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Structure littéraire de la fête juive des Tentes,

 « 5 e  apocalypse »,

illustrée par la guérison d’un aveugle-né

Jn 7,1 --- 10,21

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En gravissant trois paliers successifs, tous situés en Judée, ou dans la région limitrophe de la Transjordane :

- la fête des Tentes (cf. Jn 7,1 --- 10,21),

- la fête de la Dédicace (cf. Jn 10,22 --- 11,54),

- et la dernière Pâque à Jérusalem (cf. Jn 11,55 --- 20,29),  nous allions désormais nous élever, avec le Christ, vers sa croix du Golgotha et vers sa résurrection.

Quand donc s’ouvrait cette fête des Tentes, ou des Tabernacles, (cf. Jn 7,2), nous nous situions dans la dernière année du ministère public de Jésus, quelque 6 mois avant la passion.

La fête des Tentes, ou des Tabernacles, se célébrait du 15 e au 23 e jour du septième mois (cf. Nb 29,12-38), le mois de Tishri, approximativement vers le 1 er octobre de notre calendrier. C’était la fête des récoltes d’automne. Elle durait 8 jours. Pendant 7 jours (cf. Lv 23,42), les Israélites devaient habiter dans des huttes en souvenir de leur séjour au désert. Jésus semblerait bien avoir campé, avec ses disciples, au mont des Oliviers (cf. Jn 8,1). Tous les jours, avant le sacrifice du matin, un prêtre allait puiser de l’eau avec une aiguière d’or dans la piscine de Siloé. Jésus ferait sans doute écho à ce rite quand il dirait à l’aveugle-né, au lendemain de la fête : « Va te laver à la piscine de Siloé. » (Jn 9,7). Cette eau était répandue en libation, par un prêtre désigné par le sort, dans un bassin d’argent placé sur l’autel des holocaustes. Jésus prendrait occasion de cette libation, quand il déclarerait : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. » (Jn 7,37). Durant toute la semaine quatre chandeliers (deux selon certains auteurs) d’une hauteur de 50 coudées (22 mètres), placés dans le parvis des femmes, illuminaient, le soir, toute la ville. Jésus se comparerait sans doute à ces flambeaux quand il lancerait son cri : « Je suis la lumière du monde. » (Jn 8,12).  

On mesure à quel point le récit de Jean s’insérait dans le cérémonial des fêtes juives du temps de Jésus : on avait là les souvenirs d’un témoin oculaire. Un tel cérémonial était depuis longtemps aboli à l’époque où Jean écrivait.

Voici comment, d’un point de vue littéraire, on pouvait décomposer cette fête juive des Tentes, la cinquième « apocalypse » de notre évangile :

1 er jour : 7,1-9. Jésus refusait de monter à la fête, comme l’y invitaient ses frères.

2 e jour   : 7,10-13. Jésus montait incognito à la fête.

4 e jour  : 7,14-36. Jésus enseignait dans le Temple : « Je viens de la part de Dieu. » « Je retourne à Dieu. »

7 e jour   : 7,37 --- 8,1. « Je suis la source. » Discussions dans le peuple sur l’origine de Jésus.

8 e jour  : 8,2 --- 10,21. --- Dès l’aurore, dans le Temple, comparution devant Jésus d’une femme surprise en adultère.

 --- Au trésor (parvis des femmes), Jésus déclarait qu’il était la lumière du monde.

--- Dans un long discours aux Juifs, Jésus déclarait : « Avant qu’Abraham fût, JE SUIS. » On manquait de le lapider.

--- En sortant du Temple, Jésus guérissait un aveugle-né.

--- Nouveau discours aux Juifs dans lequel Jésus soutenait qu’il était le « Bon Pasteur. » Division des esprits à son sujet.

Cette cinquième « apocalypse » s’étendait donc sur huit journées. Mais en fait, on n’en voyait mentionnées que cinq. Il se pourrait même que le 7 e jour eût été en réalité le 8 e, et le 8 e jour, le 9 e.

Les avis des commentateurs divergent.

Mais, pour nous, ce léger décalage n’aurait guère d’incidence. Les allusions que faisait Jésus aux rites de la fête pouvaient fort bien avoir été prononcées quelque peu a posteriori.

On pouvait résumer grosso modo cette « cinquième apocalypse » en parlant d’une première tentative, à Jérusalem,  d’arrêter et de mettre à mort Jésus. Mais une tentative manquée ; et même manquée à plusieurs reprises (cf. Jn 7,19.25.30.32 ; 8,20.59), grâce à l’intervention de la Providence divine : « Parce que son heure n’était pas encore venue. » (Jn 7,30 ; 8,20).

