Note 59

L’épître aux Hébreux, dans Wikipédia

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Épître aux Hébreux, le 17/10/09

L'Épître aux Hébreux est un livre du Nouveau Testament.

Elle s'adresse à des chrétiens issus du judaïsme, c'est-à-dire, au sens premier, aux judéo-chrétiens encore attachés à certains usages de la Loi juive comme par exemple la circoncision.

Elle ne comporte pas de nom d'auteur. Alors que Tertullien l'attribuait à Barnabé[1] (De Pudicitia 20), elle fut longtemps considérée comme une épître de l'apôtre Paul ; mais le style recherché, la manière d'introduire les citations bibliques, font qu'il est communément admis aujourd'hui qu'il n'en est pas l'auteur. Origène disait à ce sujet : « Pour moi, si je donnais mon avis, je dirais que les pensées sont de l'apôtre ; mais la phrase et la composition sont de quelqu'un qui rapporte les enseignements de l'apôtre ». Divers noms ont été proposés, notamment celui d' Apollos (dont il est question en 1 Co 1, 12), mais aussi Clément Romain, Silas ou Luc

Son originalité réside dans le thème envisageant résolument une transition entre les deux alliances, l'Ancienne Alliance et la Nouvelle Alliance. L'auteur tente d'expliquer la différence fondamentale entre les deux Testaments (synonyme d'alliances) : le rapport à Dieu et la définition du salut s'en trouvent bouleversés.

Sous l'Ancienne Alliance, contractée par Abraham (par l'acte de foi de la circoncision), l'homme vivait sous le régime de la Loi. Ce qui signifiait que pour mériter et gagner son salut, l'homme devait observer rigoureusement tous les commandements inscrits dans la Loi, avec sa multitude d'interdits et d'obligations contraignants.

Sous la Nouvelle Alliance, contractée au moment de la Pentecôte de l'an 33 (par l'acte de foi du baptême d'eau et d'Esprit), l'homme vit désormais sous le régime de la Grâce. Le sang de Jésus lave le pécheur repentant, qui n'est plus tenu d'observer les commandements cultuels de la Loi, chose d'ailleurs impossible, tant elle était contraignante.

Une constante cependant demeure d'un Testament à l'autre : la foi. L'attente de Dieu, en ce qui concerne la foi, est la même que celle démontrée par les hommes de l'Ancienne Alliance. La foi qui anima les patriarches et les grandes figures de l'Ancien Testament (Noé, Abraham, Sarah, Isaac, Jacob, Joseph, Moïse, etc.) constitue donc une référence à suivre pour le chrétien.

Dans cette épître, l'auteur définit ce qu'il qualifie d' enseignement élémentaire, au chapitre 6 : "les articles fondamentaux du repentir des œuvres mortes et de la foi en Dieu, de l'instruction sur les baptêmes et de l'imposition des mains, de la résurrection des morts et du jugement éternel." (6,1-2).

Sommaire

Résumé

Les chapitres 1 et 2 expliquent que Jésus est plus grand que les anges.

Les chapitres 3 à 7 comparent Jésus à Moïse et à la loi de Moïse et témoignent qu'il est plus grand que l'un et l'autre. Ils enseignent aussi que la Prêtrise de Melchisédech est plus grande que celle d'Aaron.

Les chapitres 8 et 9 expliquent comment les ordonnances mosaïques ont préparé le peuple au ministère du Christ et comment le Christ est le Médiateur de la nouvelle Alliance.

Le chapitre 10 est une exhortation à la diligence et à la fidélité.

Le chapitre 11 est un discours sur la foi.

Le chapitre 12 contient des exhortations et des avertissements.

Le chapitre 13 explique la respectabilité du mariage et l'importance de la bienfaisance. Salutations finales.

Plan septénaire de l'épître aux Hébreux (selon Louis Dussaut)[2].

Argument de l'épître.

(D'après le plan proposé ci-dessus.)

En ces temps qui sont les derniers, Dieu nous a parlé par son Fils, celui par qui il a créé les mondes.

Il a reçu un nom bien supérieur à celui des anges. Nous devons donc prendre au sérieux son message.

Abaissé un moment au-dessous des anges par son incarnation, par sa mort il est devenu auprès de Dieu un grand prêtre puissant et miséricordieux, en vue d'effacer les péchés du monde.

