Philippe a pu bénéficier du témoignage direct de Pierre
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Dans la cinquième partie de son évangile (cf. Mt 13,53 --- 18,35), si manifestement centrée sur l’Eglise avec ce qu’on appelle le « discours ecclésiastique » (cf. Mt 18) et sur la personne de l’apôtre Pierre (cf. Mt 14,22-33; 16,13-20 ; 16,21-23 ; 17,1-8 ; 17,24-27 ; 18,1-4 [par antinomie] ; 18,21-22), Matthieu ajoutait au récit parallèle de Marc des précisions importantes, omises par les autres évangélistes, sur le rôle futur de Pierre dans l’Eglise.
Matthieu grec, ou déjà araméen, savait que Jésus avait répondu à la profession de foi de Pierre en lui promettant les clefs du Royaume des cieux (cf. Mt 16,17-19), c’est-à-dire en fait le poste de majordome, ou d’intendant, dans le Royaume de Dieu.
Les paroles, rapportées de Jésus, subodorent l’araméen primitif, car le jeu de mots : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise » n’est parfait qu’en araméen (et en français !).
Le Christ, dans ce passage de Matthieu, donnait à Pierre son nom sémite complet : « Simon, fils de Jonas ». Le mot grec « Hadès » traduisait le « Shéol » hébreu. De même « Eglise » traduisait l’hébreu « Kahal », la communauté israélite primitive, celle de l’Exode (19,10-25). Mais Jésus avait soin de préciser : « mon » Eglise, « ma » Kahal.
Matthieu est le seul, nous l’avons dit, à raconter l’anecdote de la redevance du Temple acquittée miraculeusement par Jésus et Pierre (cf. Mt 17,24-27).
Ces renseignements, ajoutés par Matthieu grec (Philippe) à la tradition marcienne, proviennent à n’en pas douter de Matthieu araméen, c’est-à-dire de Matthieu apôtre. On pourrait discuter s’il s’agissait d’une tradition écrite ou orale.
Mais cette tradition orale pourrait venir aussi bien du témoignage direct de Pierre, car les contacts entre l’apôtre Pierre et le diacre Philippe furent fréquents et même notoires. (Cf. Ac 6,1-6 ; 8,14-25 ; 10). Il ne ferait aucun doute (même si Philippe n’était pas l’auteur réel du premier évangile) que la première partie des Actes ne fût due pour une grande part aux souvenirs circonstanciés de Philippe et à sa longue déposition auprès de leur auteur, Luc, précisément à Césarée maritime. Pour notre part, nous attribuons au diacre Philippe les passages suivants des Actes : 6 --- 8 ; 9,31 --- 11,18 ; 12,20-23, où lui-même était présent. Mais il a pu renseigner Luc, aussi, de seconde main, pour d’autres épisodes.