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211. Premiers outrages (d’après Matthieu et Marc).

Matthieu 26, 67-68. Marc 14, 65.

Puis quelques-uns se mirent à lui cracher dessus, à lui couvrir d’un voile le visage et à le gifler.

Alors ils lui crachèrent au visage et le giflèrent ; d’autres lui donnèrent des coups en disant : « Fais le prophète, Christ, dis-nous qui t’a frappé. » Et les valets le rouèrent de coups.

Episode 211. Commentaire.

Luc a placé les premiers outrages infligés à Jésus après les reniements de Pierre. Nous les y laissons (notre épisode 213). Nous reproduisons d’abord ici, avant les reniements de Pierre, les premiers outrages tels que racontés par Matthieu grec et Marc. Cela donne une meilleure image de la réalité, car ils ont dû se produire avant comme après, ou pendant. On tient là, une fois encore, une belle illustration de la Théorie des deux sources. Luc a déplacé librement l’incident, pour les besoins de son exposé. Mais Matthieu grec confirme qu’il était bien à cet endroit dans la narration primitive, qui est celle de Marc.

On est entre les deux comparutions de Jésus devant le Sanhédrin, celle de la nuit et celle de l’aurore. Un temps de vacation est laissé. Pierre est là, dehors, dans la cour, en train de renier son Maître à plusieurs reprises.

Jésus est détenu dans le cachot. On en profite pour le frapper, selon les mœurs du temps, sans aucun souci pour la présomption d’innocence. Un prisonnier, entre les mains de l’autorité, est de ce fait même présumé coupable. En réalité, il est à sa merci, livré à son bon ou mauvais vouloir. Jésus a voulu souffrir ces injustices de la condition humaine ordinaire.

En sa personne c’est Dieu même, le créateur, qui est maltraité par les hommes, ses créatures. Nous le maltraitons par le fait de nos injustices.

« Puis quelques-uns se mirent à lui cracher dessus, à lui couvrir d’un voile le visage et à le gifler. » (Mc 14, 65a). Matthieu dit à peu près de même. On se demande, d’après leur récit, si ce sont les sanhédrites eux-mêmes qui se sont permis ces violences primaires. Hélas, il semble bien que oui. C’était de leur part une espèce de défoulement. Ils étaient tellement frustrés d’avoir si longtemps dû capituler devant la dialectique redoutable de ce prophète vagabond, de ce thaumaturge vénéré par les foules. Ils étaient contents de l’avoir enfin sous la main pour l’humilier. Un grand homme tombé, c’est une victime de choix. 

On considère Jésus comme un prophète, comme un homme doué de charismes surnaturels, puisqu’on le met en demeure de prophétiser. Il y a comme un hommage inconscient dans tous ces outrages.

La valetaille, les argousins, ne sont pas en reste. « Et les valets le bourrèrent de coup » écrit sobrement Marc (14, 65b). Les serviteurs se font un devoir d’imiter leurs maîtres.

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