Note 5

Le 1 er évangile est un discours en sept parties, à l’image des sept diacres

Retour au plan : PLAN

Note précédente

Note suivante

Le Ier  évangile est un discours en sept parties, solidement charpenté : confer les subdivisions proposées par la Bible de Jérusalem. Ce plan septénaire semble bien volontaire et conscient, de la part du rédacteur final.

Or ce rédacteur final paraît bien être Philippe, précisément l’un des Sept. Le rédacteur final aurait voulu se soumettre à la symbolique des nombres, traditionnelle chez les écrivains juifs. Cette symbolique que reprendrait Saint Jean, à la fois dans son Apocalypse (avec son plan en 7 X 7 parties !) et dans son évangile : 7 semaines, ou fêtes religieuses juives, successives, suivies d’un appendice (le chap.21).

Philippe, écrivant sous la dictée des apôtres qui l’avaient ordonné diacre, aurait voulu assumer l’héritage « évangélique » des sept diacres (cf. Ac 21,8 où il est lui-même qualifié d’ « évangéliste ») dont, après la mort d’Etienne, leur chef de file et protomartyr, il devenait le responsable et le représentant privilégié, étant le second sur la liste des Sept (Ac 6,5).

Il aurait placé la 1 ère partie de son évangile (Mt 1 et 2), qui évoque les origines du Christ et son ascendance abrahamique par David et par Salomon, sous le patronage d’Etienne, 1 er diacre, qui, dans son discours aux Juifs (discours que précisément Philippe aurait transmis de mémoire à Luc), évoquait au moment de sa péroraison la mémoire de David et de Salomon (cf. Ac 7,45-48).

Il aurait placé la 2 e partie de cet évangile (Mt 3 à 7,27) sous son propre patronage à lui, Philippe, 2e diacre. Car cette partie décrit à grands traits le ministère galiléen de Jésus : «  Il parcourait toute la Galilée, enseignant dans leurs synagogues, proclamant l’évangile ! [Le premier ! ou, bien plutôt, l’original de tout évangile] et guérissant toute maladie et toute langueur parmi le peuple. » (Mt 4,23), ce ministère que Philippe lui-même reproduirait si exactement en Samarie : « Ceux-là donc qui avaient été dispersés s’en allèrent de lieu en lieu en annonçant la parole de l’Evangile. C’est ainsi que Philippe, qui était descendu dans une ville de Samarie, y prêchait le Christ. Les foules unanimes s’attachaient à son enseignement, car tous entendaient parler de ses miracles ou les voyaient etc... » (Ac 8,4-6).

Il aurait placé la 3 e, puis la 4 e, puis la 5 e, puis la 6 e parties de l’évangile sous le patronage de Prochore, Nicanor, Timon et Parménas, respectivement 3 e, 4 e, 5 e et 6 e diacres dont l’apostolat nous est complètement inconnu.

Il aurait placé enfin la 7 e et dernière partie de l’évangile (Mt 26 à 28), qui se termine par l’envoi en mission à tous les peuples, sous le patronage de Nicolas, dernier des Sept et prosélyte d’Antioche, car celui-ci représentait, au moment de l’institution des diacres, les peuples les plus éloignés, la ville étrangère à la Palestine, et même tous les païens convertis ou à convertir.

L’histoire, plus ou moins légendaire, de ce Nicolas est connue de la tradition. Marié, il aurait remis sa femme à la disposition des apôtres pour prouver son désintéressement, de même que Barnabé, lui, avait remis tous ses biens. Ce geste de Nicolas, ambigu ou mal interprété, aurait entraîné la naissance d’une hérésie licencieuse, le nicolaïsme. Plus exactement des hérésiarques ont dû se couvrir de son nom et de son autorité.

Précisément, dans la septième partie de l’évangile de Matthieu on trouve plusieurs éloges sentis et même retentissants de la femme « évangélique » : Mt 26,13 ; 27,55 ; 28,9-10.   

Retour à l’en-tête