Note 7

Philippe a connu personnellement l’apôtre Matthieu.

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Philippe avait connu personnellement l’apôtre Matthieu. C’est de lui qu’il avait reçu, comme des onze autres, le charisme du diaconat, et le mandat de la prédication évangélique. (Cf. Ac 6,6 ; 8,1. 14). C’était l’apôtre Matthieu qui, partant pour l’étranger (Rufin nous dit l’Ethiopie : cf. H.E. III, 1,1, traduction latine de Rufin), lui aurait remis son « évangile araméen », en fait les « logia », ou discours du Seigneur, avec la charge de le traduire et publier.

Le premier évangile nous transmet des renseignements précieux et originaux sur le douanier Matthieu, devenu l’un des Douze. Alors que Marc, suivi par Luc, nous raconte l’appel d’un certain Lévi, fils d’Alphée,  et le repas qu’il offrit à Jésus, en compagnie de ses congénères, pour fêter l’événement (cf. Mc 2,13-17 et Lc 5,27-32), puis la discussion qui s’ensuivit au sujet des disciples de Jean, (cf. Mc 2,18-22 et Lc 5,33-39), Matthieu grec (Philippe) nous apprenait dans le  récit parallèle qu’il s’agissait de Matthieu lui-même : « Son nom était Matthieu » (Mt 9,9), l’un des Douze (Cf. Mc 3,18).

Donnant la liste des apôtres, Matthieu grec mentionnerait que Matthieu était publicain (cf. Mt 10,3).

Ce serait le premier évangile seul qui nous parlerait de la redevance du Temple acquittée par Jésus et Pierre (cf. Mt 17,24-27). On peut voir là une notation propre au collecteur d’impôt qu’était Matthieu. Il donnerait à la monnaie de l’impôt son nom technique de « didrachme ». En véritable spécialiste des finances, il nous apprendrait même qu’un statère valait deux didrachmes (soit encore un tétradrachme) pour payer l’impôt susdit et qu’il suffirait donc pour deux personnes. (Cf. Mt 17,27).

Saint Matthieu, apôtre et scribe du Christ, se trouverait parfaitement défini à la fin de la IVe partie de notre 1er évangile, à la fin du « discours parabolique » : « ...scribe devenu disciple du Royaume des Cieux ... semblable à un propriétaire qui tire de son trésor  du neuf et du vieux. » (Mt 13,52). Certains exégètes ont cru trouver là une signature discrète de l’évangéliste primitif (Bible de Jérusalem, note au verset précité).

Le premier évangile nous rapporterait des paraboles remarquables, propres à lui, qui mettraient en œuvre l’argent : parabole du débiteur impitoyable, qui nous parlerait de 10.000 talents, somme colossale, et de cent deniers (cf. Mt 18,23-35) ; parabole des talents (cf. Mt 25,14-30), alors que Luc évoquerait des mines (cf. Lc 19,11-27).

Ce serait le premier évangile qui, dans la prière du Notre Père, évoquerait la remise des dettes et les débiteurs (cf. Mt 6,12), tandis que Luc ne mentionnerait que la remise des péchés et le devoir de remettre à quiconque nous doit (cf. Lc 11,4).

Ce serait le premier évangile seul qui donnerait le prix de la trahison de Judas : « Trente pièces d’argent » (Mt 26,15), c’est-à-dire trente sicles (et non trente deniers, comme on le dit souvent), la valeur d’un esclave (cf. Ex 21,32), tandis que Marc (cf. Mc 14,11) et Luc (cf. Lc 22,5) ne feraient état que d’une certaine somme d’argent. Matthieu, seul, nous préciserait que Judas aurait rapporté cette somme : « les trente pièces d’argent aux grands prêtres et aux anciens » (Mt 27,3) puis les auraient jetées, saisi de désespoir, non dans le tronc mais dans le sanctuaire même du Temple (Cf. Mt 27,5).

De même, dans le récit de la Résurrection du Seigneur, Matthieu grec serait seul à nous dire que les grands prêtres et les anciens « donnèrent aux soldats une forte somme d’argent, avec cette consigne : ‘Vous direz ceci : ses disciples sont venues de nuit et l’ont dérobé pendant que nous dormions’. » (Mt 28,12-13).

Philippe, héritier direct de Matthieu et dépositaire de son témoignage, aurait voulu placer sous le patronage de Matthieu seul le premier évangile tout entier. D’où le titre donné à l’ouvrage. Il ne se serait considéré lui-même que comme l’éditeur, ou encore l’interprète en grec des paroles notées par Matthieu. Souvenons-nous des mots du vieux Papias : « ...et chacun les traduisit comme il en était capable. » (H.E. III, 39, 17).

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