le règne effectif d’Hérode (règne court) commença en avril – 36, après la mise à mort d’Antigone par les Romains. Les premières pièces de monnaie qu’Hérode a émises cette année-là, sont datées de l’an III de son règne (nominal), depuis son investiture par les Romains.
Or l’historien Josèphe nous précise formellement, dans la Guerre des juifs, qu’ « Hérode mourut après avoir régné 34 ans depuis la mort d’Antigone et 37 après avoir été établi roi par les Romains. » (I, 21. Cf. Loth, page 58).
Faisons nos comptes :
- 36 + 34 = - 2 ou début – 1.
- 39 + 37 = - 2 ou début – 1.
Les deux calculs nous amènent en l’année – 2, ou tout au plus au début de l’année – 1.
La date de – 4, proposée par les historiens, et par Arthur Loth, est donc fausse.
Saint Luc nous dit : « Ce recensement, le premier, eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. » (Lc 2, 2). Et c’est à l’occasion de ce recensement que Marie, qui était enceinte, et Joseph vinrent à Bethléem.
Arthur Loth, chartiste et grand érudit, démontre brillamment, à la suite du grand savant allemand Mommsen, et d’après l’inscription de Tibur, que Quirinus fut deux fois gouverneur de Syrie, une première fois de – 3 à – 2, et la seconde fois de + 6 à + 11. (Cf. Arthur Loth, op. cit. , pages 229-234).
Quirinius a donc pu procéder à deux reprises, comme laisse entendre saint Luc, « Ce recensement, le premier… », au recensement de la Judée : une première fois pour dénombrer les personnes, à l’époque de la naissance du Christ, et la seconde fois après la déposition d’Archélaüs, pour faire l’inventaire de ses biens, vers 6 ou 7 de notre ère.
Mais ce schéma, s’il s’accorde fort bien avec l’hypothèse d’une naissance du Christ en – 3 ou – 2, cadre mal avec l’opinion d’Arthur Loth, qui veut le faire naître au plus tard le 6 janvier – 4. Il y est contraint puisque, répétons-le, il date la mort d’Hérode du 15 mars – 4, environ (quelques jours avant la Pâque).
En effet P. Quinctilius Varus est attesté, à la fois par l’histoire et par la numismatique, comme ayant été gouverneur de Syrie de – 6 à – 4.
Arthur Loth est obligé de supposer, mais sans preuve positive, que Quirinius aurait été nommé à Rome, gouverneur de Syrie, au 1er janvier – 4, mais qu’il n’aurait pris effectivement ses fonctions que vers le milieu de cette année – 4. En attendant son arrivée, c’est Varus qui continuait d’exercer le commandement et qui gardait la responsabilité politique.
Saint Luc, connaissant à Antioche, par les fastes publiés dans cette ville, la date de nomination de Quirinius (le 1er janvier – 4), et voulant fixer pour la postérité l’époque de la naissance du Christ, aurait pris « pour date de cette naissance celle de la légation de Quirinius, sous lequel fut clos le recensement de la Judée. » (Arthur Loth, op. cit. page 287).
Pour cette même raison, Arthur Loth élimine la date du 25 décembre (Noël de la tradition latine), qui serait tombée en - 5, au profit du 5/6 janvier (Epiphanie de la tradition grecque) de l’année – 4.
Mais son raisonnement paraît difficile, et même tendancieux. Il est bien plus naturel de penser que le premier recensement de la Judée se fit, avant la mort d’Hérode, dans les années – 3 à – 2, sous le gouvernorat de Quirinius. Ce fut là le premier recensement exercé par ce magistrat, antérieur à celui des années 6 et 7 de notre ère.
Mais pour cela il faut admettre qu’Hérode est mort début – 1, et non pas début – 4.
La mort d’Hérode, nous le savons par Josèphe, fut précédée d’une éclipse de lune très caractéristique (dans toute son œuvre, Josèphe ne fait mention que d’elle seule). Elle se produisit peu après un jeûne commémoratif, et dans la nuit même qui suivit l’exécution par le feu de deux maîtres en Israël, Judas, fils de Sariphée, et Mathias, fils de Margalothe.
« Et la lune, cette même nuit, s’éclipsa » nous dit Josèphe (A. J., XVII, 167). Ce phénomène astronomique, dans de telles circonstances, dut frapper les esprits.
Depuis Kepler, il est admis que cette éclipse fut l’éclipse partielle de lune du 13 mars – 4. Arthur Loth, prisonnier de ses certitudes sur la date de la mort d’Hérode, abonde dans le même sens.
Mais l’on peut faire remarquer que l’expression de Josèphe décrirait bien mieux une éclipse totale qu’à une éclipse partielle : « La lune s’éclipsa. » D’après les plus récents calculs astronomiques, l’éclipse partielle du 13 mars – 4 eut une magnitude de seulement 33,9 %. Elle ne dut attirer l’attention que de très peu de personnes à l’heure matinale où elle se produisit.
Une éclipse partielle, sans occulter vraiment l’astre, génère surtout un phénomène de rougissement, qui n’est pas signalé ici.
De plus, cette éclipse partielle intervint, non pas tout de suite après, mais plus de deux mois après le jeûne commémoratif du 10 Tébeth (le 8 janvier en – 4).
Tandis que dans la nuit du 9 au 10 janvier – 1, quatre jours après le jeûne commémoratif du 10 Tébeth (le 5 janvier en - 1), survint une éclipse totale de lune, d’une magnitude de 152,3 %, qui commença dès 23 H 50 et se prolongea jusqu’à 3 H 24. L’astre disparut totalement pendant 1 heure 40.
Cette éclipse semble donc bien mieux correspondre au récit de Josèphe, et nous incite, une fois de plus, à placer la mort d’Hérode en – 1 plutôt qu’en – 4.
Arthur Loth expose longuement la mission du procurateur Sabinus, venu inspecter de la part d’Auguste, les biens d’Hérode, après la mort de ce dernier. Son zèle intempestif souleva contre lui les populations de Jérusalem et de toute la Judée. Et il fallut l’intervention de Varus, gouverneur de Syrie, avec toutes ses légions, pour rétablir l’ordre. On a appelé ces événements la « guerre de Varus ».
