18

Structure littéraire de la dernière Pâque à Jérusalem,

 « 7 e  apocalypse »,

illustrée par le miracle même  de la résurrection du Christ.

Jn 11,55 --- 20,31

Retour au sommaire

Chapitre précédent

Chapitre suivant

Cette septième et dernière de ce que nous avons appelé des « apocalypses », avant l’appendice, n’occupait pas, matériellement, un septième ou même un huitième du livre, mais plus du tiers ! C’était dire son importance. Comme dans les évangiles synoptiques, en effet, une place prépondérante était accordée par le IV e évangile au kérygme de la passion et de la résurrection du Sauveur.

Comme ses six sœurs qui l’avaient précédée, cette septième « apocalypse » était bâtie en fonction d’un miracle. Mais ici ce miracle n’était pas n’importe lequel, puisqu’il s’agissait de la propre résurrection du Christ !

Après l’épiphanie de l’élévation du Christ en croix, par laquelle il était déjà glorifié, le miracle de la résurrection s’ajoutait comme le sceau suprême de Dieu, le signe primordial auquel la foi du chrétien pourrait se raccrocher : « Ceux-là [ces signes] l’ont été [écrits] afin que vous croyiez… »  (Jn 20,31). L’appendice même (cf. Jn 21) serait construit en fonction d’un miracle : celui d’une pêche miraculeuse.

Le comput des journées de la Semaine Sainte, qu’on allait exposer ici, serait établi dans une concordance étroite avec les récits des trois synoptiques.

Contrairement aux idées reçues, une telle concordance entre les quatre évangiles pouvait s’établir assez aisément. On parvenait à dresser un calendrier assez précis des derniers jours de Jésus. Il était nécessaire pourtant de poser à cette fin un certain nombre d’hypothèses. Et la discussion de ces hypothèses devrait être conduite au préalable, d’une manière serrée, sous peine de tomber dans des contradictions inextricables.

En premier lieu, il semblait impératif d’admettre que le procès de Jésus n’avait pu se tenir en une seule journée, j’entends une journée juive : du jeudi soir au vendredi soir, en y incluant la Sainte Cène, l’arrestation, le procès juif, le procès romain, puis la crucifixion et l’ensevelissement, comme on l’admet d’ordinaire. Une telle compression des événements, pourtant presque universellement acceptée, était fort peu vraisemblable.

On pouvait même s’étonner que la tradition chrétienne, depuis presque 2000 ans, se fût attachée avec constance à cette présentation des faits.

La passion du Christ s’était poursuivie au minimum sur trois journées : du mardi soir, au vendredi soir, avec une Sainte Cène à placer dès le mardi soir (à la tombée de la nuit : cf. Mc 14,17).

Par conséquent il fallait croire que Jésus n’avait pu célébrer la Pâque selon le calendrier juif officiel, en vigueur au Temple de Jérusalem. Sans doute l’avait-il célébré selon un calendrier privé, dès le mardi soir : début, pour les Juifs, du 4 e jour de la semaine.

Aussi saint Jean, qui s’attachait, semble-t-il, au calendrier juif officiel dans sa description des événements, ne faisait aucune mention d’un repas pascal de Jésus.

De plus, il fallait accepter – mais cela serait sans doute plus difficile – de dédoubler la procession des rameaux. L’entrée à Jérusalem décrite par les synoptiques (cf. Mt 21,1-11 ; Mc 11,1-11 ; Lc 19,28-44) ne pouvait être celle narrée par saint Jean (12,12-50) : les circonstances n’étaient pas les mêmes.

L’entrée messianique à Jérusalem, selon les synoptiques, se plaçait plusieurs jours avant l’onction à Béthanie (cf. Mt 21,1-11 avant Mt 26,6-13 et Mc 11,1-11 avant Mc 14,3-9) ; tandis que la procession des rameaux racontée par saint Jean intervenait au lendemain de la même onction à Béthanie (cf. Jn 12,12).

L’itinéraire suivi n’était pas le même.

Chez les synoptiques, Jésus se dirigeait de Jéricho vers Jérusalem, en empruntant sans doute l’ancienne voie romaine, et en évitant Béthanie (cf. Mc 11,1-2 ; Lc 19,29-30). Tandis que, chez saint Jean, le cortège partait au contraire de Béthanie, où Jésus venait de passer la nuit (cf. Jn 12,12) et rejoignait Jérusalem par la descente du mont des Oliviers.

D’après le récit des synoptiques, Jésus envoyait ses disciples chercher on ânon à Béthanie ou Bethphagé, mais il n’entrait pas lui-même dans ces villages aperçus en face (cf. Mc 11,2 ; Lc 19,30).

Il fallait noter, de plus, que les synoptiques plaçaient après l’entrée royale de Jésus à Jérusalem un grand nombre d’incidents et de discours, citaient un grand nombre de paraboles, qui ne pouvaient entrer dans le cadre étroit de la Semaine Sainte. 

