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A la vue de ce qu’il avait fait, beaucoup de Juifs, venus auprès de Marie, crurent en lui. Toutefois quelques-uns d’entre eux allèrent trouver les Pharisiens et leur racontèrent ce qu’avait fait Jésus. Grands prêtres et Pharisiens réunirent alors un conseil : « Que faisons-nous ? dirent-ils ; cet homme accomplit beaucoup de signes. Si nous le laissons faire, tous croiront en lui et les Romains viendront et détruiront notre Lieu Saint et notre nation. » L’un d’entre eux, Caïphe, qui était grand prêtre cette année-là, leur dit : « Vous n’y entendez rien. Vous ne voyez pas qu’il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse pas tout entière. » Il ne dit pas cela de lui-même ; mais en qualité de grand prêtre il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation, -- et non seulement pour la nation, mais encore pour rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés. A dater de ce jour, ils furent résolus à le tuer. |
Réunion cruciale du Sanhédrin. Cruciale, c’est bien le cas de le dire, puisqu’elle aboutira à la croix du Christ. Cruciale et décisive. On est environ au début de mars 33, un mois et quelque avant la Pâque. Jean, l’évangéliste, sera renseigné sur ses délibérations par Nicodème ou Joseph d’Arimathie, membres du Sanhédrin et sympathisants de Jésus. La rumeur publique, aussi, a dû courir très vite, avertissant Jésus du danger. Ce n’était pas un procès à proprement parler, puisqu’il n’y eut pas d’auditions, mais seulement une délibération d’ordre politique, ou disciplinaire, en quelque sorte. Il n’y eut donc pas de quorum à respecter.
Le Sanhédrin, à l’époque de Jésus, était présidé par le grand prêtre en exercice, Caïphe, et nous le voyons effectivement emporter la décision de cette assemblée qu’il tenait bien en main. Mais nous savons aussi que depuis la reine Alexandra Salomé (76-67), les Pharisiens tenaient une grande place dans les institutions publiques du peuple juif. D’après saint Jean, c’est d’ailleurs à leur demande que les grands prêtres convoquèrent cette assemblée. Il est probable aussi que cette réunion informelle se tint dans le palais de Caïphe.
On sait qu’une ancienne tradition voulait que ce conseil se fût tenu sur le mont dit justement du Mauvais Conseil, au sud de Jérusalem, dans la maison de campagne du grand prêtre Caïphe.
Il est de tradition, dans la littérature rabbinique, de dire que le droit de mettre à mort a été retiré au Sanhédrin, par l’occupant romain, 40 avant la destruction du Temple, donc en 30 de notre ère. En 33, le Sanhédrin ne pouvait que déférer Jésus, sous un prétexte quelconque, à l’autorité du gouverneur. C’est bien cette procédure qui sera mise en œuvre.
Saint Jean nous dit que Caïphe, en sa qualité de grand prêtre se mit à prophétiser, sans même s’en rendre compte : « Vous ne voyez pas qu’il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse pas tout entière. » (Jn 11, 50). C’est que le grand prêtre, même dévoyé, restait le chef moral de la religion d’Israël. La Nouvelle Alliance n’était pas encore promulguée. Elle ne le sera que le jour de la Pentecôte. « C’était, affirmait Philon, à la même époque, une des prérogatives du Grand Prêtre que d’être animé de l’esprit des Prophètes, lié, pensait-on, à la possession de l’éphod sacré ; Jean Hyrcan, selon Flavius Josèphe, avait parfois prophétisé. » (Daniel-Rops, Jésus en son temps, page 435).
En aucune façon, cette réunion du Sanhédrin que nous connaissons par le quatrième évangile ne doit être confondue avec celle signalée par les synoptiques (cf. Mt 26, 3-5 ; Mc 14, 1-2 ; Lc 22, 2), qui interviendra le dimanche avant la Pâque, après l’entrée messianique de Jésus à Jérusalem. Ce sera notre épisode 200. Les circonstances, et les dates, ne sont pas les mêmes. Dans saint Jean, c’est juste après la résurrection de Lazare. Tandis que dans les synoptiques, nous sommes le jour même de l’Onction à Béthanie, où Jésus, nous le savons par saint Jean, reverra Lazare, Marthe et Marie. Un intervalle de quelques semaines sépare donc les deux réunions.
Connaissant la décision qui a été prise contre lui, Jésus se retire à Ephraïm de Judée. Il reprendra sa marche vers Jérusalem en descendant dans la vallée du Jourdain. Il continuera pendant quelques jours son ministère en Pérée, qu’il n’avait interrompu que pour aller ressusciter son ami Lazare.