La Généalogie de Jésus dans Luc
Retour au plan : PLAN
Au contraire de la généalogie matthéenne (cf. Mt 1,1-17) qui était une généalogie royale, passant par David et par Salomon et par tous les rois d’Israël, conforme à la séquence descendante du discours d’Etienne, la généalogie lucanienne (cf. Lc 3,23-38) se voulait une généalogie ascendante (de Jésus à Adam) et collatérale (passant par Nathan, ou Natân, autre fils de David, cf. 2 S 5,14). Celle de Matthieu, comme le discours d’Etienne, cherchait à convaincre les Juifs que Jésus était bien le Messie attendu, le « Fils de David », c’est-à-dire l’héritier légitime des rois d’Israël. Celle de Luc ne voulait que renseigner les chrétiens (les « Théophile » de Lc 1,3) sur l’origine réelle et charnelle de Jésus, Fils de Dieu, « concernant son Fils, issu de la lignée de David selon la chair » (Rm 1,3).
Ce fut sans doute sur l’ordre de Paul, dont il était le collaborateur immédiat, et même très certainement le secrétaire, que Luc aurait inséré à cet endroit de « mon évangile » (Rm 2,16) la généalogie exacte de Jésus, alors que celle de Matthieu n’était, de son propre aveu à elle (cf. Mt 1,16), qu’une généalogie officielle et putative.
Cette généalogie de Jésus, dans Luc, se voulait au surplus universaliste, puisqu’elle remontait à Adam. Elle cherchait à « récapituler Adam », comme le dirait saint Irénée (cf. Adv. Hae. III, 21,10), et par lui tous les hommes.
Remarquons qu’en Adv. Hae. III, 21, 5 Irénée affirmait formellement que Marie était descendante de David, qu’elle était même le « sein de David », c’est-à-dire que c’était par elle que David avait enfanté le Messie. C’était donc que lui, Irénée, tenait cette généalogie lucanienne pour la généalogie même de Marie. C’est en effet la seule manière obvie de la comprendre, non seulement dans la perspective théologique d’Irénée, mais bien dans l’intention démonstrative de Luc lui-même, sans parler de Paul qui inspirait Luc.
En Lc 1,32 Luc faisait dire à l’ange de l’Annonciation : « Le Seigneur lui donnera le trône de David son père. » Compte tenu de ce qui précédait, c’était bien par Marie toujours vierge (cf. Lc 1,34-35) que Luc entendait cette filiation davidique ; et sa généalogie interviendrait (cf. Lc 3,23-38) pour en fournir l’explication aux chrétiens.