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Les soixante-dix revinrent tout joyeux, disant : « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton Nom ! » Il leur dit : « Je voyais Satan tombé du ciel comme l’éclair. Aussi bien vous ai-je donné le pouvoir de fouler aux pieds serpents, scorpions, et toute puissance de l’Ennemi, et rien ne pourra vous nuire. Cependant ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis ; réjouissez-vous de ce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. » |
C’est la suite de l’épisode 103, dans le seul Luc, c’est-à-dire dans la source Q. Les 72 reviennent tout joyeux. Les 36 équipes ont dû se donner rendez-vous pour arriver ainsi toutes ensemble.
« Même les démons nous sont soumis en ton Nom ! » (Lc 10, 17). La mission évangélique est d’abord une lutte contre les puissances infernales, plus encore que contre les puissances terrestres. Aux Douze, déjà, Jésus avait donné puissance et autorité sur tous les démons, avant de les envoyer. (Cf. Lc 9, 1).
« Je voyais Satan tomber du ciel. » (Lc 10, 18). N’oublions pas qu’en ce temps-là les démons peuplaient le ciel. Jupiter, ou Zeus, trônait sur l’Olympe. L’idolâtrie régnait partout. Si Satan tombait du ciel, c’est que son empire sur le cosmos touchait à son terme. Pour le paganisme : c’était le début de la fin. Comme le chantera l’Apocalypse : « On le jeta donc, l’énorme Dragon, l’antique Serpent, le Diable ou le Satan, comme on l’appelle, le séducteur du monde entier, on le jeta sur la terre. » (Ap 12, 9). Il n’est pas encore précipité dans les enfers. Il demeure sur terre, dans le cœur des hommes, gardant toute sa capacité de nuire. Mais il sait que sa fin est proche.
Jésus avait donné le pouvoir « de fouler aux pieds serpents, scorpions et toute puissance de l’Ennemi, et rien ne pourra vous nuire. » (Lc 10, 19). On verra ce charisme à l’œuvre dans la finale de l’évangile de saint Marc (cf. Mc 16, 18), qui n’est pas de Marc comme on sait, mais qui pourrait fort bien être de la main de saint Luc, rééditant l’œuvre de Marc. On le verra à l’œuvre dans les Actes des Apôtres (cf. 28, 3-6), qui, eux, sont bien de Luc.
Cependant ne vous réjouissez pas de ce que les esprits infernaux vous soient soumis, car ce pouvoir ne vient pas de vous. Comme tout charisme, il n’est pas en lui-même une garantie de salut. Réjouissez-vous plutôt de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux. Car c’est bien la seule chose qui compte. Le livre de la Vie (cf. Ap 3, 6 ; 20, 12) contient le nom des prédestinés.