Et naturellement, Arthur Loth, conformément à ses convictions, place cette mission, et la guerre qui s’ensuivit, en – 4, date, pour lui, de la mort d’Hérode. C’est un Varus en fin de mandat, agissant pour le compte de son successeur désigné (Quirinius, on l’a vu plus haut), qui aurait repris en main la situation.
Or ce scénario est tout simplement impossible ! Il est aujourd’hui prouvé, mais Arthur Loth n’a pas pu en prendre connaissance, que Sabinus en – 4 se trouvait en Cyrénaïque, en Afrique donc, et non en Palestine.
A la demande d’Auguste, Sabinus s’était occupé de réorganiser la justice dans la province de Cyrénaïque, suite à de graves plaintes de citoyens hellènes contre des juges romains, durant l’année – 4. (Cf. F. de Visscher, Les édits d’Auguste découverts à Cyrène, Louvain, Paris 1940. Ed. Les Belles Lettres, pages 23-30). Il ne pouvait être en Syrie, ou à Jérusalem, comme procurateur financier des biens d’Hérode, à cette date.
On tient là un argument dirimant, décisif, pour prouver que la mort d’Hérode n’est pas survenue en – 4, mais bien en début – 1. Le spécialiste des finances, Sabinus, ne jouissait pas du don d’ubiquité.
Par contre il a pu venir en – 1, dès la mort d’Hérode, comme émissaire de Caius César, successeur désigné d’Auguste, nommé légat impérial en Orient, et qui arrivait d’Italie en cette fin de l’année - 1.
(Caius César sera consul de l’année 1, 754 à partir de la fondation de Rome. Le premier janvier de l’an 1, jour de son inauguration comme consul, il se trouvait à Samos, où il recevait la visite du futur empereur Tibère, venu le féliciter.)
De même pour Varus. Peu après la mort d’Hérode, il a mené une guerre pour réprimer des révoltes, durant les années – 1 et + 1. Il a dû utiliser toutes les légions de Syrie, tant les troubles étaient sévères. Cette « guerre de Varus » fut conduite sous les auspices de Caius César, légat impérial en Orient, dont le cénotaphe rappelle cette unique guerre durant l’année de son consulat (l’an 1). Si Hérode était mort en – 4, l’intervention de Varus aurait débuté trois ans plus tard, ce qui n’est pas vraisemblable.
Varus lui-même a donc pris du service à deux reprises en Syrie. Une première fois comme gouverneur, de – 6 à – 4. C’est en – 4 qu’il a fait valider à Rome le testament d’Hérode. Puis il est retourné en Syrie en – 1/+1, comme commandant de légions (stratège) sous les ordres de Caius César. Selon les inscriptions, et selon la vraisemblance, il fut remplacé en Syrie, en – 3/- 2, par Quirinius, lequel procéda à un premier recensement, du vivant d’Hérode.
Dès – 1/+1, Quirinius n’était plus en Syrie, puisqu’à ces dates-là, il était proconsul d’Asie. Le Christ n’est donc pas né en – 1/+1, mais bien en – 2.
Que Quirinius eût succédé à Varus, en – 3, comme gouverneur de Syrie, c’est tout à fait vraisemblable, puisque déjà Varus fut consul en – 13 (avec comme collègue Tibère), et Quirinius l’année d’après, en – 12.
Leurs carrières furent étroitement imbriquées. On sait, par Tacite, que Varus et Quirinius étaient tous les deux des intimes d’Auguste, et ses hommes de confiance.
Le poste de gouverneur de Syrie était de toute première importance stratégique, et confié à des hommes sûrs.
Une inscription non datée d’Apamée, en Syrie, confirme qu’il eut bien un recensement des personnes en Syrie sous le gouvernorat de Quirinius.
Cette inscription ne peut pas correspondre au second recensement de Judée et Samarie, et uniquement de Judée et de Samarie, auquel procéda Quirinius en 6 et 7 de notre ère, après la déposition d’Archélaüs. Car ce recensement ne concerna que les biens et les propriétés, mais non pas les personnes.
Cette inscription d’Apamée est ainsi rédigée : « Quintus Aemilius Secundus, fils de Quintus, de la tribu Palatina, qui a servi dans les camps du divin Auguste sous P. Sulpicius Quirinus, légat de César en Syrie, décoré des distinctions honorifiques, préfet de la cohorte Ier Augusta, préfet de la cohorte II Classica. En outre, par ordre de Quirinius j’ai fait le recensement des 117.000 citoyens d’Apamée. En outre, envoyé par Quirinius en mission, contre les Ituréens, j’ai pris leur citadelle sur le mont Liban. [Etc.…] »
Non seulement il a recensé les citoyens d’Apamée, mais encore il a conquis l’Iturée. Or nous savons que l’Iturée fut pacifiée du vivant d’Hérode le Grand, et remise à ce dernier peu avant sa mort, puisque ses fils en ont héritée. (Rappelez-vous le verset de saint Luc, 3,2 : « …, Philippe son frère tétrarque du pays d’Iturée et de Trachonitide, … »).
Ces événements n’ont pu se produire que sous le premier gouvernorat de Quirinius en Syrie, donc en – 3, ou – 2.
Une très ancienne tradition juive, remontant sans doute au IIe ou IIIe siècle, fait mourir Hérode un 2 Shebat, soit en – 1 le 26 janvier. Rouleau des jeûnes, Megillat Taanit 23a. (A ne pas confondre avec le traité Taanit du Talmud).
(En – 4, le 2 Shebat aurait correspondu au 29 janvier julien.)
Cette tradition est très plausible en – 1, car cette année-là le 2 Shebat (26 janvier) fait suite à l’éclipse totale de lune du 9/10 janvier et précède la Pâque du 7 avril – 1, conformément aux indications de Josèphe.
Tandis que c’est impossible en – 4 puisque alors la mort d’Hérode (le 29 janvier) eût précédé l’éclipse (partielle) de lune du 13 mars – 4. Ce qui contredit le témoignage formel de l’historien Josèphe.
Le même historien Josèphe, reprenant les notes de Nicolas de Damas, secrétaire d’Hérode, nous livre un récit très circonstancié des derniers jours d’Hérode.
