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Quelqu’un lui dit : « Seigneur, est-ce le petit nombre qui sera sauvé ? » Il leur répondit : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer et n’y parviendront pas. « Entrez par la porte étroite car large et spacieux est le chemin qui mène à la perdition, et il y en a beaucoup qui le prennent ; mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie et il en est peu qui le trouvent. » |
Une de ces perles dont nous parlions. Quelqu’un lui pose une colle : puisqu’il est le Messie, il doit savoir s’il y aura peu, ou beaucoup, d’élus. Question d’actualité, s’il en est. Continuellement présente, sous une forme ou sous une autre. Tout le monde sera sauvé, dit l’un : Dieu est bon, il ne saurait condamner personne. Personne ne sera sauvé ou presque, dit l’autre. Un pauvre sur cent, disait le Père de Montfort, et un riche sur mille. Cela laisse un tout petit peu d’espoir ! Comme souvent, Jésus ne répond pas à la question indiscrète. Il élève le débat. Je ne sais pas, pourrait-il dire en un sens. Cela dépend de vous plus que de moi.
Le salut est difficile. Malheureux ceux qui ne prennent pas résolument le chemin pour y accéder, ne serait-ce que tardivement. Ils risquent bien de manquer la porte.
« Beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer et n’y parviendront pas. » (Lc 13, 24). Le sens de cette phrase sera élucidé par la parabole suivante (celle du maître de maison, notre épisode 137). Non pas que Dieu refuse le salut à ceux qui le recherchent. Mais avertissement à ceux qui se réveilleraient trop tard de leur insouciance.
Matthieu grec a placé la parabole de la porte étroite (Mt 7, 13-14) vers la fin de son discours évangélique (autrement dit de son Sermon sur la montagne). Exactement en entrée de la septième section sur sept, que nous intitulons (judicieusement semble-t-il) : nécessité de la mise en pratique (cf. Mt 7, 13-27), avec les faux prophètes (dont les mauvais arbres ne produisent pas de bons fruits), mais avec les vrais disciples, ceux qui ne se contentent pas de dire : « Seigneur ! Seigneur ! » (Lc 7, 21), avec celui qui a construit sa maison sur le roc.
Matthieu grec a développé quelque peu la parabole. C’est lui qui précise : « Car large et spacieux est le chemin qui mène à la perdition, et il en est beaucoup qui le prennent ; mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie, et il en est peu qui le trouvent. » (Mt 7, 13-14). Si Matthieu grec complète la source Q, il ne le fait pas forcément fait de son cru. Le diacre Philippe, souvenons-nous, avait plein les oreilles de la prédication apostolique, qu’il avait entendue à Jérusalem depuis les premiers jours de l’Eglise. Il n’est pas impossible même que Philippe ait connu le Christ de son vivant. Il a pu recueillir maintes traditions de toute première main.
Ce « il en est peu qui le trouvent » (Mt 7, 14) semble répondre à la question posée dans le seul Luc : « Seigneur, est-ce le petit nombre qui sera sauvé ? » (Lc 13, 23). C’est un fait que la prédication évangélique, bien qu’offerte à tous, n’est accueillie généralement que par une minorité.