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94. Deuxième annonce de la Passion. A travers la Galilée.

Matthieu 17, 22-23. Marc 9, 30-32. Luc 9, 43b-45. Jean 7, 1.

Partant de là, ils faisaient route à travers la Galilée et il ne voulait pas qu’on le sût car il instruisait ses disciples.

Après cela Jésus parcourait la Galilée ; il ne pouvait pas circuler en Judée parce que les Juifs voulaient le tuer.

Un jour qu’ils se trouvaient réunis en Galilée, comme tous étaient dans l’admiration de tout ce qu’il faisait, Jésus dit à ses disciples : « Pour vous, mettez-vous bien dans les oreilles les paroles que voici : Le Fils de l’homme va être livré, doit être livré aux mains des hommes et ils le tueront, et, quand il aura été mis à mort, le troisième jour, trois jours après, il ressuscitera. » Et ils en furent tout consternés. Ils ne comprenaient pas cette parole : elle leur demeurait voilée pour qu’ils n’en saisissent pas le sens, et ils craignaient de l’interroger sur cette parole. 

Episode 94. Commentaire.

Brusquement nous retournons en Galilée, après l’intermède de la Gaulanitide. Nous devons être début septembre de l’année 32. Désormais la perspective dominante sera la montée vers Jérusalem qui semble se produire deux fois selon notre synopse : une fois pour la fête des Tentes, Souccot, vers le 9 octobre, et l’autre fois pour la fête de la Dédicace vers le 17 décembre. Pendant les deux mois d’intervalle, il semble bien que Jésus soit revenu en Galilée, ce qui n’a d’ailleurs rien que de vraisemblable. Il nous paraît nécessaire de le supposer pour faire coïncider la chronologie de Jean, qui signale ces deux fêtes, et la chronologie des synoptiques qui ne parlent que d’une seule montée à Jérusalem, celle qui devait être la montée définitive. Nous reviendrons sur ce problème le moment venu.

Jésus faisait route à travers la Galilée, avec ses disciples « et il ne voulait pas qu’on le sût. Car il instruisait ses disciples. » (Mc 9, 30-31). Il semble désormais se consacrer, par priorité, à l’enseignement de ses disciples. Il les forme, car il sent approcher le moment où ils devront voler de leurs propres ailes, assumer la charge de la mission et prendre, pour ainsi dire, sa succession. Cependant, il n’a pas renoncé à l’endoctrinement des foules, car on le verra bientôt dans saint Luc envoyer les soixante-dix disciples. En Pérée, puis à Jérusalem, il prêchera longuement. Simplement, en Galilée, on ne le voit pas reprendre lors de cette rentrée la tournée systématique des bourgs et des hameaux, comme il le faisait naguère. Une étape est désormais franchie. Les foules qui s’agglutinaient sur les bords du lac ont dû retourner dans leurs patries.

Oui, Jésus sait bien pourquoi il instruit si assidûment sa petite équipe de fidèles. Il le leur dit même ouvertement. Mais leur inconscient refuse de l’admettre. Le Fils de l’homme sera livré. On le tuera. Au bout de trois jours, il ressuscitera. Ils ne s’imaginaient pas orphelins de leur Maître. Ils croyaient vivre pour toujours avec lui.

Remarquons qu’ici encore Marc parle de résurrection après trois jours, tandis que Matthieu grec rectifie selon l’histoire : le troisième jour. Luc, cette fois, ne s’exprime pas sur le fait. Mais pour Marc, il s’agissait d’une simple manière de parler. Car il savait bien, lui qui rédigera plus tard la Passion de Jésus, que Jésus mourrait un vendredi, et ressusciterait le dimanche suivant à l’aube. Trois jours, cela signifiait chez lui : trois jours entamés.

Les disciples refusent d’admettre la prédiction, si dure à entendre pour eux. Mais cette fois, ils sont simplement consternés. Pierre ne se rebelle pas. Il baisse la tête. Car il se souvient de la rebuffade qu’il avait subie. En fait, c’est déjà la troisième annonce de la Passion, pour le moins, qu’ils enregistrent. Car, souvenons-nous, en descendant de l’Hermon aussi Jésus le leur avait clairement dit.

Nous avons placé ici, en synopse de cet épisode, un verset isolé mais très caractéristique de saint Jean, et qui semble bien concerner cette même période du retour dans la Galilée, avant les montées vers Jérusalem : le verset Jn 7, 1. Fugitivement, nos quatre évangiles redeviennent donc synoptiques.

« Après cela, Jésus  parcourait la Galilée ; il ne pouvait pas circuler en Judée, parce que les Juifs voulaient le tuer. » (Jn 7, 1).

Bien que Jean affirme que Jésus ne pouvait circuler librement en Judée, il fait suivre cependant ce verset immédiatement par le récit de la fête des Tentes, Souccot, à Jérusalem, à laquelle Jésus décide finalement d’assister.

On observe là un point de contact précis entre Jean et les trois synoptiques. Chez les synoptiques, également, Jésus ne va pas tarder à monter à Jérusalem.

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