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Les deux jours écoulés, Jésus partit de là pour la Galilée. Il avait déclaré lui-même qu’un prophète ne jouit d’aucun égard dans son pays. A son arrivée en Galilée, les Galiléens l’accueillirent : ils avaient vu tout ce qu’il avait fait à Jérusalem lors de la fête ; car eux aussi étaient allés à la fête. Il retourna alors à Cana de Galilée, où il avait changé l’eau en vin. Or il y avait un fonctionnaire royal, dont le fils était malade à Capharnaüm. Ayant appris que Jésus était arrivé de Judée en Galilée, il alla le trouver et il le priait de descendre guérir son fils, qui se mourait. Jésus lui dit : « Si vous ne voyez signes et prodiges, vous ne croirez donc pas ! » -- « Seigneur, répondit l’officier, descends avant que ne meure mon petit enfant. » Jésus lui dit : « Va, ton fils vit. » L’homme crut à la parole que Jésus lui avait dite et se mit en route. Déjà il descendait la côte, quand ses serviteurs, venus à sa rencontre, lui dirent que son enfant était vivant. Il leur demanda à quelle heure il s’était trouvé mieux. « C’est hier, à la septième heure, lui dirent-ils, que la fièvre l’a quitté. » Le père reconnut que c’était à l’heure même où Jésus lui avait dit : « Ton fils vit », et il crut, lui et tous les siens. Ce fut là un second signe accompli par Jésus à son retour de Judée en Galilée. |
D’après l’évangéliste Jean, que nous suivons toujours, Jésus revient en Galilée, en passant par la Samarie. Mais c’est un séjour provisoire, pour une visite à Cana, où il a changé l’eau en vin, et très certainement à Nazareth, toute proche, la ville de son enfance, où résident sa mère et sa famille, bien que Jean ne le dise pas.
Nous sommes début 31. Les Galiléens, ses compatriotes, le font mentir ! Lui qui venait de déclarer qu’aucun prophète n’est bien accueilli dans sa patrie (cf. Jn 4, 44), voilà qu’ils lui font fête ! C’est une célébrité locale. Ils avaient vu tout ce qu’il avait fait comme miracles à la Pâque précédente. La purge énergique, à laquelle il avait procédé dans le Temple de Jérusalem, était dans toutes les mémoires. Bonne leçon pour ces juifs de Judée, que les Galiléens n’appréciaient guère. N’oublions pas que la Judée et la Galilée étaient deux Etats différents, sous administration séparée. De plus les judéens, les juifs proprement dits, étaient placés directement sous la tutelle des romains. On fréquentait certes le Temple de Jérusalem. Mais on avait cependant des coutumes distinctes. On se permettait une liberté d’allure que les juifs de Judée pouvaient leur envier.
Quand saint Jean parle des juifs, dans son évangile, il veut dire les juifs de Judée, par opposition aux Galiléens, lui-même étant galiléen. Jésus, quant à lui, était galiléen par le pays de son adolescence, mais aussi juif par sa naissance, puisqu’il était né à Bethléem de Judée, du temps d’Hérode.
Il retourne à Cana de Galilée où il avait changé l’eau en vin. Sans doute avec Marie, qu’il a prise en passant à Nazareth, va-t-il rendre visite aux jeunes mariés du printemps précédent. Ils étaient des membres de leur famille, des proches. Peut-être ont-ils déjà un premier enfant.
A Capharnaüm même, on entend dire que Jésus est revenu de Judée en Galilée. La rumeur, sur l’aile de l’oiseau, est rapide. Pas étonnant, d’ailleurs, qu’on parle de lui à Capharnaüm, où demeurent Pierre et d’autres amis de Jésus. Même un fonctionnaire royal, un fonctionnaire d’Hérode Antipas donc, en entend parler. Il prend la peine de se déplacer à Cana. Mais c’est pour un motif grave : son fils est mourant. Comme tout le monde il a ouï parler du brillant thaumaturge de Cana, justement, et de Jérusalem. Il faut en profiter. Et si jamais c’était vraiment un guérisseur hors pair ? Quand on est aux abois, on est prêt, n’est-ce pas ? à recourir à tous les expédients même désespérés, parfois à tous les charlatans.
Jésus le lui fait bien sentir. Jamais sans un motif personnel grave ce serviteur ordinaire d’Hérode ne serait accouru si vite. « Vous êtes avides de miracles, de sensationnel. La piété y a peu de part. Vous courez les pèlerinages, les célébrités. Votre foi est purement intéressée. »
Le pauvre homme coupe court à cette avalanche de reproches : « Mon petit enfant se meurt. »
« Jésus lui dit : ‘Va, ton fils vit’. L’homme crut à la parole que Jésus lui avait dite. » (Jn 4, 50).
Il croit sur parole. Et sa foi chancelante reçut même une confirmation éclatante. Dès le lendemain matin, comme il descend la côte, par le chemin habituel, que voit-il venir à sa rencontre ? Ses domestiques rayonnants de joie, qui lui annoncent la grande nouvelle : Ton fils vit. Il est guéri. A quelle heure s’est-il trouvé mieux ? demande le père, encore mal remis de ses émotions. Hier, à la septième heure. Une heure de l’après-midi, pour nous. C’était l’heure où Jésus lui avait dit : ‘Ton fils vit’. Il crut, lui et toute sa maison.
Ce fut là le second signe de Jésus en Galilée, après tous ceux qu’il avait accomplis à Jérusalem.