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Il parlait encore aux foules lorsque survinrent sa mère et ses frères qui, se tenant dehors, cherchaient à lui parler, le font demander. Mais ils ne pouvaient l’aborder à cause de la foule. Beaucoup de gens étaient alors assis autour de lui et on l’informa : « Voilà que ta mère et tes frères et tes sœurs se tiennent là dehors qui te cherchent et veulent te voir. » Mais Jésus, à celui qui l’en informait, répondit : « Qui est ma mère et qui sont mes frères ? » Et, promenant son regard sur ceux qui étaient assis en rond autour de lui, montrant ses disciples d’un geste de la main, il ajouta : « Voici ma mère et mes frères. Car quiconque fait la volonté de Dieu, de mon Père qui est aux cieux, celui-là m’est un frère et une sœur et une mère. Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique. » |
Le commando de Nazareth est toujours là. Mais la parentèle est devenue moins arrogante. Ils se sont faits timides. Avant de regagner leurs pénates, ils cherchent à voir Jésus pour lui dire adieu. Ils ont amené la mamma avec eux. On ne va tout de même pas molester les femmes, ou la mère. Sous l’averse, ils font la queue pendant des heures, attendant patiemment leur tour.
Quelqu’un les a remarqués sous leurs parapluies. Sans doute Jean le futur évangéliste. Peut-être les parents lui faisaient-ils de loin quelque signe désespéré. Avec la familiarité de l’Orient, on interrompt le Maître, lancé dans ses grandes catéchèses, dans ses audiences interminables. Hé ! Ta mère et tes frères sont là dehors. Ils te cherchent.
Et c’est la réplique bien connue de Jésus, à son interpellateur (sans doute Jean) : Hé ! « Qui est ma mère et qui sont mes frères ? » (Mt 12, 48).
A ce moment-là, une foule nombreuse de disciples se tenait en cercle autour de lui, particulièrement fervente. Suspendue à ses paroles, les mains jointes et la bouche béante. Les montrant de la main à saint Jean, il dit : « Voici ma mère et mes frères » (Mc 3, 32), et non pas ceux qui se réclament de mon sang.
Jean fut témoin, mais aussi Pierre, qui était dans sa propre maison, et qui nous rapporte la scène, à travers le microphone de saint Marc.
Le récit de saint Marc est corroboré conjointement par Matthieu grec et par Luc. Matthieu grec, tout en ayant décalé dans le temps les épisodes 55 (Calomnie des scribes), 56 (La vraie parenté de Jésus) et 57 (Le discours parabolique), a cependant gardé la séquence exacte de saint Marc. On les retrouve (dans le même ordre, et avec des intercalations) dans son évangile.
Luc, lui, a transféré l’incident un peu plus bas : juste après ce même discours parabolique.
On peut se demander légitimement si ces ‘frères de Jésus’ qu’on voit ici vouloir s’emparer de Jésus, puis solliciter humblement une audience, sont les mêmes qui ont été recrutés depuis peu comme apôtres. En effet, d’après Mt 13, 55 il faut compter parmi ces ‘frères de Jésus’ : Jacques, Joseph, Simon et Jude. Or nous avons un Jacques, fils d’Alphée, un Simon et un Jude frère de Jacques dans la liste des Douze, d’après Ac 1, 13. Nous l’avons admis, en supposant que Jacques d’Alphée fût à identifier avec Jacques fils de Clopas. La critique moderne ne l’admet à aucun titre. L’historien Petitfils, quant à lui, fait des ‘Nazôréens’, la famille de Jésus, un clan farouchement nationaliste, qui serait hostile au messianisme pacifique tel que l’entendait Jésus.
En supposant, même, que nous nous soyons trompés, et que les ‘frères de Jésus’ susnommés fussent distincts des apôtres homonymes, cela ne résout pas le problème – constaté – du ralliement global de la famille terrestre de Jésus à sa mission et à son Eglise. Comment expliquer, s’ils étaient foncièrement opposés, qu’ils aient finalement adhéré à la personne de Jésus ?
En effet, Marie, mère de Jésus, fut au pied de la croix, d’après saint Jean, et dans le Cénacle avec les apôtres, après la Résurrection, selon les Actes.
Marie, femme de Clopas et mère de Jacques le mineur et de Joset, fut au pied de la croix selon les synoptiques.
Jacques, ‘frère du Seigneur’, fut le premier responsable de l’Eglise de Jérusalem, selon les Actes, et son frère Simon (ou Siméon) lui succéda, selon l’ancienne tradition.
Jacques le mineur, et Siméon beaucoup plus tard, moururent tous deux martyrs de Jésus-Christ.
Jacques et Jude sont, chacun, les auteurs d’une épître classée parmi les documents apostoliques.
C’est beaucoup pour un clan définitivement hostile.