Œcuménisme

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L’œcuménisme, dans son sens actuel, est le mouvement qui tend à reconstituer l’unité des chrétiens dans une seule Église : l’Église de Jésus-Christ.

Sommaire

Église unique fondée par Jésus Christ

Jésus-Christ, le Fils de Dieu (cf. Mt 4,3 ; Jn 1,18), n’a pas fondé plusieurs Églises. Il n’en a fondé qu’une (cf. Mt 16,18 ; Ac 5,11) qui est son propre corps (cf. 1 Co 12,12) et dans lequel tous les membres sont incorporés par le baptême (cf. 1 Co 12,13). De plus, avant de souffrir sa passion, dans la nuit même de son arrestation, il a donné comme consigne pressante à tous ses disciples de rester parfaitement uns, d’unité semblable à celle qui l’unit à son propre Père, c’est-à-dire d’une unité intégrale dans la charité (cf. Jn 13,34 ; 17,19-23). C’est là le testament du Christ, ce qui lui était le plus cher ; et les chrétiens ne devraient pas avoir de cesse de le mettre en application. Rien ne leur devrait tenir plus à cœur «afin que le monde croie.» (Jn 17,21). Ceux qui prétendent qu’à l’origine du christianisme il n’y avait pas l’unité de l’Eglise, ou des disciples, montrent par là qu’ils n’ont jamais lu le Nouveau Testament. Le jour de la Pentecôte, au Cénacle, il n’existait qu’une seule Eglise du Christ. C’est cette Eglise qu’il importe aujourd’hui de reconstituer.

Éloignement et divergences

Il faut reconnaître cependant qu’au cours des âges les disciples de Jésus-Christ n’ont pas su préserver cette unité intégrale et universelle qui leur était enseignée et donnée. Dès les débuts de l’Église on a pu enregistrer des tensions et des séparations. L'éloignement géographique des diverses communautés, les difficultés et lenteurs des communications, les différentes sensibilités et les cultures locales expliquent en partie les divergences. Et dans le cours de l’histoire, la chrétienté, entendue au sens d’ensemble des chrétiens, s’est de plus en plus fragmentée et divisée.

Nostalgie de l’unique Église et volonté de rapprochement

Mais les chrétiens ont toujours gardé la nostalgie de l’unité perdue entre eux, et la nostalgie de l’unique Église proposée à leur foi et à leur idéal. Des initiatives de dialogue et de rapprochement se sont manifestées dans toutes les époques pour tenter de recoller les morceaux de l’unité perdue, pour répondre aussi à l’appel insistant du Christ. Depuis 1910 ce mouvement a revêtu une forme nouvelle, institutionnelle, qu’on appelle proprement le mouvement œcuménique. Le terme œcuménique est repris de l’adjectif usuel dont on qualifiait les conciles universels de toutes les Églises chrétiennes particulières, depuis le premier d’entre eux : le concile de Nicée en 325. Il signifie "de toute la terre habitée". Il laisse entendre que les chrétiens, maintenant divisés, envisagent, au moins dans une perspective encore lointaine, de participer derechef à un unique concile, vraiment universel, afin de retrouver leur unité perdue. C’est donc l’ « œcuménisme », dans son acception présente, que nous allons essayer d’analyser.

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Les textes fondamentaux de l’œcuménisme ; l’Écriture sainte

