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Six jours avant la Pâque [juive] (1) Jésus vint à Béthanie où se trouvait Lazare qu’il avait ressuscité des morts. Comme Jésus se trouvait à Béthanie chez Simon le lépreux, on lui offrit là un repas. Marthe servait. Lazare était l’un des convives. Alors qu’il était à table, une femme, Marie, vint prenant une livre d’un parfum d’un vrai nard très coûteux, s’approcha de lui avec un flacon d’albâtre contenant un parfum très précieux, un nard pur d’un grand prix. Brisant le flacon elle le versa sur sa tête tandis qu’il était à table ; elle en oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux et la maison s’emplit de la senteur du parfum. A cette vue les disciples furent indignés, il y en eut qui s’indignèrent entre eux : « A quoi bon ce gaspillage de parfum, dirent-ils. Ce parfum pouvait être vendu bien cher, plus de trois cents deniers et donné aux pauvres. » Et ils la rudoyaient. Judas Iscariote, l’un de ses disciples, celui qui allait le livrer, dit alors : « Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers pour les donner aux pauvres ? » Il ne disait pas cela par souci des pauvres, mais parce que c’était un voleur et que, tenant la bourse, il dérobait ce qu’on y mettait. Mais Jésus s’en aperçut et leur dit : « Laissez-la, pourquoi tracassez-vous cette femme? C’est vraiment une ‘bonne œuvre’ qu’elle a accomplie pour moi. » Jésus dit : « Laisse-la : c’est pour le jour de ma sépulture qu’elle devait garder ce parfum. Les pauvres, en effet, vous les aurez toujours avec vous et, quand vous le voudrez, vous pourrez leur faire du bien ; mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. Elle a fait ce qui était en son pouvoir : d’avance elle a répandu ce parfum sur mon corps pour l’ensevelissement. C’est pour m’ensevelir qu’elle l’a fait. En vérité je vous le dis, partout où sera proclamée cette Bonne Nouvelle, dans le monde entier, on redira, à sa mémoire, ce qu’elle vient de faire. » Cependant la grande foule des Juifs apprit qu’il était là et vint, non pour Jésus seul, mais aussi pour voir Lazare, qu’il avait ressuscité des morts. Les grands prêtres résolurent alors de tuer aussi Lazare, parce que beaucoup de Juifs les quittaient à cause de lui et croyaient en Jésus. _________________________________ (1) Le mot [juive] a été rajouté pour distinguer la Pâque juive, de Jean, de la Pâque des synoptiques. |
Luc ne raconte pas l’Onction à Béthanie. En effet, en Lc 7, 36-50, il a déjà présenté un fait du même genre que les autres évangélistes n’ont pas noté. C’était notre épisode 52 : La pècheresse pardonnée. Cela se passait en Galilée, peu après le Sermon sur la montagne. Luc faisait bande à part alors, comme il le fait ici (Théorie des deux sources oblige : dans un cas, il a ajouté à Marc, dans l’autre cas il lui a soustrait. Mais dans les deux cas, Matthieu grec confirme que la séquence originale du récit est bien dans Marc.)
Mais fait très remarquable dans cet épisode : Jean rejoint les deux autres synoptiques Matthieu grec et Marc. A partir de là, Jean redevient synoptique, ce qui ne s’était pas produit depuis l’étape en Pérée au-delà du Jourdain (notre épisode 168). Et encore c’était d’une manière fugitive. En réalité, Jean n’est plus synoptique depuis la première multiplication des pains (notre épisode 76) et la marche de Jésus sur les eaux qui la suit (notre épisode 77). Sauf de très brefs parallélismes : pour la profession de foi de Pierre (notre épisode 88), pour la deuxième annonce de la Passion (notre épisode 94), et donc pour l’étape en Pérée, comme nous le disions à l’instant.
