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Il leur dit encore une autre parabole : « A quoi puis-je comparer le Royaume de Dieu ? Le Royaume des Cieux est semblable à du levain qu’une femme a pris et enfoui dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que le tout ait levé. » |
Matthieu grec retiendra cette très courte parabole du levain dans son discours parabolique. C’en sera la quatrième parabole sur sept (cf. Mt 13, 33), et donc la parabole centrale d’un point de vue structurel (point de vue qui a une très grande importance dans notre premier évangile, remarquablement construit). Le discours parabolique se situe lui-même au centre de tout l’évangile : troisième discours sur cinq. Et le discours parabolique, à son tour, s’inscrit dans la quatrième partie sur sept de son évangile : Le Mystère du Royaume de Dieu : Mt 11, 1 – 13, 52. Il en résulte que la modeste parabole de la femme qui met du levain dans trois mesures de farine se retrouve au centre géographique exact de tout cet évangile. Elle en devient comme le pivot logique.
Elle le mérite. Elle résume bien à elle seule, d’un point de vue mystique, toute l’épopée évangélique. Si la femme qui pétrit du pain c’est la Vierge Marie, mère du Christ (et pourquoi ne serait-ce pas elle ?), si le levain qui fait lever la pâte n’est autre que Jésus-Christ, la Parole incarnée de Dieu, et si les trois mesures de farine sont l’humanité antérieure au Christ, contemporaine du Christ, et postérieure au Christ, c’est l’histoire entière du salut qui est ici évoquée. Le Mystère du Royaume de Dieu englobe toute l’aventure humaine.
Deux remarques complémentaires s’imposent. Dans la source Q, dans Luc, nous lisons : le Royaume de Dieu. Mais Matthieu grec, bien sûr, remplace ce syntagme par son expression favorite : le Royaume des Cieux. La synthèse ci-dessus intègre harmonieusement les deux formules, qui ne sont pas contradictoires.
Nous omettons, dans la synopse-synthèse, on l’aura constaté, la parabole du grain de sénevé (Lc 13, 18-19). C’est qu’elle se trouvait déjà dans Marc (Mc 4, 30-32). Nous l’avons traitée dans l’épisode 62, en la mettant en parallèle – puis en synthèse – avec Marc, conformément à la règle impérative de notre synopse : priorité à l’ordre de Marc. Il est vrai que là, c’était probablement abusif. Elle se trouvait en effet, selon la vraisemblance, dans les deux sources à la fois. Et dans ce cas il y eût peut-être mieux valu, dans la synopse, la laisser dans les deux endroits : une fois dans Marc, et une fois dans la grande insertion de Luc. D’ailleurs Matthieu grec l’a insérée dans son discours parabolique (cf. Mt 13, 31-32) en la reprenant manifestement de la source Q, plutôt que de Marc. Mais cela reste il est vrai conjectural. Il a plutôt combiné les deux libellés.