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238. Première conclusion de Jean.

Jean 20, 30-31.

Jésus a accompli en présence de ses disciples encore bien d’autres signes, qui ne sont pas relatés dans ce livre. Ceux-là l’ont été pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom.

Episode 238. Commentaire.

Première conclusion de l’évangéliste Jean. Car il y en aura une deuxième, à la fin proprement dite de son évangile (cf. Jn 21, 24-25 : notre futur épisode 240).

Le quatrième évangile a effectivement connu deux stades de rédaction. L’auteur avait prévu un plan septénaire qui est clairement exprimé dans l’Apocalypse, du même auteur, Jean l’apôtre, livre bien antérieur à la rédaction du quatrième évangile.

L’Apocalypse, écrite sous Néron, vers 66-67 de notre ère, contient une prophétie très claire du quatrième évangile. On y lit :

« Je vis ensuite un autre ange, puissant, descendre du ciel enveloppé d’une nuée, un arc-en-ciel au-dessus de la tête, le visage comme le soleil et les jambes comme des colonnes de feu. Il tenait en sa main un petit livre ouvert [le futur quatrième évangile]. Ayant posé le pied droit sur la mer et le gauche sur la terre [car il domine tous les éléments], il poussa une puissante clameur pareille au rugissement du lion [semblable à la Parole de Dieu]. Après quoi, les sept tonnerres [les sept révélations, ou sept chapitres, contenus dans le petit livre] firent retentir leur voix. Quand ils eurent parlé [après qu’ils me furent révélés], je m’apprêtais à écrire [dans l’île de Patmos où Jean était réfugié] lorsque du ciel une voix me dit : ‘Tiens secrètes les paroles des sept tonnerres et ne les écris pas’. [En effet, l’écriture du IVe évangile est prématurée ; il doit être rédigé bien plus tard, et d’abord longuement médité]. » (Ap 10, 1-4).

Nous avons placé entre crochets droits l’interprétation, patente, de la prophétie.

L’Apocalypse continue un peu plus loin (nous plaçons toujours nos commentaires entre crochets droits) :

« Puis la voix du ciel, que j’avais entendue, me parla de nouveau : ‘Va prendre le petit livre ouvert [toujours le quatrième évangile à l’état d’ébauche ; ouvert car destiné à la publication] dans la main de l’ange debout sur la terre et sur la mer’. Je m’en fus alors prier l’ange de me remettre le petit livre [de m’en confier le contenu, puis plus tard la promulgation] ; et il me dit : ‘Tiens, mange-le ; il te remplira les entrailles d’amertume, mais en ta bouche il aura la douceur du miel.’ [C’est-à-dire fais-en ta substance, médite-le longuement. Il contient à la fois l’amertume des jugements divins, mais dans ta bouche de prédicateur de l’évangile, il aura la douceur du miel]. Je pris le petit livre de la main de l’ange [il m’était désormais confié] et l’avalai [je m’en nourrissais] ; dans ma bouche [de prophète de l’évangile], il avait la douceur du miel, mais quand je l’eus mangé il remplit mes entrailles d’amertume [sa gestation sera un travail à la fois plein de douceur et d’amertume]. Alors on me dit : ‘Il te faut de nouveau prophétiser contre une foule de peuples, de nations, de langues et de rois [par ton labeur de prédicateur, par la publication de l’Apocalypse, puis plus tard du quatrième évangile]. » (Ap 10, 8-11).

La prophétie de l’Apocalypse annonçait nettement sept révélations successives, donc un plan en sept parties.

Ce plan septénaire se réalise dans l’évangile de Jean, très nettement, par les descriptions successives d’une semaine inaugurale, et de six fêtes religieuses juives. Chacune de ces parties sera illustrée par un miracle bien précis. On peut donc dresser le plan ci-dessous :

I. Semaine inaugurale : 1, 19 – 2, 12 illustrée par le miracle de l’eau changée en vin, à Cana.

II. Première Pâque à Jérusalem : 2, 13 – 4, 54 illustrée par la guérison du fils d’un fonctionnaire royal, toujours à Cana.

III. Deuxième fête à Jérusalem : 5, 1-47 illustrée par la guérison d’un infirme à la piscine de Bézatha.

IV. Pâque du pain de vie : 6, 1-71 illustrée par le miracle de la multiplication des pains, suivi par la marche de Jésus sur les eaux.

V. Fête des Tentes à Jérusalem : 7, 1 – 10, 21 illustrée par la guérison d’un aveugle-né.

VI. Fête de la Dédicace à Jérusalem : 10, 22 – 11, 54 illustrée par la résurrection de Lazare. 

VII. Dernière Pâque à Jérusalem : 11, 55 – 20, 31 illustrée par la propre Résurrection de Jésus-Christ.

Dès lors les sept tonnerres ont fait entendre leur voix. Déjà le plan septénaire du quatrième évangile est porté à son achèvement.

C’est pourquoi l’auteur peut apposer une première conclusion qui résume en quelques mots le dessein qu’il s’était proposé : tous ces signes, tous ces miracles, ont été écrits afin que vous croyiez à la révélation de Jésus-Christ, Fils de Dieu.

Certes, on pourrait raconter encore bien d’autres miracles, bien d’autres faits merveilleux (par exemple ceux allégués par les trois autres évangélistes, mes prédécesseurs), mais ces sept-là seront déjà amplement suffisants pour que vous adhériez en toute connaissance de cause à la révélation de Jésus-Christ.

Avant publication, le quatrième évangile connaîtra une nouvelle étape d’élaboration. Un prologue, haut condensé de théologie, pourrait-on dire (la théologie johannique !), sera ajouté. Puis un dernier chapitre (le chapitre 21 dans nos bibles), un appendice, toujours rédigé de la main de Jean, car il a exactement son style très typique, servira surtout à faire connaître le mandat confié par le Christ à l’apôtre Pierre, le mandat pétrinien. Cet appendice sera illustré, comme les autres parties, par le récit d’un miracle retentissant : une pêche miraculeuse dans les eaux du lac de Tibériade.  

Le Prologue comme l’Appendice ont été écrits par l’auteur lui-même, avant toute publication. En effet, ils font sans aucun doute partie intégrante de l’archétype de l’évangile : ils ne manquent dans aucun manuscrit significatif, au même titre que les autres chapitres. (Le cas de la péricope de la femme adultère - Jn 7, 53 – 8, 11 -  est tout-à-fait différent, on l’a vu en son temps : notre épisode 100).

Ces deux adjonctions (Prologue et Appendice) auront pour nous un inconvénient : elles camoufleront quelque peu le plan septénaire primitif mis en œuvre soigneusement par l’auteur, puisque nous aboutissons désormais, si l’on veut, à un plan plus complet en neuf parties.

Mais le récit d’une pêche miraculeuse dans le lac de Tibériade, après la Résurrection, aura pour nous l’immense avantage de confirmer l’existence d’apparitions du Christ en Galilée, car, seul des trois synoptiques, Matthieu grec en mentionne une : notre futur épisode 243.

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