Devenu presque fou furieux, sous l’effet de la douleur, Hérode, dans ses tout derniers jours, réclama un couteau pour peler une pomme (dont il était friand). Mais il tenta de se suicider. Il ne fut sauvé que par les efforts, et les cris, d’un de ses neveux, présent à ses côtés.
Or comme nous le fait observer Gertoux, les pommes, récoltées fin août, à l’époque, n’étaient comestibles que jusqu’à fin janvier au plus tard. Les pommes ne se conservent pas plus de 5 mois.
Une mort d’Hérode vers fin mars, juste avant la Pâque, comme le veulent les exégètes, et Arthur Loth, est peu vraisemblable.
Détail très curieux : les fouilles archéologiques de la forteresse de Massada ont révélé qu’Hérode s’approvisionnait en vins, et en pommes, en Italie. « On y a retrouvé, nous apprend Gertoux, treize amphores de vins italiens de divers crus portant inscrites, à l’encre, en latin, la date d’expédition, le nom du destinataire Regi Herodi Judaico, ainsi que la qualité du vin et parfois le nom du vignoble. La jarre portant l’inscription latine mal(a) cum(ana), « pommes de Cumes », confirme aussi qu’Hérode appréciait particulièrement les pommes. » Gertoux nous donne sa source : M. Hadas-Lebel, Rome, la Judée et les Juifs, Paris 2009, Ed. Picard, page 54.
L’argument le plus fort sur lequel s’appuie Arthur Loth, et avec lui la majorité des historiens et des exégètes, pour prouver que le roi Hérode est bien mort en 750 U.C. (4 avant notre ère), c’est la présence dans l’histoire, dans l’épigraphie, dans la numismatique, des trois fils d’Hérode qui ont hérité de leur père : Archélaüs, Philippe et Hérode Antipas. Leur règne à tous les trois est surabondamment documenté dans ces trois domaines, et il est démontré sans l’ombre d’un doute que ce règne a commencé en l’an 750 U.C. (- 4).
De là Arthur Loth, plus que dans l’étude de la vie d’Hérode, où ses arguments paraissent toujours difficiles, quelque peu sollicités, quand ce n’est pas contredits, ou improbables, comme nous venons de le constater, Arthur Loth, dis-je, tire une certitude inébranlable, je répète une certitude, sur la mort d’Hérode en – 4. Et il faut avouer qu’il paraît difficile a priori d’aller contre.
« La date réelle de la mort d’Hérode, écrit-il par exemple page 90 (op. cit.), établie d’après les données concordantes des auteurs et des monuments, est aussi certaine que le plus certain des faits historiques. Elle est, d’ailleurs, communément admise aujourd’hui et l’on vient de voir sur quels arguments irrécusables elle est fondée. »
Que répond mon référent Gertoux, sur lequel je m’appuie, à cette profession de foi ?
D’abord il ne met aucunement le fait en doute : le règne des trois fils d’Hérode, dans l’histoire aussi bien que dans la numismatique, date bien de l’année 750 U.C. (- 4). Il en fournit lui-même, surtout par les monnaies, des preuves incontestables.
Mais il fait remarquer une chose : parmi les monnaies, ou médailles, de ces trois princes (Archélaüs, Philippe et Antipas, donc), on n’en possède aucune qui porte l’an I ou II de leur règne. Toutes les trois séries commencent en l’an III.
Le même phénomène s’était produit pour leur père Hérode. Rappelons-nous. Nous avons distingué deux règnes d’Hérode (dit le Grand, en dépit de ses crimes), un règne long et un règne court avec une différence de trois ans, un règne nominal, ou légal, et un règne effectif, l’un partant de sa nomination par le Sénat romain (en – 40) ou de son accession dans l’année suivante, l’autre faisant suite à la prise à la prise de Jérusalem (en juillet – 37) et à la mort d’Antigone (en mars – 36).
Toutes les monnaies d’Hérode se réfèrent à son règne légal, ou nominal, le règne long.
Mais ses premières pièces de monnaie portent la date III de son règne. Il n’en a émise aucune, et cela se comprend, avant son règne effectif.
N’en serait-il pas de même pour les fils d’Hérode ?
Ils auraient fait partir leur règne, nominal ou légal, du testament d’Hérode, validé par Auguste en 750 U.C. sous les auspices du gouverneur Varus, qui était cette année-là, rappelons-nous, en fin de mandat et qui rentrait à Rome.
Mais leur règne effectif n’aurait débuté qu’en janvier – 1, après la mort de leur père Hérode, et c’est à partir de là qu’ils auraient commencé de battre monnaie. A l’exemple de leur père, ils auraient en quelque sorte antidaté leur règne.
C’est pourquoi les premières pièces de monnaie des fils d’Hérode, datées de l’an III de leur règne, n’ont été émises qu’en – 1.
L’état lacunaire de la documentation (il nous manque le livre
LV de Dion Cassius, qui justement concernait cette période) et les
interpolations qu’on discerne dans les récits de Josèphe (reconnues par tous
les historiens, et par Loth lui-même) autorisent cette reconstitution.
Dans la troisième partie de son livre, Arthur Loth traite de l’année de la mort de Jésus-Christ, en rapport avec la date de sa naissance.
C’est désormais pour moi un plaisir de le lire, et de le commenter, car je suis – presque – toujours d’accord avec lui, sauf toutefois pour l’interprétation du verset 3,23 de saint Luc : « Et Jésus, lors de ses débuts, avait environ trente ans. » Mais je m’expliquerai.
Reprenons pas à pas la démarche de l’auteur.
Saint Luc ouvre le troisième (dans nos éditions modernes) chapitre de son évangile, par un exorde très solennel : « L’an quinze du principat de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de Judée, [etc.] » (Lc 3,1).
Curieusement, cette entrée qui se veut, et qui est, un modèle
de précision historique, et qui doit être entendue dans son sens le plus obvie,
le plus simple, a suscité des flots de commentaires. Aujourd’hui encore les
exégètes ne sont pas d’accord sur son interprétation. Et nos bibles modernes,
TOB, Bible de Jérusalem, etc. fournissent l’exemple des explications les plus
confuses.