Bien entendu, on pouvait toujours suspecter la présentation des faits qui nous était proposée, soit par les synoptiques, soit par saint Jean. Mais personne jusqu’ici n’avait été capable de choisir entre les deux versions et de nous dire quelle était la bonne. Souvent on préférait les déclarer inconciliables. On arrangeait alors les événements au gré de sa fantaisie, à moins qu’on ne mît tout en doute…

Bien au contraire, pour ce qui regardait les récits de la passion et de la résurrection du Christ, une historicité scrupuleuse était des plus vraisemblables. Il fallait bien apprécier le soin, et l’acribie, avec lesquels les premières générations chrétiennes nous avaient conservé le souvenir de ces faits fondateurs. Elles n’avaient cessé de se les remémorer depuis les commencements. Ils faisaient parties intégrantes du kérygme de la foi.

Le témoignage de saint Pierre nous était transmis par son disciple et interprète, Marc. Tandis que saint Jean  nous rapportait lui-même, dans son évangile, ce qu’il avait vu et entendu (cf. 1 Jn 1,1-2).

Que les différentes péripéties fussent parfois difficiles à raccorder entre elles, cela n’avait rien que de très normal. Cela prouvait que les différentes traditions nous avaient été transmises indépendamment l’une de l’autre.

Une exégète moderne, Annie Jaubert, se basant sur un très vieux document chrétien, sans doute du second siècle, la Didascalie, avait tenté une concordance originale des récits de la passion dans les quatre évangiles. Son hypothèse principale était que le Christ aurait célébré la Pâque non selon le calendrier juif officiel, mais selon un vieux calendrier essénien, avec un fête de Pâque tombant toujours le 4 e jour de la semaine, soit le mercredi.  Elle plaçait donc la Sainte Cène au mardi soir, à la tombée de la nuit. Hypothèse que nous retenons.

Mais Annie Jaubert, dans sa reconstitution des faits, n’avait pas distingué les deux entrées à Jérusalem, ce qui l’engageait dans des complications insurmontables pour concilier les deux traditions : celle des synoptiques et celle de saint Jean.

De plus elle avait commis l’erreur de voir dans le procès de Jésus avant tout un procès juif, alors qu’il fut essentiellement un procès devant les autorités romaines. Certes, cette erreur lui avait été dictée par le texte de la Didascalie. Mais en l’espèce, la teneur de nos évangiles canoniques devait être préférée.

Comme dans la solution traditionnelle – et invraisemblable – Annie Jaubert était amenée à placer le jugement définitif de Jésus, la sentence de mort prononcée contre lui, seulement le vendredi, vers midi (en interprétant dans ce sens : Jn 19,14). Mais cela était tout à fait incompatible avec l’évangile de saint Marc qui, lui, voyait Jésus crucifié dès 9 heures du matin ce même vendredi (cf. Mc 15,25).

En définitive, on ne retiendrait des propositions d’Annie Jaubert que la célébration de la Sainte Cène, par le Christ, au soir du mardi.

Voici comment on reconstituait le scénario général de la Semaine Sainte, en tenait compte des quatre évangiles.

L’onction à Béthanie avait bien eu lieu 6 jours avant la Pâque (juive), comme l’écrivait saint Jean (12,1), soit 6 jours avant le sabbat, donc le dimanche précédent. Jésus avait processionné solennellement de Béthanie à Jérusalem dès le lendemain (cf. Jn 12,12) donc le  lundi. La Sainte Cène (repas pascal selon les synoptiques) avait bien été célébré le mardi soir comme le disaient la Didascalie et divers auteurs anciens (Epiphane de Salamine, Victorin de Pettau…). Jésus fut arrêté dans la nuit même et aussitôt traduit devant les grands prêtres juifs. Mais il fut livré à Pilate dès le mercredi matin, après une séance hâtive du Sanhédrin à l’aube de ce mercredi matin (cf. Mt 27,1 ; Mc 15,1 ; Lc 22,66-71) dont saint Jean ne faisait pas mention. Le procès romain s’était prolongé sur trois jours (et deux nuits) :

- instruction le mercredi,

- sentence rendue le jeudi vers midi, après une dernière comparution publique,

- exécution de la sentence le vendredi matin dès 9 heures.

Dans le texte même de saint Jean, les indications chronologiques ne manquaient, qui rythmaient la narration de ces derniers jours de Jésus : Jn 11,55 ; 12,1.12 ; 13,38 ; 18,27.28.39 ; 19,14.31.42 ; 20,1.19.26. De telles indications de temps, notons-les, n’étaient pas nécessairement placées au début des paragraphes concernés. Elles pouvaient fort bien se lire, incidemment, dans le corps de ces paragraphes.

