Note 72
Le premier concile de
Nicée
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Le premier concile œcuménique
se tint à Nicée,
(en turc İznik), Turquie actuelle, en 325. Il eut pour objectif
principal de définir l'orthodoxie de la foi suite à la controverse soulevée par
Arius, prêtre
alexandrin, sur la nature véritable de Jésus-Christ.
Le premier concile de Nicée est considéré comme le premier concile œcuménique, même s'il ne fut pas le premier de tous les conciles. Cela signifie qu'il réunissait en principe toutes les Églises, tout l'œcumène (du grec οικουμένη, univers). Les précédents conciles réunissaient en effet un nombre bien plus restreint d'évêques, ne provenant pas de tout l'univers connu : par exemple le concile de Rome en 313, ou le Concile d'Arles en 314. C'étaient des conciles régionaux.
Le premier concile de Nicée, réuni par l'empereur Constantin, fut le premier concile général depuis la paix de l'Église, accordée par lui en l'an 313.
L'empereur romain Constantin Ier convoqua lui-même le concile. Il venait en effet de réunir l'Empire romain après avoir vaincu Licinius à Andrinople, le 3 juillet 324. S'étant rendu en Orient, il constatait très vite le grand nombre de dissensions qui divisaient le christianisme. Afin de rétablir la paix religieuse et de reconstruire l'unité de l'Église, et sans aucun doute aussi d'achever la pacification de l'empire, il décidait de réunir ce concile. Celui-ci rassemblerait des représentants de presque toutes les Églises chrétiennes, peu après la fin des persécutions. Certains évêques participants portaient encore les traces des sévices infligés pendant ces persécutions.
L'empereur Constantin, bien qu'il ne fût pas baptisé, prit part lui-même au concile qui était proche de sa résidence de 1Nicomédie. Le nombre des évêques qui participèrent au concile varie selon les sources. Eusèbe de Césarée parle de plus de 250 présents. Saint Athanase, qui était présent au concile, donne le chiffre de 300. A partir de saint Hilaire de Poitiers, il fut admis traditionnellement que le nombre des Pères du concile fut de 318.
Le concile débuta par une séance d'apparat le 20 mai 325, en présence de l'empereur. 2
On s'occupa d'abord de l'affaire d'Arius, qui était présent selon l'ordre de Constantin. Vingt-deux évêques soutenaient son parti. Mais la grande majorité fut d'accord pour le condamner. On eut quelque peine à s'entendre pour la rédaction de la formule. Finalement on rédigea une profession de foi, complétée d'un anathème, dans laquelle le Fils de Dieu, Jésus-Christ, était déclaré consubstantiel (ὁμοούσιος, homoousios) au Père, et par conséquent Dieu lui-même. Seul Arius, et deux évêques d'Égypte, refusèrent de souscrire la profession de foi. Ils furent immédiatement exilés en 3Illyrie par l'empereur.
On s'occupa ensuite du schisme mélétien. Mélèce, un évêque de Haute-Égypte, s'était révolté contre l'évêque d'Alexandrie et procédait à des ordinations illégales. On accepta de réintégrer ce clergé au sein de l'Église à la condition que ses membres fussent réordonnés d'une manière régulière.
Le concile décida que la fête de Pâques serait désormais célébrée à la même date dans toute l'Église. Les Orientaux, qui jusqu'alors empruntaient aux Juifs leur manière de calculer, acceptèrent de se ranger à l'usage d'Alexandrie et de Rome. La fête fut fixée au dimanche qui suit la première pleine lune après l'équinoxe de printemps, lui-même fixé au 21 mars.
Le concile acheva son œuvre en promulguant vingt canons d'ordre disciplinaire. On décida en particulier (canon 4) que trois évêques, au moins, devraient être présents à l'avenir pour la consécration d'un évêque. Les Pères de Nicée ordonnèrent qu'un clerc, déposé ou excommunié par un évêque, ne devrait pas être réintégré par un autre. Toutefois les sentences de déposition, ou d'excommunication, pourraient être rapportées par le synode de la province (canon 5). Le concile confirmait l'autorité de l'évêque d'Alexandrie sur l'Égypte, la Libye et la Pentapole (canon 6).
Les évêques se séparèrent après un mois de session, environ.
Pour clôturer les débats, l'empereur convia les Pères à un grand festin qui fut
pour eux comme un émerveillement.
La confession de foi qui était adoptée lors du concile de Nicée professait : 4
« Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, Créateur de toutes choses, visibles et invisibles ; et en un seul Seigneur, Jésus-Christ, le Fils de Dieu, engendré monogène du Père, c'est-à-dire de l'essence du Père, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu ; engendré et non pas fait, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait, ce qui est au ciel et ce qui est sur la terre ; qui, pour nous hommes et pour notre salut, est descendu, s'est incarné, s'est fait homme, a souffert, est ressuscité le troisième jour, est monté aux cieux, et viendra juger les vivants et les morts ; et au Saint-Esprit. »
« Quant à ceux qui disent : Il fut un temps où il n'était pas ; et : Avant d'être engendré, il n'était pas ; et : Il a été fait de ce qui n'était pas ou d'une autre hypostase ou ousie ; ou : Le Fils de Dieu est créé, changeable, mutable, ceux-là l'Église catholique les anathématise. »
Cette confession sera complétée au concile de Constantinople en 381, pour devenir le « Symbole de Nicée-Constantinople » ou « Credo ».