On pouvait légitimement voir un centre de cette « apocalypse » dans la journée centrale, la quatrième, correspondant à : Jn 7,14-36, quand les Juifs, pour la première fois, tentaient véritablement d’arrêter Jésus, mais en étaient empêchés par une main invisible.  C’était au verset 7,30.

Voilà comment pouvaient s’analyser, à leur tour,  les différentes journées de cette fête à l’ambiance si tendue :

1 er jour : 7,1-9

Jésus refusait de monter à la fête.

a) 7,1                : Jésus parcourait la Galilée car il était empêché de revenir en Judée.

b) 7,2-5           : A l’occasion de la fête des Tentes, les frères de Jésus l’invitaient à monter à Jérusalem pour se faire voir.

c) 7,6-9           : Jésus déclinait cette proposition.

 On pouvait voir passer un chiasme dans la partie centrale (b), entre les versets 7,4 et 7,5 : ses frères, ou sa parenté, trahissaient leur incrédulité. Pour cette raison, Jésus décidait de ne pas donner suite à leur suggestion.

2 e jour : 7,10-13

Jésus montait, malgré tout, à la fête.

a) 7,10            : Jésus montait néanmoins, incognito, à la fête.

b) 7,11-12      : Les Juifs le recherchaient dans Jérusalem. Grande rumeur à son sujet.

c) 7,13             : On avait peur, cependant, des chefs juifs qui, eux, voulaient le faire mourir.

Chiasme passant par le verset 7,12 : « C’est un homme de bien. » // « Non disaient les autres… »

4 e jour : 7,14-36

Jésus dans le Temple.

a) 7,14-24   : Vers le milieu de la fête, disons le 4 e jour sur 8, Jésus se produisait, et enseignait ouvertement dans le Temple. Il se prévalait de la Loi de Moïse qui, comme lui disait-il, venait de Dieu.

b) 7,25-32   : Grandes discussions dans tout Jérusalem au sujet de l’origine de Jésus. Jésus, quant à lui, répliquait qu’il venait de Dieu. Pharisiens et grands prêtres entreprenaient de se saisir de lui, mais en étaient empêchés par la providence.

c) 7,33-36    : Jésus déclarait qu’il allait s’en aller bientôt. Grande perplexité à ce sujet parmi les Juifs.

Chiasme passant dans la partie centrale (b), au verset 7,30, entre les mots : « Ils voulurent alors l’arrêter » et «  Mais personne ne porta la main sur lui… »

7 e jour : 7,37 --- 8,1

Le grand jour de la fête.

a) 7,37-39    : Jésus laissait entendre que (plus que la fontaine de Siloé, ou le bassin des libations) il était la fontaine de l’eau vive. L’évangéliste Jean traduisait : de l’Esprit Saint.

b) 7,40-44  : Divisions intenses, au sein de la foule, à son sujet. On ne réussissait pas à mettre la main sur lui.

c) 7,45-49   : Les huissiers mandatés la veille pour l’arrêter (cf. Jn 7,32) revenaient bredouilles. Ils avouaient leur impuissance. Colère des chefs à leur endroit.

d) 7,50-52   : Plaidoirie timide de Nicodème, en faveur de Jésus. On lui répliquait sèchement.

e) 7,53 --- 8,1 : Chacun, et Jésus lui-même, retournait chez soi.

Le croisement du chiasme était à situer dans la partie centrale (c), entre les versets 7,45 et 7,46 : Les huissiers, interrogés,  avouaient la cause de leur impuissance à arrêter Jésus : « Jamais homme n’a parlé comme cet homme ! » (Jn 7,46).

8 e jour : 8,2 --- 10,21

Le jour du miracle.

a) 8,2-11        : Dès l’aurore, Jésus enseignait à nouveau dans le Temple. On lui présentait une femme surprise en flagrant délit d’adultère, pour qu’il la condamnât. Mais il refusait.

b) 8,12-20   : Jésus prononçait un grand discours, au Trésor, dans le parvis des femmes. « Je suis la lumière du monde », se comparant ainsi aux grands luminaires qui, de cet endroit, avaient éclairé la ville pendant 7 jours.

c) 8,21-59   : Grande discussion avec les Juifs, au sujet de sa propre identité, et qui se terminait sur ces mots : « Avant qu’Abraham fût, JE SUIS. » On tentait de le lapider mais Jésus se dérobait, et sortait du Temple.

d) 9,1-41       : En sortant, Jésus rencontrait un aveugle de naissance, qu’il guérissait en faisant de la boue avec sa salive et lui enjoignant d’aller se laver à la piscine de Siloé. Les Pharisiens déclenchaient une instruction de type judiciaire au sujet de ce miracle.

e) 10,1-21     : Nouveau discours aux Juifs, dans lequel il se présentait comme « le Bon Pasteur » ; nouvelles divisions, parmi eux, à son sujet.