Certaines de ces dates demanderaient à être interprétées. Ainsi quand saint Jean écrivait, au moment de la condamnation à mort de Jésus par le gouverneur romain : « C’était le jour de la Préparation de la Pâque, environ la sixième heure. » (Jn 19,14), littéralement : « C’était la Parascève de la Pâque ; l’heure était comme la sixième. » Si l’indication d’heure était exacte (car il existe des divergences entre les manuscrits), ces mots ne signifiaient pas qu’on se trouvait alors le vendredi, veille du sabbat, mais bien le jeudi vers midi. A ce moment, en effet, on allait entrer dans la Parascève (d’un sabbat qui était aussi le jour de la Pâque), car elle allait débuter le soir même avec le coucher du soleil. C’était comme si on avait dit, approximativement : « Aujourd’hui, c’est la Parascève », sous-entendu : qui va commencer.

De la même manière dans les synoptiques, le jour du repas pascal était dit le premier jour des Azymes (cf. Mt 26,17 ; Mc 14,12 ; Lc 22,7) ; alors qu’en réalité la fête des pains sans levain n’allait commencer que le soir même, après le coucher du soleil (cf. Ex 12,18). On avait ainsi tendance à anticiper d’une journée les grandes fêtes, tant on s’y préparait dans la fièvre.

Voici donc, dans saint Jean, le comput de la Semaine Sainte auquel on aboutissait, et du même coup le plan de cette septième « apocalypse » de notre évangile, la dernière Pâque de Jésus à Jérusalem.

Intermède : 11,55-57. Présentation des faits.

1 er jour (Dimanche) : 12,1-11. 6 jours avant la Pâque (et donc 6 jours avant le sabbat), Jésus se rendait à Béthanie. Au cours d’un repas, Marie répandait du parfum sur ses pieds, en signe précurseur de son ensevelissement.

2 e jour (Lundi) : 12,12-50. Jésus entrait à Jérusalem, venant de Béthanie. Il était accueilli comme roi. Il annonçait sa prochaine glorification par le Père.

3 e jour (Mardi) : 13,1 --- 17,26. Il lavait les pieds de ses disciples au cours d’un repas, et leur faisait ses adieux. Il annonçait la trahison de Judas qui sortait dans la nuit.

Longs entretiens.

« Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13,34).

Annonce du reniement de Pierre.

« Je vais au Père. » (Jn 14,12).

« Je suis le vrai cep. » (Jn 15,1).

« Le monde vous hait. » (Jn 15,19).

« Je vous l’enverrai [l’Esprit Saint]. » (Jn 16,7).

« Je vous reverrai et votre cœur se réjouira. » (Jn 16,22).

« Père saint, garde en ton nom ceux que tu m’as donnés, pour qu’ils soient un comme nous. » (Jn 17,11).

4 e jour (Mercredi) : 18,1 --- 19,3. Jésus était arrêté dans le jardin de Gethsémani. Il comparaissait devant Anne et Caïphe, de nuit. Ses compagnons l’abandonnaient et Pierre, introduit dans le palais des grands prêtres,  le reniait.

Dès le matin, Jésus était conduit chez Pilate. Il avouait qu’il était roi. Il était condamné à la flagellation. Il était bafoué par la soldatesque romaine pendant toute une nuit.

5 e jour (Jeudi) : 19,4-16 a : Pilate le présentait à la foule : « Ecce homo ».

En privé, Pilate demandait à Jésus ; « D’où es-tu ? »

Ramené devant la foule, Jésus était condamné à la peine de mort. Il était environ midi. On entrait le soir même dans la Parascève, la préparation du sabbat (et, cette année-là, de Pâque).

6 e jour (Vendredi) : 19,16 b-42. Nous étions dans la Parascève.

Jésus était emmené au Golgotha avec deux brigands, dès le matin.

Il était crucifié à 9 heures du matin (selon Marc), sous l’intitulé de : Roi des Juifs.

Du haut de la croix, il léguait sa mère à l’apôtre Jean.

« Tout est achevé » disait-il, et il expirait.

De son flanc percé par la lance romaine coulaient du sang et une humeur aqueuse.

Il était enseveli dans un tombeau neuf, par les soins de Joseph d’Arimathie  et de Nicodème. Son corps était couvert d’aromates.

7 e jour (Samedi) : Rien ne se passait. C’était le sabbat, et la Pâque juive.

8 e jour (Dimanche) : 20,1-25. De bonne heure Jésus ressuscitait sans témoin. Marie-Madeleine découvrait le tombeau vide.

Pierre et Jean accouraient au tombeau. Ils apercevait les linges funéraires : les bandelettes éparses, le suaire soigneusement roulé (ou enroulé) dans un endroit à part.

Apparition du Christ à Marie-Madeleine : « Je monte vers mon Père et votre Père. »

Le soir même, apparition aux disciples, Thomas étant absent. « Recevez l’Esprit Saint » et le pouvoir d’absoudre les péchés.

15 e jour (Dimanche)         : 20,26-29. A Thomas : « Ne sois plus incrédule, mais croyant. »

Conclusion : 20,30-31. Conclusion provisoire de tout l’évangile.

