Note 16

Les sources des Actes

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Philippe aurait été non seulement le rédacteur final du premier évangile, mais encore l’un des témoins privilégiés qui auraient permis à saint Luc de rédiger le livre des Actes des Apôtres. Luc aurait pu le consulter à Césarée maritime pendant près de deux ans et demie : de l’été 57 à l’automne 59, ce qui correspond dans les Actes à la période décrite de 21,8 à 27,2.

Quand Paul resta prisonnier à Césarée maritime pendant près de deux ans, il était voisin de Philippe. Ses amis pouvaient d’ailleurs le visiter facilement dans sa prison, grâce à la bienveillance du gouverneur romain (cf. Ac 24,23) : « Il prescrivit au centurion de garder Paul prisonnier, mais de lui laisser quelques facilités et de n’empêcher aucun des siens de lui rendre visite. »

Puis, donc, que Luc avait pu interroger longuement en Asie l’apôtre saint Jean (cf. Note 4) : il lui devait en particulier ses évangiles de l’enfance, sa généalogie du Christ par Marie, ses ajouts au récit de la passion et maints autres épisodes dont celui  sans doute des pèlerins d’Emmaüs. Il a dû aussi recueillir son témoignage sur les débuts de l’Eglise, spécialement dans la période où Jean fut un acteur principal : Ac 1 à 5.

A Ephèse, Luc avait pu aussi rencontrer et interroger le couple Aquila et Priscille, ces Juifs réfugiés de Rome, qui auraient pu lui narrer les débuts de l’évangélisation dans cet endroit, en complément des souvenirs de Paul : cf. Ac 18,24 --- 19,7 et surtout Ac 19,23-40. Ces deux notices de Luc ont entre elles des affinités certaines de style, remarquées par les exégètes. Elles font l’effet de documents insérés dans la trame du récit des Actes. 

On peut donc répartir ainsi  le texte des Actes, selon les principaux témoins qui auraient pu les inspirer, en y incluant Luc lui-même, pour les périodes où il fut présent :

 

Jean :

Ac  1,1  

à

5,42

 

Philippe :

Ac  6,1

à

8,40

 

Paul :

Ac  9,1

à

9,30

 

Philippe :

Ac  9,31

à

11,18

 

Paul :

Ac 11,19

à

12,19

 

Philippe :

Ac 12,20

à

12,23

 

Paul :

Ac 12,24

à

16,9

 

Luc :

Ac 16,10

à

16,17

 

Paul :

Ac 16,18

à

18,23

 

Aquila ? :

Ac 18,24

à

19,7

 

Paul :

Ac 19,8

à

19,22

 

Aquila ? :

Ac 19,23

à

19,40

 

Paul :

Ac 20,1

à

20,4

 

Luc :

Ac 20,5

à

28,31

Mais cette liste omet sans doute des témoins importants qui auraient pu collaborer à la rédaction des Actes.

Et d’abord Marc. On sait de façon certaine qu’il fut présent avec Luc, auprès de Paul, lors de la première captivité romaine de ce dernier (de 60 à 62), alors que Luc mettait la dernière main à son évangile et au livre des Actes. (Cf. Col 4,10.14 ; Phm 24).

Pendant le même laps de temps sans doute Marc était aussi le collaborateur fidèle de l’apôtre Pierre, également présent à Rome (cf. 1 P 5,13).

Marc était bien un témoin capital de la première heure. De plus il se trouvait en position de  transmettre  les souvenirs de Pierre et ceux de son cousin Barnabé.

Il se pourrait fort bien que le récit de l’arrestation de Pierre dans les Actes (cf. Ac 12,1-19) provînt du témoignage de Marc. Certains (cf. Bible de Jérusalem, note ad locum) croient y reconnaître son style. A sa sortie de prison, Pierre se réfugiait dans la maison familiale de Marc. Cette anecdote, ainsi que les trois versets suivants (cf. Ac 12,20-23), semblent interrompre la relation de Paul.

De plus, Luc même aurait pu interroger Pierre, présent à Rome.

Aristarque, d’autre part, fut longtemps un collaborateur fidèle de Paul. On l’aperçoit souvent à ses côtés. Il aurait pu renseigner Luc pour les périodes où Luc lui-même n’accompagnait pas Paul.

Cf. Ac 19,29 ; 20,4 ; 27,2 ; Col 4,10 ; Phm 24.

C’était « un macédonien de Thessalonique » (Ac 27,2) qui, sans doute, suivait Paul depuis son passage dans cette ville, en 50.

Luc enfin, parvenu à Jérusalem dès l’été 57, aurait pu s’entretenir avec les principaux dirigeants de l’Eglises de Jérusalem : Jacques, qui ne serait mis à mort qu’en 62, les autres frères de Jésus, et les presbytres de la Ville Sainte (cf. Ac 21,18). 

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