Désormais Jean suivra fidèlement Marc (et à travers lui Matthieu grec et Luc) jusqu’à la première apparition de Jésus aux saintes femmes (notre futur épisode 232) et par conséquent pendant tout le récit de la Passion. Ce qui ne l’empêchera pas, d’ailleurs, d’apporter sans cesse des points de vue nouveaux, des informations nouvelles, des compléments d’enseignements, par rapport au récit de ses trois collègues.
Nous sommes toujours le dimanche 29 mars 33, 9 de Nisan pour les juifs de Jérusalem. Huit jours donc avant le dimanche de la Résurrection. Pendant que les chefs organisent leur ultime complot, Jésus, lui, exceptionnellement, reste dans le village de Béthanie, où il est arrivé hier au soir, ou dans la nuit. Un grand banquet lui est offert chez Simon le lépreux, ami de Lazare, de Marthe et de Marie, qui sont invités. Un grand nombre de juifs, en ce premier jour de la semaine, sont venus de Jérusalem spécialement pour voir ce Lazare, que Jésus a ressuscité d’entre les morts un mois auparavant. Beaucoup de pèlerins, venus en avance pour la fête, ont fait aussi le déplacement. La foule est immense dans ce petit village de Béthanie, d’ordinaire si calme. Et le lendemain matin, Lundi Saint, la presse, loin de cesser, ne fera que croître. Si bien qu’un cortège triomphal semblable à celui de la grande entrée, huit jours plus tôt, s’organisera spontanément quand Jésus rejoindra le Temple. La popularité de Jésus est à son zénith. Pas étonnant si les responsables religieux, qui refusent absolument d’admettre sa messianité, sont fébriles. De plus, c’est la Pâque. Et quelle Pâque cela doit être !
Pour Jésus, cette Pâque commençait dans deux jours (cf. Mc 14, 1 ; Mt 26, 2). Pour les juifs de Jérusalem, et pour Jean qui suit leur calendrier, elle aura lieu dans six jours : « Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie. » (Jn 12, 1). Quatre jours de décalage, donc. Mais que l’on peut ramener à trois par une exégèse habile : les synoptiques et Jean entendent différemment le mot Pâque. Pour les synoptiques, il s’agit du jour de l’immolation de l’agneau pascal : le 14 Nisan donc. Pour Jean il s’agit de sa manducation dans la nuit du 15 Nisan : le 15 Nisan commençant au coucher du soleil. De même, d’après la Bible (cf. Lv 23, 6), la fête des Azymes, qui durait sept jours, ne commençait en réalité que le 15. Mais dès le 14 Nisan, les juifs faisaient disparaître de leurs maisons tous les levains et tous les pains fermentés, si bien que, par approximation, on pouvait parler du 14 comme du premier jour des Azymes. La fête alors durait huit jours. C’est ce que font unanimement les synoptiques (cf. Mt 26, 2.17 ; Mc 14, 1.12 ; Lc 22, 1.7). On trouve également cette manière de parler chez l’historien Josèphe (Bel. Jud. V, 11 : d’après Arthur Loth, page 529).
« Comme Jésus se trouvait à Béthanie chez Simon le lépreux » nous disent Marc (14, 3) et Matthieu (26, 6). Il était arrivé dans la nuit du samedi au dimanche, après le repos du sabbat donc, car la journée des juifs commençait à la tombée de la nuit. Quel était ce Simon le lépreux ? Un ami, peut-être un parent de Lazare, car Lazare, Marthe et Marie seront invités. Ce jour-là, le matin même, les juifs complotaient contre Jésus, et cherchaient à le faire mourir. Il ne leur manquait qu’une occasion. Judas la leur fournira dès le lendemain, Lundi Saint, le jour même, et pendant les heures de la procession messianique de Béthanie à Jérusalem : notre prochain épisode 202.