Tous ces signes, ou miracles, y compris le dernier, la résurrection du Christ, avaient été écrits « afin que vous croyiez. »

Littérairement donc, cette septième « apocalypse » se laissait décomposer en onze parties distinctes : la huitième (le sabbat juif pendant lequel Jésus gisait au tombeau) était un silence. Mais c’était un silence éloquent et qui tenait sa place.

Le chiasme passait dans la partie centrale, la sixième (Jn 19,4-16 a), le 5 e jour. Alors Pilate capitulait devant l’acharnement des ennemis de Jésus et le condamnait à mort, décidant ainsi de l’issue du drame et, sans le savoir, de la rédemption du monde. C’était au verset 19,12 : « Dès lors Pilate cherchait à le relâcher. // Mais les Juifs vociféraient… »

Reprenons en détail l’analyse de chacune de ses journées.

1 er jour. Dimanche : 12,1-11

Béthanie.

a) 12,1             : Jésus venait à Béthanie.

b) 12,2            : On offrait un repas à Jésus.

c) 12,3             : Onction de Marie.

d) 12,4-6      : Intervention de Judas.

Chiasme passant dans cette partie centrale, entre les versets 12,5 et 12,6 ; entre les mots : « pauvres ? » et « Il ne disait pas cela… » La fourberie de Judas était dévoilée. L’annonce de sa trahison était préparée pour le lecteur, et d’avance expliquée.

e) 12,7-8        : Réponse de Jésus.

f) 12,9             : Enthousiasme des Juifs.

g) 12,10-11  : Résolution confirmée des chefs juifs de faire mourir Jésus, et même Lazare.

2 e jour. Lundi : 12,12-50

Jour des Rameaux.

a) 12,12-16 : Entrée messianique de Jésus dans Jérusalem.

b) 12,17-19  : Réactions diverses des Juifs.

c) 12,20-22 : Des grecs demandaient à voir Jésus.

d) 12,23-28 a : Réponse de Jésus.

Chiasme passant entre les versets 12,26 et 12,27 : Jésus pressentait sa mort prochaine. On passait du triomphe des rameaux à la perspective de la passion imminente.

e) 12,28 b    : Coup de tonnerre dans le ciel. La voix du Père témoignait pour le Fils, et le rassurait.

f) 12,29-36 : Perplexité parmi les Juifs sur l’origine de cette voix, et réponse de Jésus.

g) 12,37-43 : Incrédulité finale des Juifs à l’égard de Jésus.

Nouveau discours de Jésus.

Ce discours était inséré sans lien étroit avec le contexte.

a) 12,44-46 : Croire en Jésus, c’était croire en Dieu qui l’envoyait.

b) 12,47-48 : Rejeter Jésus c’était se condamner soi-même.

c) 12,49-50 : Le Fils prononçait les paroles du Père.

Le chiasme passait au verset 12,47 entre les mots : « « entends mes paroles » et « et ne les garde pas. » Entendre les paroles de Jésus et ne les point observer, c’était se condamner soi-même.

3 e jour. Mardi : 13,1 --- 17,26

La Sainte Cène.

A) Le repas : 13,1 --- 14,31

a) 13,1-11      : Repas du Christ avec ses disciples. Lavement des pieds.

b) 13,12-20 : Exhortation du Christ sur le service mutuel entre frères.

c) 13,21-30 : Annonce de la trahison de Judas, l’un des Douze. Ce dernier sortait. Il faisait nuit.

d) 13,31 --- 14,4 : Annonce de la glorification du Fils, consécutive à la trahison de Juda.

alpha) 13,31-35. Discours du Christ après la sortie de Judas. Le Fils de l’homme était glorifié. Jésus confiait à ses disciples, restés fidèles, un commandement nouveau : celui de l’amour mutuel.

bêta) 13,36-38 : Dialogue de Pierre et de Jésus. Pierre demandait à Jésus : « Où vas-tu ? » et proclamait qu’il était prêt à le suivre jusque dans la mort.

Jésus répliquait à Pierre en lui annonçant son triple reniement.

Chiasme passant entre les versets 13,37 et 13,38. A partir de ce moment-là, le futur reniement de Pierre était pressenti par le lecteur.

gamma) 14,1-4 : Reprise du discours de Jésus : chez le Père je vous préparerai une place (s.e. quand j’aurai été glorifié).

e) 14,5-7        : Question de Thomas : « Nous ne savons pas où tu vas » et réponse de Jésus : « Je suis le Chemin. »

f) 14,8-21    : Question de Philippe : « Montre-nous le Père. » Réponse de Jésus : « Je suis dans le Père et le Père est en moi. » Celui qui garde mes commandements reste avec moi, comme moi je suis dans le Père.

g) 14,22-31 : Question de Jude. « Comment se peut-il que tu doives te manifester à nous et non pas au monde ? » Réponse de Jésus : celui qui observe les commandements du Christ (et d’abord celui de la charité) reste avec le Christ, avec l’Esprit du Christ, et avec le Père.

