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Le matin, bien avant le jour, il se leva, sortit et se rendit dans un lieu solitaire et là il priait. Simon partit à sa poursuite avec ses compagnons. Et l’ayant trouvé, ils lui disent : « Tout le monde te cherche. » Il leur répond : « Allons ailleurs, dans les bourgs voisins, afin que j’y prêche aussi, car c’est pour cela que je suis sorti. » Les foules se mirent à sa recherche et l’ayant rejoint, elles voulaient le retenir et l’empêcher de les quitter. Mais il leur dit : « Aux autres villes aussi, je dois annoncer la bonne nouvelle du Royaume de Dieu car c’est pour cela que j’ai été envoyé. » Et il s’en alla à travers toute la Galilée, prêchant dans leurs synagogues et chassant les démons, proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et toute langueur parmi le peuple. Sa renommée gagna toute la Syrie, et on lui amena tous les malheureux atteints de maladies et de tourments divers, des démoniaques, des lunatiques, des paralytiques, et il les guérit. De grandes foules se mirent à le suivre, venues de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée et de la Transjordane. |
Matthieu grec, exceptionnellement, n’a pas déplacé cet épisode. On retrouve donc nos trois synoptiques en parallèle, et en synthèse, sans péricope mise entre parenthèse dans l’en-tête. Mais, s’il ne l’a pas déplacé, c’est qu’il l’a complètement dissocié, dans la trame de son évangile, de la journée inaugurale de Jésus à Capharnaüm (épisodes 32, 33 et 34). Il la rattache directement à l’appel des premiers disciples, au bord du lac (épisode 31).
La nuit, pour Jésus, dut être courte ! Dès le matin, de grand matin, Jésus se lève et se rend dans la campagne. Comme s’il s’échappait de l’ambiance de cette ville, et de sa propre popularité en train d’exploser.
C’est que Capharnaüm, après tous ces événements, avait tendance à se prendre pour le centre du monde. Pensez donc ! La capitale du Messie, quel honneur, quelle gloire ! Déjà toute la Galilée avait les yeux fixés sur elle. Et bientôt, bien au-delà de la Galilée, tous les pays environnants.
On poursuit Jésus, on le recherche. Pierre, qui doit avoir une idée de l’endroit où il se cache, le retrouve. « Tout le monde te cherche ! » (Mc 1, 37). Luc ajoute que les foules « voulaient le retenir et l’empêcher de les quitter. » (Lc 4, 42). Bien sûr. On le retiendrait presque de force. On l’accapare. Jésus ne leur en veut pas. C’est bien normal. Mais il leur explique posément qu’il est sorti aussi pour les autres villes ; pour toute la Judée, dit Luc. Et Matthieu nous précise que dès lors sa renommée s’étendit sur toute la Syrie (jusqu’à Damas ! jusqu’à Antioche ! alors capitale de la Syrie). La Décapole, la Judée entière avec Jérusalem, la Transjordanie même. Et les foules, venues de ces pays, accouraient vers lui.
D’où Matthieu grec, le diacre Philippe, tenait-il ces informations, qu’il n’a pas trouvées dans Marc, qu’il y a ajoutées ? C’est qu’il a procédé lui-même depuis longtemps, quand il écrit, à sa propre enquête. Il habitait la Palestine. Il était bien placé pour interroger tous les témoins encore vivants. Et il avait pendant de longues années côtoyer les apôtres eux-mêmes, en particulier Pierre, mais aussi Jean, mais aussi Jacques et les ‘frères du Seigneur’.
Cependant, Capharnaüm restait le port d’attache de Jésus, si l’on peut dire. L’épisode suivant, dû au seul Luc, mais aussi d’autres épisodes, par la suite, le montreront bien.