Que faut-il entendre par l’an XVe du principat de Tibère ? Tout simplement sa quinzième année, qui va du 19 août 28 au 18 août 29. (L’évangile porte bien pentekaidekatô, quinzième (nombre ordinal, et non pas cardinal).
Arthur Loth s’applique, savamment, à réfuter toutes les opinions contraires.
Il démontre d’abord qu’il faut faire commencer le principat de Tibère, selon le mode ordinaire, au lendemain de la mort de son prédécesseur Auguste, et non pas au jour de son association à l’empire, une ou plusieurs années avant cette date, selon les systèmes adoptés.
« Les monnaies ou médailles, tant latines qu’orientales, frappées à l’effigie de Tibère, attestent également que le commencement de son règne n’a pas d’autre date que la mort d’Auguste. » (Arthur Loth, op. cit., page 430).
Arthur Loth démontre ensuite qu’en Syrie, particulièrement à Antioche, la capitale, on comptait à la manière romaine. Et la Judée, à cette époque dépendait de la Syrie.
Il existait, en effet, à Antioche un atelier monétaire qui relevait directement du Sénat de Rome, et qui émettait des monnaies conformes, bien sûr, à l’usage romain.
On noterait peut-être une exception pour l’Egypte, qui avait conservé un système original d’administration. Mais rien n’indique que saint Luc ait écrit son évangile spécialement pour les égyptiens, ou qu’il l’ait rédigé dans la ville d’Alexandrie.
La Bible de Jérusalem nous dit (note au verset Lc 3,1 dans son édition de 1998) : « La quinzième année va donc du 19 août 28 au 18 août 29, ou, selon la manière de calculer les années de règne en usage en Syrie, de septembre-octobre 27 à septembre-octobre 28. » Mais tout prouve que cet usage était abandonné à l’époque du Christ, sous l’administration romaine.
« On comptait donc communément alors en Syrie, conclut Loth, à la manière romaine, les années de règne des empereurs. » (Op. cit., page 450).
« Mais il est inutile de s’arrêter à une hypothèse aussi gratuite que celle dont le P. Patrizzi, suivi par d’autres, a fait la base de son système, en supposant que saint Luc a, par une exception unique, compté la quinzième année de Tibère, non à la romaine, mais à l’orientale, contrairement à l’usage universel. » (Id. page 452).
Pour moi c’est d’autant plus plausible que l’évangile de Luc a été publié à Rome, avec les Actes, à la fin de la première captivité romaine de Paul, en 62.
Ecrivant manifestement pour toute la gentilité de l’empire romain, et non pour les juifs, on ne voit pas pourquoi saint Luc n’aurait pas adopté l’usage romain, devenu à peu près universel. Il cherchait avant tout à se faire comprendre. A démontrer la solidité de l’annonce évangélique, pour le plus grand nombre.
En se plaçant de propos délibéré sous l’ère de Tibère : « La quinzième année du principat de Tibère César… », il marquait bien qu’il adoptait le comput romain.
Arthur Loth est moins heureux quand il commente le fameux verset 3,23 de Luc.
Il est prisonnier de son système sur la date de la mort d’Hérode, qu’il place avec toute l’université (j’allais dire avec toute la faculté) dans l’an 750 de Rome (4 avant notre ère).
Il veut faire dire à tout prix à Luc, non pas que le Christ avait en commençant environ 30 ans, mais bien qu’il avait, en commençant, dépassé l’âge de 30 ans, nécessaire en Israël pour avoir le droit d’enseigner.
Arthur Loth se place ainsi délibérément en dehors de toutes les traductions usuelles du verset, tant catholiques que protestantes. Et même en dehors de la traduction latine. Le latin quasi de la Vulgate signifie bien : comme si, environ, dans tous les dictionnaires.
Non, le Christ avait bien, lors de son baptême à peu près 30 ans, comme s’il avait trente ans, environ trente ans, lors très probablement de l’an 29 de notre ère, soit dans la première partie de l’année, soit plutôt dans la seconde, car il aura bien attendu quelque temps, environ 6 mois, avant de descendre vers le Jourdain, pour entendre la prédication originale de son cousin, et se faire baptiser par lui, comme les autres, parmi les pécheurs, puisqu’il assumait le péché du monde.
Il attendit lui-même que tout le monde fût baptisé, comme le marque l’évangéliste : « Or il advint, une fois que tout le monde eut été baptisé et au moment où Jésus, baptisé lui aussi, se trouvait en prière, […] » (Lc 3,21).
Mettons, avec vraisemblance, que Jésus fut baptisé à l’automne 29, vers octobre. Il avait alors 30 ans environ puisque né en – 2. Et il inaugura son ministère pendant l’hiver 29/30, après ses 40 jours passés dans la retraite, au désert. Alors il avait dépassé l’âge légal de 30 ans.
29 – 30 = - 2 (Il n’y a pas d’année 0).
On ne sort pas de ce décompte.
Au terme d’une savante dissertation, Arthur Loth nous oblige à conclure que le ministère public de Jésus s’est étalé au moins sur trois ans et demi.
Ce ministère fut jalonné par quatre Pâques, dont une n’est pas mentionnée expressément dans les évangiles :
1. Pâque 30, celle de l’entretien avec Nicodème. (Cf. Jn 2,13).
2. Pâque 31, non mentionnée, mais probablement « la fête des juifs », de Jn 5,1.
3. Pâque 32, celle de la multiplication des pains.
4. Pâque 33, celle de la Passion.
Arthur Loth établit d’abord la date de la Pâque 30, en rapport avec la célèbre réplique mise par saint Jean dans la bouche des juifs : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ? » (Jn 2,20).
Il faut reconnaître que les différents auteurs situent, un peu à leur convenance, le début de la construction du troisième Temple, celui d’Hérode.
Pour la Bible de Jérusalem, la construction aurait commencé dès la fin de l’année – 20. Ce qui l’amène à la Pâque de l’an 28 :
19 + 27 = 46.
Mais ce faisant, elle est obligée de sacrifier l’an XV de Tibère, pour le début du ministère de Jean-Baptiste. En effet la quinzième année de Tibère part seulement du 19 août 28.