Les chrétiens ont la chance, malgré leurs divisions, d’avoir gardé un patrimoine, biblique et plus précisément néotestamentaire, qui leur est commun et qu’ils considèrent unanimement comme la parole de Dieu, des textes inspirés d’en haut, et par conséquent fondateurs. L’unité des chrétiens s’opèrera donc forcément par le recours à l’Écriture Sainte, par la fidélité à la doctrine du Christ, telle qu’elle nous est transmise dans les évangiles et dans les épîtres. Relevons donc brièvement ces textes par lesquels le Christ ou les apôtres nous livrent leur enseignement sur l’Église corps du Christ et sur la nécessaire unité. C’est par le recours à la Bible, en effet, que les chrétiens pourront transcender leurs schismes. C’est dans la Bible qu’on trouvera la charte véritable de l’œcuménisme. Le Conseil œcuménique des Églises (COE) d’ailleurs, dans son document de base, se réfère explicitement à la Bible, depuis 1961 (assemblée plénière de New Delhi) : les églises membres du COE « confessent le Seigneur Jésus-Christ comme Dieu et Sauveur selon les Écritures. » A la profession de foi de Pierre, avouant Jésus-Christ comme « le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16,16), Jésus répond en prophétisant sa future Église : «Eh bien ! Moi je te dis : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’Hadès ne tiendront pas contre elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux. » (Mt 16,18-19). L’Église n’est autre que le Royaume des Cieux, et Pierre en est l’intendant. Comme l’explique saint Paul, cette Église est le corps du Christ, et tous les membres en sont solidaires. Elle est une, en même temps que diverse, mais cependant hiérarchisée : « De même, en effet, que le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et que tous les membres du corps en dépit de leur pluralité ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il du Christ. Aussi bien est-ce en un seul Esprit que nous avons tous été baptisés en un seul corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres, et tous nous avons été abreuvés d’un seul Esprit. Aussi bien le corps n’est-il pas un seul membre, mais plusieurs. » (1 Co 12,12-14). « Or vous êtes, vous, le corps du Christ, et membres chacun pour sa part. Et ceux que Dieu a établis dans l’Église sont premièrement les apôtres, deuxièmement les prophètes, troisièmement les docteurs… Puis il y a les miracles, puis les dons de guérisons, d’assistance, de gouvernement, les diversités des langues. Tous sont-ils apôtres? Tous prophètes? Tous docteurs? Tous font-ils des miracles? Tous ont-ils des dons de guérison? Tous parlent-ils en langues? Tous interprètent-ils? Aspirez aux dons supérieurs. » (1 Co 12,27-31). Jésus-Christ avait comparé sa future Église à un troupeau, et lui-même s'était défini comme l’unique pasteur de cet unique troupeau : le Bon Pasteur : « Moi, je suis le bon pasteur; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît et que je connais le Père, et je dépose ma vie pour mes brebis. J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos ; celles-là aussi il faut que je les mène ; elles écouteront ma voix ; et il y aura un seul troupeau, un seul pasteur. » (Jn 10,14-16). Après la Cène et le lavement des pieds, Jésus confiait à ses disciples le commandement de la charité fraternelle qui implique l’union des cœurs. « Je vous donne un commandement nouveau : vous aimer les uns les autres ; comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13,34-35). « Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres. » (Jn 15,17). Enfin, sur le chemin de Gethsémani (cf. Jn 14,31), Jésus élevait une prière fervente et suprême à Dieu son Père. « Je ne prie pas pour eux seulement mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi, afin que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé. Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un : moi en eux et toi en moi, afin qu’ils soient parfaits dans l’unité, et que le monde reconnaisse que tu m’as envoyé et que tu les a aimés comme tu m’as aimé. » (Jn 17,20-23).

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Théologie de l’œcuménisme

Ces textes néotestamentaires nous suffisent pour bâtir une théologie a priori de l’œcuménisme, et par le fait quasiment irréfutable. Ils nous permettent de retrouver la définition de l’Église inscrite dans le Credo de Nicée-Constantinople, ce Credo qui est accepté par l’ensemble des chrétiens : « Je crois en l’Église une, sainte, catholique (au sens d’universelle) et apostolique. »

L’œcuménisme étant un effort des chrétiens entre eux, pour se réunir, on est bien obligé de tenir compte de leur argumentaire.

