XXIX . La diaconie. (Si l’évêque est le premier des prêtres, il est aussi le premier des diacres)

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On a déjà dit que l’épiscopat était par essence une fonction presbytérale. De même on pourrait dire que l’épiscopat et le presbytérat forment ensemble une fonction diaconale : une fonction de service du peuple de Dieu et du culte divin.

Cela se vérifie dans l’ontologie même du sacrement de l’ordre, c’est-à-dire dans sa nature la plus profonde. D’une part, il est vrai que les évêques et les prêtres sont toujours choisis traditionnellement parmi les diacres ; mais d’autre part si, par exception, un non-diacre était ordonné prêtre, il serait du même coup élevé au diaconat. De même un non-prêtre élevé à l’épiscopat recevrait aussi, par le fait, l’onction presbytérale. Cela se vérifiait couramment dans l’antiquité, avec les ordinations « per saltum ». Cela se vérifierait encore de nos jours s’il arrivait, par accident, qu’une ordination précédente eût été nulle pour vice caché.

Le premier des diacres, et leur modèle à tous, fut Jésus-Christ. Lui-même l’a proclamé : « Celui qui voudra être le premier d’entre vous, se fera votre esclave. C’est ainsi que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude. » (Mt 20,27-28). C’est dès le premier instant de son existence humaine que le Christ s’est constitué serviteur de l’humanité, comme il l’est de son Père : « C’est pourquoi, en entrant dans le monde, le Christ dit : ‘‘Tu n’as voulu ni sacrifice ni oblation ; mais tu m’as façonné un corps. Tu n’as agréé ni holocaustes ni sacrifices pour les péchés. Alors j’ai dit : Voici, je viens, car c’est de moi qu’il est question dans le rouleau du livre, pour faire, ô Dieu, ta volonté.’’ » (He 10,5-7).

Il semble bien que le Christ a institué diacres ses apôtres au cours même de la Sainte Cène, peu avant l’institution de l’eucharistie : peu avant, donc l’institution du sacerdoce (et de ce qui deviendrait le presbytérat).

Quand il eut rempli en personne l’office de diacre, quand il eut lavé les pieds de ses douze apôtres, parmi lesquels se trouvait encore Judas, il leur laissa la consigne d’en agir de même les uns envers les autres et envers tout le monde : « Si donc je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. »  (Jn 13,14). On peut considérer que cette consigne du Christ fût la ‘‘forme’’ même du diaconat.

Les apôtres eux-mêmes, après la Pentecôte, créèrent le diaconat comme un ordre distinct des autres, antérieurement au presbytérat et à l’épiscopat, à l’occasion de l’institution des Sept : « On les présenta aux apôtres et, après avoir prié, ils leur imposèrent les mains. » Ac 6,6). Ces premiers diacres étaient préposés au service des tables (cf. Ac 6,2-3) (ou diaconie du peuple de Dieu, service de la charité). Mais dès les premiers jours nous les voyons aussi participer activement à l’évangélisation (cf. Ac 6,8) (ou diaconie de la parole, service de l’enseignement). Il est probable aussi que dès l’origine, ils tinrent une place privilégiée dans l’office eucharistique (diaconie du Corps du Christ, service du culte divin).

Quelques théologiens, ou exégètes, contemporains croient devoir nier que les Sept fussent bien les premiers diacres. Mais c’est contre toute vraisemblance scripturaire, car si le texte des Actes ne nomme pas les diacres, il parle bel et bien de diaconie (cf. Ac 6,1.2) ; et c’est contre la tradition unanime, tant orientale qu’occi­dentale, qui a toujours tenu les Sept pour des diacres. (Rappelons seulement la place éminente que tient saint Etienne, protodiacre et protomartyr, dans le martyrologe grec).

Dans une Eglise particulière les diacres forment aussi un collège. Non pas certes entre eux, ou isolément, mais avec l’évêque dont ils sont les assistants et les premiers collaborateurs, comme ils l’étaient, à l’origine, des apôtres. L’évêque absent, ou disparu, les diacres deviennent les assistants du presbyterium qui tient la place de l’évêque. Les anciens conciles, les Pères de l’Eglise, ont toujours tenu à marquer le caractère second des diacres par rapport aux prêtres. On interdisait par exemple, formellement, aux diacres de s’asseoir sur le banc des prêtres (la banquette hémicirculaire qui entourait le trône de l’évêque dans l’abside), ou de donner la communion à ceux-ci.

Comme le disait saint Ignace, les diacres sont les « compagnons de service » de l’évêque. (Cf. Smyr, XII, 2). Et quand l’évêque est disparu, les diacres restent des serviteurs ; ils ne deviennent pas des maîtres !

Les fidèles eux-mêmes doivent aux diacres le même respect qu’à Jésus-Christ. (Cf. Trall, III, 1).

En fait, dans l’Eglise primitive, les diacres représentaient l’œil, l’oreille et la main de l’évêque. Pendant la synaxe eucharistique, ils circulaient librement (en grande aube blanche nous dit-on) dans l’assemblée, assurant la discipline, proclamant la parole, distribuant le pain et le vin consacrés au peuple.

En dehors du bâtiment ecclésial, ils assumaient et organisaient la charité au nom de l’évêque. Lors du baptême des adultes, ils aidaient les catéchumènes – les hommes – à se dévêtir, à descendre dans la cuve baptismale, puis ils les revêtaient de la robe blanche du néophyte.

Les diaconesses jouaient le même rôle à l’égard de la population féminine. Mais elles ne participaient d’aucune façon au service de l’autel.

Quand un fidèle, homme ou femme, voulait présenter une requête à l’évêque, il le faisait par l’intermédiaire du diacre, ou de la diaconesse.

(Cf. Les Constitutions apostoliques, I, 29-32, 44, 57, 58).                        

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