Mon référent, Gérard Gertoux, bouscule un peu la grammaire, puisqu’il fait dire à Jean, non pas : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire. » Mais bien : « Il y a quarante-six ans que ce sanctuaire a été bâti. » Par contre, il a pour lui le dictionnaire. En effet le mot « naos », utilisé par saint Jean, désigne bien le sanctuaire proprement dit du Temple, et non pas le Temple tout entier. Or l’historien Josèphe nous apprend formellement que le sanctuaire, le naos, du Temple fut construit par les prêtres en un an et demi seulement. Admettons qu’il fut achevé fin – 18. Cela nous amène à la Pâque de l’an 30 :
17 + 29 = 46.
Arthur Loth, quant à lui, pense que le naos désigne bien le Temple tout entier. Mais le roi Hérode, toujours d’après Josèphe, s’était engagé solennellement devant le peuple à ne pas commencer la construction du nouveau Temple, et surtout la démolition de l’ancien, avant d’avoir réuni tous les matériaux nécessaires, et constitué toutes les équipes d’ouvriers. Cela dut prendre au moins deux ans. En supposant que la construction ait réellement commencé fin – 18, cela nous conduit aussi à la Pâque de l’an 30.
17 + 29 = 46.
Quoi qu’il en soit de toutes ces supputations, la Pâque de l’an 30 paraît bien s’imposer comme première Pâque de la vie publique du Christ, puisqu’elle vient la première après l’an XV de Tibère.
Pour la deuxième Pâque, celle de l’an 31, Arthur Loth veut à tout prix démontrer qu’elle fut cette « fête des juifs », signalée par saint Jean au verset 5,1 de son évangile, sans autre spécification. Gertoux y voit plutôt la fête de Nikanor, ou la fête des Purim, qui se célébraient les 13, 14, 15 Adar (début mars) un mois avant la Pâque. Mais à la réflexion les arguments d’Arthur Loth semblent bien prévaloir. Dans ma propre synopse des évangiles, cette fête viendrait très naturellement s’intercaler en avril de l’an 31, peu avant la moisson (signalée par saint Luc au verset 6,1), juste après le repas chez Matthieu-Lévi. Elle correspondrait donc à la Pâque de l’année 31.
Tout le monde est d’accord pour l’existence distincte des deux Pâques suivantes, celle de la multiplication des pains (miracle rapporté, fait très rare, par nos quatre évangiles canoniques) et, bien sûr, celle de la Passion et de la Résurrection du Sauveur.
Dans le schéma de Loth, qui est aussi celui de Gertoux, et le mien, elles deviennent les Pâques des années 32 et 33.
On est obligé d’admettre une durée assez longue du ministère public de Jésus, s’étendant sur plusieurs années, et comprenant quatre Pâques successives. Arthur Loth l’établit pour des raisons décisives.
« L’épisode de l’emprisonnement et de la mort de Jean Baptiste, qui s’étend sur deux années, allant de la seconde moitié de l’une à la seconde moitié de l’autre, s’encadre donc dans trois Pâques, dont la première, antérieure à l’incarcération de Jean, est celle qui suivit les noces de Cana, et que tout le monde admet ; la deuxième, celle que plusieurs exégètes modernes éliminent, en raison de son appellation indéterminée de dies festus Judeorum, dans saint Jean l’évangéliste, mais qu’il faut nécessairement admettre, en raison de la durée de la captivité du prisonnier de Machéronte et dont la place est marquée, d’ailleurs, en saint Luc (6,1) ; la troisième expressément dénommée Pascha par saint Jean, qui suivit de six à huit mois la mort de Jean Baptiste, et après laquelle on arriva à celle de la Passion. » (Op. cit. , page 542).
Gertoux place même la décapitation du Baptiste en février 32, peu de temps avant la multiplication des pains. Il est certain que Jésus a enseigné un temps assez long, avant même l’arrestation de son Précurseur, et l’incarcération de ce dernier a duré plus d’un an.
Arthur Loth et Gérard Gertoux s’attachent tous les deux à déterminer astronomiquement un 14 nisan qui fût un vendredi, jour de la mort du Sauveur selon les évangiles, pour la période qui va de l’an 29 à l’an 35.
Leurs calculs ne coïncident pas tout à fait. Mais tous les deux s’accordent pour dire que le seul 14 nisan qui réponde à la condition, pour la période indiquée, fut le vendredi 3 avril 33.
Je rappelle ici les conclusions de Gérard Gertoux, plus récentes et prises aux meilleures sources :
14 Nisan dans le calendrier julien.
Samedi 16 avril 29.
Mercredi 5 avril 30.
Lundi 26 mars 31.
Lundi 14 avril 32.
Vendredi 3 avril 33.
Lundi 22 mars 34.
Lundi 11 avril 35.
Ceci, comme je l’ai dit ailleurs, conforte encore l’année 33, année admise par la tradition de l’Eglise, comme étant bien l’année effective de la Rédemption.
Certains proposent le vendredi 15 avril 29, comme 14 nisan, en postulant une erreur de 1 jour sur l’observation (empirique à l’époque) du premier croissant de lune. Mais cette solution est improbable, car il faudrait admettre que le 1er croisant, cette année-là, eût été aperçu un jour trop tôt (et non pas un jour trop tard !) au moment de la néoménie.
Arthur Loth démontre brillamment que l’année 30 ne peut être en aucun cas celle de la Passion du Seigneur. Cette opinion a encore de nos jours de nombreux partisans : les rédacteurs de la Bible de Jérusalem, le défunt père Brown et avec lui la plupart des exégètes contemporains.
Il faudrait pour ce faire que cette année-là, en 30 donc, le 14 nisan juif eût été fixé au vendredi 7 avril, et par conséquent le lendemain 15 nisan (pleine lune théorique) au samedi 8 avril, mais avec deux jours de retard sur la réalité astronomique. Le mois lunaire précédent, de 29 jours, eût été rallongé, non pas seulement d’un jour, ce qui était de pratique courante pour ajuster le calendrier, mais de deux jours. Il serait ainsi devenu, par exception, un mois lunaire de 31 jours.
Ce qui est impossible.
Je reviens un instant sur la mort du Baptiste. Arthur Loth a raison de souligner qu’on ne doit pas avancer trop tôt dans l’histoire la date du martyre du Baptiste, comme le font maints exégètes, et encore la Bible de Jérusalem.
