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Les disciples lui disent : « Si telle est la condition de l’homme envers la femme, il n’est pas expédiant de se marier. » Et lui de répondre : « Tous ne comprennent pas ce langage, mais ceux-là seulement à qui c’est donné. Il y a, en effet, des eunuques qui sont nés ainsi du sein de leur mère, il y a des eunuques qui le sont devenus par l’action des hommes, et il y a des eunuques qui se sont eux-mêmes rendus tels en vue du Royaume des Cieux. Comprenne qui pourra ! » |
Ces versets ne se trouvent que dans Matthieu grec. La synopse ne les dissocie pas des versets précédents de Matthieu grec, dont ils forment la suite naturelle. D’une source particulière, qui n’est pas la source Q (cette péricope n’a pas d’équivalent chez Luc), mais qui pourrait être l’apôtre Pierre en personne, ou un autre témoin de la vie du Christ, Matthieu grec ajoute, dans la trame de Marc, ces propos sur la continence volontaire. La question de l’indissolubilité du mariage, traitée dans l’épisode précédent, forme comme un point d’ancrage.
Evidemment les disciples sont un peu choqués, disons même un peu déprimés, par la sévérité, l’intransigeance, des propos de Jésus sur l’indissolubilité. Si l’homme est dans une telle condition, devant Dieu, par rapport à la femme, et réciproquement d’ailleurs, mieux vaut ne pas se marier !
Et c’est ainsi qu’on débouche tout droit sur la continence volontaire en vue du Royaume, ou déjà dans le Royaume, en son esquisse qui est l’Eglise. Jésus distingue trois sortes d’eunuques : ceux qui le sont de naissance, ceux qui le deviennent par mutilation, et les eunuques volontaires qui se rendent tels, en vue du Royaume, ce qui est pour eux la condition préférable. Mais tous n’y sont pas appelés. Tous ne peuvent comprendre ce langage, qui ne concerne qu’une élite. Les laïcs ordinaires devront accepter la condition commune, et ne se marier que sous serment inviolable et réciproque de fidélité. Ce serment, saint Paul le reconnaîtra comme un véritable sacrement. « Ce sacrement est grand, je vous le dis, dans le Christ et dans l’Eglise. » (Ep 5, 32). « Sacramentum hoc magnum est, ego autem dico, in Christo et in Ecclesia. » (Vulgate).