Note 17

Matthieu grec (Philippe) rectifie à l’occasion le texte de Marc

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Matthieu grec (Philippe) rectifiait à l’occasion la teneur de Marc.

Dans les deux récits de multiplication des pains, reproduits presque à l’identique dans le premier évangile, Philippe s’étonnait cependant de n’entendre parler que des hommes (andres).

Cf. Mc 6,44 : 5000 hommes.

Cf. Mc 8,9 : 4000 (hommes ?).

Matthieu grec corrigeait chaque fois, en précisant : « sans compter les femmes et les enfants. » (Mt 14,21 et 15,38).

C’était  bien le texte de Marc qui était original. On en a encore une fois la preuve par l’évangile tiers (ici Luc : cf. Lc 9,14) qui confirme la teneur de Marc pour ce qui regarde la première multiplication des pains. La seconde n’est pas relatée dans Luc, car elle se situe dans la grande lacune de Luc (correspondant à Mc 6,45 --- 8,26).

Philippe, père de quatre filles, ou ses filles elles-mêmes, n’auraient pas voulu qu’on oubliât les femmes et la marmaille.

Aujourd’hui, la formule insérée à deux reprises dans Matthieu grec nous paraît bizarre ; elle peut même sembler choquante pour certaines oreilles. C’était que Philippe, et ses filles, auraient tenté de compléter Marc, sans le modifier.

Peu après la chronique de la seconde multiplication des pains, Marc nous entraînait dans la région inconnue de « Dalmanoutha » (Mc 8,10), sur la rive opposée à la Décapole (cf. Mc 7,31) qui venait d’être le théâtre de cette seconde multiplication des pains.

Matthieu grec, selon une géographie plus sûre de la Palestine, aurait voulu corriger en « Magdala », la ville bien connue des bords du lac, à l’exact opposé de la Décapole. C’est du moins ce que nous supposons d’après le Codex Ephrem, et quelques autres témoins tout aussi anciens (Ve siècle).

Malheureusement, la plupart des grands manuscrits (Sinaïticus, Vaticanus, Codex Bezae) ont lu : « Magadan », ou « Magedan », ce qui a pour effet de rendre incompréhensible la rectification de Matthieu grec, ce lieu-dit étant tout aussi inconnu que Dalmanoutha.

Mais la faute n’en incomberait pas à Philippe, qui connaissait bien sa Palestine, mais bien aux copistes successifs, ou encore aux correcteurs récents qui, en l’espèce, n’auraient pas assez bien « corrigé ».

Sans aucun doute il est notoire que les recenseurs modernes de nos éditions critiques se basent, pour établir le texte reçu, sur l’accord des principaux manuscrits. On comprend bien leur scrupule. Mais dans le cas présent, on peut le regretter.

D’autant plus que l’itinéraire du Christ, en tenant compte de la précision donnée par Matthieu grec selon le Codex Ephrem, paraîtrait plausible et presque circulaire :

 

Syro Phénicie:

Mc 7,24

 

Décapole :

Mc 7,31

 

Région de Magdala :

Mc 8,10 (corrigé)

 

Bethsaïde :

Mc 8,22

Mgr Clemens Kopp, dans ses « Itinéraires évangéliques », (édition française de 1964, pages 347-349), appuie cette interprétation.

La présence de Pharisiens (cf. Mc 8,11) ou même de sadducéens (cf. Mt 16,1), en cet endroit du lac n’aurait rien d’insolite. Nous fussions en plein territoire israélite, à l’orée de la plaine de Gennésareth. Magdala n’était pas comptée parmi les villes païennes, à l’inverse de la Tibériade toute proche. Sans doute contenait-elle une population mêlée.

On ne voit pas, dans les textes, Jésus entrer dans la ville, mais seulement aborder dans la région.  

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