 L’Église du Christ est donc essentiellement une. Elle se trouve bâtie sur le fondement qu’il est lui-même (cf. Ac 4,11 ; 1 P 2,4.7) et secondairement Pierre (cf. Mt 16,18) et tous les apôtres (cf. Ap 21,14). Elle subsistera jusqu’à la fin des temps. Elle est conçue pour résister à toutes les persécutions, à tous les assauts des forces du mal (cf. Mt 16,18), aussi bien sans doute qu’à ses propres déficiences. L’Église du Christ représente déjà le Royaume de Dieu sur cette terre, dont Pierre (cf. Mt 16,19) et les autres apôtres (cf. Mt 18,18) ont été établis les majordomes. On y entre par le baptême trinitaire institué par Jésus-Christ (cf. Mt 28,19 ; 1 Co 12,13). Chacun y assume des fonctions différentes afin que tous les membres de ce corps fussent parfaitement organisés (cf. 1 Co 12,20). On y distingue des apôtres, des prophètes, et tous les autres (cf. 1 Co 12,28). On y vit de la vie même du Christ (cf. Jn 6,57 ; 14,6) et on y est abreuvé d’un unique Esprit (cf. 1 Co 12,13) qui fait notre unité (cf. 1 Co 12,11), comme il fait l’unité du Père et du Fils. Les divisions, ou même les factions, qui se produiraient à l’intérieur d’un même corps du Christ constitueraient une faute contre l’Esprit (cf. 1 Co 1,10). Dans cette Église on est amené à consommer un unique repas, le Repas du Seigneur (cf. 1 Co 11,20), qui est le corps et le sang mêmes du Christ (cf. Jn 6,55) et par lequel on devient membre non seulement du Christ mais encore les uns des autres. L’Église, unique troupeau du Christ (cf. Jn 10,16), est destinée à se répandre par toute la terre, ainsi qu’à perdurer jusqu’à la fin du monde. Cependant bien des âmes de bonne volonté n’appartiennent pas encore visiblement à cet unique bercail (cf. id.) et Jésus n’aura de cesse, par lui-même ou par l’effort de ses disciples, de les agréger à son troupeau. Comme une marque distinctive de ses fidèles, Jésus a institué le commandement de la charité (cf. Jn 13,34-35). Les disciples doivent s’aimer et se servir mutuellement (cf. Jn 13,14) afin que le reste des hommes fussent attirés dans l’orbite de la foi (cf. Jn 13,35). Mais le signe suprême de la charité, sa perfection, son sceau, résidera dans la nécessaire unité qui devra resplendir comme la propriété de la véritable Église (cf. Jn 17,23). Il faut bien saisir en effet que l’unité des disciples s’enracine dans l’unité du Dieu trinitaire. Elle en est comme la manifestation. Un seul Dieu, Père, Fils, Esprit, et par conséquent une seule Église. C’est dire quel haut degré de signification revêt l’unité du corps ecclésial de Jésus-Christ au milieu de l’humanité. Quel soin il faut prendre de ne pas lui porter atteinte. Les chrétiens devront veiller à ne pas laisser se déchirer la robe sans couture du Christ (cf. Jn 19,23) qui est le symbole de l’unité chrétienne.

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Le préœcuménisme

Avant le vingtième siècle, et les débuts de l’œcuménisme moderne, bien des initiatives furent prises pour tenter de rétablir l’unité des chrétiens dispersés par l’histoire. Ne seront citées ici que les principales.

Les conciles œcuméniques

Deux concile généraux de l’Église catholique, le deuxième concile de Lyon (1274), tenu en présence du basileus Michel VIII Paléologue, et celui de Florence (1439-1443) adoptèrent chacun un acte d’union avec les Grecs (à Florence, avec plusieurs autres Églises orientales). Décidées par les autorités, mais sans profonde base populaire en Orient, ces réunions ne purent durer dans leur ensemble, d'autant plus que la chute de Constantinople en 1453 réduisit considérablement la possibilité de liens religieux avec l'Occident.

L’uniatisme

L’union de certaines Églises orientales avec Rome remonte loin : 1181 pour l’Église maronite du Liban, d’origine non chalcédonienne. A partir du XVe siècle les unions partielles se multiplièrent entre Rome et des groupes chrétiens d’origine orthodoxe ou non chalcédonienne. A l’accord de Brest-Litovsk (1595) on doit l’Église ruthène unie à Rome. L’Église melkite (orthodoxe d’Antioche) entra dans la communion romaine sous son patriarche Cyrille IV (mort en 1760). Les plus récentes réunions de style uniate eurent lieu en 1839 (Biélo-Russie) et en 1930 (Église syro-malankar en Inde du sud, d’origine non chalcédonienne).

Les conversations privées

Les XVIIe et XVIIIe siècles furent une époque peu propice aux rapprochements. Elle vit naître cependant plusieurs projets de réconciliation. Nous ne mentionnerons ici que la correspondance entretenue pendant plusieurs années entre l’évêque de Meaux, Bossuet (1627-1704), et le philosophe Leibniz, de confession luthérienne.

