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Aussi Jésus ne se montrait-il plus en public parmi les Juifs. Il se retira dans la région voisine du désert, dans une ville nommée Ephraïm, et il y demeura avec ses disciples. |
Jésus ne se montrait plus en public, parmi les juifs, c’est-à-dire à Jérusalem. Il se retire à Ephraïm, dans les montagnes de Judée, à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Jérusalem. Ce village est proche du mont Qarantal qui lui-même surplombe Jéricho. C’est le désert où, selon certains, aurait vécu pendant quarante jours. C’est pourquoi Ephraïm est dit proche du désert. Ce village s’appelle aujourd’hui et Tayibeh. Il est à 869 m d’altitude. Il se trouve au bord de la dépression du Jourdain, le Ghor, à peu de distance de la ville de Jéricho qui est à mi-pente. C’est un bourg de 1.500 habitants, entièrement chrétien, le seul peut-être de la Palestine actuelle.
Jésus y demeura quelque temps avec ses disciples, probablement chez une famille amie qui l’accueillait. L’évangile ne précise pas combien de temps il y séjourna, mais il faut bien compter une semaine, au moins. On ne peut donc trop compresser le laps de temps qui s’écoula, entre la résurrection de Lazare à Béthanie, et la Pâque dernière de Jésus à Jérusalem : certainement plus d’un mois.
Une route romaine conduisait directement à Jéricho, par une descente rapide. C’est cette route que Jésus emprunta pour rejoindre le val du Jourdain, où nous le retrouvons avec les synoptiques : notre épisode 179, Reprise de la montée à Jérusalem, tout près, justement, de la ville de Jéricho.
On est obligé de faire cette supposition pour concilier l’itinéraire de Jésus, indiqué par Jean, et celui suggéré par la lecture des synoptiques. Mais cette supposition n’a rien que de naturel et de vraisemblable.
L’évangile de saint Jean termine ici sa sixième partie (cf. Jn 10, 22 – 11, 54), qu’on a intitulée : Fête de la Dédicace à Jérusalem. Dans son évangile, en effet, la résurrection de Lazare, le conseil des chefs juifs et le séjour de Jésus à Ephraïm ne font qu’un avec cette fête : ils en sont la suite logique.
Le plan septénaire de Jean, prophétisé dans l’Apocalypse (cf. Ap 10, 1-7), se structure autour d’une semaine inaugurale et de six fêtes juives, avec un thème principal pour chaque semaine ou fête, et le récit d’un miracle éclatant qui illustre le thème.
Dans cette sixième partie, nous sommes dans la fête qui précède immédiatement la dernière Pâque du Sauveur : celle de la Dédicace. Le thème principal en est : « Le Père et moi, nous sommes un » (Jn 10, 30) autrement dit la divinité du Christ, et son corollaire : « Je suis la Résurrection et la vie. » (Jn 11, 25 qu’on cite ici d’après le texte reçu). Le miracle de la résurrection de Lazare illustre ce thème, à la fois parce qu’il met en œuvre le pouvoir de résurrection du Christ, un pouvoir proprement divin, et parce qu’il préfigure sa propre Résurrection.
Durant la fête, Jésus déclarait aux juifs : « Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas ; mais si je les fais, quand bien même vous ne croiriez pas, croyez en ces œuvres. » (Jn 10, 37-38). Le miracle de la résurrection de Lazare, qui suit de peu, est précisément l’une de ces œuvres éclatantes qui prouvent sa divinité, ou tout au moins la véracité de ses paroles quand il leur parle de la part du Père. Les Juifs n’ont donc plus d’excuse de ne pas croire. Ils pourraient au moins tenir leur esprit en suspens, dans l’attente de la preuve éclatante qu’ils réclamaient. Mais non, ils se ferment a priori, et quand la preuve arrive, irrécusable, publique, vérifiable, ils n’en sont que plus déterminés à l’arrêter. C’est dans cette conjoncture qu’ils fomentent leur complot, attendant de saisir une occasion favorable.
La présence de Jésus à Jérusalem pour la fête de la Dédicace, la résurrection de Lazare et le complot des chefs juifs, forment donc une unité littéraire dans l’évangile de Jean, son sixième chapitre donc, le sixième tonnerre de l’Apocalypse. Il est tout ampli d’anticipations du septième chapitre : la dernière Pâque de nouveau à Jérusalem, avec la Passion, la Mort et la Résurrection du Christ.