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168. Etape en Pérée, au-delà du Jourdain.

Matthieu 19, 1b-2. Marc 10, 1. Jean 10, 40-42.

Partant de là, il s’en alla de nouveau dans la région de la Judée au-delà du Jourdain, là où Jean avait baptisé, et il y demeura.

Et de nouveau beaucoup de gens vinrent à lui. De grandes foules le suivirent. Les foules se rassemblent auprès de lui et là, selon sa coutume, il les guérit, et il se mit de nouveau à les instruire.

Ils disaient : « Jean n’a accompli aucun signe ; mais tout ce qu’il a dit de cet homme était vrai ! »

Et là beaucoup crurent en lui.

Episode 168. Commentaire.

Après une longue interruption, en fait depuis le numéro 99, nous retrouvons le parallélisme entre Matthieu grec et Marc. Bientôt aussi nous le retrouverons avec Luc, dès le numéro 171. C’est ainsi que, conformément à la Théorie des deux sources, l’évangile de Marc redevient le guide de notre synopse, le document maître sur lequel on aligne Matthieu aussi bien que Luc, et Jean lui-même.

La synopsie de Jean avec les deux synoptiques, Matthieu grec et Luc, dans cette étape en Pérée est tout à fait remarquable. Elle est décisive pour notre synopse et synthèse. Elle nous permet d’aligner la chronologie asses simple des synoptiques avec la chronologie compliquée de saint Jean, pour cette fin d’année 32 ou début d’année 33, du ministère public de Jésus.

En effet, dans les synoptiques nous n’observons qu’une seule montée à Jérusalem à partir de la Galilée, en traversant la Samarie, avec une étape en Pérée (cf. Mc 10, 1 ; Mt 19, 1) en traversant la ville de Jéricho (cf. Mt 20, 29 ; Mc 10, 46 ; Lc 18, 35). Tandis que dans saint Jean on constate, pendant le même laps de temps, au moins trois montées à Jérusalem, avant la montée dernière et décisive, ce qui fait quatre : la première pour la fête des Tentes, en octobre 32, la seconde pour la Dédicace en décembre 32, suivi d’un déplacement en Pérée (ici même) ; la troisième pour la résurrection de Lazare à Béthanie dans les environs de Jérusalem, vers février 33, suivie d’une retraite à Ephraïm dans les montagnes de Judée ; on suppose alors que Jésus est redescendu d’Ephraïm avec ses disciples dans la vallée du Jourdain, en passant par Jéricho, pour rejoindre l’itinéraire proposé par les synoptiques, puis procéder à sa montée ultime vers la Ville Sainte.

C’est donc bien là, avec cette étape en Pérée, que les deux itinéraires, celui des synoptiques et celui de Jean, se recoupent, et que nous pouvons les concilier.

Après la fête de la Dédicace, en Pérée, nous sommes donc fin décembre 32 ou début janvier 33. L’évangéliste Jean souligne que Jésus est revenu dans la région où Jean baptisait, c’est-à-dire plus précisément là où il avait inauguré son ministère, dans la basse vallée du Jourdain, aux environs de Béthabara.

Là comme en Galilée les foules accourent, et Jésus exerce en priorité sa fonction de thaumaturge, en second lieu son ministère d’enseignement. Il est venu guérir les corps et les esprits.

Le souvenir du Baptiste était resté vivace. L’on se rappelait bien de ce qu’il avait dit de Jésus. A la différence de Jésus, Jean n’avait accompli aucun miracle. Mais il avait désigné le Messie, en proclamant : « Voici l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde. » (Jn 1, 29). Il avait aussi dit en public, et pas seulement à ses disciples : « J’ai vu l’Esprit tel une colombe descendre du ciel et demeurer sur lui. Et moi, je le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’avait dit : ‘Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui baptise dans l’Esprit saint.’ Oui, j’ai vu et j’atteste que c’est lui, l’Elu de Dieu. » (Jn 1, 32-34). C’est dès ce moment que Jésus avait inauguré son ministère baptismal dans la vallée du Jourdain.

Devenu désormais célèbre, il était heureux d’accueillir, ici, les grandes foules, comme il le faisait naguère en Galilée.

Souvenons-nous que dans la basse vallée du Jourdain, le climat était tout à fait torride en été. Daniel-Rops nous l’a rappelé plusieurs fois. Pas question d’y rassembler des foules. Et Jean lui-même, à la saison chaude, se réfugiait plus haut, dans la Décapole, du côté de Scythopolis. Mais nous sommes en plein hiver. Et la liesse populaire, signalée à la fois par Matthieu grec (19, 2), Marc (10, 1) et Jean (10, 41-42), paraît d’autant plus vraisemblable. Même les Pharisiens ne font pas ici défaut, puisque on les voit, aussi bien dans Matthieu que dans Marc, interroger Jésus pour le mettre à l’épreuve dès l’épisode suivant : 169.

« Et là beaucoup crurent en lui » conclut Jean (10, 42). Le ministère de Jésus en Pérée paraît fructueux et prometteur. Le terrain avait été bien préparé par le Baptiste et son annonce du Royaume.

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