Le plan septénaire de Matthieu grec
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Le plan en sept parties, de l’évangile selon saint Matthieu, a été bien mis en évidence par les subdivisions introduites par la Bible de Jérusalem. Mais plus qu’une découverte des exégètes (un plan pourrait être inconscient, ou seulement probable d’après les hypothèses des analystes) ce plan septénaire semblait bien suggéré consciemment, dans le cas présent, par l’auteur lui-même.
En effet, cinq des transitions entre parties principales de cet évangile étaient soulignées par une même phrase stéréotypée, qui revenait comme une espèce de refrain : « Et il arriva, quand Jésus eut achevé ces discours ...
ou : tous ces discours ...
ou : ces paraboles...
ou : de donner ces consignes ... »
Mt 7,28 : début de la IIIe partie,
Mt 11,1 : début de la IVe partie,
Mt 13,53 : début de la Ve partie,
Mt 19,1 : début de la VIe partie,
Mt 26,1 : début de la VIIe partie.
Le début de la IIe partie était lui-même marqué par un très grand hiatus de temps et d’espace : « En ces jours-là parut Jean le Baptiste... » (Mt 3,1). Cette phrase faisait directement suite aux évangiles de l’enfance.
Si l’on ajoute à ce plan les évangiles de l’enfance, déjà nommés, et en finale le récit de la Passion et de la Résurrection, on obtient bien les sept parties mentionnées.
Le plan septénaire de Matthieu grec paraîtrait donc tout à fait voulu et conscient.
Sans doute ce chiffre sept faisait-il allusion aux sept diacres, établis par les apôtres non seulement pour servir aux tables, mais encore pour annoncer l’évangile. (Cf. Ac 6,3 ; 8,4). Et si Philippe l’évangéliste, l’un des Sept, était vraiment l’auteur de notre premier évangile, le rythme septénaire de son plan prendrait tout son sens.
Le chiffre 7, du plan, correspondrait encore aux 7 pains, et aux 7 corbeilles de pain de la seconde multiplication des pains. (Cf. Mt 15,32-39 ; Mc 8,1-10).
De même, lors de la première multiplication des pains, les Douze avaient-ils distribué 5 pains et 2 poissons, et donc 7 portions de nourriture. Pourtant, ils devaient ramasser 12 pleins couffins de restes. (Cf. Mt 14,13-21 ; Mc 6,30-44 ; Lc 9,10-17 ; Jn 6,1-15). On remarquait ici que les chiffres 5 et 2 étaient donnés par les quatre évangiles de concert, ce qui est rare. Jean devait même préciser que les 5 pains étaient d’orge ! (cf. Jn 6,9) et donc d’une qualité inférieure, de même sans doute que les petits poissons. D’ailleurs André de s’exclamer dans sa naïveté : « Qu’est-ce là [à la fois si médiocre et si infime] pour tant de monde ? » (Jn 6,9). La première multiplication des pains prophétisait la future évangélisation du monde par les douze apôtres (avec déjà la collaboration des diacres). Tandis que la seconde annonçait l’évangélisation par les diacres dont, en premier lieu, Etienne et Philippe.
Le chiffre 7 du plan de Matthieu grec faisait encore référence aux 7 fois où Pierre envisageait de pardonner (cf. Mt 18,21-22). Mais Jésus de lui répondre : « Non pas 7 fois, mais 70 fois 7 fois. » (Ebdomêkontakis epta : 70 x 7). Et non pas 77 fois, comme souvent on entend traduire.
(77 fois se dirait : ebdomêkontakis kai eptakis).
(Dans Luc [17,4], le Seigneur recommandait encore de pardonner 7 fois le jour.)
Les 7 parties du plan de Matthieu grec évoquaient encore les 3 x 2 x 7 générations de la généalogie de Jésus (cf. Mt 1,17), les 7 béatitudes (cf. Mt 5,3-10, si toutefois l’on considérait le verset 5,4 comme une glose !), les 7 demandes du Pater (cf. Mt 6,9-13), les 7 malédictions contre les Pharisiens (cf. Mt 23, 13-32).