« 27-28, (écrit-elle dans son tableau chronologique) : D’après Luc 3,1-3, début de la prédication de JEAN-BAPTISTE, mais plus probablement, date de sa mort. »
C’est inadmissible. Improbable. « La mort du Précurseur, écrit très justement Loth (op. cit. , pages 543-544), est liée, en effet, à la guerre que le roi de Nabat, Arétas, fit à Hérode Antipas, quelques années après cet événement […] La défaite de l’armée d’Hérode avait donc eu lieu en 788 ou 789 (= 35 ou 36), quatre ou cinq ans après la mort de Jean Baptiste et les deux époques étaient encore assez rapprochées, le souvenir de la décapitation du prophète encore assez présent, pour que les juifs aient vu, dans la défaite d’Antipas, un châtiment de son crime. Il n’en serait pas de même si la mort de Jean Baptiste devait être reportée à plusieurs années en arrière. »
C’est encore plus vrai si Jean-Baptiste est mort, comme nous le pensons, début de l’année 32. Le souvenir était encore tout frais. Les juifs ont vu dans la déroute d’Antipas une « vengeance divine », expression très « quoumranienne ».
Le favori de Tibère a été disgracié, puis exécuté avec toute sa famille, le 18 octobre 31. Il avait mené une politique très antijuive. Pilate, qui était sa créature, « détestait les juifs, autant qu’il les méprisait. Pour son compte, il se montra toujours dur et hautain envers eux et, par sa conduite à la fois injuste et violente à leur égard, il laissa en Judée le souvenir exécré d’un tyran. » (Loth, page 545.)
L’attitude psychologique de Pilate, à l’égard des chefs juifs, lors du procès de Jésus, s’explique bien mieux après la chute de Séjan. Car les juifs étaient revenus en grâce auprès de Tibère, qui avait promulgué des édits en leur faveur.
Les ténèbres du Vendredi Saint sont attestées par des témoignages historiques, en dehors des textes sacrés. Arthur Loth résume bien le dossier. Il s’agit de Thallus, historien samaritain du Ier siècle, et de Phlégon de Tralles, auteur des Olympiades, dont il nous reste des fragments. Ces auteurs sont cités de manière concordante par maints Pères de l’Eglise ; et ils nous livrent une date précise : l’an 33.
« En la quatrième année de la CCIIe olympiade, dit Phlégon cité par Eusèbe, il y eut une éclipse de soleil, la plus grande que l’on eût jamais vue, et la nuit se fit à la sixième heure du jour, au point que les étoiles furent visibles dans le ciel. Et un grand tremblement de terre, ressenti en Bithynie, causa de nombreux bouleversements à Nicée. »
La Bithynie, c’est près du Pont-Euxin. Et Nicée est un port au bord de la mer de Marmara.
La quatrième année de la 202e olympiade courait de juillet 32 à juin 33. Elle nous indique sans ambiguïté la Pâque de l’année 33 comme époque de la mort de Jésus-Christ, puisque nous savons par ailleurs qu’il est mort au temps de Pâque.
Il est certain (astronomiquement parlant) qu’il se produisit une éclipse partielle de lune le vendredi 3 avril 33, jour que nous présumons être celui de la mort du Sauveur. Elle vint donc s’ajouter (un jour de pleine lune) à l’éclipse de soleil anormale (par sa date et par sa durée) qui pendant trois heures, de midi à 15 heures changea la face du jour en ténèbres.
Cette éclipse partielle de lune fut visible, ce jour-là, à Jérusalem, de 17 h 50 à 18 h 30. Or il faut savoir qu’une éclipse partielle de lune, sans occulter sensiblement l’astre, produit un effet de rougeoiement. Ce qui serait rappelé par saint Luc dans les Actes, citant le prophète Joël : « Et je ferai paraître des prodiges là-haut dans le ciel et des signes ici-bas sur la terre. Le soleil se changera en ténèbres et la lune en sang, avant que vienne le jour du Seigneur, le grand Jour. » (Ac 2,19-20).
Le repos du 15 nisan, cette année-là, aurait dû survenir le
vendredi 3 avril, jour de pleine lune. Mais il fut volontairement rétrogradé au
lendemain, pour le faire coïncider avec le repos du sabbat (règle de Badu).
De tout temps les exégètes ont noté une différence de chronologie entre les évangiles, pour décrire les événements de la Passion du Christ.
Et elle les a beaucoup embarrassés !
On discerne très nettement une tradition synoptique, propre à Matthieu, Marc et Luc, et une tradition johannique.
La tradition commune aux synoptiques s’explique fort bien par la Théorie des deux sources, qui est pratiquement prouvée, mais qui doit subir des aménagements pour répondre aux apories qu’elle soulève.
Matthieu (grec) et Luc ont suivi de très près (surtout Luc) le schéma de Marc, qui lui-même ne faisait que rapporter fidèlement la catéchèse de l’apôtre Pierre.
Tandis que Jean a consigné, en tant que témoin visuel, sa tradition originale, et voulu compléter le récit de ses devanciers.
Finalement, surtout pour les événements de la Passion, on se trouve devant deux versions : la version pétrinienne et la version johannique, qu’il s’agit de concilier, et non pas d’opposer ! Pierre et Jean étaient tous les deux des apôtres, et témoins fiables. Dans la vie, comme nous le voyons par les Actes, ils étaient même amis, et inséparables. On ne voit pas pour quelle raison ils se seraient contredits.
Heureusement que chacun des évangélistes développe un point de vue un peu différent ! Dans le cas contraire, on ne les aurait même pas crus.
Arthur Loth analyse fort bien la situation. Les synoptiques, avec Pierre, exposent le point de vue des Galiléens, qui avaient une manière un peu différente de célébrer la Pâque. Tandis que Jean a volontairement adopté le point de vue des juifs de Judée, des docteurs du Temple, pour la chronologie de la dernière Pâque du Christ à Jérusalem.
Les Galiléens, sous la juridiction d’Hérode Antipas, n’étaient pas soumis politiquement au Sahédrin de Jérusalem, dominé, à l’époque du Christ, par le parti des Pharisiens. Ils ne suivaient pas toutes les nouvelles coutumes, ou les nouveaux règlements, introduits par ces derniers. Sans doute mettaient-ils un point d’honneur à préserver leurs particularités.
