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97. Usage du nom de Jésus.

Marc 9, 38-40. Luc 9, 49-50.

Jean prit la parole et lui dit : « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton Nom, quelqu’un qui ne nous suit pas, et nous avons voulu l’en empêcher, parce qu’il ne nous suivait pas, parce qu’il ne te suit pas avec nous. » Mais Jésus lui dit : « Ne l’en empêchez pas, car il n’est personne qui puisse faire un miracle en invoquant mon Nom et sitôt après parler mal de moi. 

« Qui n’est pas contre nous est pour nous.

« Qui n’est pas contre vous est pour vous. »

Episode 97. Commentaire.

Matthieu grec nous quitte. Nous n’avons plus en présence que Marc et Luc.

Si Jésus n’exerce plus, en Galilée, de grand ministère spectaculaire en présence des foules, s’il ne pratique plus des exorcismes éclatants, d’autres s’en chargent ! Les grands prophètes, les voyants sincères ou pas, connaissent toujours des épigones qui se chargent d’exploiter leur recette, d’imiter le Maître, pour des mobiles intéressés, ou parfois désintéressés. Jean a même vu quelqu’un qui chassait les démons au Nom de Jésus, en se servant de son Nom déjà devenu sacré comme d’un talisman. Efficace, semble-t-il. Naturellement, Jean le lui a interdit avec véhémence. Usage exclusif du Nom réservé à la maison Jésus. Label déposé, tout au moins au regard de l’état civil : tout nom appartient en effet à celui qui le porte. En disciple scrupuleux, il rend compte à son Maître de son initiative.

Contrairement à son attente il se voit réprimandé. Zèle intempestif. Le Nom du Christ appartient à tous. On ne peut l’invoquer pour une œuvre pie qu’en vertu de l’Esprit Saint. Par conséquent l’anonyme qui s’y livre ne peut aussitôt après, en vertu de ce même Esprit, parler mal de Jésus. Accomplir un miracle en invoquant le Nom de Jésus ne peut procéder que d’une grâce insigne conférée d’en haut. On doit donc laisser agir celui qui le fait. Saint Paul, encore lui, réitérera cet enseignement dans sa première aux Corinthiens : « Nul ne peut dire : ‘Jésus est Seigneur’, que sous l’action de l’Esprit Saint. » (1 Co 12, 3).

« Qui n’est pas contre nous est pour nous. » (Mc 9, 40). Cette sentence christique se trouve sous une forme inverse dans la source Q. Cf. Luc 11, 23 : « Qui n’est pas avec moi est contre moi, et qui n’amasse pas avec moi dissipe. » Et, sous cette forme inverse, on l’a déjà trouvée reproduite dans Matthieu grec, au moment de la controverse avec les scribes (notre épisode 55), exactement dans les mêmes termes (cf. Mt 12, 30). Quelle que soit la formule originale, et très probablement les deux le sont, voilà encore un ipsimmum verbum typique. Une parole authentique de Jésus.

Il ne faut pas voir de contradiction entre les deux apophtegmes. Mais plutôt complémentarité. Celui qui agit comme le Christ, sans se déclarer contre lui, est forcément de ses disciples, consciemment ou non. Celui qui agit au nom d’un autre que le Christ doit être présumé contre lui. On ne peut servir deux maîtres.

Luc lui-même reproduit les deux formules, une fois à l’endroit, en parallèle avec Marc, en la transformant quelque peu (cf.  Lc 9, 50 : « Qui n’est pas contre vous est pour vous. »), et l’autre fois à l’envers dans sa grande insertion (cf. Lc 11, 23 déjà cité).

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