XXVII . Les synodes diocésains

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La synodalité diocésaine relèverait plutôt d’une théologie du sacerdoce en général que de la théologie proprement dite de l’épiscopat. Nous en dirons cependant quelques mots, en fonction de l’évêque local, ou résidentiel, car c’est bien lui qui convoque le synode diocésain, qui assure sa préparation, qui le préside, le promulgue et même veille à son application. Le synode diocésain recèle ainsi un lien essentiel avec l’épiscopat.

Le synode diocésain représente la mise en œuvre du principe de collégialité à l’intérieur de l’Eglise locale. Cependant ce n’est pas ici la collégialité épiscopale comme telle qui est organisée, puisque en principe il ne se trouve qu’un seul évêque pour y participer ; il s’agit au contraire de la collégialité organisée par l’évêque lui-même.

Bénéficiaire passif (au moins quant à l’appel) de la collégialité dans les synodes universels ou régionaux, donc supra-diocésains, l’évêque à son tour façonne activement la collégialité dans son Eglise particulière. Il « édifie » au sens propre, il construit son Eglise locale, selon le modèle transcendant qui lui est fourni par l’Eglise universelle. Il recrée hic et nunc l’Eglise de Jésus-Christ.

Le diocèse, ou éparchie, se trouve être la plus petite unité intégrale, autrement dit complète, ou parfaite, de l’Eglise apostolique. Il renferme en son sein les trois degrés de la hiérarchie ecclésiastique : épiscopat, presbytérat et diaconat ; chez lui sont célébrés sans exception tous les sacrements institués par Jésus-Christ. Il détient la totalité de la révélation transmise par les apôtres. Il ne manquerait guère à l’Eglise locale que le charisme de l’infaillibilité, puisque aussi bien elle peut errer dans la foi, et le critère de la catholicité puisque elle n’est qu’un Eglise individuelle parmi tant d’autres. Et cependant si !  Elle détient aussi l’infaillibilité et la catholicité, si elle reste fermement amarrée au successeur de Pierre et à l’ensemble des autres évêques.

Evoquons ces mosaïques émouvantes qu’on a retrouvées dans le sol de l’Algérie, et qui ornaient autrefois le fronton des temples chrétiens : ECCLESIA CATHOLICA. Oui, c’était bien là l’Eglise catholique, à la fois visible et invisible ; à la fois maison de pierre et Maison communautaire ; bâtiment fait de main d’homme d’une part, Corps mystique du Christ d’autre part.

Le synode diocésain n’est qu’une assemblée consultative auprès de l’évêque résidentiel. Les simples prêtres n’y siègent qu’en second rang, par rapport à leur pasteur légitime. Ils symbolisent alors, ces prêtres, le collège apostolique entourant Jésus-Christ. Certes le synode diocésain imite et reproduit le synode épiscopal, général ou régional. Mais c’est à un degré moindre, le degré qui distingue, précisément, l’ordre épiscopal de l’ordre presbytéral. Le synode diocésain n’en repose pas moins sur un principe de droit divin. En effet : il est implicitement prévu dans la constitution divine de l’Eglise que l’ordre des prêtres assiste et conseille l’évêque local, avec lequel il doit toujours agir de concert.

A l’origine, et dans sa définition même, le synode diocésain ne regroupait guère autour de l’évêque que le clergé. En somme, il était le rassemblement physique du presbyterium, aux fins de délibération, autour de son chef. Aujourd’hui, surtout depuis Vatican II, sont admis à délibérer les délégués des laïcs, ou peut-être même le peuple fidèle dans sa totalité. On devrait alors parler d’ « assemblée générale du diocèse », plutôt que de « synode ». C’est alors la collégialité totale de l’Eglise en tant que peuple de Dieu qui est mise en branle.

L’évêque convoque le synode et promulgue ses actes, qui n’ont de valeur exécutoire qu’avec son accord. Encore ces actes mêmes doivent-ils être conformes au droit universel de l’Eglise. L’assemblée délibérante n’a, en principe, compétence que pour les affaires internes de l’Eglise locale concernée. La synodalité, ou collégialité, diocésaine reste subsidiaire en regard de la collégialité épiscopale. Elle n’en revêt pas moins une importance considérable. Car c’est dans leur Eglise locale que les prêtres d’abord, et plus largement tous les chrétiens, sont appelés à se rassembler de la manière la plus concrète, et peut-être la plus efficace en terme d’apostolat.                  

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