Et Pierre, pécheur du lac, était typiquement galiléen. Il ne faisait rien pour s’adapter. C’est noté expressément dans la narration évangélique : « Sûrement, toi aussi, tu en es : et d’ailleurs ton langage te trahit. » (Mt 26,73). Toi aussi, tu es galiléen.
Les Galiléens, en particulier, n’admettaient pas les
nouvelles règles adoptées pour la fixation du calendrier, et la détermination
de la fête de Pâque. Règles imitées des grecs, sous l’influence du grand prêtre
Jason, puis d’Hérode lui-même : accepter comme début de la néoménie
(nouveau mois lunaire) l’apparition visible (au moins théorique) du premier
croissant de lune, plutôt que la conjonction elle-même (le moment de la syzygie,
rétrocalculé), la règle de Badu enfin : reporter au jour suivant la
néoménie si le 15 nisan devait tomber un lundi, un mercredi ou un
vendredi.
C’est ce qui s’est passé en l’an 33. Astronomiquement, le repos du 15 nisan aurait dû tomber le vendredi. Le Sanhédrin l’a repoussé au lendemain, samedi, pour le faire coïncider avec le repos du sabbat.
Comme le démontre Arthur Loth, ces désaccords entre judéens et galiléens, expliquent largement la divergence des chronologies, pour le déroulement de la Passion, entre les synoptiques d’une part, et d’autre part saint Jean. Jésus, avec les galiléens, aurait célébré la Pâque le jeudi soir, tandis que les juifs du Temple ne l’auraient fêtée que le lendemain, le vendredi soir.
Pour ma part je pense même qu’il y aurait eu jusqu’à trois jours d’écart entre la pratique de Jésus, et celle des pharisiens et des grands prêtres. Mais c’est un autre problème…
Inutile de « choisir » entre les deux traditions, comme s’y est habituée une certaine exégèse moderne. D’abord c’est arbitraire : on joue une espèce de pile ou face historique, qui ne peut se justifier. Ensuite c’est risquer de perdre tout un pan de la tradition apostolique, au profit d’un autre, tout aussi mal compris.
Un oracle païen, je l’apprends par Loth, et qui avait cours peu après le triomphe de l’Eglise, fixait à 365 ans la durée totale du christianisme. Passé ce délai, il s’effondrerait. L’oracle devait prendre effet dès la fin de l’année 398. Cette date nous est confirmée par les nombreux édits que publièrent cette année-là les empereurs chrétiens, contre les temples païens.
Or cette échéance conforte la date de 33 que nous avons indiquée pour celle de la Passion, de la Résurrection et de la Pentecôte :
33 + 365 = 398.
Nantes le 24 août 2010, jour de la saint Barthélemy.
J’ai bien lu votre post du 6 septembre, concernant la date de naissance de Jésus-Christ. Et je vous en remercie.
J’ai failli ne pas le voir car je surveillais uniquement, de temps à autre, mon fil sur : Arthur Loth et la vie de Jésus.
http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=563407
J’essaie de vous répondre avec précision.
1°) Arthur Loth, Gérard Gertoux et moi-même nous sommes, non seulement à quelques nuances près, mais entièrement d’accord pour dire que, conformément à l’antique tradition, Jésus-Christ est bien mort le vendredi 14 nisan 3 avril 33, à trois heures de l’après-midi, et qu’aucune autre époque ne peut être retenue.
Mais je vous fais remarquer que cela ne correspond pas forcément à l’opinion majoritaire des historiens ou des exégètes, qui ont plutôt tendance aujourd’hui à fixer la date de la Passion à la Pâque de l’an 29, ou de l’an 30.
Dans son livre, pages 514 et suivantes, Arthur Loth démontre savamment, comme je l’ai déjà dit, que la Passion n’a pas pu se produire en 29, ni en 30. Seul le 14 nisan de l’ an 33, en effet, dans les années 27 à 35, tombe un vendredi.
2°) Non. Hérode comme je l’ai expliqué dans mon post a eu deux règnes distincts, un règne nominal, ou légal, et un règne effectif, avec une différence de trois ans.
Le règne nominal part de sa nomination comme roi par le Sénat de Rome en l’an – 40, à l’instigation d’Octave et de Marc Antoine. Mais cette élection n’aurait eu lieu qu’en fin d’année, probablement le 19 décembre, le 25 Kislev, qui correspondait – par hasard – à la fête de la Dédicace du Temple.
D’ailleurs Hérode, détail piquant, ne serait resté que sept jours à Rome, tant il était pressé de rentrer en Orient. On lui aurait offert un grand banquet au Capitole, parmi les idoles, pour fêter son avènement. Mais Hérode n’en était pas à une compromission près.
Hérode n’aurait compté sa première année de règne, à la mode romaine, qu’à partir du 1er janvier – 39, ou encore mieux, à la mode juive, à partir du 1er nisan - 39, soit vers le 15 mars.
Le règne effectif d’Hérode se réfère à sa prise de Jérusalem en juillet – 37, avec l’aide des légions romaines commandées par Sossius, ou plus exactement à la mort du dernier roi hasmonéen, Antigone, en mars – 36.
3°). Je ne parle pas des Rois Mages dans mon post. Donc il était trop court, et non pas trop long !
Pas question pour Arthur Loth, et encore moins pour Gérard Gertoux et moi-même, de faire naître Jésus en – 7 ou même – 5, même si cela est couramment admis par les exégètes contemporains.
D’abord en la XVe année de Tibère, qui correspond à l’an 29, il aurait eu bien plus de trente ans, contrairement à l’indication de saint Luc : « Et Jésus, lors de ses débuts, avait environ trente ans. » (Lc 3,23).
Ensuite tous les gouverneurs romains de Syrie sont connus, pour les années 731 U.C. à 770 U.C., c’est-à-dire de – 23 à + 17, sauf pour les années – 4 à – 1. Le premier gouvernorat de Quirinius, sous lequel s’est fait le premier recensement signalé par Luc (2,2) n’a pu se situer que dans cette tranche : de - 4 à – 1, donc.