Ce village de Béthanie devait abriter de riches propriétaires terriens. Simon, sûrement, était riche, car il était à même d’offrir un banquet somptueux. Lazare et ses sœurs devaient l’être certainement, car ils étaient sans doute les propriétaires du domaine de Gethsémani, où Jésus et ses amis trouvaient souvent refuge. D’autre part Marie, comme on le verra, répandra un parfum d’un très grand prix. Les Simon et les Lazare devaient en outre être les amis, ou les parents, du fermier de Bethphagé, le village tout proche (à peine 1 km), où l’on avait emprunté l’âne pour la grande entrée, huit jours auparavant. Sans aucun doute, ces gens-là aussi devaient être conviés au festin. Et le même âne, dont ils étaient les propriétaires, sera de nouveau réquisitionné dès le lendemain pour la procession messianique.
Les récits, de Jean et des deux synoptiques : Matthieu et Marc, se recoupent admirablement, à quelques détails près, en livrant des informations complémentaires. Visiblement, Jean a voulu donner une version nouvelle du reportage de ses devanciers.
Le repas que Simon donnait fut servi le soir (deipnon : repas du soir. Jn 12, 2). C’était le soir du dimanche 29 mars, et dès le lendemain matin, lundi, s’organisera la procession messianique, avec toute la foule accourue au-devant de Jésus.
« Alors qu’il était à table, une femme vint » (Mc 14, 3) ou « s’approcha de lui. » (Mt 26, 6). Mais par Jean nous apprenons que cette femme était Marie, du même village de Béthanie. Marthe comme à son habitude servait. Et Lazare, que Jésus avait ressuscité d’entre les morts vers fin février (notre épisode 175), se trouvait à table parmi les convives.
Elle vint « avec un flacon d’albâtre contenant un nard pur, de grand prix. » (Mc 14, 3). « Un parfum très précieux » abrège Matthieu (26, 6). Jean dit qu’il y en avait une livre (litra), soit 326 grammes. Du « vrai nard, très coûteux. » (Jn 12, 3). C’est le même mot, pistikês, vrai, authentique, qu’emploient Marc et Jean pour qualifier ce parfum. Il signifie qu’il n’était pas trafiqué. Car pour des parfums d’un tel prix, il existait beaucoup de contrefaçons.
D’après les synoptiques, Marc et Matthieu, elle le versa sur la tête de Jésus. Tandis que dans Jean nous lisons qu’elle en oignit les pieds de Jésus, et qu’elle les essuya avec ses cheveux. Mais les deux gestes ne sont pas incompatibles. Elle a voulu oindre, symboliquement, tout le corps de Jésus, la tête aussi bien que les pieds. La synthèse fond en une seule les deux versions, sans la moindre difficulté.
La pécheresse pardonnée de l’épisode de Luc (notre épisode 52), peu après le discours sur la montagne, avait elle aussi versé son parfum sur les pieds de Jésus, et les avait essuyés avec ses cheveux, comme ici dans Jean. Mais cela se passait en Galilée, non à Béthanie. Curieusement le Pharisien, hôte de Jésus se nommait également Simon (cf. Lc 7, 40). Mais celui-là n’était pas lépreux, ni ex-lépreux. Chez Luc, la femme était une prostituée, méprisée par son entourage. Tandis qu’ici la femme est Marie, honorablement connue, et qui n’a jamais quitté son village pour vivre sa vie. On ne saurait confondre les deux épisodes.
Certains s’indignent, d’après Marc, de ce gaspillage de parfum. Chez Matthieu, ce sont les disciples. Et chez Jean, le groupe se restreint encore puisqu’il s’agit du seul Judas.
D’après Marc : « Ce parfum pouvait être vendu plus de trois cents deniers et donné aux pauvres. » (Mc 14, 5).
Mais selon Jean, c’est Judas lui-même, bon connaisseur, qui estime que ce parfum pouvait être vendu trois cents deniers, pour être distribués aux pauvres. Remarquable coïncidence de la somme, qui montre bien que Jean avait le récit de Marc sous les yeux, et qu’il n’a pas voulu le contredire. 300 deniers correspondaient à peu près au salaire d’un ouvrier pendant toute une année, d’après la parabole des ouvriers envoyés à la vigne (notre épisode 174 : cf. Mt 20, 2).