Il est accrédité auprès de Dieu, comme Moïse le fut en son temps.

Mais sa gloire est bien supérieure à celle de Moïse. N'endurcissons donc pas notre cœur, comme le firent les hébreux au désert.

Ayant connu lui-même la souffrance, il est capable de compatir à nos faiblesses.

Avançons-nous donc vers lui avec pleine assurance. En effet, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent cause de salut éternel.

Ne laissons donc pas fléchir notre foi. N'abandonnons pas cette cause de notre salut.

Mais Dieu ne peut méconnaître l'activité et l'amour des justes.

Jésus est devenu pour nous, à la manière de Melchisédech, grand prêtre pour l'éternité.

Le sacerdoce lévitique, issu de Jacob puis d'Aaron, était inférieur à celui de Melchisédech.

Jésus lui-même, issu de Juda, non de Lévi, n'était pas prêtre aaronide.

Mais il est prêtre à la manière de Melchisédech. Il l'est avec serment : "Tu es prêtre pour l'éternité". (Ps 110,4).

Il n'a pas besoin d'offrir chaque jour des sacrifices car il l'a fait une fois pour toutes, en s'offrant lui-même.

Les grands prêtres de la terre offraient des dons pris à la terre.

Mais le prophète Jérémie avait prédit une alliance nouvelle, qui rendrait l'ancienne caduque.

Le grand prêtre seul pénétrait une fois l'an, le jour de la fête de l'expiation, dans le Saint des Saints, offrant le sang des animaux.

Le Christ pénètre dans une tente éternelle, celle du ciel, offrant son propre sang une fois pour toutes, pour enlever les péchés de la multitude.

Il apparaîtra une deuxième fois, à la fin des temps, pour ceux qui l'attendent.

Le sang des taureaux et des boucs était incapable de remettre les péchés.

Aussi Jésus a dit : "Voici, je suis venu pour faire ta volonté. Il supprime le premier culte pour établir le second. C'est dans cette volonté que nous avons été sanctifiés par l'offrande du corps de Jésus-Christ, faite une fois pour toutes." (10,9-10).

Persévérons nous-mêmes dans cette volonté de Dieu. Car l'offrande du Christ est l'unique offrande. A part le sang du Christ, "il ne reste plus pour les péchés aucun sacrifice." (10,26).

Mais "Nous, nous ne sommes pas hommes à faire défection, pour notre perte, mais hommes de foi pour le salut de nos âmes." (10,39).

"La foi est l'hypostase [la substance] des choses qu'on espère, la preuve des choses qu'on ne voit pas." (11,1).

Imitons la foi des anciens, celle d'Abel, d'Hénoch, de Noé, d'Abraham, de Moïse ; celle des prophètes qui ont été persécutés.

Par la foi nous aussi nous devons résister jusqu'au sang.

Ne méprisons pas les exhortations et la correction du Seigneur.

"Redressez donc les mains défailllantes et les genoux chancelants, et pour vos pieds faites des pistes droites." (12,12-13).

"Recherchez la paix avec tous, et la sanctification." (12,14).

"Veillez à ne pas refuser d'entendre celui qui vous parle !" (12,25).

"N'oubliez pas la bienfaisance." (13,16).

"Obéissez à vos chefs." (13,17).

"Priez pour nous, car nous avons la conviction d'avoir une conscience pure avec la volonté de bien nous conduire en toute occasion." (13,18).

"Que le Dieu de la paix qui a fait remonter d'entre les morts le grand Pasteur des brebis par le sang d'une alliance éternelle, Notre Seigneur Jésus, vous rende aptes à tout ce qui est bien pour faire sa volonté." (13,20-21).

"Amen." (13,21).

"Je vous en prie, frères, faites bon accueil à ces paroles d'exhortation." (13,22).

L'auteur de l'épître.

Quel est l'auteur de l'épître aux Hébreux ? Barnabé ? Apollos ? ...

L'accord n'existe pas entre les exégètes au sujet de l'auteur anonyme de l'épître aux Hébreux.

L'attribution à l'apôtre Paul lui-même date de la plus haute antiquité. Elle est toujours tenue fermement par l'Église grecque. Le plus ancien papyrus qui nous l'ait conservée, le P 46, daté des environs de l'an 200, l'insère parmi le corpus paulinien, entre l'épître aux Romains et la première aux Corinthiens ! [3]

Cependant l'absence de suscription et la différence de style empêchent de l'attribuer immédiatement à l'Apôtre, mais plutôt à un membre de son entourage.