L’unionisme

Les papes n’avaient jamais perdu l’espoir de refaire l’unité de la chrétienté, dont ils estimaient avoir la charge en tant que pasteurs suprêmes. Le XIXe siècle, en particulier, fut la grande époque de l’unionisme qui appelait les confessions séparées au retour à l’unité romaine. Le pape Pie IX avait invité les évêques grecs, et autres orientaux, à participer au Ier concile du Vatican (1869-1870). Mais il se heurta à une fin de non recevoir. Le pape Léon XIII, surtout, fut le chantre de l’unionisme. Il encouragea la prière pour l’unité des chrétiens, sous forme de neuvaine préparatoire à la Pentecôte. Dans l’encyclique Satis cognitum (1896), sorte de charte de l’unionisme, et dans 35 autres documents consacrés à la cause de l’unité chrétienne, il invitait les catholiques à la plus grande charité envers tous les chrétiens, voire envers tous les hommes de bonne volonté.

Le « quadrilatère de Lambeth »

Le « quadrilatère de Lambeth » (1888), d’abord formulé à Chicago en 1886, fut une initiative de l’Église anglicane en faveur de l’unité des chrétiens. Il invitait les Églises séparées à se réunir sur la base :

1.      des Saintes Écritures comme parole de Dieu révélée ;

2.      du symbole de Nicée-Constantinople, et du symbole des apôtres, comme exposés suffisants de la foi chrétienne ;

3.      du baptême et de l’eucharistie ;

4.      de l’épiscopat historique.

Les théologiens orthodoxes

Le théologien orthodoxe Vladimir Soloviev (1853-1900), en particulier, se pencha avec profondeur sur la question de l’unité des chrétiens. Il espérait la réconciliation eschatologique, face à la menace de l’antéchrist, des Églises de Jean (orthodoxe) de Pierre (catholique) et de Paul (protestante) dans lesquelles il voyait trois expressions complémentaires de l’unique foi et de l’expérience de déification, chère à la théologie orthodoxe.

Les congrès vieux catholiques

Les congrès des vieux catholiques, séparés de Rome depuis 1870, aboutirent à l’Union d’Utrecht avec l’Église janséniste (1889) puis, en 1931, à un accord de communion mutuelle avec l’Église anglicane.

Le parlement des religions

A l’occasion de l’exposition universelle de Chicago, en 1892-1893, fut organisé un « parlement des religions ». Toutes les confessions chrétiennes et non chrétiennes y furent représentées sous l'impulsion d'un hindou Swami Vivekanenda et d'un unitarien américain : « Nous nous rencontrons sur le haut sommet d’un respect absolu des convictions religieuses d’un chacun et d’un profond désir de mieux connaître les consolations que d’autres formes de foi que la nôtre offrent à leur dévots. » (Leçon inaugurale, le 11 septembre 1893).

Ce parlement des religions se réunit encore, tous les 5 ou 10 ans : la dernière session s'est tenue à Barcelone, en 2004.

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Le mouvement œcuménique moderne et le Conseil Oecuménique des Églises (le COE)

On fait généralement débuter l’œcuménisme moderne avec la Conférence missionnaire mondiale qui se tint à Édimbourg, en 1910.

À cette Conférence d’Édimbourg la question de l’unité des chrétiens fut urgée spécialement par les délégués des Églises nouvelles, d’Afrique et d’Asie.

L’œcuménisme contemporain est né du problème missionnaire : comment prêcher l’évangile à partir d’Églises séparées, qui sont divisées à propos de la doctrine même de l’évangile ? Mais il apparut tout de suite que le problème de la séparation des chrétiens avait deux aspects : rivalités dans la pratique; divisions dans la doctrine.

Trois organismes devaient naître de la Conférence d’Édimbourg : le Conseil international des missions qui réunit son premier congrès à Lake Mohonk, en 1921 ; Vie et Activité, plus communément appelé Christianisme pratique, pour les questions pratiques, qui tint sa première conférence mondiale en 1925, à Stockholm; ce dernier organisme était animé par l’archevêque luthérien d’Upsal, Nathan Söderblom (1866-1931); et Foi et Constitution, pour les questions doctrinales, sous l’impulsion de l’évêque anglican américain Charles Brent (1862-1929) qui tint sa première conférence mondiale en 1927, à Lausanne.