B) Discours de Jésus sur le chemin de Gethsémani : 15,1 --- 16,33

a) 15,1 --- 16,16 : Discours de Jésus.

alpha) 15,1-8 : « Je suis le vrai cep. » Demeurez greffés sur moi.

bêta) 15,9-17 : Gardez le commandement de l’amour.

gamma) 16,18-25 : Annonce des persécutions du monde.

delta) 15,26-27 : Annonce de l’envoi de l’Esprit.

Chiasme passant entre les versets 15,26 et 15,27 : Quand l’Esprit serait venu pour témoigner du Fils, alors les disciples aussi témoigneraient du Fils.

epsilon) 16,1-4. Reprise de l’annonce des persécutions.

dzêta) 16,5-15. Nouvelle annonce de l’envoi de l’Esprit : Il vous conduira vers la vérité toute entière.

êta) 16,16. Un peu de temps et vous ne me verrez plus. Un peu de temps et vous me reverrez.

b) 16,17-18 : Emoi des disciples au sujet de ces dernières paroles.

c) 16,19-28 : Reprise du discours de Jésus.

alpha) 16,19. Devant l’émoi de ses disciples, Jésus reprenait les dernières paroles qu’il avait prononcées.

bêta) 16,20-22 a. Les disciples seraient dans la tristesse après le départ du Maître.

gamma) 16,22 b-24. Mais joie parfaite des disciples quand ils reverraient leur Maître.

delta) 16,25. Alors Jésus ne parlerait plus en paraboles. Mais il parlerait ouvertement de Dieu.

Chiasme passant entre les mots : « L’heure vient où je ne vous parlerai plus en figures » et « je vous entretiendrai du Père en toute clarté. » Le langage figuré du Christ était en passe de devenir un langage en clair.

Ce verset 16,25 était central, non seulement pour la reprise du discours (c), mais encore pour le discours tout entier de Jésus sur le chemin de Gethsémani (B).

epsilon) 16,26. Alors vous demanderez en mon nom.

dzêta) 16,27. Le Père lui-même vous aime.

êta) 16,28. Je suis sorti du Père et je retourne au Père.

d) 16,29-30 : Félicitations des disciples, au Christ, pour ces dernières paroles. Ils attendaient depuis longtemps ce langage en clair.

e) 16,31-33 : Hélas, cette satisfaction était prématurée. Jésus annonçait à ses disciples qu’ils allaient l’abandonner. Il leur laissait néanmoins sa paix.

C) Prière sacerdotale de Jésus : 17,1-26

a) 17,1 a         : Circonstances. Jésus levait les yeux au ciel, et priait son Père.

b) 17,1 b-5    : Prière pour le Fils, qui partait.

c) 17,6-11      : Prière pour les disciples, qui restaient.

d) 17,12-18  : Le Fils s’en allait et laissait ses apôtres sur cette terre.

Le chiasme passait au verset 17,15 entre les mots : « … de les retirer du monde » et « mais de les garder du Mauvais. » Il était acquis, dès lors, que les apôtres demeurassent dans le monde, tandis que le Christ s’en allait vers son Père.

e) 17,19          : Formule résumant la signification de la passion prochaine : Le Fils se sanctifiait, par son sacrifice, afin que les disciples eux-mêmes fussent sanctifiés.

f) 17,20-23 : Prière du Christ pour tous les futurs disciples. Il demandait au Père de les garder toujours dans l’unité.

g) 17,24-26 : Conclusion. Le Fils demandait à son Père que tous ses disciples, un jour, le rejoignissent auprès de lui.

On s’apercevait donc, après coup, que cette journée, si riche en événements, du Mardi saint – et qui s’était prolongée jusqu’à fort avant dans la nuit (cf. Jn 13,30) – se subdivisait elle-même en trois grandes sections, à savoir :

A) Souper du Christ avec ses disciples (cf. Jn 13 --- 14).

B) Discours du Christ sur le chemin de Gethsémani (cf. Jn 15 --- 16).

C) Prière sacerdotale de Jésus (cf. Jn 17).

Elle avait pour objet principal les adieux du Christ à ses disciples et, subsidiairement, les consignes ultimes qu’il leur laissait.

On pouvait donc  considérer la construction chiasmatique de toute cette journée (qui s’était largement prolongée dans la  nuit) et voir un centre du récit au verset 16,25 (centre de la partie centrale : B) : du statut de serviteurs, les disciples du Christ du fait de son départ passaient au statut d’amis et de confidents. Ils avaient part désormais aux secrets du Roi : « Je ne vous parlerai plus en figures ; // je vous entretiendrai du Père en toute clarté. »

4 e jour. Mercredi : 18,1 --- 19,3

Arrestation. Procès juif. Procès romain.

