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Comme les foules se pressaient en masse, il se mit à dire : « Cette génération est une génération mauvaise. » Alors intervinrent quelques-uns des scribes et des Pharisiens, qui lui dirent : « Maître, nous désirons que tu nous fasses voir un signe. » Il leur répondit : « Génération mauvaise et adultère ! Elle réclame un signe, et de signe il ne lui sera donné que le signe du prophète Jonas. De même en effet que Jonas fut dans le ventre du monstre marin durant trois jours et trois nuits, de même le Fils de l’homme sera dans le sein de la terre durant trois jours et trois nuits. De même que Jonas devint un signe pour les Ninivites, ainsi le Fils de l’homme en sera un pour cette génération. « La reine du Midi se lèvera lors du jugement avec les hommes de cette génération et elle les condamnera, car elle vint des extrémités de la terre pour écouter la sagesse de Salomon, et il y a ici plus que Salomon ! « Les hommes de Ninive se dresseront lors du Jugement avec cette génération et ils la condamneront, car ils firent pénitence à la proclamation de Jonas, et il y a ici plus que Jonas ! » |
Déjà dans saint Marc (cf. 8, 11-13 : ce fut notre épisode 85), à Dalmanoutha (nous avions supposé que cela correspondait à Magdala) nous entendions les Pharisiens discuter avec Jésus, et demander un signe venant du ciel pour le mettre à l’épreuve. Mais il n’était pas question alors, dans saint Marc, du signe de Jonas. Nous avons considéré que c’étaient deux événements indépendants, et nous avons laissé l’un dans saint Marc, et l’autre ici, dans la grande insertion de Luc. L’incident, en effet, a pu se répéter.
Matthieu grec, lui, a parlé deux fois du signe de Jonas, une première fois (cf. Mt 12, 38-42) indépendamment de Marc, péricope supposée tirée de la source Q, que nous transposons donc ici dans la grande insertion de Luc, et une seconde fois (cf. Mt 16, 1-2a. 4) en parallèle avec Marc (bien que Marc, lui, ne parle que de signe venant du ciel), versets que nous avons laissés en parallèle avec Marc, c’était notre épisode 85.
Mais chez Matthieu grec, c’est très net, il s’est produit un phénomène d’interférence entre les deux récits. Il a eu tendance à les mélanger quelque peu. Ce n’est pas la première fois que nous observons cet accident. Cela tient à sa méthode de composition, et même à son peu d’intérêt pour l’ordre chronologique des événements.
Matthieu grec et Luc, ici même, interprètent différemment le signe de Jonas. Pour l’un, Luc, le signe donné par Jonas fut sa prédication aux habitants de Ninive, qui se sont convertis, alors que les contemporains de Jésus refusent de s’engager sur la voie du salut. Pour Matthieu grec, le signe de Jonas fut son séjour de trois jours dans le ventre du poisson, préfiguration de la mise au tombeau et de la Résurrection de Jésus. A ce propos, Matthieu grec cite textuellement le livre du prophète Jonas (2, 1), ce qui est dans ses habitudes, car il se réfère volontiers aux livres de l’Ancienne Alliance pour prouver l’origine divine de la mission, et de la prédication, de Jésus. Il a donc complété quelque peu le texte qu’il trouvait dans la source Q.