Le principe de la confession de foi est simple : pour être chrétien, il suffit d'adhérer à la confession de foi chrétienne.
Les vingt canons édictés par le premier concile de Nicée. 5
Plusieurs canons regardent le clergé. (Canon 1) : Le concile interdit de conférer les ordres aux eunuques volontaires. (Canon 2) : Il défend d'admettre les néophytes à la cléricature. (Canon 3) : Il règle qu'aucun clerc ne doit avoir une femme dans sa demeure, à l'exception de sa mère, de sa sœur, de sa tante ou de quelque personne au-dessus de tout soupçon.
(Canon 4) : Les évêques, déclare le concile, devront être ordonnés par leurs collègues de la province : si tous ne peuvent être présents, il faut du moins que trois évêques prennent part à la cérémonie, que les autres donnent leur consentement par écrit et que le métropolitain confirme l'élection.
(Canon 5) : Certains évêques refusaient de tenir compte des sentences de déposition ou d'excommunication prononcées par un de leurs collègues : les Pères de Nicée ordonnent que celui qui a été chassé par l'un ne soit pas reçu par les autres. Toutefois, ajoutent-ils, comme l'évêque qui a excommunié peut l'avoir fait pour de mauvaises raisons, il y aura chaque année, au printemps et à l'automne, deux conciles de tous les évêques de la province, et ces conciles pourront réviser les sentences.
(Canon 6) : De temps immémoriaux, les Églises de Rome, d'Alexandrie, d'Antioche, jouissaient de prérogatives spéciales : ces vieux usages seront maintenus en vigueur, et le concile de Nicée confirme l'autorité de l'évêque d'Alexandrie sur l'Égypte, la Libye et la Pentapole.
(Canon 7) : La situation de l'évêque d'Aelia (Jérusalem) était assez particulière, car il jouissait d'honneurs traditionnels, sans être métropolitain : le concile déclare que ces honneurs lui seront maintenus, pourvu que soit sauve la dignité du métropolitain de Césarée maritime.
(Canon 8) : Avec les Novatiens (dits cathares), le concile se montra très accommodant. Il décida qu'ils seraient admis à la communion, à condition de reconnaître par écrit les dogmes de l'Église catholique et de frayer avec les "bigames", c'est-à-dire avec les personnes remariées en secondes noces, et avec les faillis des dernières persécutions. Il déclara que leurs ordinations seraient tenues pour valides et que leurs évêques pourraient être autorisés par leurs collègues catholiques à recevoir les honneurs de leur titre ou à être rangés parmi les chorévèques.
(Canons 9 et 10) : Le concile prive du sacerdoce ceux qui se sont rendus coupables de quelque crime avant leur ordination ou qui ont apostasié au temps de la persécution.
(Canons 11 à 14) : La persécution de Licinius était encore trop récente pour n'avoir pas laissé des traces, et divers problèmes étaient posés par diverses catégories de faillis : les uns avaient apostasié sans y être contraints et même sans avoir été exposés à aucun danger ; d'autres, après avoir généreusement renoncé à leurs emplois, avaient consenti à les reprendre ou même les avaient réclamés, au prix d'une apostasie ; d'autres enfin avaient seulement failli. Le concile se préoccupe de toutes ces situations, et, d'une manière générale, les tendances indulgentes prévalurent : les décisions de Nicée marquent un adoucissement de l'ancienne discipline relative aux faillis, qu'on appelait les lapsi.
(Canons 15 et 16) : Il arrivait parfois que des évêques, des prêtres ou des diacres, quittassent l'Église pour laquelle ils avaient été ordonnés et acceptassent de passer dans une autre, contrairement aux anciens usages. Le concile interdit les translations et déclare nulle toute ordination faite par un autre que le propre évêque du clerc.
(Canon 17) : Le concile dépose les clercs coupables d'usure.
(Canon 18) : Le concile interdit aux diacres de s'asseoir parmi les prêtres et de leur distribuer l'Eucharistie.
(Canon 19) : A l'égard des Pauliniens, les partisans de Paul de Samosate, on fit preuve de la même bienveillance qu'à l'égard des Novatiens. Il avait été décidé naguère que ceux d'entre eux qui voudraient revenir à l'orthodoxie fussent rebaptisés. Le concile de Nicée ne revint pas sur cette règle, mais il admit que les clercs pauliniens, une fois dûment baptisés, pourraient être ordonnés sans délai et exercer leur fonction dans l'Église catholique ; la même mesure fut prise à l'égard des diaconesses. C'était là une concession tout à fait exceptionnelle. Elle ne dut s'appliquer d'ailleurs qu'à un petit nombre de personnes.
Canon 20) : Le concile décidait qu'il ne fallait pas plier le genou, pour prier, le dimanche et au temps de la Pentecôte.
Icône dite de la Trinité de saint
André l'Iconographe. Il s'agit des trois anges apparus à Abraham aux chênes
de Mambré (Gn 18), qu'André Roublev interprète comme une figure du mystère de
la Trinité invisible.
Une controverse survenue à la suite de ce concile est restée célèbre, dans l'expression « ne pas varier d'un iota ». Les Nicéens, selon le concile, soutenaient la thèse que le Fils était « de même substance » (en grec ancien, 6ὁμοούσιος, homoousios) que le Père, tandis que les semi-ariens, qui furent excommuniés par la suite, soutenaient celle que le Fils était « de substance semblable » (ὁμοιουσιος, homoiousios) au Père. Les deux termes ne se distinguaient en effet que par un iota.