Note 39

Les Hymnes trouvés à Qoumrân

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Les Hymnes trouvés à Qoumrân, A à Z, et A’ à F’, (selon la numérotation de la Bibliothèque de la Pléiade, Ecrits Intertestamentaires, 1987), ne pouvaient pas avoir pour auteur le Maître de justice, puisqu’ils évoquaient sa mort et sa survie dans l’au-delà.

Mais ils pouvaient fort bien avoir été écrits en son nom, et placés dans sa bouche, par fiction littéraire, ou prosopopée.

Ils exprimaient parfaitement les sentiments qu’avaient pu éprouver, sur cette terre et dans la « hauteur éternelle » ! (Hymne F, III, 19), Onias III, le grand prêtre déposé (en - 175) puis assassiné (en - 170).

Hymne B. Le Maître de justice en butte à l’hostilité des impies et signe de contradiction

Ce titre de l’hymne B est imaginé par le commentateur et traducteur, André Dupont-Sommer.

« Et tu [le locuteur, censé être le Maître de justice, s’adressait à Dieu, dans une prière plaintive, mais confiante] as fait de moi un objet de honte et de moquerie pour les traîtres [Jason, Ménélas, les grands prêtres usurpateurs, avec la complicité du pouvoir séleucide],

mais le fondement de vérité et d’intelligence pour ceux dont la voie est droite [les  Hasidim, ou pieux, et leurs héritiers, les esséniens]. » (Hymne B, II, 9-10).

« Et tous les hommes de tromperie [les philhellènes] grondaient contre moi

comme le bruit du grondement des grandes eaux ;

et les ruses de Bélial [les machinations de Jason, puis de Ménélas, pour obtenir le souverain pontificat] étaient toutes leurs pensées,

et ils ont renversé vers la Fosse la vie de l’homme |assassinat d’Onias III, en -170]

par la bouche duquel tu as fondé la doctrine {de vérité]

et dans le cœur duquel tu as placé l’intelligence [des mystères divins] pour qu’il ouvrît la source de la Connaissance [de ces mystères] pour tous les intelligents [les esséniens].

Mais ils ont troqué cela pour l’incirconcision des lèvres [l’alliance avec les séleucides incirconcis]

et la langue étrangère [le grec] d’un peuple sans intelligence [les Grecs, et leurs alliés],

afin qu’ils se perdissent en leurs égarements [Ménélas finirait exécuté sur l’ordre d’un roi grec, Antiochus Eupator, à Bérée, cf. 2 M 13,1-8]. «  (Hymne B, II, 16-19). 

Hymne P. Confiance en la protection paternelle de Dieu au sein de la détresse

« Et j’ai [moi le Maître de justice, Onias III] adressé une réponse à ceux qui voulaient m’engloutir [les philhellènes]

et une réprimande à ceux qui s’acharnaient contre moi [Ménélas fut réprimandé par Onias III, alors en exil, pour avoir dérobé des objets dans le Temple ; cf. 2 M 4,33 : « Devant l’évidence du fait, Onias lui adressa des reproches, après s’être retiré dans le lieu inviolable de Daphné voisine d’Antioche. »].

Et j’ai déclaré injuste mes juges [ceux qui m’accusaient devant le pouvoir séleucide] ;

mais je déclarerai juste ton jugement [Onias III acceptait, de la part de Dieu, sa sentence de mort]. Car je connais ta vérité, et j’ai aimé mon jugement,

et dans les coups qui me frappaient [ceux d’Andronique, lieutenant d’Antiochus Epiphane, soudoyé par Ménélas ; cf. 2 M 4,34-35] je me suis complu [acceptant la volonté de Dieu]. » (Hymne P, IX, 8-10).

« Car nul n’est juste en ton jugement,

ni innocent en ton procès.

L’être humain issu de l’être humain peut-il être juste ? » (Hymne P, IX, 14-15).

Bien que grand prêtre, bien que martyr, bien que Maître de justice, Onias III se reconnaissait coupable devant Dieu.

« Car toi, ô mon Dieu, au moment du Jugement [à la parousie],

tu plaideras ma cause [Dieu même se fera avocat, contre les accusateurs d’Onias III].

 Car dans le Mystère de ta sagesse tu m’as châtié [persécutions subies par le Maître de justice] ;

et tu as caché la vérité pour le temps du Jugement,

mais tu la révéleras à ce moment-là [l’innocence d’Onias III se manifestera lors du Jugement dernier].

Et mon châtiment [ma mort] est devenu pour moi une joie et une allégresse [dans l’au-delà],

et les coups qui me frappaient une guérison éternelle et un bonheur sans fin [survie bienheureuse d’Onias III] ;

et le mépris de mes adversaires est devenu pour moi une couronne glorieuse [gloire posthume du Maître de justice]

et mon trébuchement [mon assassinat] une puissance éternelle [éternité bienheureuse du juste]. » (Hymne P, IX, 23-26).

Le Maître de justice se glorifiait de son innocence devant ses ennemis et de sa survie en esprit (cf. les apparitions d’Onias III, après sa mort : 2 M 15,12-16). Il n’en reconnaissait pas moins qu’il était un pécheur devant Dieu, et un être tiré du néant, comme on l’a vu quelques versets plus haut. (Cf. ci-dessus : Hymne P, IX, 14-15).

Sa mort ne ressemblait donc pas à celle du futur Messie.

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