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41. Discussions sur le jeûne.

(Matthieu 9, 14-17). Marc 2, 18-22. Luc 5, 33-39.

Un jour que les disciples de Jean et les Pharisiens jeûnaient, les disciples de Jean l’abordent et lui disent : « Pourquoi, alors que nous et les disciples des Pharisiens nous jeûnons, tes disciples ne jeûnent-ils, pas ? » On vient lui dire : « Pourquoi, alors que les disciples de Jean et les disciples des Pharisiens jeûnent, tes disciples ne jeûnent-ils pas ? Les disciples de Jean jeûnent fréquemment et font des prières, ceux des Pharisiens de même, et les tiens mangent et boivent ! » Jésus leur répondit : « Les compagnons de l’époux peuvent-ils mener le deuil tant que l’époux est avec eux ? Sied-il aux compagnons de l’époux, est-ce que vous pouvez faire jeûner les compagnons de l’époux pendant que l’époux est avec eux ? Tant qu’ils ont l’époux avec eux il ne leur sied pas de jeûner. Viendront des jours où l’époux leur sera enlevé ; et, quand l’époux leur aura été enlevé, alors ils jeûneront en ces jours-là. »

Il leur dit encore une parabole : « Personne ne déchire une pièce d’un vêtement neuf pour la rajouter à un vieux vêtement ; autrement on aura déchiré du neuf, et la pièce prise au neuf jurera avec le vieux ; personne ne rajoute, ne coud, une pièce de drap non foulé à un vieux vêtement, autrement le morceau rapporté tire sur le vêtement, le neuf sur le vieux, et la déchirure s’aggrave. 

« Personne non plus ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement les outres éclatent, le vin nouveau fera éclater les outres et alors il se répandra et les outres seront perdues. Le vin est perdu aussi bien que les outres. Mais à vin nouveau, outres neuves ! Le vin nouveau, il le faut mettre dans des outres neuves et le tout se conserve. 

« Et personne, après avoir bu du vin vieux, n’en veut du nouveau. On se dit en effet : C’est le vieux qui est bon. »

Episode 41. Commentaire.

 « Un jour – écrit Marc, le pilote de notre synthèse - que les disciples de Jean et les Pharisiens jeûnaient, on vient lui dire : ‘Pourquoi, alors que les disciples de Jean et les disciples des Pharisiens jeûnent, tes disciples ne jeûnent-ils pas ? » (Mc 2, 18). On observe, là, un lien rédactionnel avec l’épisode précédent, puisque les Pharisiens y intervenaient, et que, a contrario, les disciples de Jésus, certes, ce jour-là ne jeûnaient, mais faisaient plutôt bombance. Mais ce lien, purement littéraire, n’est pas circonstanciel.

Matthieu, Marc et Luc laissent tous trois à la suite du repas chez Matthieu-Lévi ces discussions sur le jeûne avec les disciples de Jean. L’épisode ne recèle aucun lien direct avec les précédents. Il se situe dans un lieu très vague, un jour très vague. On pourrait le placer presque à n’importe quel autre endroit du récit évangélique, sauf qu’il suppose, vraisemblablement, que le Précurseur, Jean, était encore de ce monde, donc, préférentiellement, avant la Pâque de l’an 32, la Pâque intermédiaire du ministère galiléen de Jésus.

On a là une preuve tangible, palpable, que les synoptiques, Matthieu grec et Luc, suivent presque aveuglément la séquence de Marc. Ils mettent l’épisode à cette place, parce qu’ils l’ont trouvé ainsi dans Marc, sans autre raison.

Nous-même nous le laissons à cette place dans la synopse et dans la synthèse, par principe, parce que nous suivons Marc a priori. Et il faut reconnaître qu’il y est très bien. Il tombe à pic.

Sauf qu’il est un peu difficile d’expliquer pourquoi, brusquement, les disciples de Jean réapparaissent, alors qu’on les avait presque oubliés. Mais c’est ainsi. Suivons donc Marc, et à travers lui la catéchèse de l’apôtre Pierre.

L’enseignement de Jésus sur le jeûne tire très bien la leçon de la journée de Bethsaïde, et du festin mémorable qui l’illustra. Un festin déjà messianique, c’est le cas de le dire, puisqu’en compagnie du Messie authentique et d’ailleurs spontanément reconnu comme tel par les joyeux convives. Les Pharisiens faisaient un peu grise mine, mais tant pis pour eux.

On a, dans cette homélie de saint Marc, un écho direct des homélies déjà savantes du Prince des apôtres. Et dans les sermons du Prince des apôtres on entendait un écho direct des sentences christiques. Ces sentences sont typiques, si j’ose m’exprimer ainsi, de la sagesse parabolique du Christ, imprégnée qu’elles sont de détails concrets. Ce sont comme des fables de la Fontaine, plus suggérées que développées, chargées d’expérience populaire, mais qui seraient pures de toute mythologie.

Sied-il aux compagnons de la noce de jeûner pendant la noce ?

Quand l’époux leur sera enlevé  - après la Passion – ce jour-là,  - aujourd’hui pour Pierre,  - ils jeûneront.

Personne n’aurait l’idée de coudre du drap non foulé sur un vieux costume.

On ne met pas du vin nouveau dans des outres usagées. Le vin fermente et ferait crever les outres.

A vin nouveau – celui du Royaume – outres neuves – c’est-à-dire des âmes prébaptismales.

Plus des proverbes, en fait, que des métaphores.

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