A) Arrestation de Jésus : 18,1-11

a) 18,1             : Jésus se rendait avec ses disciples au jardin de Gethsémani.

b) 18,2-3       : Survenait Judas, avec la cohorte et des gardes.

c) 18,4-9       : Affrontement de Jésus et de ses ennemis.

Chiasme passant entre les versets 18,6 et 18,7 : Jésus n’était appréhendé que par un acte de sa volonté libre.

d) 18,10        : Intervention héroïque de Pierre, qui acceptait le combat.

e) 18,11          : Holà de Jésus à Pierre : il lui rappelait qu’il était le Serviteur Souffrant.

B) Procès juif de Jésus : 18,12-27

a) 18,12-14 : Arrestation de Jésus. Il était emmené chez les grands prêtres.

b) 18,15-18 : Pierre entrait subrepticement dans la cour des grands prêtres.

c) 18,19-23 : Interrogatoire de Jésus par l’ancien grand prêtre, Anne.

Chiasme dans cette partie centrale, passant au verset 18,21, entre les mots : « Pourquoi m’interroges-tu ? » et « Demande à ceux qui m’ont entendu. »

Jésus refusait de se justifier, et s’en remettait à ses actes publics.

d) 18,24        : Anne renvoyait Jésus à Caïphe, le grand prêtre en exercice.

e) 18,25-27 : Reniement de Pierre, au chant du coq, c’était dire peu avant l’aube.

C) Procès romain de Jésus : 18,28 --- 19,3

a) 18,28        : Dès le matin, Jésus était transféré au prétoire. Les Juifs n’entraient pas.

b) 18,29-32 : Pilate sortait au devant des Juifs. Les Juifs déclinaient la compétence.

c) 18,33-38 a : Pilate interrogeait Jésus, à l’intérieur du prétoire.

Le croisement du chiasme se plaçait à la fin de cet entretien, au verset 18,38, entre d’une part la question de Pilate : « Qu’est-ce que la vérité ? » et d’autre part le silence de Jésus. Pilate posait la bonne question, mais… il n’attendait pas la réponse ; ce qui allait entraîner une première condamnation de Jésus.

d) 18,38 b-40 : Pilate ressortait devant les Juifs, et proposait de relâcher Jésus. Mais les Juifs réclamaient plutôt la grâce de Barabbas.

e) 19,1-3        : Pilate condamnait Jésus à la flagellation. La soldatesque romaine bafouait Jésus jusqu’au lendemain, dans une espèce de carnaval, ayant sans doute pour théâtre la cour intérieure du palais.

Cette journée du Mercredi Saint se subdivisait donc, elle aussi, en trois péripéties bien distinctes :

A) Arrestation de Jésus (cf. Jn 18,1-11).

B) Procès juif (cf. Jn 18,12-27).

C) Procès romain (cf. Jn 18,28 --- 19,3).

Jésus se voyait déféré successivement devant les autorités juives, puis romaines, de son pays.

On pouvait distinguer le point décisif de cette journée au verset 18,21 (centre de la partie B), dans le système de défense adopté par Jésus : il ne voulait connaître, pour son procès, que de la vérité de ses actes publics, que nul n’ignorait et pour lesquels il était traduit en justice.

Qu’ai-je donc fait de mal pour être ainsi arrêté ? Il ne répondrait donc pas aux calomnies proférées contre lui ; il se contenterait de décliner son identité : sa vérité.

5 e jour. Jeudi : 19,4-16 a

Condamnation à mort de Jésus.

a) 19,4            : Pilate sortait à nouveau devant les Juifs.

b) 19,5            : Jésus sortait lui aussi, torturé et couronné d’épines. Pilate prononçait : « Voici l’homme. »

c) 19,6-7        : Manifestations d’hostilité de la foule envers Jésus.

d) 19,8-12    : Rentrée de Pilate. Ultime interrogation de Jésus à l’intérieur du prétoire.

Chiasme passant au verset 19,12 entre les mots : « … cherchait à le relâcher » et « Mais les Juifs crièrent… » La velléité de Pilate de relâcher Jésus s’effondrait définitivement devant la détermination des Juifs ; ce qui scellait le destin de Jésus.

e) 19,13-14 a : Nouvelle sortie de Pilate et de Jésus. L’évangéliste précisait le jour et l’heure, car l’instant était solennel.

f) 19,14 b-15 : Ultime plaidoirie de Pilate en faveur de Jésus.

g) 19,16 a     : Jésus était condamné à mort.

6 e jour. Vendredi : 19,16 b-42

Crucifixion.

a) 19,16 b-17 : Jésus était emmené au Golgotha.

b) 19,18-22 : Jésus était crucifié sous l’inscription : « Le Roi des Juifs. »

c) 19,23-24 : Jésus était gardé par les soldats.

d) 19,25-27 : Avant de mourir, Jésus léguait sa mère à l’apôtre Jean.

