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34. Guérisons multiples, le même jour, le soir venu.

(Matthieu 8, 16-17). Marc 1, 32-34. Luc 4, 40-41.

Le soir venu, après le coucher du soleil, tous ceux qui avaient des malades atteints de maux divers les lui conduisirent. On lui amenait tous les malades, et beaucoup de possédés. Et la ville entière était rassemblée devant la porte. Et lui, imposant les mains à chacun d’eux, il les guérissait. Par sa parole il en chassa les esprits et il guérit beaucoup de malades, tous ceux qui étaient malades, affligés de divers maux. Et il chassa beaucoup de démons mais il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient qui il était.

D’un grand nombre aussi sortaient des démons qui criaient : « Tu es le Fils de Dieu ! » Mais d’un ton menaçant il les empêchait de parler parce qu’ils savaient qu’il était le Christ.

Ainsi devait s’accomplir l’oracle du prophète Isaïe : 

Il a pris nos infirmités et s’est chargé de nos maladies.

Episode 34. Commentaire.

Et c’est la ruée ! Et c’est l’émeute ! « Après le coucher du soleil », précise Marc (1, 32), témoin direct à travers les souvenirs de l’apôtre Pierre. La ville entière se rassemble sur la petite place, devant la porte. Sur les brancards les plus hétéroclites, on amène tous les malades, tous les infirmes, tous les aliénés, ou possédés. En ce temps-là, ils étaient nombreux ! Peut-être la moitié de la population. C’est une cohue. Et la séance durera une bonne partie de la nuit, à la lueur de l’éclairage public. Mais si ! Mais si ! On avait des torches. Les portes des maisons, donnant sur la rue, étaient éclairées. Comme un héros modeste, sortant de la maison, Jésus se prête à la foule. Lentement, il fait le tour de la place. Il impose les mains à chacun d’eux, nous dit Luc. Il les guérit tous, sans exception. Il expulse les démons qui hurlent : « C’est toi le Fils de Dieu. » Mais il leur impose silence. C’est le jour, ou la nuit, de la profusion divine. Jésus n’est pas venu d’abord pour les bien-portants, mais pour les malades et pour les infirmes.

Bien qu’un peu à contretemps (puisqu’il a déplacé l’épisode), Matthieu grec, notre diacre Philippe, commente en citant Isaïe : « Il a pris nos infirmités et s’est chargé de nos maladies. » (Mt 8, 17 ; Is 53, 4). C’est un extrait du quatrième chant du Serviteur de Yahvé, cité d’après la Septante. Philippe veut prouver aux juifs que Jésus réalise toutes les prophéties de l’Ancien Testament, celles du Serviteur souffrant, comme celles du Messie triomphant.

Nous le disions dans le commentaire de l’épisode précédent. Matthieu grec a déplacé nos deux épisodes 33 et 34 (correspondant à la péricope : Mt 8, 14-17), après le Sermon sur la montagne. Mais là, il les a laissés à la suite l’un de l’autre. Si bien qu’on peut les lire dans leur continuité, comme dans Marc et comme dans Luc. C’est typique de son procédé de composition. Et dans la suite immédiate, à partir de notre épisode 37, « Guérison d’un lépreux », il le fera pour des plages entières de versets, pour des paquets entiers d’épisodes, qui, à leur nouvelle place, pourront quand même se lire dans leur continuité. Si bien qu’en les transférant en bloc, comme nous sommes obligés de le faire dans la synopse, ils redeviendront parallèles de Marc, et aussi de Luc, qui conserve habituellement l’ordre de Marc. Et l’on pourra, alors, les fondre aisément dans la synthèse.

C’est ici le triomphe de la Théorie des deux sources. Elle seule permet d’expliquer la formation des deux évangiles de Matthieu grec et de Luc, à partir de Marc, et de donner une lecture très claire de leurs structures respectives. Le fil conducteur, c’est Marc, il n’y a pas à sortir de là. Et le Matthieu araméen, ou les Paroles du Seigneur, ou les discours du Seigneur, ou autres paraboles du Seigneur, viendra enrichir le tissu primitif de Marc, chez Matthieu grec comme chez Luc.    

P. S. Pour saisir entièrement ce que j’explique, ou tente d’expliquer, sur la synopsie des évangiles, et la synthèse qui en résulte, il faudrait être en possession de ce que j’appelle ma synopse chiffrée. C’est une synopse des quatre évangiles canoniques, composée uniquement (sous les titres numérotés des 244 épisodes, en quatre colonnes : respectivement Matthieu, Marc, Luc et Jean) des références aux péricopes concernées. Cette synopse est suivie de plans précis des quatre évangiles, avec en plus le plan septénaire de l’Apocalypse, et d’un stemma illustrant la généalogie présumée des quatre évangiles (selon l’hypothèse dite « du diacre Philippe »).

C’est pour moi un instrument de travail indispensable, que j’ai toujours sous la main. Elle ne comporte pas d’erreur : je la pratique tous les jours depuis vingt ans sans y trouver d’erreur (les principes constitutifs de son élaboration étant admis).

Je pourrais l’envoyer gratuitement à quiconque m’en ferait la demande. Encore faudrait-il que j’eusse votre adresse !

 jean.ferrand21arobasealiceadsl.fr

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