 Cette cinquième, et dernière, journée de la fête des Tentes se laissait donc subdiviser en cinq parties. Le chiasme passait naturellement dans la partie centrale (c), entre les versets 8,39 et 8,40 : les Juifs, bien que se prétendant fils d’Abraham, ne tentaient pas moins de faire mourir le Christ, le Messie.

Ces cinq parties de la dernière journée pouvaient, à leur tour, se laissaient analyser ainsi :

a) 8,2-11        : Comparution  de la femme adultère.

alpha) 8,2. De bon matin Jésus venait s’asseoir dans le Temple pour enseigner.

bêta) 8,3-6 a. Pour éprouver Jésus, on lui amenait une femme surprise en adultère. Jésus se voyait sommé de choisir entre la loi de Moïse, qui prévoyait la lapidation, et son propre message d’amour et de miséricorde à l’égard de tous les pécheurs.

gamma) 8,6 b-9. Jésus ne répondait pas tout d’abord. Comme on insistait, il demandait à celui qui était innocent, parmi les plaignants, de commencer à appliquer la loi de Moïse. Tous se retiraient.

delta) 8,10-11 a. Jésus dialoguait avec la femme laissée seule.

epsilon) 8,11 b. Jésus absolvait, et renvoyait la pécheresse.

Le chiasme passait au verset 8,9 entre : « A ces mots » et « Ils se retirèrent un à un. » Le piège qui allait se refermer sur Jésus était déjoué. Les accusateurs commençaient à évacuer un par un le devant de la scène.

b) 8,12-20   : Discours de Jésus : « Je suis la lumière du monde. »

alpha) 8,12. Jésus proclamait qu’il était la lumière du monde. Il l’était plus que les candélabres qui, de cet endroit, avaient illuminé la ville pendant 7 Jours. Plus que le soleil qui se levait à l’est, en face du Temple, en cette heure même.

bêta) 8,13-19. Les Pharisiens exigeaient de Jésus qu’il rendît raison de ce témoignage sur lui-même. Jésus rétorquait que le Père témoignait pour lui.

gamma) 8,20. Conclusion de l’évangéliste. Encore une fois, on n’avait pas arrêté Jésus « parce que son heure n’était pas encore venue. »  

Chiasme dans la partie centrale (bêta), au verset 8,19 : « Où est ton Père ? » - « Jésus répondit : ‘Vous ne connaissez ni moi ni mon Père.’ » La discussion, alors, tournait court, vu l’ignorance des Juifs au sujet de son Père.

c) 8,21-59   : L’identité de Jésus.

alpha) 8,21-30. Dialogue avec les Juifs. Qui était vraiment Jésus ?

bêta) 8,31-33. Jésus promettait la liberté à ceux qui croiraient en lui.

gamma) 8,34-48. Ceux qui refusaient de croire en lui, bien que postérité d’Abraham, avaient pour père le diable.

delta) 8,49-58. Jésus, lui, avait vu Abraham car : « Avant qu’Abraham fût, JE SUIS. »

epsilon) 8,59. Nouvelle tentative de lapidation ; mais Jésus se dérobait.

Le chiasme passait dans la partie centrale (gamma), entre les versets 8,39 et 8,40 : Les Juifs, bien que postérité d’Abraham, étaient convaincus de vouloir faire périr l’envoyé de Dieu. En finale de cette discussion, les interlocuteurs refusaient de croire en l’identité divine de Jésus, très nettement revendiquée.

d) 9,1-41       : Guérison de l’aveugle-né.

alpha) 9,1-5. Sortant du Temple, Jésus apercevait un aveugle de naissance. Les disciples interrogeaient Jésus à son sujet.

bêta) 9,6-12. Jésus guérissait ledit aveugle en lui demandant d’aller se laver à la piscine de Siloé. Surprise de la foule en le voyant guéri.

gamma) 9,13-17. Les Pharisiens entamaient une procédure en interrogeant l’aveugle-né, sous le prétexte que le miracle avait eu lieu un jour de sabbat.

delta) 9,18-23. Les Juifs interrogeaient les parents de l’aveugle-né, qui se défilaient.

epsilon) 9,24-34. Nouvel interrogatoire de l’aveugle-né ; il confessait que Jésus venait certainement de la part de Dieu. 

dzêta) 9,35-38. Plus tard, Jésus rencontrait le miraculé, et lui demandait de croire au Fils de l’homme.

