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S’étant assis face au Trésor, il regardait la foule mettre de la petite monnaie dans le Trésor. Puis, levant les yeux, il vit beaucoup de riches qui mettaient abondamment leurs offrandes dans le Trésor. Il vit aussi une veuve indigente qui y mit deux piécettes, soit un quart d’as. Alors il appela ses disciples et leur dit : « En vérité je vous le dis, vraiment je vous le dis, cette pauvre veuve a mis plus que tous ceux qui ont mis dans le Trésor. Car tous ceux-là ont mis de leur superflu dans les offrandes, mais elle, de son indigence, a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. » |
Cette fois c’est Matthieu grec qui nous fait défaut. Mais c’est au tour de Luc de devenir l’organe témoin pour nous certifier que la séquence originale résidait bien dans Marc. Luc, d’ailleurs, se contente d’abréger quelque peu le récit pittoresque de son confrère.
En contraste avec les scribes et les Pharisiens vaniteux, et même encombrés par l’argent, dont le spectacle vient de nous être donné, se présente une pauvre veuve anonyme. Elle ne fait que passer dans le champ de vision du Maître, et pourtant Jésus nous la propose en exemple.
L’endroit est précis. Nous sommes dans le parvis des femmes, face au Trésor, là même où naguère Jésus avait absous la femme adultère. C’était, rappelons-nous, au lendemain de la Fête des Tentes de l’an 32 (notre épisode 100).
Treize troncs étaient prévus pour recevoir les offrandes des fidèles, chacun destiné à une offrande particulière. Des prêtres se tenaient à la disposition des donateurs pour répondre à leurs questions et leur indiquer les troncs qui leur convenaient. Nous sommes vraisemblablement le samedi 28 mars 33, le 8 de Nisan pour les juifs. Les foules affluaient dans le Temple pour assister aux offices de ce sabbat qui précédait la Pâque. Jésus, assis face au Trésor, ne risquait pas de violer le repos prescrit. Il n’en continuait pas moins d’enseigner.
Pendant la pause, il observait le manège des nombreux fidèles qui jetaient leurs offrandes dans les orifices prévus, où l’on ne pouvait avancer la main. Beaucoup sans doute donnaient avec ostentation des sommes importantes, en monnaie du Temple, après avoir changé leur numéraire auprès des changeurs. Une pauvre veuve s’avança. Comment sait-on qu’elle était veuve ? Parce qu’elle portait l’habit de deuil. Elle jeta deux piécettes (deux leptons). Marc précise aussitôt, à l’intention de ses lecteurs romains, que cela équivalait à un quart d’as, ou quadrans, monnaie de bronze d’un poids de 3, 10 grammes. Jésus nous assure qu’elle s’est dessaisie ainsi de tout son avoir. Sa fortune, de fait, n’était pas grande.
Mais c’est l’intention qui compte. Elle a mis plus que tous ces riches, qui n’ont sacrifié que leur superflu. Elle sera montrée en exemple au monde entier, à travers les évangiles de Marc et de Luc, sans même qu’elle s’aperçût qu’on la regardait.