Arthur Loth réfute très bien, pages 354 et 355, l’hypothèse de la conjonction de Mars, Saturne et Jupiter, en – 7, pour expliquer l’étoile des Mages. Je ne puis que lui céder la parole.
« On connaît l’explication de Kepler, qui a séduit maints commentateurs. Elle ne répond qu’à une idée préconçue, et ceux qui l’ont adoptée, sur la foi de l’illustre astronome, pour fixer, avec lui, l’époque de la naissance de Jésus-Christ à l’an 747 ou 748 de Rome, n’ont pris là qu’une base chronologique toute conjecturale. »
« Frappé par le phénomène très rare de la conjonction des deux grandes planètes, Jupiter et Saturne, puis d’une troisième, Mars, que le ciel présentait dans l’automne de 1604, et qui fut complété, par l’apparition dans le voisinage de l’astérisme, d’une étoile de grand éclat, Kepler crut voir là une reproduction du spectacle qui s’était offert aux Mages d’Orient. Le calcul lui démontra, en effet, que le phénomène de cette coïncidence des quatre grands astres de notre monde planétaire : Soleil, Terre, Jupiter et Saturne, puis Mars, placés sur une même ligne, avait dû se reproduire en remontant en arrière le cours des siècles, trois ans avant la mort d’Hérode, en l’an 747 U.C. (= 7 av. L’E.V.) qu’il croyait être celui de la naissance de Jésus-Christ. »
« Un autre astronome, Ideler, en reprenant le calcul, avec les Tables astronomiques plus exactes de Delambre, a précisé l’indication. Il trouva que trois conjonctions de ces planètes s’étaient produites le 21 mai, le 15 septembre, celle-ci la plus remarquable, enfin le 14 novembre, et il opina que c’est à la suite de la dernière que les Mages se seraient mis en route pour la capitale de la Judée. »
« Mais en quoi un pareil phénomène, si intéressant qu’il fût pour un astronome, aurait-il pu déterminer les Mages de l’Evangile à aller à Jérusalem ? Les Orientaux, observateurs des astres, initiés à la science du ciel sidéral, connaissaient les planètes et leurs conjonctions. Un phénomène céleste naturel, comme celui de l’an 747, ne pouvait manquer d’éveiller l’attention des Mages, mais il n’était pas de nature à les entraîner vers l’Occident, même s’ils y avaient vu, selon leurs idées, l’annonce d’un grand événement, comme le monde en présente de temps à autre. Car le rapprochement des trois planètes entre elles ne fut jamais, selon les savants, inférieur à un degré, et ainsi elles ne pouvaient former entre elles un foyer lumineux que les Mages auraient pu prendre pour une étoile extraordinaire, pour un signe particulier. »
« Aussi Kepler fut-il obligé de supposer, pour 747, en plus de la conjonction des planètes, l’apparition d’un astre particulier, animé d’un mouvement spécial, qu’il fait voyager dans les régions inférieures de l’air, pour guider les Mages. Mais alors il rentre dans l’hypothèse d’un miracle. Ce n’est plus la conjonction de Jupiter, de Saturne et de Mars qui est le phénomène en rapport avec l’Evangile et qui peut fournir un point de repère chronologique, mais l’étoile adventice, supposée par Kepler, étoile qui n’a pas plus de date que d’existence certaine. Sans elle, cependant, la conjonction planétaire de 747 ne pouvait servir de rien, tellement qu’un astronome anglais, Charles Pritchard, en faisant la carte des points où devait s’observer, chaque nuit, la fameuse conjonction, a pu montrer que si les Mages avaient pris ce brillant astérisme pour guide, ils n’auraient fait qu’un chemin en zigzag et, définitivement se seraient égarés, au lieu d’arriver à Jérusalem. »
« L’illustre Kepler avait subi l’influence de l’astrologie, encore vivace de son temps, en cherchant dans la conjonction de Jupiter et de Saturne une signification surnaturelle qu’elle ne pouvait avoir. »
L’étoile des Mages n’a pu être qu’un phénomène miraculeux. Il ne faut pas y chercher, crois-je, une explication naturelle ou scientifique.
Il est vrai qu’au premier siècle de notre ère une attente générale du Christ, ou du Messie, est avérée, aussi bien chez les juifs que chez les païens.
Les Esséniens, par exemple, et les textes trouvés à Qoumrân, comme les pseudépigraphes, en témoignent, attendaient impatiemment la venue d’un Messie fils de David qui rétablirait le peuple élu dans ses droits.
Tacite comme Suétone (cités par Loth, page 363) se font l’écho de cette croyance universelle. On en trouve la trace dans la 4e Eglogue de Virgile. Cicéron, dans son traité sur la divination, cite l’oracle de la Sibylle.
Mais il y a mieux encore. Le prophète Daniel dans sa célèbre prophétie sur les soixante-dix semaines d’années (cf. Daniel, chapitre 9) pointait sans ambiguïté vers le premier siècle de notre ère pour désigner l’époque de la venue du Christ.
Dans mon post, je n’ai pas fait état de cette prophétie, car il y a désaccord entre Arthur Loth et Gérard Gertoux au sujet de son interprétation exacte, quoique ils soient très proches l’un de l’autre (à trois ans et demi près !).
Malgré mes recherches, je n’ai pu me faire une religion nette de cette question. Il faudrait pour cela prendre position sur des questions de chronologie concernant la période achéménide (où se place le point de départ des 490 ans). Ce qui dépasse mes compétences.
En terminant, je voudrais vous demander un conseil, Mr Parfu. Dans mon parcours du gros livre d’Arthur Loth, il me semble bien avoir relevé des erreurs qui ne peuvent provenir que d’une lecture fautive du manuscrit. Ca m’étonnerait, par exemple, qu’Arthur Loth ne sût pas faire une soustraction !
A qui devrais-je envoyer une liste d’errata, pour une éventuelle prochaine édition ? A l’éditeur ?
Merci.
P.S. En naviguant sur Internet, il me semble bien avoir vu passer un avis de décès au nom de Mr Henry Brière-Loth (un homme très âgé). A une lettre près cela ressemble au nom de Mr Henri Brière-Loth, petit-fils d’Arthur Loth et déchiffreur de son manuscrit. Serait-ce le même ?