êta) 9,39-41. Jésus dégageait lui-même la morale de cette aventure : « Je suis venu en ce monde : pour que voient ceux qui ne voient pas et pour que ceux qui voient deviennent aveugles. »

Le chiasme transitait dans la partie centrale (delta), au verset 9,21, entre les mots : « Nous n’en savons rien » et « Il a l’âge ; il s’expliquera… » Les parents de l’aveugle-né se défaussaient sur leur fils, et sur Jésus lui-même, provoquant ainsi le rebondissement de l’enquête, qui repartirait de son début.  

Dans l’épisode qui précède, on pouvait relever une remarquable symétrie de la narration. C’était le chiasme qui se développait de part et d’autre de son centre. Juste avant (gamma), et juste après (epsilon) l’interrogatoire des parents (delta), se situait un interrogatoire de l’aveugle-né. Avant ce premier interrogatoire (bêta) et après le second (dzêta), on avait une rencontre et un dialogue de l’aveugle-né et de Jésus. Avant cette première rencontre, au début (alpha), et après la deuxième, en finale (êta), on trouvait un commentaire de Jésus sur l’aveuglement spirituel. 

e) 10,1-21     : Nouveau discours de Jésus, sur le thème du « Bon Pasteur. »

alpha) 10,1-6. Parabole du « Bon Pasteur ». Les Juifs ne comprenaient pas ce langage.

bêta) 10 7-18. Explication en clair de la parabole : Jésus était la porte des brebis ; Jésus était aussi le Bon Pasteur.

gamma) 10,19-21. Nouvelles divisions parmi les auditeurs. Un anonyme tirait la conclusion de ce discours et de toute la journée : « Un démon peut-il ouvrir les yeux des aveugles ? »

Le chiasme était à placer, tout naturellement, dans la partie centrale (bêta), entre les versets 10,8 et 10,9 : tous les prétendus messies, venus avant Jésus, furent des escrocs. L’identification de Jésus, comme « porte des brebis » et « Bon Pasteur », s’opérait par la disqualification des intrus.

Soulignons d’ensemble la très belle ordonnance de cette cinquième « apocalypse » de notre évangile, la fête des Tentes à Jérusalem, dont la construction se trouvait comme emboîtée : cinq journées distinctes, avec en outre cinq épisodes distincts dans la seule, et dernière, cinquième journée.

La péricope dite de la femme adultère (soit Jn 7,53 --- 8,11), dont la tradition manuscrite, on le sait, est difficile, s’insérait dans cet ensemble avec un beau naturel. Tant par les unités de temps et de lieu qu’elle respectait, tant par sa contexture interne que par la place qu’elle occupait dans le plan de cette cinquième « apocalypse » : premier des cinq épisodes de la cinquième journée, tant par la conformité de son style, elle ne dénotait aucune rupture avec le reste de l’évangile. On reviendrait plus en détail sur cette question, en fin d’ouvrage. (Voir notre chapitre 26).

A elle toute seule, cette cinquième « apocalypse » nous proposait un drame complet. A maintes reprises, Jésus manquait d’être arrêté ; une fois au moins, il manquait d’être lapidé. Sa carrière terrestre eût fort bien pu s’achever là, si la providence n’avait veillé.

L’hostilité des Juifs, au cours de ces journées, connaissait déjà un paroxysme. Non seulement on avait la volonté de le tuer, comme dans la troisième « apocalypse » (cf. Jn 5,18), mais encore on essayait positivement de le faire mourir. Pourtant, il ne s’agissait pas encore d’une décision politique et mûrement réfléchie.

Le climat général était donné dès l’entrée : si Jésus ne séjournait pas en Judée, c’était « parce que les Juifs voulaient le tuer. » (Jn 7,1). Pour motif de ne pas monter à la fête, Jésus donnait que le monde le haïssait et « que mon temps n’est pas encore accompli. » (Jn 7,8). Autrement dit, aller à Jérusalem en cette heure équivalait pour lui à devancer son destin.