La création du Conseil œcuménique des Églises proprement dit, le COE, fut retardée par la guerre de 1939-1945.

L'assemblée constitutive du COE se tint en 1948, à Amsterdam. Elle vit la fusion des organismes Vie et Activité (Christianisme pratique) et Foi et Constitution (ce dernier organisme conserverait pourtant sa vie propre au sein du COE).

Le premier secrétaire général du COE fut le pasteur Visser’t Hooft.

Les assemblées successives du COE devaient être :

·  Amsterdam (1948)

Sur le thème : « Le désordre de l’homme et le dessein de Dieu. »

Création officielle du COE.

Adoption d’une Base provisoire : « Le Conseil Œcuménique des Églises est une communauté d’Églises qui confessent le Seigneur Jésus-Christ comme Dieu et Sauveur. »

·  Evanston (1954)

« Le Christ, espérance du monde. »

·  New Delhi (1961)

« Jésus-Christ, lumière du monde. »

Entrée du Conseil international des missions dans le COE.

Adoption d’une nouvelle Base, ou définition : « Le Conseil Œcuménique des Églises est une communauté fraternelle d’Églises qui confessent le Seigneur Jésus-Christ comme Dieu et Sauveur selon les Écritures et s’efforcent de répondre ensemble à leur commune vocation pour la gloire du seul Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. »

·  Upsal (1968)

« Voici que je rends tout nouveau. »

·  Nairobi (1975)

« Jésus-Christ libère et unit. »

·  Vancouver (1983)

« Jésus-Christ, vie du monde. »

·  Canberra (1991)

« Viens, Esprit Saint ; renouvelle toute la création. »

·  Harare (1998)

« Tournons-nous vers Dieu dans la joie de l’espérance. »

·  Porto Alegre (2006)

« Transforme le monde, Dieu, dans ta grâce. »

Signalons que lors de cette dernière, et récente, assemblée mondiale du COE, une procédure nouvelle de vote pour l'adoption des textes, comme des motions, a été utilisée : le vote par consensus, ou à la quasi unanimité, au lieu des votes à la majorité, simple ou qualifiée, des participants.

Une telle innovation paraît fort importante. Il semble bien que c'est seulement par mode de consensus que des progrès décisifs pourront être accomplis, à l'avenir, sur le chemin de l'unité chrétienne.

Les secrétaires généraux successifs du COE ont été :

·  Le néerlandais Willem Visser’t Hooft (1948-1966)

·  L’américain Eugene Carson Blake (1966-1972)

·  Le caribéen Philipp Potter (1972-1984)

·  L’uruguayen Emilio Castro (1985-1992)

·  L’allemand Konrad Raiser (1993-2003)

·  Le kényan Samuel Kobia (depuis janvier 2004)

L’assemblée plénière élit un comité central de 150 membres auquel elle délègue ses attributions, sous réserve d’appliquer la Constitution du COE, pendant les intersessions.

Le COE rassemble aujourd'hui plus de 340 Églises, dénominations et communautés d'Églises, représentant quelque 550 millions de chrétiens répartis à travers le monde.

Le siège social du COE est à Genève, 150 route de Ferney, Suisse.

Le site Internet du COE est à l’adresse électronique suivante : http://www.wcc-coe.org

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L’Église catholique et l’œcuménisme

Léon XIII a encouragé à partir de 1894 l'Octave de la Prière pour l'unité des chrétiens. Mais le magistère romain a cependant souvent manifesté une grande réticence à l’égard des premières assemblées œcuméniques, soupçonnées de « panchristianisme ». Dans l’encyclique Mortalium animos de 1928, Pie XI interdisait absolument aux catholiques d’y participer. « On comprend donc, Vénérables Frères [disait-il en s’adressant aux évêques], pourquoi ce Siège Apostolique n’a jamais autorisé ses fidèles à prendre part aux congrès des non-catholiques : il n’est pas permis, en effet, de procurer la réunion des chrétiens autrement qu’en poussant au retour des dissidents à la seule véritable Église du Christ puisqu’ils ont eu jadis le malheur de s’en séparer. »

Cependant, même du côté catholique, les efforts en vue de l’unité chrétienne ne cessèrent jamais complètement. On peut citer les conversations de Malines, à l’initiative du cardinal Mercier, de décembre 1921 à avril 1925, entre des théologiens anglicans et catholiques romains. On peut citer les remarquables travaux des théologiens catholiques, qui jouèrent un rôle de pionniers : les français Henri de Lubac et Yves Congar[1], l’allemand Karl Adam.

