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Après cela, il sortit de nouveau le long de la mer et tout le peuple venait à lui et il les enseignait. Etant sorti, Jésus vit en passant, Jésus remarqua un publicain du nom de Lévi, fils d’Alphée, un homme assis au bureau de la douane. Son nom était Matthieu. Et il lui dit : « Suis-moi. » Et, quittant tout et se levant, il le suivait. |
Bethsaïde était la ville d’origine, on le rappelle, des deux frères Pierre et André, ainsi que de Philippe. (Cf. Jn 1, 44). Bethsaïde n’était pas une ville de Galilée, mais de Trachonitide, sous la juridiction du tétrarque Philippe, autre fils d’Hérode (cf. Lc 3, 1). En réalité, c’était une ville frontière sise de l’autre côté du Jourdain. Pas étonnant que Jésus aille y recruter des douaniers. Riche idée, pourrait-on dire. Il ne faisait d’ailleurs que circuler autour du lac.
Bethsaïde veut dire ‘la maison des poissons’. Le prince Philippe en avait même fait sa capitale. Il l’avait embellie et c’est là qu’il avait fixé son tombeau. Il l’avait rebaptisée Julias, en l’honneur d’une fille de l’empereur Auguste, mais ce surnom ne lui est pas resté. Jésus se promène en Trachonitide, ou Gaulanitide, aussi bien qu’en Décapole, ou en Galilée, comme il le fait en Judée. Il ne tient pas compte des frontières, qui en ce temps-là étaient perméables.
Marc nous dit positivement que Jésus se promenait le long de la mer de Tibériade. Il longeait donc la côte suivi par des foules immenses, qu’il enseignait. Au cours de son périple, de Capharnaüm à Bethsaïde, il rencontre forcément le bureau de la douane, où l’on acquittait des redevances pour le passage des marchandises, et principalement du poisson, qui était la grande ressource de ces parages. L’embouchure du petit Jourdain, dans le lac de Tibériade, était une région particulièrement poissonneuse.
Il aperçoit Lévi, fils d’Alphée, assis à son bureau de la douane et, sans plus de façon, il lui dit : « ‘Suis-moi’. Et, se levant, il le suivit. » (Mc 2, 14).
Luc, qui dépend de Marc, confirme son récit, et le nom allégué du nouveau disciple. Il précise qu’il s’agit d’un publicain.
Mais Matthieu grec, comme par hasard, dans le passage parallèle, mais décalé comme nous l’avons expliqué, donne à ce douanier le nom de Matthieu. D’où le nom d’ « Appel de Matthieu-Lévi » attribué à cet épisode. Nous avons supposé, et tout nous y invite, que c’était le même. L’appel sera suivi, dans nos trois synoptiques, du même repas offert aux publicains, et de la même discussion sur le jeûne. Ce seront nos épisodes 40 et 41.
Il paraît évident que le diacre Philippe, bien renseigné, a changé le nom de Lévi, relevé dans Marc, en celui de Matthieu : ce même Matthieu apôtre, dont il entendait alors traduire l’évangile araméen, en grec, en le complétant au passage par l’évangile de Marc. Matthieu portait donc les deux noms : Lévi et Matthieu. Dans la liste des douze apôtres, même dans Marc et dans Luc, ou dans les Actes, on ne trouve que le nom de Matthieu, d’ailleurs qualifié au passage de publicain dans le premier évangile, jamais celui de Lévi.
D’après la tradition, l’apôtre Matthieu évangélisa l’Ethiopie, après la dispersion des apôtres vers 44 de notre ère. Cette Ethiopie dont justement le diacre Philippe avait baptisé le ministre des finances, lors de son voyage à Jérusalem. (Cf. Ac 8, 26-40).