Le denier, monnaie romaine, équivalait à peu près à la drachme, monnaie grecque. Aux dires de Philippe (cf. Mc 6, 37 et Jn 6, 7) deux cents deniers eussent à peine suffi pour distribuer une portion de pain à plus de cinq mille hommes (notre épisode 76).
Somme considérable donc. Elle confirme que les Lazare, Marthe et Marie, amis de Jésus, étaient de riches propriétaires. Jésus-Christ ne fréquentait pas seulement les pauvres, mais aussi le gratin de la société. Il avait de hautes relations.
Mais, d’après Jean, Judas « ne disait pas cela par souci des pauvres, mais parce que c’était un voleur et que, tenant la bourse, il dérobait ce qu’on y mettait. » (Jn12, 6). C’est la première fois que nous apprenons qu’il y avait un caissier, ou un économe, dans la petite troupe apostolique. Au moment de la dernière Cène nous entendrons de nouveau parler de Judas comme de celui qui tenait la bourse (cf. Jn 13, 29). Malheureusement c’était un voleur, et cette cupidité l’avait détourné de la confiance qu’il avait d’abord accordée à Jésus. Depuis longtemps, il faisait défection dans son cœur. Dès la confession de foi de Pierre (notre épisode 88), Jésus avait déclaré aux Douze : « L’un de vous est un démon. » (Jn 6, 70).
Jésus prend nettement la défense de Marie, contre l’assistance ou contre le seul Judas. « C’est une bonne œuvre qu’elle a accomplie sur moi. » (Mc 14, 6). Littéralement une belle œuvre (grec kalon), mais pour les grecs le beau et le bon coïncident.
D’après la Bible de Jérusalem (note à Mt 26, 10), les juifs divisaient les ‘bonnes œuvres’ en ‘aumônes’ et ‘actions charitables’. Les dernières étaient jugées supérieures, et comprenaient entre autres choses, l’ensevelissement des morts. La femme, Marie, a donc fait une œuvre plus excellente que l’aumône en pourvoyant d’avance à la sépulture de Jésus.
Selon Jean, Jésus s’adresse directement à Judas : « Laisse-la ; c’est pour le jour de ma sépulture qu’elle devait garder ce parfum. » (Jn 12, 7).
Il n’est pas interdit de penser que cette monition directe de Jésus a froissé l’orgueil et la susceptibilité de Judas, ce qui l’a déterminé à trahir son Maître. Dès le lendemain de l’Onction à Béthanie, en effet, d’après les seuls synoptiques, Judas s’en allait trouver les grands prêtres pour négocier sa trahison (notre épisode 203). Ce serait le jour même de la procession messianique, rapportée par le seul Jean (notre prochain épisode 202). Les synoptiques et Jean se confortent donc de manière remarquable. La seule chronologie admissible, des jours saints, est bien celle que nous proposons ici. Elle est seule compatible, d’une part avec la lettre des évangiles, et leur concordance, et d’autre part avec la vraisemblance historique. Or, cette convergence de deux critères, a priori indépendants l’un de l’autre, est fort probante. Elle aboutit presque à la certitude.
Les trois évangélistes, Jean et les deux synoptiques, sont d’accord pour noter (accord, signalons-le au passage, très remarquable) : « Les pauvres, en effet, vous les aurez toujours avec vous ; […] mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. » (Jn 12, 8 ; Mc 14, 7 ; Mt 26, 11). Marc seul intercale : « et, quand vous le voudrez, vous pourrez leur faire du bien. » (Mc 14, 7). Curieusement, Matthieu grec omet ce membre de phrase. C’est comme s’il copiait Jean. Ou, bien plutôt, c’est Jean qui a retenu, ici, la leçon de Matthieu grec plutôt que celle de Marc. Indice très précieux (parce que fort rare) que Jean travaillait aussi avec le texte de Matthieu grec sous les yeux.
