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139. Apostrophe à Jérusalem.

(Matthieu 23, 37-39). Luc 13, 34-35.

« Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés, que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants à la manière dont une poule rassemble ses poussins, sa couvée, sous ses ailes..., et vous n’avez pas voulu ! Eh bien ! votre demeure va vous être laissée déserte. Oui je vous le dis en effet, désormais vous ne me verrez plus, jusqu’à ce que vienne le jour où vous direz :

 « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »

Episode 139. Commentaire.

Jérusalem ! Son nom avait été prononcé à la fin de l’épisode précédent. Jésus laissait entendre qu’il s’engageait lentement, mais inexorablement, vers la capitale du monde juif. « Il ne convient pas qu’un prophète périsse hors de Jérusalem. » (Lc 13, 33).

C’est pourquoi maintenant il se tourne vers la Ville pour lui dire son fait. Il n’entretient en effet aucune illusion sur le sort que Sion lui réserve.

« Que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants à la manière dont une poule rassemble sa couvée sous ses ailes. » (Lc 13, 34). Il est fait allusion, ici, semble-t-il, à de nombreuses visites de Jésus dans le haut pays de Judée, dont pourtant les évangiles synoptiques ne nous parlent pas. C’est bien la preuve qu’ils sont incomplets, de l’aveu même de Luc, qui a laissé subsister telle quelle cette apostrophe de Jésus.

L’évangile de saint Jean viendra opportunément, en son temps, combler quelque peu les lacunes desdits synoptiques.

« Votre demeure va vous être laissée » (Lc 13, 35) « déserte » précise Matthieu grec dans le passage parallèle (Mt 23, 38). Le Christ lui-même va disparaître, rejeté par son peuple. Et Dieu abandonnera son sanctuaire. Votre demeure vous sera ainsi laissée. Mais le peuple juif lui-même se verra contraint un jour prochain de l’abandonner. Alors votre demeure sera vraiment laissée déserte. Jésus prédit en même temps sa Passion, et d’une manière voilée, la ruine de Jérusalem.

« Vous ne me verrez plus jusqu’au jour où vous direz : ‘Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur’ » (Lc 13, 35). C’est-à-dire à la fin des temps, seulement. Alors les juifs convertis, selon la prophétie de saint Paul (cf. Rm 11, 25-32), chanteront le psaume messianique par excellence : « Béni soit au nom de Yahvé celui qui vient. » (Ps 118, 26).   

Matthieu grec a transposé presque intégralement, mot pour mot, cette péricope de la source Q juste avant son discours eschatologique, à la fin de ses apostrophes aux scribes et aux Pharisiens (notre futur épisode 196) (cf. Mt 23, 37-38). Il a seulement ajouté, on l’a vu, le mot « déserte » (Mt 23, 38).

Ces paroles prennent chez Matthieu grec une résonance d’autant plus pathétique qu’elles sont censées prononcées dans le Temple de Jérusalem, après une longue série d’enseignements. Et comme, sorti du Temple tout de suite après, il se trouvait en face, sur le mont des Oliviers, c’était encore pour proférer son discours sur la fin des temps, à l’adresse de ses disciples. Là, le sort futur de Jérusalem allait être longuement évoqué. Dans ces conditions, l’apostrophe solennelle à Jérusalem prend l’aspect d’une sorte de pivot de toute cette journée, qui précède de peu la Passion.

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