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Quelqu’un de la foule lui dit : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. » Il lui répondit : « Mon ami, qui m’a établi pour être votre juge ou régler vos partages ? » Puis il leur dit : « Gardez-vous avec soin de toute cupidité, car au sein même de l’abondance, la vie d’un homme n’est pas assurée de ses biens. » Il leur dit alors une parabole : « Il y avait un homme riche dont les terres avaient beaucoup rapporté. Et il se demandait en lui-même : ‘Que vais-je faire ? car je n’ai pas où loger ma récolte.’ Puis il se dit : ‘Voici ce que je vais faire : je vais abattre mes greniers, j’en construirai de plus grands, j’y serrerai tout mon blé et mes biens, et je dirai à mon âme : Mon âme, tu as quantité de biens en réserve pour de nombreuses années ; repose-toi, mange, bois, fais la fête.’ Mais Dieu lui dit : ‘Insensé, cette nuit même, on va te redemander ton âme. Et ce que tu as amassé, qui l’aura ?’ Ainsi en est-il de celui qui thésaurise pour lui-même, au lieu de s’enrichir en vue de Dieu. » |
Toujours la même foule, semble-t-il, qu’à l’épisode précédent. Un incident, dans la foule, que Luc – et la source Q – sont seuls à nous rapporter. Il n’a pas été repris par Matthieu grec. Il n’a pas de parallèle dans Marc. Un auditeur est bien plus préoccupé par l’héritage paternel, que son frère refuse de lui rendre, que par la parole de Dieu. Cela nous vaut la parabole très originale de l’homme riche.
Mais d’abord, Jésus fait à haute voix une réflexion qui a beaucoup de portée pour nous, chrétiens des âges subséquents : « Qui m’a établi pour être votre juge ou régler vos partages ? » (Lc 12, 14). Jésus, en tant que Fils de l’homme, et Messie promis, se refuse à exercer une fonction politique ou judiciaire, qui le ferait sortir de ses attributions proprement religieuses. Cela vaut pour l’Eglise du Christ, en tant que société religieuse, qui n’a pas à se substituer, normalement, à l’autorité civile de plein exercice. Jésus renvoie le solliciteur vers les pouvoirs constitués. Mais plus encore il le met en garde, explicitement, contre toute âpreté au gain.
« Cette nuit même on va te redemander ton âme. » (Lc 12, 20). L’âme, c’est ce qui anime le corps, c’est l’équivalent de la vie. Nous faisons tous l’expérience de la fragilité de la vie. Tabler même sur le lendemain, c’est une erreur, et devant Dieu c’est une présomption.