Non pas que Jésus fût hostile à l’extinction du paupérisme. Mais c’est l’énoncé d’une prophétie. On trouve déjà cette prémonition dans le Deutéronome : « Certes, les pauvres ne disparaitront point de ce pays. » Dt 15, 11). Le service du pauvre, qui sera toujours d’actualité, ne doit point entraver le juste culte rendu à Dieu, ni l’hommage dû au Fils de Dieu, venu dans ce monde pour le racheter. L’Eglise chrétienne a toujours pratiqué avec constance ce double service.
Marc et Matthieu développent la pensée de Jésus : « Elle a fait ce qui était en son pouvoir : elle a parfumé mon corps pour l’ensevelissement. » (Mc 14, 8). « C’est pour m’ensevelir qu’elle l’a fait. » (Mt 26, 12).
Marie avait certainement entendu dire ce que Jésus ne cessait de répéter, qu’il mourrait bientôt de mort violente. L’onction manifestait qu’elle avait compris le Maître, et que son affection l’accompagnait par delà son trépas. Marie ne pouvait certes pas deviner qu’au moment de sa sépulture les amis de Jésus n’auraient pas le temps d’observer les rites traditionnels. Mais Jésus, lui, le savait, et peut-être a-t-il voulu signifier que Marie y avait par avance suppléé.
Or Jésus de prophétiser, dans Marc aussi bien que dans Matthieu : « En vérité je vous le dis, partout où sera proclamée la [ou : cette] Bonne Nouvelle, dans le monde entier, on redira aussi, à sa mémoire, ce qu’elle vient de faire. » (Mc 14, 9 = Mt 26, 13). La Bible de Jérusalem (édition originale de 1956 dont nous utilisons la traduction) a sans doute tort de rendre ‘Evangile’ par ‘Bonne Nouvelle’. Certes c’est le sens étymologique, mais les deux évangélistes – et Jésus lui-même – entendaient bien prophétiser le livre même des évangiles : celui que nous tenons en main. En effet, c’est bien par le truchement de Matthieu grec et de Marc, auxquels il faut ajouter Jean, que nous connaissons la belle action, l’immortelle action, de cette femme. On l’entend proclamer plusieurs fois par an dans nos assemblées liturgiques. Elle le sera, comme l’évangile lui-même, jusqu’à la fin du monde. Et c’est bien dans le discours eschatologique (prononcé juste la veille, samedi : notre épisode 198) qu’il nous fut dit que l’évangile devait être prêché à toutes les nations (cf. Mc 13, 10).
Mais l’évangéliste Jean, sur la fin de sa notice, nous fournit un renseignement tout à fait précis, qui nous éclaire sur les circonstances historiques de cette journée passée à Béthanie : une foule énorme, une grande foule, est advenue de Jérusalem, surchargée de pèlerins à l’approche de la Pâque. On est venu voir Jésus, mais aussi ce fameux Lazare, ressuscité d’entre les morts. Pensez donc ! Ce n’est pas tous les jours qu’on peut interviewer quelqu’un revenant d’outre-tombe, qu’on peut lui demander ses impressions.
Les chefs juifs, ce matin même, étaient en colloque pour concocter l’arrestation de Jésus, d’après les synoptiques (notre épisode précédent : 200). Ils s’étaient retrouvés en grand nombre dans l’aula (Cf. Mt 26, 3) de Caïphe. Mais rebelote ! On prolonge la séance dans l’après-midi, après le buffet froid, et l’on décide de tuer Lazare par-dessus le marché. Tant qu’à faire, il faut bien prendre les mesures conservatoires qui s’imposent. Pensez donc ! Un ressuscité d’entre les morts ? C’est un désordre. Il faut y remédier. Cette émeute du Royaume des Cieux n’a que trop duré.
Et pourtant, nonobstant les juifs, le lendemain connaîtra le comble de l’effervescence populaire.
« Beaucoup de juifs les quittaient à cause de lui et croyaient en Jésus. » (Jn 12, 11). Deux partis se sont insensiblement formés dans l’opinion, l’un pour les grands prêtres et l’autre pour Jésus, le soi-disant Messie. Comme il est compréhensible, la résurrection de Lazare avait considérablement accru la popularité de Jésus.