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Or, en cours de route, il entra dans un village, et une femme, du nom de Marthe, le reçut chez elle. Celle-ci avait une sœur appelée Marie, qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Marthe, elle, était absorbée par les multiples soins du service. Intervenant, elle dit : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur me laisse ainsi servir toute seule ? Dis-lui donc de m’aider. » Mais le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et t’agites pour beaucoup de choses ; pourtant il en faut peu, une seule même. C’est Marie qui a choisi la meilleure part ; elle ne lui sera pas enlevée. » |
Nous sommes à Béthanie, près de Jérusalem. C’est seulement par Jean que nous le savons. C’est par Jean, en effet, que nous savons que le village de Marthe et de Marie était Béthanie (cf. Jn 11, 1), située à quinze stades, seulement, de Jérusalem (cf. Jn 11, 18). 185 m X 15 = 2.775 m. Soit quelque 3 km. Un gros village, sur l’autre versant du mont des Oliviers.
Grâce à Jean, l’épisode est donc facile à situer dans l’espace. Mais il est plus difficile à placer dans le temps. « Il semble que Jésus, dit Daniel-Rops, ait fait des séjours dans cette maison amie durant les mois d’octobre, novembre et décembre de l’an 29. » Dans notre chronologie, cela correspond à l’an 32. Il se pourrait effectivement que ce fut en décembre 32, juste avant la fête de la Dédicace. Au début de cette fête, nous verrons Jésus aller et venir dans le Temple (cf. Jn 10, 22). Il avait dû passer la nuit, avec ses disciples, dans le bourg de Béthanie, donc le dimanche 16 décembre 32, veille de la fête. Mais peut-être, après tout, fut-ce bien plus avant dans la vie publique, et la source Q, et Luc lui-même, auront placé là cette anecdote sans en connaître la date. Ils ne voulaient pas en laisser perdre le souvenir, car elle était pleine d’enseignements. On encore Luc l’a-t-il connue par son enquête personnelle.
Elle porte en tous cas tous les caractères de l’authenticité, car la psychologie des personnages qui y sont décrits concorde tout à fait avec celle qui nous est donnée par l’évangéliste Jean, quand il nous parle de cette famille de Béthanie. Ce ne peut être un hasard.
Est-ce un éloge de la vie contemplative, par rapport à la vie active, qui nous est donné dans ce récit ? « C’est Marie qui a choisi la meilleure part. » (Lc 10, 42). On peut légitimement considérer que Jésus, par cette maxime, a voulu classer la vie contemplative parmi les conseils évangéliques, en outre de la pauvreté, de la chasteté et de l’obéissance. La pratique des conseils évangéliques, comme l’enseigne le Catéchisme catholique, permet de « suivre plus librement le Christ et de l’imiter plus fidèlement. » (N° 918). Elle tend à la perfection chrétienne. Mais le Catéchisme enseigne aussi que « les conseils évangéliques sont, dans leur multiplicité, proposés à tout disciple du Christ. « (N° 915).