Luc occidentalise le texte de Marc
Retour au plan : PLAN
Dans l’évangile de la guérison d’un paralytique (cf. Mt 9,2-8 ; Mc 2,1-12 ; Lc 5,17-26) Luc (5,19) changeait systématiquement le « stegê » (couverture), de Marc, en « dôma » (maison), l’acte de découvrir, « apostegadzein », et de perforer, « exorussein », en un « dia tôn keramôn » (à travers les tuiles). Il changeait aussi le « chalan » (relâcher) en « kathienai » (descendre) et le « krabatton » (grabat) en « klinidion » (petit lit).
Autrement dit, il occidentalisait à tour de bras. Tous ces petits détails nous montrent que l’évangile de Luc avait sans doute été publié en Occident, et probablement à Rome (les termes « dôma » et « keramos » sont typiquement romains), plutôt qu’en Orient, et destiné à des lecteurs plutôt occidentaux.
A travers le style pittoresque de Marc, au contraire, et sans doute à travers le témoignage plus « visuel » de Pierre lui-même, nous étions ramenés dans un univers oriental et donc, a priori, plus authentique.
Les toits de Palestine, en effet, étaient en terrasse et non pas couverts de tuiles ; on transportait les malades dans des grabats souvent infects et non pas sur de belles civières.
Je ne soutiens pas, pour autant, que l’évangile de Marc aurait lui-même été forcément écrit en Orient, ou même en Palestine : le terme ‘grabat’ est plutôt latin que grec.