L’instruction du Saint-Office Ecclesia catholica, parue le 9 septembre 1949, jugeait que le désir de l’unité relevait d’une « inspiration de la grâce du Saint-Esprit ». Elle affirmait le devoir des évêques de s’en préoccuper, et prévoyait une participation catholique aux conférences œcuméniques sous la responsabilité de l’ordinaire du lieu.

Il fallut attendre l’avènement du pape Jean XXIII (en 1958) et l’annonce du concile Vatican II (1962-1965) pour voir l’Église romaine s’engager pleinement dans l’aventure du mouvement œcuménique. Des observateurs non catholiques furent invités au concile. Un Secrétariat pour l’unité des chrétiens était créé, qui deviendra Conseil pour l’unité des chrétiens sous Jean-Paul II. Le concile promulgua des documents majeurs pour l’œcuménisme : Unitatis Redintegratio (décret sur l’œcuménisme) ; Nostra Ætate (sur les religions non chrétiennes) ; Dignitatis humanae (sur la liberté religieuse). Mais l’ensemble de ses travaux revêtait une finalité nettement œcuménique : réforme liturgique, définition de l’Église comme peuple de Dieu et comme koinonia, communion.

Les successeurs de Jean XXIII, soit à Rome soit au cours de leurs nombreux voyages à travers le monde, ont multiplié les contacts avec les dirigeants des autres Églises.

Le Saint-Siège, par l’intermédiaire de ses délégués, participe activement aux réflexions théologiques de Foi et Constitution. Il envoie des représentants nombreux aux assemblées œcuméniques.

Les conférences épiscopales sont membres des Conseils d’Églises, qui se sont formés dans la plupart des pays.

Les fidèles catholiques eux-mêmes participent pleinement aux travaux, ainsi qu’aux prières, des congrès interconfessionnels et des rencontres œcuméniques. --

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Les dialogues bilatéraux

En plus des rencontres multilatérales entre chrétiens, favorisées par le COE, une multitude de dialogues bilatéraux se sont développés entre les Églises, soit entre les vieux catholiques et les anglicans, soit à l’intérieur du protestantisme, soit entre le protestantisme et l’orthodoxie, soit encore entre l’Église romaine et les autres confessions chrétiennes. Ils ont abouti à un nombre considérable d’accords et de déclarations communes, montrant bien la vitalité de l’œcuménisme.

Il semble que chaque jour apporte sa pierre nouvelle à l’édification de l’unité chrétienne, même si l’on ne voit pas comment et quand le processus devrait aboutir.

On peut encore comparer ce travail incessant, et multiforme, à un tissu qui se ravaude de toutes parts, après avoir été malencontreusement déchiré.

On a déjà mentionné les accords d’intercommunion entre les anglicans et les vieux catholiques, en 1931. Par la « concorde de Leuenbourg » (16 mars 1973) les luthériens et les réformés d’Allemagne s’entendirent enfin sur la doctrine de l’eucharistie et purent former des Églises unies. Depuis 1937 existait un dialogue non officiel entre théologiens catholiques et protestants, fondé par Paul Couturier (1881-1953) et quelques pasteurs réformés suisses. En 1942, il prit le nom de groupe des Dombes. Il a publié, depuis, un certain nombre de rapports de haute valeur. Les dialogues entre l’anglicanisme et l’Église romaine, baptisés ARCIC-I puis ARCIC-II, ont produit des accords doctrinaux assez remarquables. En 1999, l’Église catholique romaine et la Fédération luthérienne mondiale ont signé la « Déclaration commune sur la Doctrine de la justification » qui mettait pratiquement fin à une controverse qui durait depuis la Réforme. Il importe aussi de signaler un nombre important d’accords doctrinaux entre l’Église romaine et les vieilles Églises non chalcédoniennes d’Orient.