Il montait cependant à la fête, « mais en secret » (Jn 7,10). La rumeur dans Jérusalem était immense à son sujet. Toutefois on redoutait les chefs juifs pour s’exprimer ouvertement. Quand enfin, au beau milieu de la fête, il se produisait dans le Temple, on s’étonnait d’abord qu’il connût si bien ses Ecritures (avait-il même tous ses diplômes pour enseigner ?). On s’interrogeait sur ses origines. On cherchait à se saisir de lui. Les Pharisiens et les grands prêtres envoyaient des gardes pour l’appréhender : première tentative, à son égard, de contrainte par corps.

Le 7 e jour de la fête, ces gardes revenaient bredouilles. Ils se faisaient chapitrer d’importance par les Pharisiens.

Le 8 e jour les scribes (unique mention d’eux dans le IV e évangile) et les Pharisiens lui amenaient dès l’aurore une femme surprise en adultère pour le mettre dans l’embarras. Les accusateurs, accusés par leur propre conscience, ne pouvaient appliquer la sanction prévue par la Loi de Moïse.

Apre discussion, entre les Juifs et Jésus, au sujet de l’identité de ce dernier. On ne pouvait admettre, selon sa prétention, qu’il fût plus qu’un homme. On tentait de le lapider.

Les Pharisiens prenaient occasion d’une guérison le jour du sabbat : Jésus avait fait de la boue avec sa salive ! pour déclencher une procédure. Mais l’action n’aboutissait pas.

Encore une âpre discussion, mais cette fois des Juifs entre eux, quand Jésus avait prononcé son discours sur le « Bon Pasteur ».

Tout au long de ces journées pathétiques, on n’apercevait guère les disciples de Jésus, et l’évangéliste ne les mentionnait même pas quand Jésus se rendait, le soir, au mont des Oliviers (cf. Jn 8,1). C’étaient eux pourtant qui provoquaient, indirectement, la guérison de l’aveugle-né en interrogeant Jésus sur les causes de cette infirmité (cf. Jn 9,2). Jésus devait d’abord les délivrer de leurs préjugés ancestraux sur l’origine de toute souffrance humaine (cf. Jn 9,3).  

Nicodème enfin, disciple secret mais réel, parmi les notables, défendait timidement Jésus en conseil. Mais il se faisait vertement rabrouer par ses pairs. Notons qu’à cette occasion les disciples de Jésus étaient qualifiés de « Galiléens » (Jn 7,52). Cela démontrait que l’évangéliste Jean n’ignorait pas la prédominance, dans la vie publique de Jésus, de son ministère galiléen, dont il n’avait pourtant rapporté que quelques épisodes. Cette dénomination de « Galiléens », souvent prise en mauvaise part, aurait sa répercussion dans l’histoire.

Les discours de Jésus sur sa propre personne étaient nombreux au long de cette cinquième « apocalypse ». Ils survenaient presque toujours à l’occasion de dialogues, ou de disputes, dramatiques avec ses auditeurs juifs : dramatiques au sens propre, puisque Jésus risquait chaque fois sa vie, s’offrant sans défense à la vindicte de ses ennemis.

Le monde haïssait Jésus parce que Jésus lui disait la vérité sur ses œuvres qui étaient mauvaises (cf. Jn 7,7).

On reconnaissait l’enseignement qui venait de Dieu en faisant la volonté de Dieu, c’était dire avant tout par l’exercice d’une conscience droite (cf. Jn 7,17).

Jésus annonçait son prochain départ (cf. Jn 7,33).

Jésus promettait l’eau vive, autrement dit l’Esprit Saint. L’évangéliste laissait entendre que cet Esprit Saint ne serait donné à l’Eglise que plus tard, après la résurrection (Jn 7,39).

Dans la péricope de la femme adultère il nous était révélé que Jésus était venu dans ce monde pour faire œuvre de miséricorde et non pas de condamnation, à l’égard des pécheurs (cf. Jn 8,11).

Jésus professait qu’il était la lumière du monde : c’était celle qui éclairait les consciences (cf. Jn 8,12). Le Père témoignait en sa faveur. Jésus allait bientôt être élevé de terre. Il promettait l’affranchissement du péché à tous ceux qui prenaient la résolution de le suivre. Il était lui-même issu de Dieu ; il venait de sa part. Son enseignement conférait l’immortalité. Avant qu’Abraham n’existât, Jésus était (cf. Jn 8,58).

Par cette affirmation capitale, Jésus s’identifiait clairement à Yahvé. Il donnait ici tort, par avance, à tous les ariens futurs, et raison aux conciles qui définiraient sa divinité.

Jésus était venu rendre la vue aux aveugles du corps et de l’esprit. Il était la porte de toutes les brebis.  Il était le vrai berger de l’humanité.

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