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Il disait aussi à ses disciples : « Il était un homme riche qui avait un intendant, et celui-ci lui fut dénoncé comme dilapidant son bien. Il le fit venir et lui dit : ‘Qu’est-ce que j’entends dire de toi ? Rends compte de ta gestion, car tu ne peux plus gérer mes biens désormais.’ L’intendant se dit alors en lui-même : ‘Que vais-je faire, puisque mon maître me retire la gérance ? Piocher ? Je n’en ai pas la force ; mendier ? J’aurais honte... Ah ! je sais ce que je vais faire, pour qu’une fois relevé de ma gérance, il y en ait qui me reçoivent chez eux.’ « Il fit alors venir un à un les débiteurs de son maître et dit au premier : ‘Combien dois-tu à mon maître ?’ -- ‘Cent mesures d’huile’, lui répondit-il. L’intendant lui dit : ‘Prends ton billet, assieds-toi et écris vite cinquante.’ Puis il dit à un autre : ‘Et toi, combien dois-tu ?’ -- ‘Cent mesures de blé’, répondit-il. L’intendant lui dit : ‘Prends ton billet et écris quatre-vingts.’ « Et le maître loua cet intendant malhonnête d’avoir agi de façon avisée. Car les enfants de ce monde-ci sont plus avisés avec leurs semblables que les enfants de lumière. « Eh bien ! moi je vous dis : faites-vous des amis avec le malhonnête argent, afin qu’au jour où il viendra à manquer, ceux-ci vous reçoivent dans les tentes éternelles. Qui est fidèle pour très peu de chose est fidèle aussi pour beaucoup, et qui est malhonnête pour très peu est malhonnête aussi pour beaucoup. Si donc vous ne vous êtes pas montrés fidèles pour le malhonnête argent, qui vous confiera le vrai bien ? Et si vous ne vous êtes pas montrés fidèles pour un bien étranger, qui vous donnera le vôtre ? » |
Premier de trois épisodes consacrés à la question de l’argent, ou de la gestion des biens temporels.
L’existence de ces séries dans la grande insertion de Luc, comme précédemment nous avions eu les trois paraboles de la miséricorde, fait présumer que Luc les lisait bien ainsi dans l’évangile araméen, d’autant plus que certains éléments de ces séries se retrouvent dans Matthieu grec. Mais ce n’est pas là une preuve péremptoire. Ce n’est qu’un indice.
Il est classique de dire que le gérant n’est pas loué pour sa malhonnêteté, mais pour son habileté à se sortir d’un mauvais pas. Mais il est question, dans cette parabole, de l’emploi de l’argent. Le gérant trompeur sait faire, pour lui, un usage habile de l’argent… qui ne lui appartenait pas. Il est donc conseillé, a fortiori, aux futurs disciples du Christ, de faire un bon usage de l’argent… celui qui leur appartient.
Cette leçon est confirmée par les versets qui suivent la parabole proprement dite, et que l’on en dissocie quelquefois : Lc 16, 9-12. Ici, c’est l’argent (Mammon) qui devient « malhonnête » (Lc 16, 9) et non pas le gérant. Le mieux donc, puisqu’il brûle les doigts, c’est de le distribuer. Ou tout au moins d’en faire un usage honnête. De le faire servir au bien plutôt qu’au mal. L’argent, comme tous les biens de ce monde, nous est seulement prêté par Dieu. Il est éminemment fugitif et périssable. Et si nous n’avons pas su gérer ce bien passager, et comme étranger, comment pourrait-on nous confier dans l’éternité les biens impérissables, qui étaient en réalité les nôtres ? Les biens spirituels restent notre seule possession durable. On n’emportera que ce que l’on aura donné.
La propriété devient du ‘vol’, l’argent devient ‘malhonnête’, ou Mammon, dès qu’on les garde pour soi, dès qu’on en n’en fait pas usage pour autrui.