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161. Les dix lépreux. Aux confins de la Samarie et de la Galilée.

Luc 17, 11-19.

Or, comme il faisait route vers Jérusalem, il passa aux confins de la Samarie et de la Galilée. A son entrée dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Se tenant à distance, ils élevèrent la voix : « Jésus, Maître, dirent-ils, aie pitié de nous. » A cette vue, il leur dit : « Allez-vous montrer aux prêtres. » Pendant qu’ils y allaient, ils furent guéris. L’un d’entre eux, voyant qu’il avait été guéri, revint sur ses pas en glorifiant Dieu à haute voix et se jeta aux pieds de Jésus, le visage contre terre, en le remerciant. Or, c’était un Samaritain. Prenant la parole, Jésus lui dit : « Est-ce que tous les dix n’ont pas été guéris ? Les neuf autres, où sont-ils ? Il ne s’est donc trouvé pour revenir rendre gloire à Dieu que cet étranger ?» Puis il lui dit : « Relève-toi, pars ; ta foi t’a sauvé. »

Episode 161. Commentaire.

On n’en est que là ? Voilà déjà 61 épisodes que la grande insertion de Luc a commencé, dans notre synthèse. Elle va bientôt se terminer : au numéro 166. Voilà 61 numéros que nous sommes censés monter à Jérusalem, et nous n’en sommes encore qu’aux confins de la Samarie et de la Galilée ? Décidemment, nous n’allons pas vite. On voit bien que cette grande insertion est un cadre assez artificiel, dans lequel sont réunis tout un tas d’événements de la vie de Jésus, ou d’enseignements, puisés sans doute dans la source Q, et dont Luc ne connaissait, manifestement, ni la date ni le lieu, ni même souvent l’occasion.

Cette rencontre des dix lépreux, aux limites de la Samarie et de la Galilée, nous rappelle la guérison d’un lépreux, opérée en Galilée, peu après les débuts du ministère galiléen de Jésus. C’était notre épisode 37. Alors le lépreux seul s’était avancé avec audace, fendant la foule, au mépris, ou dans l’oubli, des interdits du Lévitique (13, 45-46). Et Jésus le toucha, au mépris aussi de la lettre du Lévitique qui rendait le lépreux impur. Mais Jésus, après le miracle obtenu, l’avait renvoyé chez les prêtres pour leur faire constater sa guérison, cette fois pour observer les prescriptions de la Torah (cf. Lv 14, 1-32). Jésus en profitait même pour faire authentifier sa propre mission : « pour leur servir d’attestation » (Mc 1, 44), ajoutait-il.

Ici, les lépreux sont en bande. Etant exclus de la société, ils étaient obligés de s’assembler pour survivre, et ils fréquentaient les endroits déserts, qui se trouvaient nombreux aux frontières des pays. Ici, aux confins de la Samarie et de la Galilée, ils s’étaient même regroupés sans distinction d’ethnie, entre Juifs et Samaritains. Des exclus n’allaient pas encore s’exclure les uns les autres : ils partageaient une infortune commune. Ils s’organisaient pour mendier en troupe, suppliant de loin qu’on eût pitié d’eux.

C’est ce qu’on les voit faire ici. Mais du Maître, thaumaturge réputé, ils attendaient implicitement la guérison. Jésus ne les guérit pas. Il les renvoie directement aux prêtres, considérant la guérison comme acquise, par provision. Ils partent en confiance, et ce n’est qu’en chemin qu’ils constatent qu’ils sont guéris.

Mais un seul des dix pense à revenir pour rendre grâce à Dieu, et remercier Jésus. Il le fait avec de grandes démonstrations de joie.

« Or, c’était un Samaritain » (Lc 17, 16) constate Jésus. C’est la pointe de l’anecdote, qui permet à Jésus de livrer son enseignement : « ‘Il ne s’est donc trouvé pour revenir rendre gloire à Dieu que cet étranger !’  Puis il lui dit : ‘Relève-toi, pars ; ta foi t’a sauvé’. » (Lc 17, 18-19).

C’est la foi qui est primordiale pour obtenir le salut. Elle se reconnaît par l’action de grâce. Elle est souvent plus grande chez les étrangers que chez les fils du Royaume.

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