Chiasme entre les versets 19,26 et 19,27 : en cet instant la mère de Jésus devenait la mère de Jean et de toute l’humanité.

e) 19,28-30 : Mort de Jésus.

f) 19,31-37  : Après la mort, le coup de lance au cœur. Jean, dans l’évangile, mettait l’accent sur son témoignage visuel.

g) 19,38-42 : Joseph d’Arimathie et Nicodème ensevelissaient Jésus dans un tombeau neuf.

7 e jour. Samedi.

Jésus au tombeau.

                              Silence total.

8 e jour. Dimanche : 20,1-25

Résurrection du Christ.

a) 20,1-2       : Marie-Madeleine se rendait de bonne heure au sépulcre et découvrait le tombeau vide.

b) 20,3-10   : Pierre et Jean accouraient au sépulcre. Ils découvraient les bandelettes éparses et le suaire roulé.

c) 20,11-18 : Apparition du Christ à Marie-Madeleine.

Chiasme passant au verset 20,16 entre les mots : « Marie ! » et « Elle le reconnut et lui dit… » C’était la première fois qu’une personne humaine, sur cette terre, apercevait le Christ ressuscité et le reconnaissait.

d) 20,19-23 : Le soir venu, première apparition du Christ à ses apôtres. Il leur confiait le pouvoir de pardonner les péchés.

e) 20,24-25 : Thomas, qui était absent, refusait de croire en la résurrection de Jésus.

15 e jour. Dimanche : 20,26-29

Apparition aux apôtres (Thomas compris).

a) 20,26       : Apparition à tous les apôtres.

b) 20,27-28 : Jésus interpellait Thomas.

Chiasme passant entre les versets 20,27 et 20,28 : Thomas d’incrédule devenait alors croyant.

c) 20,29 : Conclusion de Jésus.

Ainsi donc la geste fondamentale du christianisme nous était contée dans ces sept « apocalypses ». Il ne restait plus à l’évangéliste Jean qu’à traiter sobrement, mais d’une manière bucolique, dans l’appendice, de l’investiture de Pierre en tant que Berger suprême, qui lui serait conférée par le Christ ressuscité (cf. Jn 21).

Par 7 paliers successifs, nous étions parvenus à la révélation suprême du Golgotha, et au miracle éclatant, quoique encore confidentiel, de la Résurrection. Les auditeurs, ou lecteurs, dans la suite des âges, étaient invités à imiter la foi des premiers disciples, d’abord pusillanimes puis fervents. Ils étaient invités à souscrire à la profession de Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Bien sûr, dans cette dernière « apocalypse », l’hostilité des Juifs connaissait un paroxysme, et parvenait à son point d’aboutissement. Non seulement on faisait condamner Jésus, mais encore on veillait de près à son exécution. C’étaient bien les autorités religieuses qui avaient pris en main toute l’affaire. Sur la dénonciation de Judas, Jésus était arrêté en pleine nuit, sommairement interrogé, puis livré au gouverneur romain. Malgré les répugnances de ce dernier, ou ses réserves de conscience, on réussissait, non sans mal, à lui arracher une sentence de mort. Il aurait fallu deux jours. Le troisième jour encore, les chefs juifs étaient sur place au moment de l’exécution de la sentence : ils eussent voulu voir modifié l’intitulé de l’écriteau qui portait le motif de la condamnation.

Pendant les derniers jours de Jésus, les disciples avaient pour fonction principale d’être les auditeurs de ses plus hautes confidences. Ils héritaient de ses dernières consignes, avec mission de les délivrer dans la suite à toute l’humanité : et d’abord de la consigne de la charité avec son corollaire, la consigne de l’unité.

Mais, dans la nuit de Gethsémani, après une ébauche de résistance, ils s’enfuyaient. Pierre et Jean, cependant, suivaient de loin. Mais Pierre avait la faiblesse de renier son Maître. Au Calvaire, seul Jean serait présent en compagnie des saintes femmes. Au nom de l’Eglise future, et même au nom de l’humanité, il hériterait de Marie, la mère de Jésus. Nicodème et Joseph d’Arimathie procédaient, avec piété, à l’ensevelissement du Christ.

Au matin de Pâques (les Pâques chrétiennes !) les saintes femmes étaient récompensées de leur fidélité sans faille, bénéficiant en la personne de Marie-Madeleine de la première vision du Christ ressuscité. Pierre et Jean accouraient au tombeau. Ils croyaient, mais eux  ne voyaient pas encore.

Au soir de ce même jour, les disciples éberlués ne recevaient du Christ aucun reproche, mais seulement sa paix, et le pouvoir d’accorder cette paix aux autres hommes. Après huit jours, Thomas se rendait à l’évidence, et prononçait la profession de foi du disciple de tous les temps : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20,28).

Les révélations que le Christ nous accordait au sujet de sa propre personne, tout au long de cette semaine Sainte, étaient si riches qu’on en dirait ici que quelques mots afin de les résumer.

