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Et il leur disait : « Prenez donc garde à ce que vous entendez ! à la manière dont vous écoutez ! De la mesure dont vous mesurez, on mesurera pour vous et on vous donnera encore plus. Car à celui qui a l’on donnera, et à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il a, même ce qu’il croit avoir. » |
Marc et Luc sont toujours parallèles. On plutôt Luc cite Marc, tout en l’abrégeant. On lit ici plusieurs proverbes qu’on retrouve parsemés en divers points de la trame évangélique. Ce qui prouve leur appartenance aussi bien à Marc qu’à la source Q. Ils nous sont donc parvenus par différents canaux de la tradition.
Les passages parallèles sont faciles à repérer, par les références érudites placées dans la marge de nos Bibles, en particulier celle de Jérusalem (édition princeps dont je me sers).
« Prenez garde à ce que vous entendez ! » (Mc 4, 24) se retrouve à peine modifié dans le passage parallèle de Luc (8, 18). Il appartient à la source Marc = Simon-Pierre.
« De la mesure dont vous mesurez, on mesurera aussi pour vous, et on vous donnera encore plus » (Mc 4, 24c) se lit aussi, sous une forme un peu différente, dans Matthieu (7, 2), c’est-à-dire dans le Sermon sur la montagne, c’est-à-dire dans la source Q = Matthieu araméen. Mais sous une forme presque identique dans le Sermon sur la montagne de Luc (6, 38), c’est-à-dire aussi dans la source Q = Matthieu araméen.
« Car à celui qui a l’on donnera, et à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il a » (Mc 4, 25) se retrouve dans Matthieu grec (13, 12), dans la parabole du semeur (dans le même discours parabolique). Il l’a transposé, probablement, de Marc. Et se lit dans le passage parallèle de Luc (8, 18). De nouveau : source Marc = Simon-Pierre.
C’est la phrase centrale ci-dessus : « De la mesure dont vous mesurez... » qui appartient aussi bien à Marc qu’à la source Q.
La mesure dont il est question ici, c’est le mètre. Il n’existait pas encore d’étalon déposé au pavillon de Breteuil. Chacun pouvait agrandir, ou raccourcir, sa mesure selon sa fantaisie ou son avarice. L’inconvénient prévisible, c’est qu’au jour du jugement, on se servira aussi du mètre dont nous nous sommes servis. On ne pourra pas le récuser. On nous dira : Vous le reconnaissez ? C’est le vôtre.
Le mètre, c’est encore le mètre-cube, ou la mesure de volume. Autrement le boisseau dont il était question dans l’épisode précédent. Si nous avons versé dans le tablier du pauvre avec un grand boisseau, de même on versera dans le nôtre avec un grand boisseau.
On ne recevra que ce que l’on a donné. Et si l’on n’a rien donné du tout, on se fera enlevé même ce qu’on n’a pas donné.