Note 20

Alphée et Clopas

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Les deux mots :

Alphée de la tradition synoptique (cf. Mc 3,18) et

Clopâ, ou Clopas, de la tradition johannique (cf. Jn 19,25, en comparaison avec : Mc 15,40) ont entre eux des airs de ressemblance.

A

est peut-être pour

K

l

pour

l

ph (labiale aspirée)

pour

p (labiale sourde)

a

pour

a

 

et sans doute :

 

s

pour

s

Sans doute sont-ils deux transcriptions en grec d’un même mot araméen.

Marc (3,18) semble bien avoir été la source de la tradition synoptique, qui fut ensuite recopiée par Matthieu grec (10,3) et par Luc (6,15 et Ac 1,13).

Il se pourrait qu’il eût eu contamination, ou confusion, entre le          

« Lévi, fils d’Alphée » de Mc 2,14 et le

« Jacques, fils d’Alphée » de Mc 3,18.

Que les frères du Seigneur Jacques, Simon et Jude dussent être identifiés avec les apôtres du même nom, on pourrait s’en convaincre aisément par les considérations suivantes :

1°) Le Nouveau Testament et la tradition ancienne n’ont jamais connu que deux Jacques : le frère de Jean et le « frère » du Seigneur, et deux Jude (ou Judas), le frère de Jacques et l’Iscariote ; nous l’avons établi dans la note précédente (cf. Note 19).

2°) Dans la liste des douze apôtres telle que donnée par Luc (6,15-16) : « ...Jacques fils d’Alphée, Simon surnommé le Zélote, Judas [frère] de Jacques ... »

et la liste des « frères du Seigneur » telle que rapportée par Matthieu grec (13,55) : « ... et pour frères Jacques, Joseph, Simon et Jude [donc frère de Jacques] » on constate une même séquence de trois noms propres identiques : Jacques, Simon, Judas (ou Jude), ou même de cinq mots identiques si l’on supplée les termes sous-entendus, mais par ailleurs certains : Jacques, Simon, Jude (ou Judas), frère et Jacques.

Une simple coïncidence paraît exclue. On a bien à faire aux mêmes personnages.

3°) On objecterait peut-être que, d’après Jean, « même ses frères en effet ne croyaient pas en lui. » (Jn 7,5). Que si les frères de Jésus ne croyaient pas en lui, comment le même Jésus eût-il pu désigner trois d’entre eux comme apôtres ?

Mais une telle objection s’effondre, ou même change de sens, si l’on observe qu’au pied de la croix se tenait la mère des « frères » de Jésus, d’après Matthieu (27,56), Marc (15,40) et Jean (19,25). Saint Luc (24,10) nous la montrait au matin de la Résurrection, visitant le tombeau avec les saintes femmes. De plus, d’après Paul (Cf. 1 Co 15,7), Jacques (sans aucun doute le « frère » du Seigneur) bénéficiait d’une apparition spéciale à l’instar, et presque à l’égal, de Pierre (Cf. 1 Co 15,5 et Lc 24,34).

Paul écrivait bien : « Ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres » (1 Co 15,7), de même qu’il avait dit quelques lignes plus haut : « Il est apparu à Céphas puis aux Douze » (1 Co 15,5), incluant manifestement ce Jacques parmi les apôtres, de même qu’il incluait Pierre parmi les Douze.

 Enfin après la Pentecôte, les « frères du Seigneur » détinrent une position privilégiée dans la primitive Eglise. Ce Jacques serait le premier évêque de Jérusalem et Simon (ou Siméon) le deuxième. Jacques et Jude publieraient chacun une épître, en langue grecque, recueillie dans le Nouveau Testament.  C’est bien la preuve que les « frères » de Jésus avaient cru en lui et l’avaient suivi. On ne sache pas qu’ils eussent eu besoin de conversion.  

Jn 7,5, qui nous parlait de l’incrédulité des frères du Seigneur, devait faire allusion à d’autres personnages ; peut-être ce Joset,  ou Joseph, l’un des frères du Seigneur, qui n’apparaissait pas dans le groupe des douze apôtres ; peut-être d’autres parents, ou cousins, les mêmes que l’on voyait en Mc 3,21 vouloir se saisir de Jésus « car ils disaient : ‘Il avait perdu le sens’. »

On remarque que la mère de Jésus et la mère des « frères » de Jésus portaient le même nom : Marie. Saint Jean (19,25) semblait même  les désigner comme des sœurs : « la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas. » Mais il faut certainement suppléer : « (belle-) sœur », car la tradition ancienne nous apprenait que ce Clopas était le frère de Saint Joseph (cf. Eusèbe de Césarée, citant Hégésippe : H.E. III, 11).


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