Le Christ, avant de quitter ses disciples, mettait le comble à son amour pour eux en instituant l’Eucharistie ; mais saint Jean n’en parlait pas.

Jésus lavait les pieds de ses disciples, montrant par là qu’il était leur serviteur, tout autant que leur Maître et leur Dieu. Il leur demandait la foi en son enseignement essentiel, à savoir qu’il était Dieu, et qu’il le restait même dans les souffrances et la mort qu’il éprouvait comme homme. Le Fils de l’homme, ou Fils de Dieu, loin d’être humilié ou dégradé par la passion, en était glorifié. Jésus confiait à ses disciples le commandement de l’amour. Il promettait qu’il allait leur préparer une place dans le ciel. Il leur enseignait qu’il était « le Chemin, la Vérité et la Vie », le seul chemin qui conduisît vers le Père. Qu’il était dans le Père, comme le Père était en lui : ce qu’on appellerait, d’un mot savant, la circumincession des Personnes divines. Jésus leur annonçait la venue prochaine de l’Esprit Saint, lequel les guiderait en son absence. « Le Père est plus grand que moi ! » (Jn 14,28) disait-il. En effet, le Père était plus grand que le Fils-homme. Et dans l’ordre de la vie divine, le Père détenait la priorité d’origine. Car tout vient du Père.

Le Fils, lui, aimait son Père, et dans sa qualité de Fils de l’homme lui obéissait.

Le Christ était le vrai cep, car tous les sarments de la vigne du Père seraient greffés sur lui. Mais le Père était le vigneron qui prenait soin de son enclos, cet enclos qui s’appellerait l’Eglise. Celui qui haïssait le Christ haïssait aussi le Père. Car dans l’ordre de l’essence divine, le Fils s’identifiait au Père, étant un avec lui.

L’Esprit de vérité procédait du Père, comme lui aussi, le Fils, procédait du Père. Mais le Père avait tout donné à son Fils. A leur tour le Père et le Fils donnait tout à l’Esprit Saint qui en disposait à son gré en faveur des disciples.

On pouvait prier Dieu le Fils à l’instar de Dieu le Père. En tant que Dieu, le Fils était né du Père. Mais en tant que Fils de l’homme il était sorti du Père ; maintenant il retournait au Père.

Père et Fils se trouvaient toujours ensemble. Non seulement avant qu’Abraham fût, mais avant que le monde existât, Jésus était auprès du Père.

En tant que Fils de l’homme, le Christ achevait de se sanctifier dans sa passion, afin que les hommes aussi se sanctifiassent et bénéficiassent de la vie divine.  

Le Fils exigeait de ses disciples cette même unité d’amour dont le Père et le Fils disposaient entre eux, de par leur nature même.

C’était le Père qui avait demandé au Fils, en tant qu’il était homme, de boire la coupe de la passion.

Le Christ expliquait devant Pilate que son royaume n’était pas de ce monde. Pourtant il avalisait la formule de ce même Pilate, à lui adressée : « Tu es Roi ? » Il était un roi de vérité spirituelle mais non de force temporelle.

Devant Pilate encore Jésus maintenait que tout pouvoir temporel venait de Dieu, et n’avait pas de légitimité en dehors de lui.

Pendant le scénario entier de sa passion, le Fils accomplissait une fois pour toutes les prophéties anciennes, concernant l’Agneau pascal et le Serviteur Souffrant. De même se réalisait la prophétie récente de Jean-Baptiste :« Voici l’Agneau de Dieu » (Jn 1,36).

Du haut de la croix, Jésus léguait sa propre mère à Jean, car la mère de Jésus devenait la mère de l’humanité nouvelle.

Par sa résurrection le Christ accomplissait la prophétie qu’il avait lui-même proférée, il y avait peu, au moment de ressusciter Lazare : « Je suis la Résurrection. » (Jn 11,25). Et pourtant, même après sa résurrection, le Christ n’avait pas encore achevé de monter vers son Père : il ne le ferait, de manière visible, que dans son Ascension.  

Le Christ déléguait ses apôtres pour la mission, comme lui-même avait été délégué par le Père.

Le Fils communiquait l’Esprit, en soufflant sur ses disciples, non seulement parce qu’il l’avait reçu lui-même, en tant qu’homme, mais encore parce que l’Esprit procédait de lui, le Fils, en tant qu’il était Dieu.

Le Christ concédait  à ses disciples le pouvoir d’absoudre les péchés, pouvoir que, jusqu’à présent, lui seul avait exercé sur cette terre.

Thomas confessait définitivement – et ceci était comme un sceau apposé à la révélation contenue dans cet évangile – que Jésus était « Seigneur » et qu’il était « Dieu ». Ce que l’évangéliste corroborait en concluant : Ces choses ont été écrites « afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu. » (Jn 20,31).

Croire en Jésus, c’était posséder la vie.

Retour à l’en-tête