Barnabé ?

La candidature de saint Barnabé se présente d'abord sous les meilleurs auspices. Originaire de Chypre, il a pu bénéficier d'une vaste culture alexandrine.

On sait en effet que l'île de Chypre vivait depuis des siècles dans la sphère culturelle, sinon politique, d'Alexandrie et plus généralement, depuis toujours, de l'Égypte.

En tant que lévite, Barnabé avait dû s'intéresser aux aspects liturgiques, cultuels, du judaïsme.

Il jouissait d'une haute réputation dans l'Église primitive. Il a lui-même introduit Paul dans le cercle des apôtres. Il l'accompagnait dans ses premières missions.

Si un différend l'opposa un moment à l'apôtre Paul, cet incident ne doit pas être exagéré. Marc, l'objet du litige, et qui avait d'abord suivi son cousin Barnabé, redeviendra disciple de Paul, qui en parle avec les plus grands éloges.

Paul lui-même évoque Barnabé dans 1 Co 9,6, où l'on ne discerne pas la moindre trace de rivalité.

La présence de Barnabé à Rome est signalée par les Recognitiones pseudo-clémentines et les Actus Petri cum Simone. Ces romans ont pu conserver un souvenir historique.[4]

On sait que l'Église d'Occident a longtemps hésité avant d'admettre cette épître comme paulinienne. Tertullien au début du IIIe siècle l'attribuait formellement à Barnabé.[5]

Le portrait psychologique que l'auteur trace de lui-même dans He 13,18-19 correspond exactement aux éloges de Barnabé qu'on trouve dans les Actes, spécialement en Ac 11,22-24. Déjà il "encourageait" les disciples.

La mise en commun des ressources, que l'épître préconise (cf. He 13,16), fait penser à la générosité de Barnabé mise en exergue dans les Actes. (Cf. Ac 4,37).

Il avait été surnommé Barnabé, c'est-à-dire "fils d'encouragement" (Ac 4,36), par les apôtres eux-mêmes. Toute l'épître aux Hébreux se présente comme "un discours d'encouragement" (He 13,22) et renferme d'innombrables exhortations.

Il semble bien que l'épître aux Hébreux s'adresse, d'Italie, aux chrétiens d'Antioche, spécialement à ceux d'origine juive, parmi lesquels Barnabé s'apprêtait à retourner. S'il y jouissait d'un immense prestige, il n'exerçait pas cependant d'autorité proprement dite. Il se recommandait aux chefs de la communauté.

Apollos ?

Luther fut le premier à proposer Apollos comme l'écrivain anonyme, auteur de l'épître aux Hébreux.

Aujourd'hui une telle opinion est partagée par la majorité des critiques, tant protestants que catholiques. Le père Spicq O.P. a défendu avec fougue cette hypothèse[6]

Le portrait-robot qu'on peut dresser de l'auteur correspond trait pour trait à la notice des Actes consacrée à Apollos. (Cf. Ac 18,24-28).

Un juif, originaire d'Alexandrie, versé dans les Écritures. Le père Spicq a exposé dans une étude très fouillée[7], que l'auteur de notre épître était non seulement de culture alexandrine mais encore un familier de l'œuvre de Philon, un philonien converti au christianisme.

"Démontrant par les Écritures que Jésus est le Christ" (Ac 18,28), la formule de Luc dans les Actes définit au mieux le propos de l'épître aux Hébreux.

On ne voit pas cependant comment Apollos aurait acquis un tel ascendant auprès des judéo-chrétiens de Palestine ou d'Antioche, comment il les aurait connus, pour leur adresser ces exhortations et leur annoncer qu'il allait les revoir...

Notes et références

  1. Hypothèse qu'appuie Ernest Renan dans son Histoire des origines du Christianisme
  2. Voir bibliographie.
  3. Cf. C.Spicq, op. cit., tome I, page 414.
  4. Cf. C.Spicq, op.cit. tome I, page 200.
  5. De Pudicitia, 20
  6. Cf. C. Spicq, op. cit., tome I, pages 210-219.
  7. Cf. C.Spick, op. cit. , tome I, pages 39-91

Bibliographie