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Tandis qu’elles s’en allaient, quelques hommes de la garde vinrent en ville annoncer aux grands prêtres tout ce qui s’était passé. Ceux-ci tinrent une réunion avec les anciens et, après avoir délibéré, ils donnèrent aux soldats une forte somme d’argent, avec cette consigne : « Vous direz ceci : ‘Ses disciples sont venus durant la nuit et l’ont dérobé tandis que nous dormions.’ Que si l’affaire vient aux oreilles du gouverneur, nous nous chargeons de l’amadouer et de vous épargner tout ennui. » Les soldats, ayant pris l’argent, exécutèrent la consigne, et cette fable s’est colportée parmi les Juifs jusqu’à ce jour. |
De nouveau Matthieu grec est seul. Cet épisode est la continuation du numéro 229 : Garde du tombeau. C’était le samedi, jour de la Pâque juive, selon Jean.
La garde a d’abord veillé. Puis elle s’est assoupie. Elle est surprise par la résurrection du Christ, le dimanche, le matin de Pâques (les Pâques chrétiennes), dont elle fut le seul témoin en direct, puisqu’elle était sur place et qu’elle était en faction, en principe pour l’empêcher. Quelle fut donc sa réaction ? Matthieu va nous donner la suite de l’événement.
Quelques gardes donc revinrent en ville et mirent au courant les grands prêtres de ce qui s’était passé de grand matin au sépulcre. Ces derniers tinrent conseil avec les anciens, et décidèrent de donner une forte somme d’argent aux soldats pour qu’ils accréditent la thèse d’un enlèvement nocturne du corps de Jésus par ses disciples. Cette fable s’est répandue jusqu’à ce jour parmi les juifs.
Jusqu’à ce jour, c’est-à-dire jusqu’au moment où le diacre Philippe écrit puis publie son évangile, vers 63 ou 64 de notre ère. Il était lui-même renseigné de première main, en raison de son enquête en Palestine. Et le fait était de notoriété publique, que les grands prêtres avaient soudoyé les gardiens. Cette fable ne prouvait rien car, si le corps du Sauveur avait été dérobé, comment expliquer ses apparitions pendant quarante jours à ses disciples ? Comme saint Paul l’avait écrit d’Ephèse, probablement en 54, dans sa première aux Corinthiens : « Ensuite, il est apparu à plus de cinq cents frères - la plupart d’entre eux vivent encore, et quelques-uns sont morts. » (1 Co 15, 6). En 64, dix ans plus tard, beaucoup de témoins visuels des apparitions du Christ étaient encore en vie. Tout le monde pouvait les consulter. Et Philippe lui-même avait connu les apôtres, comme plusieurs autres disciples, qui avaient vu le Christ vivant après sa résurrection d’entre les morts.
Luc, quant à lui, avait certainement interrogé les fameux pèlerins d’Emmaüs. Il donne même le nom de l’un d’entre eux : Cléophas (aucun lien avec Clopas, frère de saint Joseph, et père des ‘frères du Seigneur’). On le verra dans l’épisode suivant.
La rumeur d’un enlèvement du corps de Jésus avait bel et bien circulé au premier siècle. Ce fait historique est confirmé par cette étrange inscription qu’on a trouvée en 1878 dans les environs de Nazareth. Il s’agit du décret d’un empereur romain du début du 1er siècle, probablement Tibère, interdisant sous peine de mort de violer les tombes et d’enlever le corps des défunts. Son contenu, sa date présumée et le lieu de sa découverte, laissent penser qu’elle pourrait être en rapport avec l’affaire de Jésus. (Petitfils, Jésus, pages 448-449).