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141. Le choix des places.

(Matthieu 23, 12). Luc 14, 7-11.

Il dit ensuite une parabole à l’adresse des invités, remarquant comment ils choisissaient les premières places ; il leur dit : « Lorsque quelqu’un t’invite à un repas de noces, ne va pas t’étendre à la première place, de peur qu’un plus digne que toi n’ait été invité par ton hôte, et que celui qui vous a invités, toi et lui, ne vienne te dire : ‘Cède-lui la place.’ Tu devrais alors, plein de confusion, aller occuper la dernière place. Au contraire, lorsque tu es invité, va te mettre à la dernière place, de façon qu’à ton arrivée celui qui t’a invité te dise : ‘Mon ami, monte plus haut.’ Alors il y aura pour toi de l’honneur à la face de tous les autres convives. Car tout homme, quiconque, s’élèvera sera abaissé, et quiconque s’abaissera sera élevé. »

Episode 141. Commentaire.

Trois enseignements de suite à propos des repas. Pour nous, trois épisodes : 141, 142 et 143. On discerne ainsi quelques suites logiques dans la grande insertion de Luc, qui proviennent sans doute de l’évangile araméen. Les épisodes ne sont, ainsi,  pas tous disparates.

On a déjà remarqué plus haut la séquence qui commençait avec la parabole de la lampe (notre épisode 119). Cinq épisodes consécutifs (sans grands liens entre eux cependant) semblaient se dérouler dans la même journée d’après les transitions littéraires : 119 : La lampe du corps, 120 : Contre les Pharisiens et les lévites, 121 : Parler ouvertement, 122 : ne pas thésauriser, 123 : S’abandonner à la Providence. Ici, nous avons affaire à une même thématique : au sujet des repas. 141 : Le choix des places. 142 : Le choix des invités. 143 : Les invités qui se dérobent. Un peu plus loin, nous aurons comme autre séquence les trois paraboles de la miséricorde, clairement annoncées (dans l’épisode 145). 146 : La brebis perdue. 147 : La drachme perdue. 148 : L’enfant prodigue. Nous rencontrerons encore dans la grande insertion une thématique consacrée à l’argent : 149, La parabole de l’intendant infidèle. 150 : l’adage sur Mammon, nul ne peut servir deux maîtres. 151 : polémique contre les Pharisiens amis de l’argent. Cependant, malgré ses regroupements remarquables qu’on peut repérer, la grande insertion dans son ensemble décèle une unité assez lâche. Les sujets traités sont disparates. Le tout est réuni dans le cadre littéraire d’une montée à Jérusalem, dont Marc avec son verset 10, 1 a fourni l’occasion. Le souci primordial de la source Q, comme de Luc qui l’a reproduite, était de ne rien laisser perdre des faits, gestes, et surtout enseignements du Maître, malgré leurs caractères épars.

Jésus est fin observatoire. Il a même l’œil critique. Il a observé que pour les repas, surtout dans le grand monde, les invités avaient tendance à choisir les premières, les meilleures places, les plus proches de l’hôte, ou de ses invités de marque. D’où découle la parabole, avec le conseil de choisir volontiers les places les plus modestes, afin de cultiver la vertu primordiale de l’humilité. C’est alors que l’hôte interviendra obligeamment, en disant : « Mon ami, monte plus haut. » (Lc 14, 10).

Cette fine parabole vient à justifier la maxime évangélique, si contraire à l’esprit du monde : « Car tout homme qui s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé. » (Lc 14, 11). Matthieu grec reprendra cette maxime dans ses grandes invectives contre les scribes et les Pharisiens (cf. Mt 23, 12), juste avant les Sept malédictions, le jour même du discours eschatologique.

Et Luc lui-même recopiera cette maxime (cf. Lc 18, 14) en conclusion de la parabole du Pharisien et du publicain : notre futur épisode 166. Elle figure ainsi deux fois dans sa grande insertion. Probablement un adage favori de Jésus.

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