Les 7 parties du plan de Matthieu grec annonçaient aussi :
- les 7 parties du discours évangélique (cf. Mt 5,1 --- 7,27). :
1°) La loi nouvelle : 5,1-16
2°) La loi ancienne : 5,17-19
3°) La justice nouvelle : 5,20-48
4°) Les pratiques renouvelées du judaïsme : 6,1-18
5°) Le détachement des richesses : 6,19-34
6°) Les relations avec le prochain : 7,1-12
7°) La nécessité de la mise en pratique : 7,13-27
- les 7 parties du discours apostolique (cf. Mt 10,1-42) :
1°) Le choix des Douze : 10,1-4
2°) Consignes aux Douze : 10,5-16
3°) La persécution des missionnaires : 10,17-25
4°) Parler ouvertement : 10,26-33
5°) Jésus, cause de dissensions : 10,34-36
6°) Se renoncer pour suivre Jésus : 10,37-39
7°) L’accueil réservé aux envoyés : 10,40-42
- les 7 paraboles du discours parabolique (cf. Mt 13,1-52) :
1°) La parabole du semeur
2°) « de l’ivraie
3°) « du grain de sénevé
4°) « du levain
5°) « du trésor
6°) « de la perle
7°) « du filet
- les 7 parties du discours ecclésiastique (cf. Mt 18,1-35) :
1°) Qui est le pus grand ? : 18,1-4
2°) Le scandale : 18,5-11
3°) La brebis égarée : 18,12-14
4°) La correction fraternelle : 18,15-18
5°) La prière en commun : 18,19-20
6°) Le pardon des offenses : 18,21-22
7°) La parabole du débiteur impitoyable : 18,23-35
- enfin les 7 parties du discours eschatologique (cf. Mt 24 --- 25) :
1°) Le commencement des douleurs : 24,4-14
2°) Les tribulations de Jérusalem : 24,15-25
3°) L’avènement du fils de l’homme : 24,26-44
4°) La parabole du majordome : 24,45-51
5°) « des dix vierges : 25,1-13
6°) « des talents : 25,14-30
7°) Le jugement dernier : 25,31-46.
Déjà, dans l’Ancien Testament, L’Esprit de Yahvé avait mis en œuvre ses 7 dons (cf. Is 11,1-3). C’est-à-dire, selon la traduction des Septante, qui était utilisée par les auteurs du Nouveau Testament :
- La sagesse
- L’intelligence
- Le conseil
- La force
- La science
- La crainte de Dieu
- La piété.
La Bible ancienne, on le sait, étaient divisée en 7 parties : les 5 livres du Pentateuque, plus les Prophètes et les Ecrits.
Enfin tout le monde gardait en mémoire l’Heptaméron primitif qui ouvrait le récit de la Genèse et qui fut probablement la source de tout ce symbolisme. Dieu avait accompli toute son œuvre en 6 jours, plus 1 jour, le septième, destiné au repos et à la louange. L’univers entier des hommes se devrait de l’imiter.
Saint Jean surtout mettrait en œuvre avec exubérance ce symbolisme des chiffres.
N’oublions que, d’une part, il faisait partie du groupe des Douze, et que, d’autre part, il avait lui-même conféré, avec les autres apôtres, le charisme de l’évangélisation aux sept diacres.
Il le mettrait en œuvre, ce symbolisme, dans son évangile réparti en 7 semaines, ou fêtes religieuses juives, et donc virtuellement, sinon effectivement (car son plan est fort souple), composé de 7 x 7 parties.
Il le mettrait surtout en œuvre dans son Apocalypse, joyau de la littérature symbolique, effectivement quant à elle divisée en 7 chapitres et même 7 x 7 parties, plus cependant quelques excursus adjacents, ou visions liminaires, mais dans lesquels effleure aussi, avec abondance, ce même symbolisme. (Cf. par exemple l’excursus des 7 tonnerres, ou révélations, Ap 10,1-7).
C’est évident qu’on retrouve ce symbolisme des chiffres dans beaucoup d’écrits d’origine sémitique. Il ne fait aucun doute, par exemple, que l’épître aux Hébreux est gouvernée par un rythme septénaire sous-jacent, et particulièrement efficace. On le discerne dans la littérature pseudépigraphique, ainsi dans ce chef-d’œuvre qu’est l’apocalypse d’Esdras, ou Esdras IV. Mais encore dans le Testament des Douze Patriarches, très naturellement composé de douze monographies, et dans bien d’autres écrits (II Baruch, etc ...).
On perçoit des survivances de ce même symbolisme jusque dans des documents récents du magistère ecclésiastique. Ainsi on peut considérer que le Catéchisme de l’Eglise catholique, publié en 1992, reprend un plan quadriforme, déjà utilisé par le Catéchisme du Concile de Trente, et nous commentant :
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