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Prières œcuméniques et traduction œcuménique de la Bible

Semaine de prière pour l'unité des chrétiens

Pendant une semaine, du 18 au 25 janvier de chaque année, les chrétiens des différentes confessions prient d'un même cœur pour l'unité.

Les différentes Eglises priaient séparément pour l'unité (En 1894, Léon XIII encourageait l'Octave de la Prière pour l'unité, dans le cadre de la Pentecôte) ; c'est maintenant une prière commune pour la même unité.

Instituée pour la première fois en janvier 1908 (Octave pour l'unité de l'Eglise, à l'initiative du R. P. Paul Wattson) et existant sous sa forme actuelle depuis janvier 1939, la semaine de prière pour l'unité des chrétiens est depuis janvier 1968 préparée conjointement par le Conseil œcuménique des Églises et l’Église catholique romaine, qui publient en commun le livret de préparation.

Pendant cette semaine, les chrétiens sont invités à la prière pour l'unité, notamment lors de la messe ou du culte du dimanche, mais aussi lors de veillées communes de prière organisées localement de concert entre églises de différentes confessions.

L'existence et le développement de cette institution sont chaque année un acte concret d'œcuménisme qui rassemble par la prière de plus en plus de chrétiens.

Version œcuménique du Notre Père

En 1966 a été publié le texte francophone commun de la prière du Notre Père, adopté par l’Église catholique romaine et le Conseil œcuménique des Églises (Texte de la prière).

Traduction œcuménique de la Bible

La Traduction œcuménique de la Bible (TOB) résulte de plusieurs décennies de réflexion et de travail commun, et a été publiée pour la première fois en 1975. Elle n'est pas adoptée liturgiquement par l'ensemble des Eglises, mais elle constitue une étape concrète importante vers l'unité, autant qu'un ouvrage de référence.

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L’avenir de l’œcuménisme. Vers un concile œcuménique d’union

L’œcuménisme est plus que jamais à la mode. On imagine mal aujourd’hui un christianisme sans œcuménisme.

Et cependant le mouvement œcuménique, après un siècle brillant de progression, connaît en ce début de millénaire une sorte d’essoufflement. Il ne semble pas très bien savoir où il va, et paraît entrer dans une ère de doute sur sa propre raison d’être. Ne se serait-il pas fourvoyé dans une impasse ?

Devant les défis qui semblent s’opposer irrémédiablement à son projet, l’œcuménisme contemporain ne peut que se réfugier dans l’humilité et dans la prière. Il doit avouer qu’il est porteur d’un dessein qui le dépasse. Il doit en revenir à la foi. Le Christ demeure, qu’il sert et confesse. La prière du Christ demeure, et ne saurait être vaine : « Qu’ils soient uns ! » (Jn 17,22).

Mais dans le même temps qu’il s’humilie et qu’il prie, il ne peut abandonner son projet initial, il ne peut l’abandonner moins que jamais, qui était de réunir les chrétiens de toutes les confessions chrétiennes dans une assemblée commune, un « concile » qui serait vraiment « œcuménique », pour reprendre les termes traditionnels. Un concile qui ferait l’union.

Même si ce concile d’union n’est pas possible actuellement, s’il est encore une utopie, ne peut-on cependant en rêver ? Ne peut-on le préparer dans un préconcile, qui d’ailleurs existe déjà de fait.

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Voir aussi :

Liens internes

·  Lars Olof Jonathan Söderblom

·  Conseil œcuménique des Églises

Liens externes

·  Église catholique de France avec l'œcuménisme et la semaine pour l'unité

·  Le COE et ses informations œcuméniques et pour l'unité

·  le Conseil Pontifical pour la Promotion de l'Unité des Chrétiens

·  http://theologiedelepiscopat.chez-alice.fr

Bibliographie

·  L'œcuménisme par Georges Tavard. Que sais-je? N° 2903 (P.U.F.)

·  Chrétiens désunis. Principes d'un œcuménisme catholique par Yves Congar. Paris, Le Cerf, 1937

·  Pour la conversion des Églises par le groupe des Dombes. Paris, Le Centurion, 1991

·  La Doctrine de la justification. Déclaration commune. Église catholique. Fédération luthérienne mondiale. 1999

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